Gaulliste historique et co-auteur du célèbre "Chant des partisans", l'académicien Maurice Druon, dont le décès à l'âge de 90 ans a été annoncé mardi soir, a accédé à la célébrité avec le succès de sa saga historique fleuve, "les Rois maudits", adaptée à la télévision dans les années 1970.
Maurice Druon (1918-2009)
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Maurice Druon (1918-2009)
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Re: Maurice Druon (1918-2009)
C'était bien sûr, les rois maudits, mais je me souviens aussi avoir dévoré ses nouvelles.
C'est un auteur que j'aimais beaucoup, même si apparemment, il était devenu un peu réac dans ses dernières déclarations.
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Re: Maurice Druon (1918-2009)
Enterrement de 1e classe ici :
http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/ ... ice-druon/
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Re: Maurice Druon (1918-2009)
François Bayrou l'avait déjà enterré, par anticipation, et de belle façon :
http://www.bayrou.fr/opencms/opencms/me ... 80704.html
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Re: Maurice Druon (1918-2009)
C'est vrai que cette réponse est brillantissime...
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Re: Maurice Druon (1918-2009)
Cet écrivain de grand talent se fait aujourd'hui conspuer pour la radicalité de ses opinions politiques.
Quoique totalement en désaccord avec lui, j'y vois la rigueur d'un romantique avec une vision plus abstraite que pragmatique du monde, qui n'aurait pas beaucoup évolué au fil du temps.
Je regretterai donc avant tout l'auteur des Rois Maudits et de Tistou les pouces verts, un livre pour la jeunesse qui m'avait beaucoup ému en son temps.
Quoique totalement en désaccord avec lui, j'y vois la rigueur d'un romantique avec une vision plus abstraite que pragmatique du monde, qui n'aurait pas beaucoup évolué au fil du temps.
Je regretterai donc avant tout l'auteur des Rois Maudits et de Tistou les pouces verts, un livre pour la jeunesse qui m'avait beaucoup ému en son temps.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Maurice Druon (1918-2009)
C'est dommage, on ne peut plus lire le texte de Druon qui lui avait fait mériter une telle volée de bois vert de la part de Bayrou. Quand je l'avais lu, je m'étais dit qu'il y allait vraiment fort mais la réponse de Bayrou était à la hauteur.
Cela dit, il y a un point sur lequel Bayrou se trompe et qui mérite d'être souligné car il explique la personnalité de Maurice Druon, notamment sa soif de reconnaissance et d'honneurs.
Maurice Druon a été élevé dans les beaux quartiers mais il n'était que le fils adoptif de René Druon de Reyniac, mari de sa mère. Son père adoptif l'a toujours traité en fils naturel mais sa vraie filiation est assez dramatique pour l'avoir marqué.
Sa mère, Leonilla, dite Lily, l'avait eu de Lazare Kessel, frère cadet de Joseph Kessel. Le couple avait été rejeté par les parents Kessel, le père, Samuel Kessel, ne supportant ni l'activité de son fils, ni sa compagne.
Lazare Kessel, immigré juif russe, était acteur et avait connu une gloire fulgurante, bien avant son frère, à l'âge de vingt ans, sous le surnom de Sibel. Malheureusement, celui que sa famille appelait Lola était de caractère dépressif et il s'est suicidé, en pleine gloire, à l'âge de vingt-et-un ans.
Leonilla, que la famille de Kessel refusait de recevoir (mais la mère des frères Kessel, Raïssa, continuait à la voir en cachette), a eu la chance de rencontrer René Druon qui l'a épousé et qui a reconnu son fils, Maurice.
C'est seulement en 1936 que Joseph Kessel, alors écrivain célèbre, rencontrera son neveu, très brillant lycéen de 17 ans, et le prendra sous son aile.
Non pas que Maurice Druon se soit plaint de sa jeunesse, bien au contraire, mais on peut dire qu'il a probablement eu une enfance un peu plus complexe que ne l'imagine Bayrou. Tant qu'au fait d'être écrivain sous la protection d'un homme de la notoriété de Joseph Kessel, qui savait d'ailleurs être aussi prodigieusement généreux que monstrueusement égoïste, cela avait sans doute aussi des inconvénients.
Au moins, il a toujours eu l'élégance d'être très fidèle en amitié et en souvenir envers ceux qu'il respectait. Et s'il était effectivement très réactionnaire, il n'a jamais été plus loin. C'était d'ailleurs plus culturel que politique.
Ah, je vois que cinéphage est aussi venu à la rescousse d'un auteur de notre jeunesse
Sinon, je rajouterai juste deux choses au sujet des critiques en lien.
En ce qui concerne l'admiration de Druon pour Sacha Guitry (Assouline), je pense que si on sait que le père de Sacha, Lucien Guitry, était un des très grands acteurs de théâtre du début de la Belle Epoque, c'était peut-être plus un hommage à l'époque, et un hommage discret à son père, qu'un signe que Druon se prenait pour Sacha Guitry.
Sur l'allusion de Bayrou aux "vrais gaullistes qui se sont battus": certes Druon a passé la guerre à Londres, mais il faisait parti des Cadets de Saumur qui se sont courageusement opposés à l'avancée allemande en juin 1940 et il a fini la guerre, de juin 1944 à la Victoire, comme correspondant de guerre, ce qui ne devait quand même pas être de tout repos.
Bref, de donneur de leçon à donneur de leçon, l'esprit réactionnaire des uns et celui des autres (Bayrou avec ses 36 ancêtres sur les monuments aux morts quand ceux de Druon n'étaient même pas encore français)...ces échanges littéraires musclés étaient surtout une belle leçon de modestie, à mon avis. Bayrou est peut-être plus de la famille de Druon qu'il ne l'imagine.
Cela dit, il y a un point sur lequel Bayrou se trompe et qui mérite d'être souligné car il explique la personnalité de Maurice Druon, notamment sa soif de reconnaissance et d'honneurs.
Maurice Druon a été élevé dans les beaux quartiers mais il n'était que le fils adoptif de René Druon de Reyniac, mari de sa mère. Son père adoptif l'a toujours traité en fils naturel mais sa vraie filiation est assez dramatique pour l'avoir marqué.
Sa mère, Leonilla, dite Lily, l'avait eu de Lazare Kessel, frère cadet de Joseph Kessel. Le couple avait été rejeté par les parents Kessel, le père, Samuel Kessel, ne supportant ni l'activité de son fils, ni sa compagne.
Lazare Kessel, immigré juif russe, était acteur et avait connu une gloire fulgurante, bien avant son frère, à l'âge de vingt ans, sous le surnom de Sibel. Malheureusement, celui que sa famille appelait Lola était de caractère dépressif et il s'est suicidé, en pleine gloire, à l'âge de vingt-et-un ans.
Leonilla, que la famille de Kessel refusait de recevoir (mais la mère des frères Kessel, Raïssa, continuait à la voir en cachette), a eu la chance de rencontrer René Druon qui l'a épousé et qui a reconnu son fils, Maurice.
C'est seulement en 1936 que Joseph Kessel, alors écrivain célèbre, rencontrera son neveu, très brillant lycéen de 17 ans, et le prendra sous son aile.
Non pas que Maurice Druon se soit plaint de sa jeunesse, bien au contraire, mais on peut dire qu'il a probablement eu une enfance un peu plus complexe que ne l'imagine Bayrou. Tant qu'au fait d'être écrivain sous la protection d'un homme de la notoriété de Joseph Kessel, qui savait d'ailleurs être aussi prodigieusement généreux que monstrueusement égoïste, cela avait sans doute aussi des inconvénients.
Au moins, il a toujours eu l'élégance d'être très fidèle en amitié et en souvenir envers ceux qu'il respectait. Et s'il était effectivement très réactionnaire, il n'a jamais été plus loin. C'était d'ailleurs plus culturel que politique.
Ah, je vois que cinéphage est aussi venu à la rescousse d'un auteur de notre jeunesse
Sinon, je rajouterai juste deux choses au sujet des critiques en lien.
En ce qui concerne l'admiration de Druon pour Sacha Guitry (Assouline), je pense que si on sait que le père de Sacha, Lucien Guitry, était un des très grands acteurs de théâtre du début de la Belle Epoque, c'était peut-être plus un hommage à l'époque, et un hommage discret à son père, qu'un signe que Druon se prenait pour Sacha Guitry.
Sur l'allusion de Bayrou aux "vrais gaullistes qui se sont battus": certes Druon a passé la guerre à Londres, mais il faisait parti des Cadets de Saumur qui se sont courageusement opposés à l'avancée allemande en juin 1940 et il a fini la guerre, de juin 1944 à la Victoire, comme correspondant de guerre, ce qui ne devait quand même pas être de tout repos.
Bref, de donneur de leçon à donneur de leçon, l'esprit réactionnaire des uns et celui des autres (Bayrou avec ses 36 ancêtres sur les monuments aux morts quand ceux de Druon n'étaient même pas encore français)...ces échanges littéraires musclés étaient surtout une belle leçon de modestie, à mon avis. Bayrou est peut-être plus de la famille de Druon qu'il ne l'imagine.
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Re: Maurice Druon (1918-2009)
Les rois maudits est l'oeuvre d'un atelier littéraire, pour reprendre l'euphémisme du Figaro...cinephage a écrit :Je regretterai donc avant tout l'auteur des Rois Maudits et de Tistou les pouces verts, un livre pour la jeunesse qui m'avait beaucoup ému en son temps.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Re: Maurice Druon (1918-2009)
C'est comme pour Alexandre Dumas, mais il est généralement admis de féliciter le chef d'orchestre pour un concert réussi.joe-ernst a écrit :Les rois maudits est l'oeuvre d'un atelier littéraire, pour reprendre l'euphémisme du Figaro...cinephage a écrit :Je regretterai donc avant tout l'auteur des Rois Maudits et de Tistou les pouces verts, un livre pour la jeunesse qui m'avait beaucoup ému en son temps.
Cela dit, je serais tenté, du coup, de lire un bouquin de lui seul. Si quelqu'un a des conseils à donner, je suis preneur.
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Re: Maurice Druon (1918-2009)
Raccord. J’avais également adoré Tistou les pouces verts, je réalise par conséquent que j’avais déjà lu du Maurice Druon sans même le savoir.cinephage a écrit : ↑16 avr. 09, 19:31 Cet écrivain de grand talent se fait aujourd'hui conspuer pour la radicalité de ses opinions politiques.
Quoique totalement en désaccord avec lui, j'y vois la rigueur d'un romantique avec une vision plus abstraite que pragmatique du monde, qui n'aurait pas beaucoup évolué au fil du temps.
Je regretterai donc avant tout l'auteur des Rois Maudits et de Tistou les pouces verts, un livre pour la jeunesse qui m'avait beaucoup ému en son temps.
Pour Les rois maudits, il faudrait que je me passe la série un de ces jours.