Roman Polanski
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Re: Roman Polanski
"J’ai longtemps voulu faire un film sur l’Affaire Dreyfus, en traitant le sujet non comme un drame en costumes mais comme une histoire d’espionnage, avait expliqué Roman Polanski lors de la première annonce de ce projet, en mai 2012. De cette manière, on peut montrer son absolue pertinence par rapport à ce qui se passe dans le monde aujourd’hui – le spectacle séculaire de la chasse aux sorcières à l’encontre d’une minorité, la paranoïa sécuritaire, les tribunaux militaires secrets, les agences de renseignement hors de contrôle, les dissimulations gouvernementales et la presse enragée."
Au départ, ça devait s'appeler D., comme le roman, et donc ça sera finalement J'accuse.
C'est un super projet, franchement. Zappons D'après une histoire vraie. Je reprends espoir et goût à la vie.
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Re: Roman Polanski
Grand projet oui. Espérons que les parallèles « pertinents » avec 2018 ne soient pas trop appuyés tout de même. Le passé reste le passé. C’est le genre de film qui nécessite du budget même s’il ne veut pas faire de film « en costumes ». En a t-il encore les moyens?son absolue pertinence par rapport à ce qui se passe dans le monde aujourd’hui – le spectacle séculaire de la chasse aux sorcières à l’encontre d’une minorité..
- Alexandre Angel
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Re: Roman Polanski
Oui, ça envoie!Major Tom a écrit :Au départ, ça devait s'appeler D., comme le roman, et donc ça sera finalement J'accuse.
C'est un super projet, franchement.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Re: Roman Polanski
C'est une nouvelle d'autant plus réjouissante que je pensais le projet enterré, tant il est évoqué depuis longtemps. J'espère vraiment qu'il aboutira.
- Alexandre Angel
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Re: Roman Polanski
Il est sûr que tout le cinéma de Polanski est traversé d’une angoisse indicible dont il est facile de repérer l’origine.Major Tom a écrit : Bien qu'il refuse de l'admettre en interviews, Polanski est probablement très influencé par ce qu'il a vu dans sa jeunesse. Dans son autobiographie, il racontait qu'à la libération de la Pologne par l'Armée rouge, il avait notamment vu dans les rues des cadavres de soldats allemands avec le pantalon baissé et des bouteilles enfoncées dans le cul. Je ne suis pas psy, mais vu qu'il avait à peine 12 ans, je m'avancerai doucement en disant que ce genre d'image, à la fois macabre et absurde par son apparence, l'a peut-être un peu marqué...
Il y a ça constamment chez Polanski : la mort, même survenant de façon absurde (mais meurt-on souvent de façon digne ?) n'est cependant jamais prise à la légère. Ses personnages ne sont pas des pions solitaires au service d'une violence ludique, ils ont des connaissances qui viennent pleurer à leurs côtés (la femme qui pleure bruyamment dans Le Bal des vampires), de la famille, des amis, et quand survient leur disparition, celle-ci marque durablement l'esprit. En outre, Polanski s'intéresse à ce que la plupart des autres cinéastes ne s'embarrassent même pas de montrer une fois débarrassé d'un personnage, comme les visites à l'hôpital, les veillées funéraires, enterrements, etc. Il y a clairement du Jérôme Bosch dans sa représentation comico-tragique de l'humanité.
Cette angoisse s’articule, je dirais, autour de deux axes : l’un est irrationnel (la paranoïa et ses hallucinations), l’autre, plus concret, vient de la guerre, de l’oppression, de l’injustice et de leur cortège d’exactions.
Ces deux axes ne se rencontrent pas toujours, voire rarement (les sorciers de Rosemary’s Baby n’ont rien de nazi n’était le côté secte) mais nourrissent une sorte de dialogue à distance.
Même par le biais de l’humour, du comique et du divertissement, Polanski fait revenir le naturel de ses obsessions psycho morbides au galop.
Lorsqu’on oblige Walter Matthau et Cris Campion, dans Pirates, à bouffer du rat, on se marre bien mais, quelque part, le rire se fige à mesure que Polanski transmet quelque chose de l’ horreur alimentaire qu’ont du subir bien des malheureux entassés dans les ghettos polonais. Ce n’est évidemment qu’un moment isolé au milieu d’un divertissement familial (un peu lourd, dans mon souvenir) mais il est symptomatique.
Plus généralement, Polanski puise avant tout son angoisse dans le souvenir de la misère, du sordide (Tess, Oliver Twist, et Le Pianiste) et/ou de l’oppression et de la violence (Macbeth, Le Pianiste toujours, et les deux films nous montrent un enfant faire quelques pas avant de s’effondrer, mort). Puis, dans le même mouvement, l’imagination prend le pouvoir pour donner à cette angoisse son prolongement carnavalesque.
Et ces deux axes, de part et d’autre de l’œuvre, sont soudés par moult incongruités plus ou moins comiques, plus ou moins macabres, comme autant de manifestations d’exorcisme d’un réel insupportable par son exact contraire fantasmagorique.
Vodka?Major Tom a écrit : Dans son autobiographie, il racontait qu'à la libération de la Pologne par l'Armée rouge, il avait notamment vu dans les rues des cadavres de soldats allemands avec le pantalon baissé et des bouteilles enfoncées dans le cul.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Roman Polanski
Jolie analyse.Alexandre Angel a écrit :Il est sûr que tout le cinéma de Polanski est traversé d’une angoisse indicible dont il est facile de repérer l’origine.Major Tom a écrit : Bien qu'il refuse de l'admettre en interviews, Polanski est probablement très influencé par ce qu'il a vu dans sa jeunesse. Dans son autobiographie, il racontait qu'à la libération de la Pologne par l'Armée rouge, il avait notamment vu dans les rues des cadavres de soldats allemands avec le pantalon baissé et des bouteilles enfoncées dans le cul. Je ne suis pas psy, mais vu qu'il avait à peine 12 ans, je m'avancerai doucement en disant que ce genre d'image, à la fois macabre et absurde par son apparence, l'a peut-être un peu marqué...
Il y a ça constamment chez Polanski : la mort, même survenant de façon absurde (mais meurt-on souvent de façon digne ?) n'est cependant jamais prise à la légère. Ses personnages ne sont pas des pions solitaires au service d'une violence ludique, ils ont des connaissances qui viennent pleurer à leurs côtés (la femme qui pleure bruyamment dans Le Bal des vampires), de la famille, des amis, et quand survient leur disparition, celle-ci marque durablement l'esprit. En outre, Polanski s'intéresse à ce que la plupart des autres cinéastes ne s'embarrassent même pas de montrer une fois débarrassé d'un personnage, comme les visites à l'hôpital, les veillées funéraires, enterrements, etc. Il y a clairement du Jérôme Bosch dans sa représentation comico-tragique de l'humanité.
Cette angoisse s’articule, je dirais, autour de deux axes : l’un est irrationnel (la paranoïa et ses hallucinations), l’autre, plus concret, vient de la guerre, de l’oppression, de l’injustice et de leur cortège d’exactions.
Ces deux axes ne se rencontrent pas toujours, voire rarement (les sorciers de Rosemary’s Baby n’ont rien de nazi n’était le côté secte) mais nourrissent une sorte de dialogue à distance.
Même par le biais de l’humour, du comique et du divertissement, Polanski fait revenir le naturel de ses obsessions psycho morbides au galop.
Lorsqu’on oblige Walter Matthau et Cris Campion, dans Pirates, à bouffer du rat, on se marre bien mais, quelque part, le rire se fige à mesure que Polanski transmet quelque chose de l’ horreur alimentaire qu’ont du subir bien des malheureux entassés dans les ghettos polonais. Ce n’est évidemment qu’un moment isolé au milieu d’un divertissement familial (un peu lourd, dans mon souvenir) mais il est symptomatique.
Plus généralement, Polanski puise avant tout son angoisse dans le souvenir de la misère, du sordide (Tess, Oliver Twist, et Le Pianiste) et/ou de l’oppression et de la violence (Macbeth, Le Pianiste toujours, et les deux films nous montrent un enfant faire quelques pas avant de s’effondrer, mort). Puis, dans le même mouvement, l’imagination prend le pouvoir pour donner à cette angoisse son prolongement carnavalesque.
Et ces deux axes, de part et d’autre de l’œuvre, sont soudés par moult incongruités plus ou moins comiques, plus ou moins macabres, comme autant de manifestations d’exorcisme d’un réel insupportable par son exact contraire fantasmagorique.
Pour ce qui est de la claustrophobie, la paranoïa et compagnie, c'est surtout Gérard Brach qui apportait sa touche, scénariste agoraphobe et resté cloué au lit la majorité de sa vie. Pour l'anecdote, la blaguounette que raconte Polanski sur le plateau d'Ardisson (à 6 minutes), où Brach avait fait l'effort (surhumain pour lui) de venir, est une anecdote véridique (Brach était sorti de chez lui et s'était assis sur un banc en pleurs parce qu'il s'était paumé dans la rue), ce qui a mis encore plus mal à l'aise le Gérard déjà pas très serein sur un plateau TV, vivent les amis. Mais tout ce que dit Brach au début rejoint ce que j'allais écrire : Polanski durant leur collaboration était un bon-vivant, qui pratiquait plein de sports, couchait avec toutes les filles (ça ne lui a pas toujours réussi, paraît-il) et allait dans toutes les soirées mondaines, alors que Brach restait enfermé chez lui, sa femme prenait soin de lui pendant qu'il écrivait et il ne quittait pas Paris. Une des choses qui les réunissait c'était finalement cette même jeunesse difficile qui les a conduit à avoir le même genre d'humour et une vision assez noire de l'humanité. Les deux, en dépit de leur personnalité très différente, ont fini par se confondre, si bien qu'une scène comme celle du dîner avec le rat que tu évoques, je serais incapable de savoir lequel des deux a bien pu en avoir l'idée.
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Sur le tournage de Macbeth, son premier film après la tuerie de la secte Manson, il y a une scène avec des enfants morts allongés dans leur sang. Dans Polanski par Polanski, l'auteur Pierre-André Boutang raconte que l'accessoiriste, devant l'insistance de Polanski à rajouter plus de sang, lui a demandé : "Vous ne trouvez pas qu'il y en a un peu trop ?" et Polanski lui a répondu : "Toi tu n'as pas vu ma maison l'année dernière..." Ambiance mégateuf sur le tournage.
Une anecdote de plus concernant Brach. Dans la vidéo que j'ai postée, Polanski se garde bien de raconter entièrement d'où lui est venue l'idée de Frantic, et c'est en grande partie de son coscénariste, en quelques sorte : un jour Polanski lui a demandé, puisqu'il reste tout le temps enfermé dans son appartement et se perd dans les rues quand il en sort, que ferait-il si sa femme ne revenait pas, et à partir de quel moment s'inquièterait-il ?... (Et bim. ) Un jour j'écrirai un livre sur Brach.
Excellente question.Alexandre Angel a écrit :Vodka?
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- Boubakar
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Re: Roman Polanski
Sortie prévue le 04 Décembre 2019.Major Tom a écrit :"J’ai longtemps voulu faire un film sur l’Affaire Dreyfus, en traitant le sujet non comme un drame en costumes mais comme une histoire d’espionnage, avait expliqué Roman Polanski lors de la première annonce de ce projet, en mai 2012. De cette manière, on peut montrer son absolue pertinence par rapport à ce qui se passe dans le monde aujourd’hui – le spectacle séculaire de la chasse aux sorcières à l’encontre d’une minorité, la paranoïa sécuritaire, les tribunaux militaires secrets, les agences de renseignement hors de contrôle, les dissimulations gouvernementales et la presse enragée."
Au départ, ça devait s'appeler D., comme le roman, et donc ça sera finalement J'accuse.
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Re: Roman Polanski
Boubakar a écrit :Sortie prévue le 04 Décembre 2019.Major Tom a écrit :"J’ai longtemps voulu faire un film sur l’Affaire Dreyfus, en traitant le sujet non comme un drame en costumes mais comme une histoire d’espionnage, avait expliqué Roman Polanski lors de la première annonce de ce projet, en mai 2012. De cette manière, on peut montrer son absolue pertinence par rapport à ce qui se passe dans le monde aujourd’hui – le spectacle séculaire de la chasse aux sorcières à l’encontre d’une minorité, la paranoïa sécuritaire, les tribunaux militaires secrets, les agences de renseignement hors de contrôle, les dissimulations gouvernementales et la presse enragée."
Au départ, ça devait s'appeler D., comme le roman, et donc ça sera finalement J'accuse.
C'est un super projet, franchement. Zappons D'après une histoire vraie. Je reprends espoir et goût à la vie.
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Re: Roman Polanski
J'aime bien le titre de Vanity Fair pas DU TOUT anglé (surtout pour un film qu'il voulait faire depuis un paquet de temps) :
Roman Polanski Announces His First Movie in #MeToo Era, Called J’Accuse
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Re: Roman Polanski
Remarque partagée par ce chroniqueur :Flol a écrit :J'aime bien le titre de Vanity Fair pas DU TOUT anglé (surtout pour un film qu'il voulait faire depuis un paquet de temps) :
Roman Polanski Announces His First Movie in #MeToo Era, Called J’Accuse
https://focus.levif.be/culture/cinema/q ... 33981.html
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Re: Roman Polanski
Je ne peux pas lire l'article mais je sens que j'aime bien ce monsieur.
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Re: Roman Polanski
VAnity Fair est en guerre, notamment contre Woody Allen, mais à part le titre, je ne vois rien dans l'article de foncierement faux, c'est plutôt balancé avec des remarques constantes pour recadrer le débat.
- Flol
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Re: Roman Polanski
C'est surtout leur titre putaclic qui est remis en cause ici. Mais bon, rien de bien nouveau finalement.
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Re: Roman Polanski
Dujardin imitant Polanski au travail (à 4:30) :
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Re: Roman Polanski
Vous êtes libres dans les mois prochains?
Paris : figuration nombreux hommes de plus de 35 ans pour le film historique « j’accuse » avec Dujardin dans le rôle principal; la directrice de casting cast des hommes 35 à 80 ans. Cheveux gris bienvenus !
On connait tous des amis qui adoreraient participer, alors taggez-les !
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Paris : figuration nombreux hommes de plus de 35 ans pour le film historique « j’accuse » avec Dujardin dans le rôle principal; la directrice de casting cast des hommes 35 à 80 ans. Cheveux gris bienvenus !
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