Alexandre Angel a écrit : ↑30 mars 24, 13:56
The Eye Of Doom a écrit : ↑30 mars 24, 13:53
Une nuit ayant passée dessus, je reviens sur le film. Je suis bien sûr entièrement d’accord sur le fait que l’on est devant John Ford au sommet de son art. Mais comme pour « Qu’elle etait verte ma vallée « , mais pour des raisons fondamentales différentes, cela ne veut pas forcément dire qu’à titre personnel le film me transporte.
Cher Eye, tu es assez coutumier du fait!
C'est comme ça, c'est pas grave, hein, no offense mais il y a toujours un "oui mais"
Tant que c’est pas du « en meme temps ».
Je reprends donc.
La tirade finale par exemple n’ajoute rien au film. Le message de la résilience du « petit » peuple, Ford sait le montrer simplement par cette caravane de vehicules qui repart. On voit bien qu’il s’agit de glisser un ultime message.
Sinon, le film est d’une violence assez incroyable dans la dénonciation du capitalisme, alors que celui-ci est consubstentiel à la civilisation américaine.
On commence par cet ex pretre (remarquable personnage et acteur) qui a perdu la foi.
Puis cette scene où le paysan cherche avec qui il doit aller s’expliquer « d’homme à homme ». Le commis des basses oeuvres explique que c’est pas de sa faute, ni meme celle du propriétaire, à peine de la banque,… bref que c’est la faute à personne. Resumé fulgurant de la logique capitaliste.
J’ai repensé à la première scene de La divine croisiere de Duvivier, ou l’odieux capitaliste se fait tirer dessus dans son salon.
Le rejet systématique des populations locales face au migrants est aussi dépeint particulièrement violemment
Au delà de la misère et l’exploitation de celle-ci, c’est la description sans fard de la soumission de la police aux grands capitalistes qui est particulièrement crue. Cf la scene du bal, entre autres.
On plonge alors dans la schizophrènie du mythe américain: d’un coté la communauté noble, familliale, courageuse, vantée dans les westerns à pionniers, l’americana,…. Et de l’autre Ayn Rand, le capitalisme le plus con, l’esclavagisme, le glorification de l’ego, du pouvoir et de l’argent.
Comment un tel film a t’il peut être produit et sortir en 40, à l’aube de la guerre, avec un discours d’une tel violence sur les états unis ?
Le plus affirmé est bien sur que rien n’a changé…. La tragédie des migrants de ce coté de l’ocean ou au bord du Rio-grande donne un echo cruel au film.
J’etais il y a peu à El Paso, avec sa coquette place centrale remplie de misérables, hommes, femmes et enfants, atterris là pour un temps, etape d’un périple probablement sans fin.
Il faudrait bien sur que je relise le bouquin de Steinbeck, découvert au lycée, pour faire la part des choses. Ce n’est pas ma priorité….
Il ne fait nul doute que le roman a donné à Ford l’occasion d’un de ses films qui semble les plus personnel, tant la sincérité du cinéaste et son genie sont présents ici.
De « vers sa destinée » 1939 à « my darling clementine »1946 , sacré periode de la carriere de Ford !
Du coup faut que je me vois « La route du tabac ». J’avais adoré le roman d’Etskine Caldwell comme Le Batard et Le petit arpent du bon dieu. Le film n’a pas trop la cote, j’imagine assez mal le côté outrancier et faussement vulgaire du film passer à l’ecran. Il y a Gene, c’est tout de même un argument.
J’ai aussi pour 10€ acquis le bluray des Sacrifiés….
A suivre bientôt donc