un romanNardiello a écrit :si ta forme elle est creuse et mal foutue, il te reste quoi ?
Marie-Antoinette (Sofia Coppola - 2006)
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Bof, c'est plutôt ton entêtement à te prendre pour un grand penseur, à ne jamais considérer un tant soit peu les points de vue des autres(ce qui est plus un enfermement intellectuel qu'autre chose), et surtout à prendre presque tout le monde systématiquement de haut qui est une marque d'immaturité. Mais ce n'est pas grave, il faut bien que jeunesse se passe.Alex Blackwell a écrit :c'est normal, tu es nouveau et tu n'y connais rien mais il faut bien que jeunesse se passeNardiello a écrit :cette "règle" me paraît totalement absurde
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Roland Garros n'est pas encore terminé mais c'est pour bientôtRatatouille a écrit :Ca y est : tu as (enfin) réussi à m'amuser. Félicitations et bonne continuation à toi (si possible ailleurs).Alex Blackwell a écrit :
oui, je pense que Ratatouille saura retenir la leçon

Night of the hunter forever
Caramba, encore raté.
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Donc j'y allais avec l'appréhension d'une fin de fête du cinéma (because foot et programmation ciné, un seul film vu et payé plein pot) et d'un prof d'HG... et donc bonne surprise.AlexRow a écrit :Et n'hésite pas à réagir aussi sur le topic "Filmer l'histoire"Eusebio Cafarelli a écrit :Belle réussite pour ma part, j'y reviens plus tard.
Bon c'est plein d'erreurs et d'anachronismes, déjà cités. Mais on s'en fout, ça marche (le bal masqué à l'Opéra Garnier c'est une synthèse du mélange : décors XIXe, musique rock, ambiance de boite et c'est parfait), aussi bien bien que le mélange classique/rock. En plus tout le début du film sur le passage d'une Cour et d'un pays à l'autre et sur le cérémoniel de Cour (aussi bien décrit, mais en plus vivant, que dans La prise du pouvoir par Louis XIV) est remarquablement bien vu. C'est très bien interprété, surtout par Kirsten Dunst, radieuse, et Jason Schwartzman, impeccablement gauche et amoureux. La Du Barry de Asia Argento est vulgaire à souhait, les courtisans ont des têtes de vieux oiseaux de proie, les dames de compagnie sont très... girly. Fersen est un peu inexpressif mais je me demande si ce n'est pas voulu (il jouerait un peu le rôle du fanstasme du pompier ?). Les décors sont beaux, les costumes aussi, c'est plutôt bien filmé, avec déjà des tics (les mains dans le vide) et des emprunts (à Kubrick, et pour les scènes filmées dans l'herbe au petit matin j'ai pensé à Malick).
Ce qui amène à l'anachronisme majeur, ou plutôt au choix de S. Coppola de considérer qu'une jeune fille de la haute noblesse de la fin du XVIIIe peut avoir eu la même jeunesse qu'une jeune fille branchée (S. Coppola) d'aujourd'hui. Il me semble que non, ne serait-ce que parce que, à cause d'une espérance de vie bien plus courte, on devenait adulte bien plus tôt (l'ado, c'est une invention des années 1950-60). D'ailleurs on ne les voit pas vieillir, ce qui peut se comprendre si l'on considère que le point de vue adopté a été celui de la représentation people - jet set (cf., même si c'est maladroit, les bandeaux informatifs sur les vilains tableaux refaits de Vigée-Lebrun, on dirait des unes de journaux / cf. aussi la séquence clip des achats, des essayages - avec les Converse - et des gâteaux). Je pense que Coppola le sait, qui insiste sur le mariage non consommé et l'angoisse de ne pas avoir d'enfant, avec raison parce que les jeunes dauphines et reines de l'époque avaient toute la pression, considérées comme des "pondeuses" et utilisées comme des instruments de politique étrangère. La solitude et l'ennui dans ce grand chateau froid (beaux plans de MA minuscule dans de grands couloirs et sur de grands escaliers) sont bien rendues aussi.
Mais cet anachronisme de l'ado Marie-Antoinette, je trouve qu'il passe très bien. La quasi-absence de contexte politique, c'est plus discutable, sauf si elle veut montrer (et dans ce cas c'est réussi) la coupure totale entre ce monde et les 97% de membres du Tiers État (le 14 juillet 1789, Lois XVI écrit dans son journal : "Rien"). Il y a quelques allusions aux Lumières (elle lit Rousseau, on parle du Mariage de Figaro de Beaumarchais), à la guerre d'Indépendance américaine, aux problèmes financiers du royaume, c'est discrètement amené, de façon justifiée puisque le point de vue adopté c'est celui de l'ado MA. Là on atteint les limites, toute l'influence politique de MA (pour garder ou non les ministres réformateurs) est gommée (comme sa grande impopularité, vaguement suggérée), c'est dommage mais ça aurait obligé S. Coppola à modifier son point de vue et à partir sur un tout autre film, ce qu'elle ne veut ni ne sait faire (pour ça, il faudrait un MA d'Oliver Stone

Bref des réserves qui n'en sont pas tout à fait, j'apprécie (comme dans Alexandre d'Oliver Stone) le courage du point de vue, maintenu tout au long du film et bien défendu. Une réussite donc.
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Très intéressante lecture du film. Pour cette phrase, elle est considérée comme apocryphe depuis longtemps maintenant. Et dans le film, il est justement mis en avant qu'on lui a prété beaucoup (mais peut-être ne prête-t-on qu'aux riches... je pense au cas célèbre de Mac-Mahon qui n'en a jamais manqué une et pourtant, journalistes et chansonniers ont encore chargé la barque). Sinon, sans aucun dialogue ni appui rhétorique, j'ai trouvé que la coupure entre MA et le peuple est suffisamment perceptible dans le film. Il suffit de voir la scène de l'arrivée au hameau de Trianon, avec ses bergers de pacotilles menant des agneaux frisés et enrubannés... le seul contact de la reine de France avec la vie agraire qui concerne pourtant quelque 85 % de la population de l'époque.Eusebio Cafarelli a écrit :D'ailleurs elle le dit en changeant le maquillage de Dunst (du rose au noir, de l'air angélique à l'air cruel) dans la baignoire pour lui faire prononcer le seul mot historique du film : "Qu'ils mangent de la brioche" (mais je crois me souvenir que c'est cité autrement dans le film), en faisant aussitôt dire à MA qu'elle n'aurait jamais pu dire cela.
Je vote pour tout de suite !Eusebio Cafarelli a écrit :toute l'influence politique de MA (pour garder ou non les ministres réformateurs) est gommée (comme sa grande impopularité, vaguement suggérée), c'est dommage mais ça aurait obligé S. Coppola à modifier son point de vue et à partir sur un tout autre film, ce qu'elle ne veut ni ne sait faire (pour ça, il faudrait un MA d'Oliver Stone)


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Bon je n'ai pas lu tout le topic, mais j'ai fait une recherche rapide et personne n'a mentionné le parralèle entre MA et "L'impératrice rouge" de Sternberg, que je viens de découvrir. Pourtant il me semble que c'est là, la véritable source d'inspiration du film. Scénario en partie identique (époque similaire, jeune princesse en rupture avec son enfance, prince charmant qui n'en n'est pas un), primauté à la musique, aux costumes et aux décors (y compris avec recours aux anachronismes comme les statues modernes qui habitent le Kremlin dans le film de Sternberg). D'autres infos, avis sur ce point ?
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Ce n'est pas idiot ce rapprochement. Sternberg y filmait sa Marlene, non sa Catherine de Russie, avec ses déploiements flamboyants de décors, sa photographie drapée envoûtante. Sofia Coppola a filmé Kirsten Dunst, son alter ego du spleen, comme un écrin à l'actrice, qui devient l'image fétichisée d'un état qui fait sans cesse s'interroger la cinéaste.Jihl a écrit :Bon je n'ai pas lu tout le topic, mais j'ai fait une recherche rapide et personne n'a mentionné le parralèle entre MA et "L'impératrice rouge" de Sternberg, que je viens de découvrir. Pourtant il me semble que c'est là, la véritable source d'inspiration du film. Scénario en partie identique (époque similaire, jeune princesse en rupture avec son enfance, prince charmant qui n'en n'est pas un), primauté à la musique, aux costumes et aux décors (y compris avec recours aux anachronismes comme les statues modernes qui habitent le Kremlin dans le film de Sternberg). D'autres infos, avis sur ce point ?

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Que du bonheur !
La ptite Coppola nous revient avec l'histoire de cette jeune fille qui se retrouve au mauvais endroit, au mauvais moment, avec des responsabilités qui la dépassent. Virgin Suicides fût un premier coup d'éclat, l'une de ces réussites quasi-miraculeuses où tout semble couler de source et qui nous happait totalement. Lost in Translation m'avait semblé moins abouti, mais je met surtout ça sur le compte de mon manque d'implication émotionnelle dans cette histoire. Il n'en restait pas moins une très belle réussite. Et là, Marie-Antoinette, cette jeune fille déracinée qui se retrouve projetée sur le devant de la scène alors qu'au fond, elle n'est qu'une adolescente rêveuse qui s'emmerde. Peu importe l'époque, peu importe les coutumes, peu importe l'environnement, l'histoire reste la même, une jeune femme qui veut vivre sa vie libre de toutes contraintes et qui entre peu à peu dans la vie d'adulte, avec toutes les obligations que cela comporte. Et c'est en cela que certains choix de la réalisatrice sont, à mon sens, justifié. Montage musical contemporain, vision furtive d'une Converse, peu importe les anachronismes, Marie-Antoinette n'a pas la prétention d'être une oeuvre documentaire. La finallité l'emporte, la vie de cette fille constamment entourée et pourtant seule au monde, qui ira de découvertes en rencontres, de sorties en cachettes à des fins de soirées arrosées. L'insouciance au jour le jour, le refus de se plier aux coutumes adultes et pour finir la confrontation avec les conséquences de ce qui faisait sa vie. En l'espace d'un plan, d'une courte scène, Marie-Antoinette devient alors la Reine qu'elle n'a jamais voulue être, seule, face au peuple, humiliée, elle comprendra. Et la caméra de la fille Coppola fait des merveilles. Son sens visuel explose totalement et les fulgurances qui parcouraient ses précédents films deviennent ici un mot d'ordre, un minimum à atteindre. La seule beauté des images nous fait trembler d'émotion, la photographie est belle à tomber, et chacun de ses cadres pourrait faire l'objet d'une photo, d'une peinture. Un peu à la manière, 30 ans plus tard, d'un Barry Lyndon pop-art. Que ce soit son arrivée à Versailles (sur le morceau de AFX Twin), ses moments d'intimité avec sa fille dans sa demeure privée ou encore cette ultime scène, ce départ forcé du plus beau palais du monde, le soleil couchant au loin, tout est beau à pleurer, à un point tel que l'on serait tenté de mettre le film en pause pour apprécier, encore quelques instants, ces images. Peut-être me risquerais-je à regretter ce ralentissement sur la fin, qui étire peut-être un brin trop le film, mais peut-être pas. Après avoir profité de ses débuts à Versailles, après avoir exagéré avec les plaisirs à disposition, après avoir consommé tout ce qui lui faisait envie, Marie-Antoinette s'ennuie, laisse le temps passer alors qu'à l'extérieur, l'inéxorable se prépare. C'est alors que le film se termine, nous laissant avec une Marie-Antoinette qui, tout juste adulte, laisse ses plus belles années derrière elle.
La ptite Coppola nous revient avec l'histoire de cette jeune fille qui se retrouve au mauvais endroit, au mauvais moment, avec des responsabilités qui la dépassent. Virgin Suicides fût un premier coup d'éclat, l'une de ces réussites quasi-miraculeuses où tout semble couler de source et qui nous happait totalement. Lost in Translation m'avait semblé moins abouti, mais je met surtout ça sur le compte de mon manque d'implication émotionnelle dans cette histoire. Il n'en restait pas moins une très belle réussite. Et là, Marie-Antoinette, cette jeune fille déracinée qui se retrouve projetée sur le devant de la scène alors qu'au fond, elle n'est qu'une adolescente rêveuse qui s'emmerde. Peu importe l'époque, peu importe les coutumes, peu importe l'environnement, l'histoire reste la même, une jeune femme qui veut vivre sa vie libre de toutes contraintes et qui entre peu à peu dans la vie d'adulte, avec toutes les obligations que cela comporte. Et c'est en cela que certains choix de la réalisatrice sont, à mon sens, justifié. Montage musical contemporain, vision furtive d'une Converse, peu importe les anachronismes, Marie-Antoinette n'a pas la prétention d'être une oeuvre documentaire. La finallité l'emporte, la vie de cette fille constamment entourée et pourtant seule au monde, qui ira de découvertes en rencontres, de sorties en cachettes à des fins de soirées arrosées. L'insouciance au jour le jour, le refus de se plier aux coutumes adultes et pour finir la confrontation avec les conséquences de ce qui faisait sa vie. En l'espace d'un plan, d'une courte scène, Marie-Antoinette devient alors la Reine qu'elle n'a jamais voulue être, seule, face au peuple, humiliée, elle comprendra. Et la caméra de la fille Coppola fait des merveilles. Son sens visuel explose totalement et les fulgurances qui parcouraient ses précédents films deviennent ici un mot d'ordre, un minimum à atteindre. La seule beauté des images nous fait trembler d'émotion, la photographie est belle à tomber, et chacun de ses cadres pourrait faire l'objet d'une photo, d'une peinture. Un peu à la manière, 30 ans plus tard, d'un Barry Lyndon pop-art. Que ce soit son arrivée à Versailles (sur le morceau de AFX Twin), ses moments d'intimité avec sa fille dans sa demeure privée ou encore cette ultime scène, ce départ forcé du plus beau palais du monde, le soleil couchant au loin, tout est beau à pleurer, à un point tel que l'on serait tenté de mettre le film en pause pour apprécier, encore quelques instants, ces images. Peut-être me risquerais-je à regretter ce ralentissement sur la fin, qui étire peut-être un brin trop le film, mais peut-être pas. Après avoir profité de ses débuts à Versailles, après avoir exagéré avec les plaisirs à disposition, après avoir consommé tout ce qui lui faisait envie, Marie-Antoinette s'ennuie, laisse le temps passer alors qu'à l'extérieur, l'inéxorable se prépare. C'est alors que le film se termine, nous laissant avec une Marie-Antoinette qui, tout juste adulte, laisse ses plus belles années derrière elle.
"I said no food. I didn't say there was nothing to eat."
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