Martine Cachet a écrit :Je rejoins le concert de louanges quant à cette petite comédie qui sent bon cette France qui n'existe plus. Mais je dois dire que le rire fut pour ma part assez peu présent, laissant sa place à un déferlement mélancolique, accentuée par la ritournelle de Jacques Delaporte.
C'est vraiment un film qui n'est pas porteur d'espoir pour ses deux personnages principaux, obligés de se complaire dans leur solitude par lâcheté. C'est d'autant plus pessimiste que le processus d'identification se fait archi-facilement.
Plus globalement, je trouve que le film met un peu de temps à décoller mais une fois le coeur de l'intrigue placé, tout est bien en place et se suit avec beaucoup de délectation et je me répète, de tristesse.
C'est dommage que l'on ait pas poursuivi dans cette tendance là, de comédies douces-amères, sur une France ordinaire qui se bat face aux banalités de la vie et essaie de rendre cette dernière plus attrayante à travers la fantaisie ou la grâce, dans le cas de ce film-ci.
Merci pour l'exhumation en effet.
C'est le genre de film qui est vraiment génial dans ses détails (Guybet qui déjeune avec une collègue et au moment de payer sort royalement une liasse de tickets restaurant en disant "Laissez, c'est pour moi"), et puis c'est incroyablement juste dans l'interprétation.
La première partie de
Pour cent briques t'as plus rien de Molinaro, quand Jugnot et Auteuil, encore eux, se retrouvent sans boulot, sans électricité, et bientôt sans toit avant de pouvoir compter sur une des petites amies d'Auteuil, retrouve un peu ce côté mélancolique que tu évoques, avant de virer pleinement dans la comédie et devenir moins intéressant et plus convenu (c'est d'ailleurs à ce moment-là que je m'arrête quand il m'arrive de le revoir). Dommage.
Du même auteur, je suis moins fan de
La Fiancée qui venait du froid mais il y a tout de même de bons moments.
Sinon, j'ai une nette préférence pour
Clara et les chics types de Jacques Monnet, qu'on évoque d'ailleurs souvent dans ce topic tant les deux sont comparables, mais qui est pour moi encore un cran au-dessus niveau mélancolie, avec ces trentenaires désenchantés encore adolescents dans leurs têtes, faisant mine d'aller bien tout en ayant zéro perspective d'avenir, le tout appuyé par la musique un peu déprimante de Michel Jonasz, tout pour faire une comédie donc.
Avec
Ma femme s'appelle reviens, ou encore moins cafardeux mais toujours porté sur une certaine misère sociale,
Viens chez moi j'habite chez une copine, on a effectivement eu quelques bonnes comédies, disons intelligentes, à cette période. Mon impression c'est qu'
Une Époque formidable, en dépit (ou à cause) de son succès, semble avoir marqué le point final des films populaires affichant la misère sociale à l'écran, même sous le prisme de l'humour, enfin je crois. Ainsi, même dans
Le Placard (que je ne déteste pas) de Veber, le pauvre type au bord du suicide joué par Auteuil, encore lui, finit par connaître une succession de situations plus ou moins burlesques avant de finir par un happy ending improbable. Ce film comporte lui aussi pas mal de scènes qui semblent revenir d'un ciné français 80's. Je pense au petit déjeuner sinistre en écoutant la radio où le présentateur fait un listing des catastrophes du jour ("Peu d'espoir de retrouver des survivants après le passage du cyclone... Le nombre de victimes du crash du Paris-New York s'élève à... Enfin météo, pas de quoi se réjouir...", etc.).
Flol a écrit :Pour ceux qui, comme moi, ont du coup très envie de découvrir ce film, il passe ce soir à 19h20 sur Cine + Famiz
Et pour ceux qui, comme moi, se posaient la question...
Flol a écrit :Les héros n'ont pas froid aux oreilles (Charles Nemès) : 6/10