Fiction à l'américaine (Cord Jefferson - 2023)

[Supfiction]

AMERICAN FICTION : 6,5/10
Si j’ai trouvé l’interprétation souvent brillante et la réalisation efficace, il n’en demeure pas moins que le résultat m’a paru bicéphale : d’une part c’est une très intéressante critique de la société américaine, sur les universités qui sur-réagissent en dépit du bon sens face à la moindre remontrance de leurs étudiants, sur le monde de l’édition qui s’enflamme pour des torchons littéraires qui propagent des clichés misérabilistes sur la communauté afro-américaine, sur le public principalement blanc qui les achètent pour conforter leurs préjugés.
Et d’autre part c’est une chronique sur une famille d’afro-américains qui se désagrège lentement au fil des décès, et hélas c’est cette partie qui m’a le moins passionné.

American Fiction qui gagne pour le meilleur scénario adapté, la bonne blague.

Je viens de lancer le film par hasard sans savoir de quoi il s’agissait.. les premières minutes sont éminemment réjouissantes .. avec l’impression de voir un peu de l’esprit de Curb your enthusiasm surtout quand Monk s’empare de ses livres pour les remettre de force dans le rayon général de la librairie et les soustraire au rayon afro-americain.. La suite n’est pas aussi réjouissante malheureusement et inegale (effectivement les scenes de famille sont peu intéressantes) mais réserve malgré tout quelques moments bien sentis.
Le procédé est parfois un peu lourd à la manière d’un Don’t look up et dans le cynisme du dénouement, je pense à un film comme Simone avec Pacino (à Romain Gary aussi..).

[Flol]

Le bouquin était drôle, corrosif, incisif, voire carrément agressif ; son adaptation, et ça ne surprendra pas grand-monde, l'est beaucoup moins (sinon, je ne vois pas comment il aurait pu être nommé tant de fois aux Oscars).
Les 10 premières minutes font croire qu'on va assister à un film rentre-dedans et absolument réjouissant, avec cette façon quasi jubilatoire qu'il a de se moquer de la bourgeoisie blanche et de sa contrition permanente pour bien se faire voir d'une certaine communauté, quitte à coller des étiquettes à tout, n'importe quoi, et surtout aux auteurs noirs que l'on conçoit davantage comme noirs plutôt qu'auteurs.
C'est là que tout le talent de Jeffrey Wright, avec ses airs de Droopy à la Larry David (le mec traînant en permanence avec lui son irascibilité et son dégoût de l'époque actuelle), fait des merveilles. C'est drôle, c'est rythmé. Non vraiment, ça partait bien.

Puis petit à petit, le film s'assagit et se met à ressembler à n'importe quelle dramédie existentielle, un peu molle, gentiment cynique, méchante mais pas trop, un peu lourde dans sa façon de dénoncer des choses que n'importe qui d'un peu sensé connait déjà (c'est probablement ça qui a plu à l'Académie des Oscars, en fait), et carrément meta sur la fin (avec un Adam Brody en personnage pas du tout cliché de jeune cinéaste évidemment connard et arrogant, avec en sus une mullett du plus bel effet).

Alors c'est rigolo, plutôt plaisant à suivre, mais globalement, il est difficile de s'enthousiasmer plus que ça pour un film dont le matériau de base méritait un traitement nettement moins consensuel.

[hansolo]

N'ayant pas lu le livre, j'ai bien apprécie le film.
Pas de quoi crier au chef d'oeuvre mais je comprends la plupart des nominations (pas celle du second rôle que j'ai trouvé particulièrement transparent ...)

[-magik-]

Le bouquin a la même fin ? Parce qu'autant j'ai bien aimé le film, autant la fin m'a laissé assez circonspect.

[Supfiction]

la fin m'a laissé assez circonspect.

Quand il y a trois fins, tu ne te rappelles rapidement plus après coup comment ça fini (un truc film dans le film à la Californication en l'occurence).

[Flol]

Le bouquin a la même fin ? Parce qu'autant j'ai bien aimé le film, autant la fin m'a laissé assez circonspect.

Dans mes souvenirs, pas du tout.

[Kiké]

Je copie mon avis posté sur le topic Amazon, avec une mise à jour de ma conclusion : le canular n'a pas été jusqu'au bout.

AMERICAN FICTION - Cord Jefferson

Profitant d'un petit buzz aux Etats-Unis avec quelques nominations aux Oscars, ce premier long-métrage raconte l'histoire d'un écrivain afro-américain qui n'arrive pas à se faire publier parce que ses livres ne sont pas assez "noirs". Enervé, il s'amuse à écrire une parodie de ce qu'on lui demande, mais cette blague semble bien partie pour devenir un best-seller...

Parmi tous les films récents évoquant d'une manière ou d'une autre la question afro-américaine, j'ai trouvé que ce film faisait beaucoup de bien. Il n'a pas peur de se moquer de certaines oeuvres d'art à priori progressistes et tolérantes, mais qui cachent l'appât du gain, de la bienpensance artificielle ou hypocrite. C'est d'ailleurs ironique de le voir potentiellement gagner des Oscars, cérémonie exemplaire de cette tendance. Mais d'un autre côté, cela n'est pas vraiment surprenant non plus...

Bref, il y a un petit vent de fraicheur et quelques scènes assez drôles qui tournent en dérision ce politiquement correct de la société ; la majorité des cibles sont des personnes blanches un peu bourgeoise qui veulent s'acheter une bonne conscience, mais il n'hésite pas à pointer du doigt les afro-américains eux-mêmes également. L'évolution des situations de plus en plus absurdes qui finissent par échapper au héros-artiste peut rappeller certains Woody Allen, avec quelques idées de mise en scène pour briser le quatrième mur ou brouiller les pistes des mise en abyme, même si le principe finit par devenir un peu prévisible.

De plus, l'intrigue comique est mélangée à une trame sentimentale sur la famille de l'écrivain. Cette partie se laisse suivre mais je ne suis pas sûr qu'elle apporte grand chose, et certains aspects dramatiques me semblent un peu artificiels.
Enfin, je crois que c'est la première fois que je vois Jeffrey Wright dans un rôle principal (je me souviens surtout de lui comme Gordon dans le dernier Batman en fait) ; il est très bon dans ce mélange entre lucidité sur la supercherie et plaisir du petit jeu qu'il crée.

Rendez-vous dans quelques jours pour voir si le canular se révèle gagnant avec les Oscars...

[Kiké]

la fin m'a laissé assez circonspect.

Quand il y a trois fins, tu ne te rappelles rapidement plus après coup comment ça fini (un truc film dans le film à la Californication en l'occurence).

Je suis d'accord, j'ai l'impression que le film se sent hyper subversif de faire ça alors que ça ne va pas tellement loin.
Je n'ai pas vu Californication, en fait ça m'a surtout rappelé un film européen de 2021, je le mets quand même en spoilers au cas où :

Spoiler (cliquez pour afficher)

Bad Luck Banging... de Radu Jude. Pas grand chose de commun entre les deux films, mais ces 3 fins avec des tons très différents, j'ai tout de suite fait cette connection. Mais les scènes du film roumain sont quand même plus drôles dans mon souvenir

[Supfiction]

Californication c’est pour le côté heros écrivain qui voit finalement sa vie adaptée en film. Mais sinon l’histoire des fins alternatives, Greta Gerwig nous a également fait le coup dans Les filles du docteur March.

Sinon bien vu pour le rappel de Woody Allen. Hollywood ending en l’occurrence.

[Mama Grande!]

Je copie colle mon avis du topic Amazon

Une idée de base séduisante, qui avait tout pour faire une satire mordante de l'industrie du contenu (édition, production...). Alors que les éditeurs et les diffuseurs cherchent à tout prix à diversifier les récits et à faire entendre des voix minoritaires longtemps ignorées, ne cherchent ils pas en fait à vendre à la majorité, soit au marché le plus porteur, les récits minoritaires attendus et clichés? Certaines scènes sont mêmes très drôles (la rencontre avec l'éditeur, l'apparition d'Issa Rae). Malheureusement, le récit ne décolle jamais vraiment, et perd son temps dans des intrigues secondaires inutiles (le frère gay, la gouvernante) qui plombent le rythme, pour au final conclure avec une pirouette sortie de nulle part. Tout ceci est au final complètement inoffensif et oubliable. Vraiment dommage.

[Cedric Gibbons]

J'ai beaucoup aimé la partie écrivain-édition mais la partie famille ne m'a pas intéressée.
Jeffrey Wright est impeccable.

[Supfiction]

Tout le monde dit semble t-il la même chose, ce qui n’est pas si courant.
Si le film était au niveau de la première scene ou même des dix premières minutes, on aurait eu le film le plus réjouissant et salvateur de l’année.

[AtCloseRange]

Tout le monde dit semble t-il la même chose, ce qui n’est pas si courant.
Si le film était au niveau de la première scene ou même des dix premières minutes, on aurait eu le film le plus réjouissant et salvateur de l’année.

Ah non, c'est anecdotique de bout en bout.