Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Karras
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par Karras »

Netflix plante le dernier clou dans le cercueil du cinéma : Que deviendra ce qu'on appelle les «films» dans un environnement où ils sont avant tout conçus pour les plateformes ?
une tribune de Jean-Marc Quinton

http://www.slate.fr/story/186512/tribun ... ng-netflix
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tenia
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par tenia »

Article pas inintéressant, mais qui cherche à brasser tellement large qu'il finit forcément par raconter des choses approximatives.
"La vérité est que chaque fois que la télévision a produit un téléfilm marquant, celui ci a été exploité d'une manière ou d'une autre en salle : Fanny et Alexandre en Suède, L'Ironie du Sort en Russie, Duel aux États-Unis, Les Roseaux sauvages en France, "
Phrase définitive qui, évidemment, ne laisse que peu la place aux contre-exemples, pourtant probablement nombreux. Il me semble, par ex, que plusieurs des TV Films marquants de Fassbinder n'ont pas été exploités en salles (hormis événements spéciaux, genre une ressortie ou un festival spécifique).

"les meilleurs épisodes du Décalogue en Pologne..."
C'est bien plus compliqué que ça.

"Aux États-Unis, de nombreuses petites salles fermèrent à mesure que l'industrie des films straight-to-video florissait."
A ma connaissance, les DTVs US qui ont surtout pris le large à partir des 90s n'ont rien à voir avec la fermeture de petites salles, généralement bien plus liées à l'état déclinant du marché indépendant US et les pratiques d'une part des chaines comme AMC, et de l'autre des studios et distributeurs... très centrés sur le cinéma (comme Disney, ça tombe bien).

"Aux États-Unis, où le réseau de salles indépendantes est limité aux très grandes villes, la plupart des films d'un James Gray ou d'un Steven Soderbergh sortent directement en VOD."
Où l'on découvre que "la plupart des films d'un James Gray" sortent directement en VOD (il me semble qu'absolument tous ses films sont pourtant sortis en salles US, y compris ses plus récents).
Quant à Soderbergh, il n'y a que High Flying Bird qui n'est pas sorti en salles, que The Laundromat a eu droit à une petite sortie salles US.


MMais surtout, le problème de fond est d'amalgamer un cinéma occidental mondial de la sorte, alors que cette logique ne s'applique pas, par ex, à la France. Qui produit toujours et toujours plus de films distribués en salles, et fait des records de billets cette année.
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Supfiction
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par Supfiction »

les jamais-vu et les toujours-pareil
C’est bien vu ça, on a les deux sur le forum. :uhuh:
La France est ce village d'Astérix où Parasite et Une Séparation peuvent dépasser le million d'entrées en salle, quand nos voisins sont heureux lorsque ces films dépassent quelques dizaines de milliers d'entrées. Cela fait plusieurs décennies que les films de Woody Allen font plus d'entrées dans Paris intra-muros que dans l'ensemble des États-Unis.
Il exagère pas un peu beaucoup ?
pourquoi mettre autant d'argent dans l'image, puisque ce sera visionné sur petit écran? Pourquoi raconter une histoire en une heure trente quand on peut la développer sur vingt heures?
C’est le cas des nombreux films conçus pour vivre la majeure partie de leur vie sur petit écran.
Peut-être que l’utilisation grandissante de tres écrans UHD dans les foyers inversera la tendance.
Sauf qu'on remplacera une activité sociale collective par une activité individuelle, victoire finale d'Edison sur les Frères Lumières, avec tous les dangers que cela entraîne sur l'atomisation de la société. L'une des raisons pour lesquelles le cinéma a dans son histoire véhiculé des messages plutôt humanistes, qu'il y a eu peu de films ouvertement racistes ou homophobes, c'est qu'on peut difficilement véhiculer un message excluant l'autre quand on sait qu'il est destiné à être projeté à une foule hétérogène. Cela s'appelle éviter les troubles à l'ordre public –et Dieu sait qu'internet ne s'embarrasse pas de telles considérations.
Mouais.. on pourrait également dire le contraire, que le public actuel est tellement hétérogène qu’il a pour effet d’aseptiser et de niveler par le bas les grosses productions. Quant à l’atomisation de la société, elle est là et bien là déjà.
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Pacaya
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par Pacaya »

J'ai pas trouvé ça super intéressant, et je n'ai même pas pris le temps de tout lire.

Depuis hier, le titre a changé d'ailleurs : "Ce que le XXe siècle nous enseigne sur Netflix"
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tenia
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par tenia »

Pacaya a écrit :Depuis hier, le titre a changé d'ailleurs : "Ce que le XXe siècle nous enseigne sur Netflix"
Pas surpris. Cela étant, c'est toujours aussi peu à-propos.
Pacaya a écrit :J'ai pas trouvé ça super intéressant, et je n'ai même pas pris le temps de tout lire.
Je crois que lire le début de l'article suffit de toute manière, tant ça donne l'impression d'un article dont la conclusion a été écrite avant lui, et qui passe son temps à justifier sa véracité quand bien même les contre-exemples et approximations affluent.
Supfiction a écrit :Il exagère pas un peu beaucoup ?
D'une part, il prend 2 points à part, dont un qui a surpris même son distributeur français, pour en faire des exemples. Sur les 10 dernières années, des films étrangers comme Parasite dépassant le million d'entrées chez nous, il y en a eu... 4, dont Parasite, 2 Dolan et Timbuktu (qui est une co-prod française). Sur 523. Soit 0.76%.
De l'autre, Une séparation n'a jamais dépassé le million d'entrées en France : il a fini sa course à 846 315 entrées, et le festival Télérama de début 2011 a du remettre environ 40 000 entrées dedans soit plutôt 900 000 entrées au total.

Quant au score de Parasite, le film est 46e meilleur succès au BO mondial de 2019, devant Angry Birds 2, Yesterday, Angel Has Fallen, Midway, etc etc..., et juste derrière Doctor Sleep aux USA. Là aussi, l'exemple est très mal choisi. Et vu les BOs reportés en Italie, Espagne, Allemagne et même les Pays Bas, le film a engrangé dans chacun de ces pays plusieurs centaines de milliers d'entrées.
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Supfiction
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par Supfiction »

Il part d’une vérité (ça marche mieux en France globalement) mais grossit le trait pour faire passer son message. Dire que woody Allen fait autant d’entrées à Paris que dans la totalité des usa est surement un peu exagéré même si Whatever Works" a fait 900 000 entrées en France, contre 711 000 aux Etats-Unis.
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tenia
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par tenia »

Le problème, c'est qu'à force de grossir, même la vérité dont il part n'est plus si vraie que ça, ou qui se retrouve noyée dans un fatras fourrant tout ce qui passe, en oubliant que le plus est l'ennemi du bien. Et c'est là précisément la grosse limite de l'article : il y a probablement à la source un article efficace de quelques paragraphes taillant de façon chirurgicale les limites perçues par l'auteur. A la place, par péché de gourmandise, ça en fait des tonnes et dilue le propos dans une bonne dose d'à peu près (et sans doute de mauvaise foi).

Et puis, "ça marche mieux en France globalement" est tout de même très relatif, non ? Bien sûr qu'on a nos succès, mais au fond, quand tu vois les succès au BO depuis environ 20 ans, on n'a pas grand chose à envier aux Américains... On a évidemment quelques exceptions, mais après tout, eux aussi.
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Coxwell
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par Coxwell »

Supfiction a écrit :Il part d’une vérité (ça marche mieux en France globalement) mais grossit le trait pour faire passer son message. Dire que woody Allen fait autant d’entrées à Paris que dans la totalité des usa est surement un peu exagéré même si Whatever Works" a fait 900 000 entrées en France, contre 711 000 aux Etats-Unis.
Sur l'idée que ça marche mieux en France, c'est le cas si on tient compte des billets vendus (210 millions sur une pop de +65 millions quand l'Allemagne fait 95M pour une pop de 85M), mais malheureusement cela ne tient pas ou peu compte des subventions et perfusions des salles petites et moyennes qui sont presque impossibles à être rentables sans l'argent public. De plus, en termes de cash flow, le prix des billets est globalement moins élevé en France (cartes illimités et autres éléments qui entrent dans la balance), ce qui fait qu'en termes d'argent généré, ce n'est pas aussi dithyrambique qu'on le laisse croire. C'est une arrogance française que de se pavaner sur ces résultats en la fondant essentiellement sur le nombre d'entrées, pas sur l'argent généré (ou perdu).
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Supfiction
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par Supfiction »

Coxwell a écrit :C'est une arrogance française qui choisit essentiellement de se focaliser sur le nombre d'entrées.
:shock:
Une arrogance ou une fierté, chacun voit les choses selon son prisme.
Pour moi c'est une fierté (ce sont les spectateurs qui comptent en premier lieu et non l'argent généré) et aussi un gage de vérité qui permet de ne pas raconter n'importe quoi comme on le fait systématiquement pour le box office mondial.

En outre, ma phrase t'a induit en erreur. Quand je disais "ça marche mieux en France" pour résumer l'article plus haut, il s'agissait du cinéma indépendant (avec les exemples des films de Woody Allen ou de succès comme Parasite et La séparation) et non du box office dans sa globalité.
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par Coxwell »

Supfiction a écrit :
Coxwell a écrit :C'est une arrogance française qui choisit essentiellement de se focaliser sur le nombre d'entrées.
:shock:
Une arrogance ou une fierté, chacun voit les choses selon son prisme.
Pour moi c'est une fierté (ce sont les spectateurs qui comptent en premier lieu et non l'argent généré) et aussi un gage de vérité qui permet de ne pas raconter n'importe quoi comme on le fait systématiquement pour le box office mondial.

En outre, ma phrase t'a induit en erreur. Quand je disais "ça marche mieux en France" pour résumer l'article plus haut, il s'agissait du cinéma indépendant (avec les exemples des films de Woody Allen ou de succès comme Parasite et La séparation) et non du box office dans sa globalité.
Le système fonctionne grâce à des perfusions. On peut tourner autour du pot comme on le souhaite, mais c'est une réalité notamment pour tous les films "auteur/art et essai" qui sont mis en avant par le biais de ce forum et des cinéphiles qui le peuplent.
La vérité du nombre de tickets n'est moins ou plus "vérit"é que celle où on cherche à comprendre la viabilité du système français. Et surtout cette arrogance anti netflix qui est le syndrome d'une posture typiquement française où le corporatisme de la profession (les réseaux, la distribution, les financements) n'ont aucun intérêt à démonter l'échafaudage qui arrange un certain monde du cinéma. Partant de ce constat (et les Anglo-Saxons savent très bien quelle est la réalité du modèle français et de l'envers du décor des "chiffres"), il est plus difficile d'entendre le monde du cinéma français donner des leçons à tout le monde sur la "réussite" de son modèle (et de sa croisade anti ceci ou cela) qui comme je le rappelle un peu plus haut, rapporte moins d'argent qu'au RU (pourtant avec moins d'entrées salles 170M entrées mais x2 recettes) par ex.
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Message par Coxwell »

Et pour rebondir sur l'article, je le trouve tout à fait intéressant. Bien des éléments évoqués sont justes et assez clairvoyants.
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Supfiction
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par Supfiction »

Tu parles de l’Allemagne plus haut et non du RU il me semble. Que leur modèle rapporte plus d’argent ne change rien au fait que plus de spectateurs en France voit des films d’auteurs. Que ce soit le résultat de subventions et de gestion des tarifs des billets ne change rien à l’affaire.
Cela atténue peut-être, pour aller dans ton sens, la prétendue cinéphilie des français.

Quant à Netflix, c’est surtout une crainte vis à vis d’un nouvel acteur davantage que du mépris. Et c’est en voie de normalisation .. exemple des séries diffusées sur TF1 ou Arte qui passent ensuite sur Netflix, des partenariats, etc.
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Message par Coxwell »

Supfiction a écrit :Tu parles de l’Allemagne plus haut et non du RU il me semble. Que leur modèle rapporte plus d’argent ne change rien au fait que plus de spectateurs en France voit des films d’auteurs. Que ce soit le résultat de subventions et de gestion des tarifs des billets ne change rien à l’affaire.
Cela atténue peut-être, pour aller dans ton sens, la prétendue cinéphilie des français.

Quant à Netflix, c’est surtout une crainte vis à vis d’un nouvel acteur davantage que du mépris. Et c’est en voie de normalisation .. exemple des séries diffusées sur TF1 ou Arte qui passent ensuite sur Netflix, des partenariats, etc.
Ma citation sur l’Allemagne n’annule pas celle du RU. Les deux sont comparables car la france fait plus d’entrées. Cela dit, les résultats financiers ne sont pas les mêmes.
Le coût moyen du billet étant inférieur en france, les résultats financiers sont meilleurs au RU par ex. C’est un fait que n’importe qui d’à peu honnête dans la profession ne peut oblitérer. Les organisations représentatives du cinéma n’ont pas d’autre choix que de mettre en avant le nombre d’entrées pour protéger une coopération qui vit grandement sur les subventions et cachent le problème de fond : la viabilité du financement et du maintien des films en salles. La problématique de l’article ne se substitue pas, elle s’ajoute au problème structurel en france.
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par cinephage »

Coxwell a écrit :
Supfiction a écrit : :shock:
Une arrogance ou une fierté, chacun voit les choses selon son prisme.
Pour moi c'est une fierté (ce sont les spectateurs qui comptent en premier lieu et non l'argent généré) et aussi un gage de vérité qui permet de ne pas raconter n'importe quoi comme on le fait systématiquement pour le box office mondial.

En outre, ma phrase t'a induit en erreur. Quand je disais "ça marche mieux en France" pour résumer l'article plus haut, il s'agissait du cinéma indépendant (avec les exemples des films de Woody Allen ou de succès comme Parasite et La séparation) et non du box office dans sa globalité.
Le système fonctionne grâce à des perfusions. On peut tourner autour du pot comme on le souhaite, mais c'est une réalité notamment pour tous les films "auteur/art et essai" qui sont mis en avant par le biais de ce forum et des cinéphiles qui le peuplent.
La vérité du nombre de tickets n'est moins ou plus "vérit"é que celle où on cherche à comprendre la viabilité du système français. Et surtout cette arrogance anti netflix qui est le syndrome d'une posture typiquement française où le corporatisme de la profession (les réseaux, la distribution, les financements) n'ont aucun intérêt à démonter l'échafaudage qui arrange un certain monde du cinéma. Partant de ce constat (et les Anglo-Saxons savent très bien quelle est la réalité du modèle français et de l'envers du décor des "chiffres"), il est plus difficile d'entendre le monde du cinéma français donner des leçons à tout le monde sur la "réussite" de son modèle (et de sa croisade anti ceci ou cela) qui comme je le rappelle un peu plus haut, rapporte moins d'argent qu'au RU (pourtant avec moins d'entrées salles 170M entrées mais x2 recettes) par ex.
Economiquement, il est juste impossible de rentabiliser un film en salle. Ou même de le financer. Pas assez de spectateurs payants.

Les choix des remèdes "perfusés" au cinéma français découlent d'une politique culturelle, plus qu'économique. Le but affiché est d'accentuer la diversité du cinéma, la création, et de créer des solutions de rééquilibrage entre les films qui marchent et les autres, de compenser, précisément, les effets de marché, parce qu'un produit culturel n'est pas un produit interchangeable.
Par exemple, lorsque l'on force une baisse du prix des billets pour les enfants, l'objectif n'est clairement pas une amélioration du box-office, mais une amélioration du nombres d'entrées, pour ancrer l'habitude du cinéma, l'habitude culturelle de la sortie en salle. A ce titre, le cinéma français a raison de se féliciter d'une politique qui donne des résultats. D'autres pays font d'autres choix, à leur aune ces choix peuvent également être considérés comme bons...

Les films sont financés par le secteur du cinéma et de l'audiovisuel. Qui vit de la consommation d'image doit contribuer au financement de l'image.
Précisément parce que la loi du marché, sur un marché tel que le marché français, écraserait totalement tout cinéma d'auteur ou indépendant, au profit des rares films rentables, qui sont majoritairement des comédies d'un intérêt artistique discutable (ce forum est à ce sujet assez remonté). Si l'on comprends les divers reversements du secteur au secteur, le cinéma reste rentable, avec un taux global d'environ 5%, si mon souvenir est bon (mais les chiffres datent d'il y a quelques années).

L'émergence des plate-formes impose une redistribution des cartes, des droits et des obligations, mais l'objectif reste le même. Il me parait légitime de s'inquiéter quand de nouveaux acteurs entrent dans un marché en s'exonérant des règles qui s'imposent aux autres. Ca déséquilibre les choses de façon très forte. Mais je ne suis pas certain que la croisade dont tu parles soit bien sérieuse, Netflix s'installe en France, son public est très conséquent, la plate-forme investit près d'une centaine de millions dans la création française déja, des négociations sont en cours... Bref, je ne vois pas de croisade, juste une réserve tant que ce nouvel acteur était hors-sol et hors-droit, que je trouve assez raisonnable par ailleurs.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Coxwell
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Re: Cinéma en salle : vous en êtes où ?

Message par Coxwell »

Je n’ai jamais dit que ce n’était pas la conséquence d’une politique culturelle, mais il est important de rappeler que ce modèle (défendable sur le plan idéologique) fait que la petite et moyenne exploitation survit grâce à l’argent public. Il est de bon ton de prendre en considération ce fait et de tempérer les résultats ciné annulés auxquels touta la profession se pavane comme un oriflamme gérant pour justifier ce système très biaisé et très fermé dans ses rouages. Cette fierté française a tendance à devenir une leçon arrogante vilipendée aux autres et notamment aux acteurs tiers de la nouvelle distribution (Netflix - pour en avoir parler il y a quelques mois avec leur CTO). L’attitude de la FNCF a tout fait pour que le Scorsese ne sorte pas en salle alors même que Netflix avait anticipé plusieurs mois à l’avance l’ouverture de leurs bureaux parisiens. Une sortie de Roma en salle n’aurait tué personne par ex.
Mais la fenêtre d’exploitation est le noeud gordien de ce système tres subventionné et très politique.

Ceci étant dit, je ne suis convaincu ni par l’attitude corporatiste du corps de métier français (et du réseau très discutable de financement / distribution « arts et essai » politique politicienne d’un entre soi fondée sur le soutien d’acteurs dans une logique d’auto reproduction et de respect d’une forme de féodalité parfaitement bien huilée et nuisible à mon sens à la création véritablement diversifiée... je m’échappe... je n’ai pas le temps d’entrer en profondeur sur ce sujet malheureusement) ni par Netflix, qui, comme le rappelle l’article au-dessus, est un changement de paradigme cinématographique qui est loin d’être anodin sur ce qu’on entend par cinéma.
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