tenia a écrit :Alexandre Angel a écrit :
C'est surtout son parallèle avec les westerns et les films de gangsters qui ne tient pas debout. Le terreau sur lequel ont pu pousser et poussent encore ces films de genre est réaliste et reflète une réalité sociale dans un cas, historique dans l'autre, quel que soient le niveau des films.
Partir là dessus, c'est surtout, il me semble, se tromper de cible. Les films de gangsters tournés à la chaîne, c'est quoi ? Les Pre-Code ? Y avait immensément plus de risques dans ces films que dans ce que le MCU pond. Et ils étaient bien moins interchangeables aussi. Le terreau ou la réalité sociale, il y a toujours eu des parallèles à faire avec les films de supers, mais c'est surtout la production et le contenu concret qui n'ont rien à voir.
Mais à nouveau, l'argumentaire botte en touche en nous disant grosso modo "vous verrez dans 50 ans" "moi aussi, mon grand père disait à l'époque que tel film aujourd'hui célébré était nul" couplé à "même les meilleurs ne savent pas toujours apprécier des supers trucs". Encore une fois, il est incapable de défendre ses films pour ce qu'ils contiennent, il est incapable de dire "ils sont très bien parce que", et se retrouve une nouvelle fois réduit à trouver des excuses extérieures totalement risibles.
Tu approfondis ma pensée (exprimée à la lapidaire) en fait; et je suis d'accord avec toi.
Et pour répondre un peu aux objections respectables et intéressantes de Spike, je dirais deux ou trois trucs.
Spike a écrit :Tout d'abord, il effectue cette comparaison, je suppose, parce que ce sont des genres populaires qui ont été méprisés par la critique, les "artistes", ... à une époque.
J'avais bien compris cela et c'est là-dessus que je réagissais. Car à ce compte-là, on peut extrapoler et dépasser le cadre cinématographique pour y inclure (en suivant toujours la logique de Gunn) tout ce qui, à un moment ou à un autre, dans l'histoire de l'art, a pu être méprisé. Molière était-il considéré, de son temps, comme un dramaturge digne de ce nom? Ou bien combien de temps le jazz a-t-il été considéré par l'intelligentsia comme une musique d'ignares, de
nègres même. Cela peut nous emmener loin!
La vraie question (ce que suggère Tenia) n'est pas de savoir, de dire ou de décider si les Marvel Movies appartiennent à un genre noble ou non mais de dénoncer (à tout le moins de pointer) leur standardisation industrielle, qui apparaît à beaucoup comme la négation de toute velléité artistique.
Spike a écrit :Enfin, je ne vois pas en quoi le fait qu'un film soit "pseudo-réaliste" le rende supérieur à un film fantaisiste.
Je n'ai jamais dit le contraire et la question n'est pas là. Je ne parlais que d'ancrage réaliste et j'ai bien conscience que l'immense majorité des westerns qui ont été produits, c'était juste n'importe quoi par rapport à la réalité. D'autre part, je peux t'assurer que des films "irréalistes", j'en aime des tonnes!
Spike a écrit :Pour finir, en vue de faire prendre conscience aux membres de la génération X de ce forum du caractère cyclique de ce type de procès d'intention, je vous cite ci-dessous la critique de Pauline Kael de 1977 concernant
Star Wars. Les propos de Scorsese et Coppola concernant le MCU en sont carrément une paraphrase :
Pauline Kael a écrit :“Star Wars” is like getting a box of Cracker Jack which is all prizes. This is the writer-director George Lucas’s own film, subject to no business interference, yet it’s a film that’s totally uninterested in anything that doesn’t connect with the mass audience. There’s no breather in the picture, no lyricism; the only attempt at beauty is in the double sunset. It’s enjoyable on its own terms, but it’s exhausting, too: like taking a pack of kids to the circus. An hour into it, children say that they’re ready to see it again; that’s because it’s an assemblage of spare parts—it has no emotional grip. “Star Wars” may be the only movie in which the first time around the surprises are reassuring…. It’s an epic without a dream. But it’s probably the absence of wonder that accounts for the film’s special, huge success. The excitement of those who call it the film of the year goes way past nostalgia to the feeling that now is the time to return to childhood.
(source)
Je suis désolé mais pour moi, cette citation n'a pas valeur d'argumentation. J'ai bien dit
pour moi Pour moi, donc, ce n'est pas un rat crevé que l'on sort du placard. Tout simplement parce que je comprends Pauline Kael et je ne trouve pas qu'elle se fourvoie (après je ne rentre pas dans le détail de ce qu'elle exprime). J'ai beau avoir été émerveillé, de
Star Wars à
Indiana Jones et le Temple Maudit par le savoir-faire technique de ces films et l'excitation qu'ils me procuraient au moment où ils sortaient; j'ai beau cultiver le souvenir de l'ambiance autour de ces sorties, cela fait belle lurette (milieu des années 80, soit un an après
Indy 2) que quelque chose s'était cassé parce que je pressentais qu'un jour ou l'autre, ces divertissements extrêmement malins et calculateurs allaient régner sur la planète cinéma. Quelque chose là-dedans m'avait merveilleusement diverti, j'en conviens, de la 6ème à la Terminale, puis avait brutalement cassé en moi, sans autre forme de procès.
Lorsqu'un Thaddeus, par exemple, rédige ses belles déclarations d'amour à ces films, j'applaudis non seulement la prose mais aussi le souvenir que ces textes ravivent. Mais je ne suis pas pour autant complice.
Le règne d'un cinéma ne s’adressant qu'aux enfants et aux ados commençait. Il allait muter, monter en puissance et s'imposer sous la forme qui fait débat aujourd'hui.