William Dieterle (1893-1972)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Barry Egan
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Re: William Dieterle (1893-1972)

Message par Barry Egan »

Cathy a écrit : 15 janv. 11, 22:19 Tout les biens de la terre, The Devil and Daniel Webster (1940)

Jabez Stone un fermier endetté vend son âme au malin qui lui promet sept années de richesse en échange de son âme.

Le diable a toujours beaucoup inspiré la littérature, l'Opéra et naturellement le cinéma. Si Faust est la légende la plus connue, ici nous avons une nouvelle histoire autour de l'achat d'une âme par le malin. Tout de suite le spectateur sait que le diable cherche une proie nommée Jabez Stone, ce qui est assez bien vu est l'arrivée du malin, par un simple juron banal du fermier qui invoque le diable sans réellement l'invoquer. Mais le film est assez bancal, la première partie est lourde, pesante, convenue, le héros est peu sympathique et finalement le spectateur s'émeut peu de ce qui peut lui arriver. Il sera plus sensible au sort de son épouse et de sa mère. Le film bascule à l'arrivée de la servante du diable, Belle qui joue de sa beauté, de son charme et sera la main armée du malin. La dernière partie est bien meilleure avec ce procès totalement surnaturel, où des traitres sans doute célèbres pour les américains viennent juger du bien fondé du pacte, naturellement comme dans toute histoire de diable, celui-ci s'avoue vaincu ! Le personnage de Daniel Webster pourtant figurant dans le titre apparaît presque secondaire, hormis dans son rôle d'avocat de la victime. Edward Arnold prête sa bonhommie au personnage, par contre James Craig est assez fade en Jabez Stone et ne suscite que fort peu d'empathie, Walter Huston est à la fois convaincant et dérangeant en Scratch, sans doute à cause ou grâce à ce sourire "démoniaque". Mais c'est aux deux vedettes féminines que le film doit son charme, Anne Shirley en premier lieu qui ressemble étonnamment à la Olivia de Havilland de Mélanie, avec sa natte tombante, notamment dans la scène de l'accouchement (à noter que la riche demeure de Jabez Stone ressemble elle aussi étonnamment à Tara), elle est touchante, et naturellement Simone Simon incarnation vivante du mal qui crève littéralement l'écran dès son apparition. Maintenant si on admire la maîtrise de Dieterle dans les scènes de danse, dans le bal "imaginé" par Jabez Stone, dans les différentes apparitions de Scratch qui joue parfaitement son rôle de main, et naturellement dans ce procès final, le film reste bancal et quelque peu décevant.
Pas mieux. Les femmes portent le film et leur sort n'intéresse pas le scénariste...

(Etrange coïncidence, n'est-ce pas, d'avoir vu ce film un 7 avril ?)

Je trouve le discours de Webster devant le jury de fantômes assez malhonnête et très peu convaincant. Les Etats-Unis sont une nation bâtie sur un massacre, sur de la mauvaise foi, sur tout ce qu'il y a de plus mauvais dans l'homme, et cela au nom de la "liberté", une notion tout à fait européenne qu'il a fallu exporter à tout prix. Quand le Diable sort de son chapeau l'argument sur les Indiens, tout est dit, rien ne peut être ajouté. L'Occidental est voué à jouir de sa fortune dans la culpabilité. (Tant de consommation de tabac et d'alcool, comme le pointait Tolstoï, ça ne trompe pas.) Son appétit d'espaces et de biens, son goût trop grand pour le travail l'ont perdu. Si Christophe Colomb était venu seulement pour visiter et non pour conquérir, s'il s'était contenté de faire le touriste, le monde s'en serait mieux porté.
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