Certes mais nous ne sommes plus dans la photographie c'est à dire reproduction sur support de la réalité quand bien même cette réalité est composée de trucages optiques. Et d'ailleurs peut-on toujours parler de trucages optiques à partir du moment où 90% des éléments composant un plan sort d'un logiciel d'un ordinateur?Rick Deckard a écrit : L’animation sur ordinateur est virtuellement la même chose que les maquettes animées image par image: on crée un modèle en volume et on le fait bouger.
Il y a en fait deux choses dans ce que j'exprime: la transformation totale de l'univers des effets spéciaux par les outils numériques et sa conséquence sur l'objet filmique. C'est à dire le passage du cinématographe à la cinématique et l'extension de cette dernière à la quasi-conception entière d'un film.
Je suis d'accord avec toi pour dire que les effets spéciaux ont toujours été, dans la très grande majorité des cas, de l'animation...sauf qu'ils tiraient leur essence de la photographie et des possibilités d'illusion que celle-ci pouvait offrir. Et ils étaient si difficiles à réaliser qu'ils étaient la plupart du temps utilisé parcimonieusement. Nous étions toujours dans le réel (même dans l'illusion) et cette illusion même ne faisait pas tout le film (à quelques exceptions près).
Aujourd'hui, composer un plan par l'outil numérique permet de tout faire, s'affranchir de toutes les barrières techniques qui existaient auparavant. Il est désormais possible de s'affranchir de l'oeil d'une caméra filmant le réel et en reproduisant tout un décor sur un écran d'ordinateur avec justes des acteurs, toujours filmés à l'ancienne puis intégrés dans ce décor (quand bien même les acteurs ne sont pas retouchés ensuite après).
Et donc, là où l'animation à l'ancienne avec l'ensemble de ses possibilités (matte painting, maquettes, stop motion, animatronique... ) était convoquée juste pour des séquences ou scènes de film ou des parties de l'image, l'animation contemporaine englobe très souvent la totalité du plan, voire la totalité du film...Beaucoup de blockbusters actuels ne s'en privent pas.
Alors après Avatar ou Gravity...films d'animation? films de SF? Les deux? Bien oui, pour ma part, ce qui montre que la délimitation traditionnelle entre le film d'animation en tant que genre et les autres genres issus du cinéma en live a vraiment exploser ces vingt dernières années.
Après, que nous soyons en présence dans les deux cas d'une oeuvre que nous ressentons comme une expérience cinématographique corse encore plus la question mais après tout, c'est là ou se joue le talent, je crois.
Nous avons ici affaire à la sensibilité de Cuaron et de Cameron qui font tout pour préserver en tant que ressenti l'essence du cinématographe, avec ces nouveaux outils et cette nouvelle manière de faire du cinéma qui peuvent très vite tourner à la cinématique (contrairement à un Peter Jackson qui par exemple est totalement tombé dedans dans sa trilogie du Hobbit, entrevue à la télé dernièrement )