Neil Jordan

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Re: Neil Jordan

Message par Flol »

starfe a écrit : 7 mars 24, 15:48 Edit: Mince, grillé par Flol. Un gars qui sait.
Surtout concernant cette musique et ce compo, on peut pas me la faire.
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starfe
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Re: Neil Jordan

Message par starfe »

Je me souviens bien, oui. :wink:

(HS) Qu'est-ce qu'il nous manque Goldenthal. J'ai revu et réécouté ses Batman récemment, j'arrive toujours pas à comprendre comment il a réussi à égaler Elfman avec les 2 nanards de Schumacher. Il n'a jamais du voir les films.(/HS)
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Dunn
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Re: Neil Jordan

Message par Dunn »

Bon sang j'ai le cd en plus.
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AtCloseRange
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Re: Neil Jordan

Message par AtCloseRange »

shubby a écrit : 7 mars 24, 12:45 Revu Michael Collins. Dvd pas tout jeune qu'il faut retourner au milieu, pas grave. Sacré morceau de cinoche. Ça fuse, c'est épique, le casting 4 étoiles défonce tout, la photo est chouette, la zic itou. Reste une seconde partie en deçà, mais logique et grosse merdo respectueuse de l'histoire. Faire se corréler le basculement du triangle amoureux en même temps que le déchirement du pays, c'est efficace. Et Dieu qu'elle est élégante cette mise en scène ! Lion d'or ici contre une Palme pour le Ken Loach. Je préfère l'allant du Jordan avançant au célèbre pas volontaire de Neeson. Micks vs Tommies. Désormais qq plans sont devenus des clichés - un gosse courant dans les rues de Dublin, des types armés progressant dans la campagne irlandaise sur fond de chant tristoune folklorique - mais ça fonctionne. Jordan et Neeson sont irlandais d'origine.
Fait amusant : Le triangle amoureux glamour, les années 20, le rushage des événements = aussi Shanghai Grand, un bon polar HK sorti la même année 1996. Historiquement dispo en bonus caché sur le dvd HKvideo du Gunmen de Kirk Wong.
En tant que fan de Neil Jordan, le film m'avait beaucoup déçu à l'époque ce qui fait que je ne l'ai jamais revu.
Je lui redonnerai peut-être une chance à l'occasion mais souvenir d'un biopic assez convenu et "hollywoodien" surtout après le choc de The Crying Game.
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manuma
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Re: Neil Jordan

Message par manuma »

Un peu pareil qu'ACR : j'avais trouvé ça trop "américanisé", me demandant notamment ce que Julia Roberts fichait là-dedans. A revoir peut-être, même si, parmi ses opus irlandais, je doute qu'il détrône chez moi The Butcher boy ou Breakfast on Pluto.
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shubby
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Re: Neil Jordan

Message par shubby »

AtCloseRange a écrit : 7 mars 24, 17:37
Je lui redonnerai peut-être une chance à l'occasion mais souvenir d'un biopic assez convenu et "hollywoodien"
manuma a écrit : 7 mars 24, 18:54 Un peu pareil qu'ACR : j'avais trouvé ça trop "américanisé", me demandant notamment ce que Julia Roberts fichait là-dedans.
Pas faux, mais ce côté "hollywoodien" ayant désormais disparu des écrans, ça marche doublement pour moi. Le traitement est noble et soigné. Julia Roberts incarne une personne qui a existé, avec un triangle amoureux avéré. Son personnage est en retrait, oui, pas loin de l'accessoire - la bromance Neeson-Quinn est plus travaillée pour dire les choses. Miscast peut-être pour Julia, je ne sais pas.
J'aime assez dans ce film les incidences sous-jacentes des amours et égos sur le cours de l'histoire. On rejoint ainsi complètement le chaos explicité par Tsui Hark avec son battement d'ailes du papillon amoureux.
Les dialogues sont chouettes là-dedans. Et c'est d'un romantisme galvanisant.
J'ajoute que l'avatar récurrent de Jordan, l'introverti joué par Stephen Rea, ajoute de belles aspérités à cette histoire - sur sa formidable première moitié en tout cas, je serai moins dithyrambique sur la seconde, nettement plus Gibsonienne. Entendre efficace, mais plus partisane, avec un virage un poil trop serré qd Collins enfile soudain l'uniforme. A priori les studios ont taillé ça et là pour coller aux 2h de bobine et simplifier les enjeux, quitte à trahir l'histoire. Le perso Dev de Rickman prend cher ; on lui impute une responsabilité ds la mort de Collins, un plan important manquerait selon l'acteur pour réfuter ça. Un director's cut doit bien exister qq part.
manuma a écrit : 7 mars 24, 18:54 je doute qu'il détrône chez moi The Butcher boy ou Breakfast on Pluto.
Tjrs pas vus. J'ai du retard sur sa filmo ; j'aime vraiment sa sensibilité à ce réalisateur.
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Profondo Rosso
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Re: Neil Jordan

Message par Profondo Rosso »

Nous ne sommes pas des anges (1989)

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Deux petits voyous se voient obligés de participer par hasard a une évasion. Poursuivis par les autorités, ils se réfugient dans un petit village, déguisés en prêtres.

Dans ses meilleurs films, Neil Jordan parvient toujours à installer une dualité poreuse entre le réel et l'imaginaire. Cela confère une aura étrange et psychanalytique dans la relecture de conte qu'est La Compagnie des loups (1984), instaure un second niveau de lecture dans les visions infernales des bas-fonds urbains de Mona Lisa (1986). Cela permet au réalisateur d'instaurer une ambiguïté chez ses personnages quant à leurs sentiments (la romance queer de The Crying Game (1992), l'amour/haine de la condition de vampire dans Entretien avec un vampire (1994) et Byzantium (2012)) et dans leur appréhension du réel magnifié par le mythe (la créature de Ondine (2009)) ou rendu inquiétant par leurs traumatismes (la terreur urbaine de A vif (2007). Nous ne sommes pas des anges aborde la question par le prisme de la croyance religieuse, qui sera plus tard au cœur de la romance tourmentée de La Fin d’une liaison (1999). Le film est une relecture par le scénario de David Mamet du film La Cuisine des anges de Michael Curtiz (1955), lui-même adapté de la pièce éponyme de Albert Husson jouée en 1952.

L'argument est "mametien" en diable puisque reposant sur une mystification, lorsque les deux évadés Ned (Robert de Niro) et Jim (Sean Penn) se trouvent contraint à se fondre déguisés en prêtre au sein d'une communauté religieuse pour fuir leurs poursuivants. Dans un premier temps, l'approche de comédie certes plaisante semble étouffer le lyrisme de Jordan, ici dans le cadre d'une production studio hollywoodienne. Le quiproquo et les gags prennent le pas sur le questionnement religieux, mais c'est pour privilégier la caractérisation du duo. Le naïf Jim semble étonnamment trouver sa place dans le sanctuaire religieux, davantage par ses interactions avec la communauté bienveillante qu'une foi prononcée. Le plus cynique Ned y voit avant tout un moyen de s'en sortir, mais l'impact que sa couverture va accidentellement avoir sur une mère de famille esseulée (Demi Moore) l'amène peu à peu à davantage d'empathie. Neil Jordan amorce plusieurs situations introduisant un certain mysticisme, qu'il désamorce dès qu'elles s'avèrent trop démonstratives et épiphaniques. Le but n'est pas de dénigrer la croyance, mais de la manifester par prise de conscience ordinaire et terre à terre plutôt que par des supposés miracles. Ainsi les larmes coulant des yeux d'une statue de la vierge viennent d'un trou au plafond lors d'une prière désespérée de Ned sur le point d'être pris, le stigmate religieux sanglante vient de la blessure du troisième évadé Bobby (James Russo) lors de la conclusion et diverses compositions de plans et scènes de foules (la procession finale) jouent la double carte de l'ironie et l'imagerie habitée - baignée dans la lumière tour à tour céleste et terreuse de Philippe Rousselot. Il y a la même démarche dans l'architecture oppressante de la prison minière du début de film dont le production design convoque totalement l'iconographie religieuse des enfers. Tout est en fait contenu dans le maladroit et touchant discours que sera contraint de faire Jim, exhortant ceux qui en ressentent le besoin de croire si cela les aides à avancer un jour de plus, mais sans l'injonction et la promesse de châtiment. Jordan filme longuement une foule sensible à ce message, après s'être moqué plus tôt justement des croyants fonctionnant par la peur avec ce policier rongé par la culpabilité d'avoir payé pour du sexe et trompé sa femme.

Ce n'est qu'après avoir trouvé cet équilibre que Jordan laisse les "miracles" intervenir lors d'un climax spectaculaire où la statue de la vierge joue un rôle clé. C'est pourtant toujours le déclic tout ce qu'il y a d'humain qui déploie l'émotion avec les sursauts héroïques de Ned et Jim. La conclusion maintien d'ailleurs cet entre-deux évitant l'athéisme cynique et le prosélytisme complaisant dans le choix de ses deux héros, rendant logique même si frustrant le lyrisme plus feutré de Jordan durant le film. 4,5/6
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