Tàr (Todd Field - 2022)

[Spongebob]

Mais sur le fond, cela me semble au moins autant, voire bien plus, un échange de vieux briscard vs les petits jeunes naïfs que sur la cancel culture (d'ailleurs, Tar n'est finalement pas franchement cancel, sauf à considérer que faire de la musique de JV pour les Asiatiques, là, c'est vraiment un des cercles de L'Enfer Artistique).

Gros +1

[EliWallou]

La scène de live commenté à l'ouverture et plus tard pendant sa conférence à New York, vous en faites quoi ? Qui est l'auteur de ces lives, son assistance (Merlant) ? J'ai l'impression que c'est essentiel pour comprendre le film mais j'ai pas collé les morceaux.
De même avec le motif qui revient en permanence, c'est sa mauvaise conscience qui la travaille, la poursuit, la rend dingue ?

(La Tár va quand même menacer une fillette façon sociopathe, ce qui ferme bien la porte aux interprétations complaisantes / en sympathie qui voudraient en faire la victime d'une société devenue extrêmement bien pensante)

[Shin Cyberlapinou]

Je dirais que les questions du live sont écrites à l'avance et à la virgule près pour permettre à Tar de donner des réponses impeccables*, qui pour ce qu'on en sait pourraient elles aussi relever du par coeur... Ou alors Tar ne sait même pas que tout est scripté à l'avance?

Et autant le film cultive sciemment l’ambiguïté autour des casseroles de sa protagoniste, autant j'étais plutôt de son côté tout le long et prêt à lui accorder le bénéfice du doute -je ne sais pas ce que ça dit de moi- et la séquence avec la fillette (dont on ne sait au fond rien, ni d'elle ni de la forme que prendrait son harcèlement présumé) m'a d'ailleurs paru "plaisante" comme peut l'être un film de vigilante, d'un côté la ligne est franchie, de l'autre on voit une "méchante" se faire démastiquer et ce pour un résultat positif puisque le harcèlement -présumé- prend fin. La séquence m'a en outre fait penser à une variation premier degré du sketch Jizanthapus de Louis CK (figure par ailleurs cancelée quoique pas trop non plus) où l'humoriste raconte comment il menace physiquement et verbalement le petit con de 6 ans (surnommé donc Jizanthapus) qui s'en prend à sa fille, certain que de toute façon personne ne le prendra au sérieux. C'est grave docteur?


* C'est après tout la norme dans les talks shows américains, je me souviens de Bruce Campbell donnant des réponses spirituelles tout en lisant du coin de l'oeil le pense-bête glissé dans sa paume.

[EliWallou]

Je dirais …

Je faisais références au plan d'ouverture du film, avant le générique.
Type "live instagram", Tár dormant dans le jet privé, avec un dialogue sur l'écran du téléphone.
En fait c'est peut-être censé illustrer une fonction type "Facetime" + SMS, soit une conversation privée, mais je ne l'avais pas compris comme ça.

Si c'est drôle quand CK le met en scène dans un sketch, c'est justement parce que c'est un comportement totalement abusif.
Le film se veut plus intelligent qu'un vigilante je pense
Une injustice ne se règle pas par une autre injustice. La scène à Juilliard c'est un peu la même d'ailleurs.

[Watkinssien]

Je viens de visionner Tàr sur Netflix et le moins que l'on puisse dire c'est que ce film propose, fourmille d'idées, a une singularité. Tout en n'échappant jamais aux longueurs qui pèsent réellement sur l'ensemble, aux pièges parfois dans lesquels il tente d'éviter.

Par exemple, le plan-séquence sur Tàr arguant sur Bach avec un jeune étudiant, est brillant de maîtrise et son utilisation extrêmement intelligente, car elle s'oppose à ce que ce moment adviendra dans le récit (la vidéo postée dans les réseaux sociaux, morcelée par un montage manipulateur). Sauf que cette vidéo paraît totalement invraisemblable sur les différents angles de prise de vue (autant d'étudiants seraient en train de filmer à ce moment-là) et surtout que Tàr ne me parait pas totalement désagréable sur l'ensemble de la discussion.

Ce sont les tout petits moments de dérèglements qui ont le mieux marché sur moi plutôt que les grandes scènes à faire:

Spoiler (cliquez pour afficher)

Quand Tàr parle avec sa fille dans la chambre et que cette dernière regarde quelque chose hors champs pendant deux secondes est beaucoup plus angoissant ou vertigineux que notre protagoniste entendant un bébé pleurer dans une forêt.

Bref, une œuvre assez atypique, assez maîtrisée, ayant clairement un gros problème de rythme (la dernière demi-heure est vraiment problématique et dans sa cadence et dans le développement des enjeux dramatiques et/ou psychologiques) se perdant un peu elle-même dans les méandres qu'elle s'est créée.

Mais Cate Blanchett est définitivement IM-PE-RIALE!

[Supfiction]

Je suis étonné de le voir déjà apparaître sur Netflix. Les délais ne viennent-ils pas d’être raccourcis ?

Sinon, j’avais abandonné le visionnage sur Canal au bout d’une demi-heure, vraiment pas accroché.

[Spongebob]

Je suis étonné de le voir déjà apparaître sur Netflix. Les délais ne viennent-ils pas d’être raccourcis ?

Non c'est toujours 15 mois. Le film est sorti en salle le 25 janvier 2023 donc il peut être proposé sur Netflix à partir du 25 avril 2024. On peut donc dire qu'ils ont pas perdu de temps.