Edward Bunker (1933-2005)

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Martin Quatermass
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Edward Bunker (1933-2005)

Message par Martin Quatermass »

Fin de cavale. Edward Bunker, ex-taulard et romancier américain dont la vie, mouvementée, et les livres, percutants, ont souvent inspiré le cinéma (Le Récidiviste avec Dustin Hoffman, Animal factory réalisé par l'acteur Steve Buscemi), est décédé mardi 19 juillet. Diabétique, il s'est éteint à la suite d'une intervention chirurgicale, à l'âge de 71 ans.

Incarcéré à 17 ans

Né en Californie en 1933, Edward Bunker, fils de parents divorcés, est envoyé en internat. C'est là, entre fugues, empoignades et larcins, que se poursuit l'éducation d'un malfrat (titre français de son autobiographie, publiée en 2001). A 17 ans, il devient le plus jeune prisonnier du pénitencier de San Quentin. Bientôt, prenant modèle sur son compagnon de cellule Caryl Chessman, cet éternel insoumis se met à écrire des récits nourris de son expérience carcérale, une activité à laquelle il se consacrera au cours des deux décennies -entrecoupées de quelques remises en liberté- qu'il passera en prison. C'est aussi pendant sa détention qu'il reçoit la visite du scénariste Alvin Sargent, qui lui propose de travailler à l'adaptation cinématographique de son roman Aucune bête aussi féroce, paru en 1973. Réalisé par Ulu Grosbard, interprété et produit par Dustin Hoffman, le film, intitulé Le Récidiviste, sortira en 1978, soit trois ans après la véritable libération de Bunker.

De "Reservoir dogs" à "Animal factory"

Première expérience de scénariste, Le Récidiviste marque aussi la première apparition à l'écran d'Edward Bunker, qu'on retrouvera bientôt à l'affiche de Tango & Cash d'Andrei Konchalovsky, le réalisateur de Runaway train, adaptation d'un autre de ses romans en 1985. Vu également dans un premier film français (Cameleone en 1996), Bunker acteur a surtout marqué les esprits en "Mr Blue" dans Reservoir dogs de Tarantino en 1992. C'est d'ailleurs à "Mr Pink", alias Steve Buscemi, qu'on doit, en 2000, la troisième adaptation d'un ouvrage de Bunker, Animal factory (inspiré de La Bête contre les murs), récit initiatique en milieu carcéral, avec Edward Furlong et Willem Dafoe. Proche de Michael Mann et Jon Voight (il avait notamment été conseiller sur Heat), Edward Bunker est apparu une dernière fois à l'écran dans Mi-temps au mitard, une comédie avec Adam Sandler qui sortira en France à l'automne prochain.
Simone Choule
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Message par Simone Choule »

Fuck.
phylute
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Message par phylute »

:cry:
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Flesh
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Message par Flesh »

:(
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EliWallou
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Re: Edward Bunker est mort

Message par EliWallou »

Détarrage de topic, c'est le cas de le dire… :(

J'ai revu Animal Factory de Buscemi, basé sur le livre du même nom de Eddy Bunker.
J'ai acheté l'édition Arrow en particulier pour le commentaire audio de Bunker et Danny Trejo.
Je dois préciser que la trilogie de cet auteur m'a particulièrement marquée. C'est une oeuvre qui, a 18 ans, forge une vision de monde pour la vie.

Malheureusement ce commentaire, au contraire du film, est un peu décevant. Bunker y est très peu loquace, je ne sais si c'est son caractère, ou s'il était déjà affaibli à ce moment là.
Il n'intervient qu'opportunément de manière brève et précise, comme son insistance sur le choix de Furlong, un peu androgyne ce qui est parfait pour le film. Ou livrer quelques rares anectodes ou répondre à des questions de Trejo.

Il explique que la méthode d'évasion est basée sur un fait réel. Sa seule critique, à la toute fin, réside dans le fait qu'il aurait voulu que le changement de caractère de Ron, plus dur, aurait dû être renforcé pour souligner l'effet néfaste et déshumanisant de la prison. Selon le livret, Bunker aurait également voulu que le film marque plus la fracture raciale, qui est très explicite dans le livre. De mémoire, dans ses livres Bunker explique très bien comment cette fracture raciale en prison n'apparait qu'après les luttes des années 60, que jusque là blancs et noirs pouvaient être amis, mais qu'après cela devient pour ainsi dire impossible avec la montée en puissance des gangs basés sur une division raciale stricte à laquelle personne ne peut se soustraire. Mais je m'égare…

Danny Trejo porte ce commentaire avec l'enthousiasme de celui qui se délecte de la chance d'une seconde vie (à ce sujet voir le documentaire Inmate #1). Il passe une bonne partie du film à rire et se délecter de ses scènes préférées, ce qui provoque de légers ricanements chez Bunker. Mais il livre également beaucoup de détails, les nombreux prisonniers et amis inclus dans le film, et s'extasie de la qualité visuelle de cette prison de Philadelphie. A ce sujet Bunker explique brièvement que ces anciennes prisons sont les "meilleures" par rapport aux prisons modernes à la 1984.
Les deux commentent l'un des sujets essentiel du film, la menace constante du viol et l'homo-érotisme en prison, Trejo n'hésitant pas de dire à quel point le personnage de Mickey Rourke est belle :D
Mais également à quel point le système carcéral est absurde, déshumanisant ses sujets qui sont ensuite rendus à la société pire qu'ils sont entrés.
Un moment éclaire peut-être le plus la personnalité et le sens de l'humour de Bunker, son rire le plus fort de tout le film, lors de la scène la plus dérangeante: Earl qui écrase son gruau trempé dans le café sur le rebord des toilettes et le mange lorsque le garde passe.

Un grand film de prison à la réalisation sobre – avec certains effets de caméras pertinents mais discrets – qui soutient le propos du film.
Ici pas d'envolée lyrique, de mièvrerie, ou de morale manichéenne facile. Comme le souligne Bunker, gardes et prisonniers peuvent être bons ou mauvais, comme ce vieux garde qui comprend les codes des prisonniers et les traite avec humanité. Et une fin qui, malgré l'évasion de Ron, ne délivre pas la satisfaction de Les Evadés.
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