Production : Alfred Zimbalist / Distribution : Allied Artists
Scénario : Donald Zimbalist et Arthur Hoerl
Photographie : Stanley Cortez
Musique : Shorty Rogers
Avec :
Nick Adams (John Dillinger)
Mary Ann Mobley (Elaine)
Robert Conrad (Pretty Boy Floyd)
John Ashley (Baby Face Nelson)
Victor Buono (Le professeur Hoffman)
John Hoyt (Le docteur Wilson)
Tout juste sorti de prison, John Dillinger retrouve sa petite amie Elaine bien décidé à s'acheter une conduite. Ils coulent quelques jours heureux , la relation est même à ce point au beau fixe que la jeune femme refuse de retourner vivre auprès de ses riches parents et émet le désir de se marier sans attendre. Dillinger refuse de s'engager alors qu'il est sans ressources alors la jeune femme lui propose de vider le coffre fort de l'entreprise de son père et de s'enfuir. Ils sont rapidement arrêtés par la police et pour accéder à la requête du père de la jeune femme, Dillinger décharge Elaine de toutes responsabilités dans le vol contre la promesse de bénéficier du soutien d'un bon avocat mais il écope tout de même d'une lourde peine. En prison, il est remarqué par "Pretty Boy" Floyd, "Baby Face" Nelson et Homer Van Meter qui organisent une fausse émeute au cours de laquelle Dillinger aide les gardiens contre les prisonniers. Pour prix de sa bonne conduite, il est transféré vers un établissement moins strict en vue d'obtenir éventuellement sa liberté conditionnelle mais au cours du transfert, Dillinger s'évade avec l'aide d'Elaine…
Le titre peut s'avérer trompeur. Le film ne remonte quand même pas jusqu'au tous premiers forfaits de John Dillinger car si l'on en croit certains spécialistes de la délinquance (plus notre ex président) c'est dans les gênes ce truc là…Ici, on nous explique que si Dillinger tourne mal, c'est de la faute à Roosevelt si j'ai bien compris. D'après mon grand père qui était vraiment de droite (c'est lui qui m'a appris l'allemand que lui même avait appris pendant le guerre), c'est à cause de Roosevelt le crack de 1939, le chômage, tout ça mais comme je séchais les cours d'économie, je ne peux pas confirmer. De la faute de la situation économique mais pas seulement car on retrouve dans ce film un héritage du film noir puisque les scénaristes nous expliquent assez sérieusement que c'est surtout à cause de sa petite amie que Dillinger plonge véritablement dans la délinquance…et plus tard, plongera tout court d'ailleurs (en enfer, enfin j'espère). Ce film a mauvaise réputation mais revu récemment je le trouve bien moins mauvais que la réputation qu'il traine ce qui confirme l'impression qui avait suivi mon premier visionnage d'il y a une dizaine d'années au minimum. Alors bien sûr c'est un film fauché tourné en 15 jours avec des voitures d'époque mais c'est tout ce qui est certifié conforme aux années 30 et certainement pas les tenues vestimentaires ni les coupes de cheveux ou la décoration intérieure mais on ne s'ennuie pas une seconde durant ce polar mené sur un rythme soutenu de bout en bout et magnifiquement photographié par le vétéran Stanley Cortez.
Pour le reste, on suit le programme attendu. Attaques de banque ; fuites en voiture ; un petit coup de mitraillette Thompson ; poursuites par la police ; évasion de prison ; rab de pruneaux ; règlements de compte entre gangs rivaux ; barrages de police…et pas mal de "Arrêtes Joe ! Je suis touché". La routine…Le séjour en prison offre un petit moment de violence assez puissant mais les scènes d'émeutes sont selon moi pour une part de la récup. car j'y ai reconnu avec une quasi certitude des plans issus du film de Don Siegel Les révoltés de la cellule 11. Je signale quelques bonnes scènes qui se distinguent assez nettement de la routine. Au tout début du film, la tentative de mariage à la sauvette entre John et Elaine par un juge de paix soupçonneux et formant un couple de ploucs américains assez redoutables qui fera fuir les deux fugitifs, nous donnera pour la première fois l'occasion de prendre conscience de la violence potentielle de Dillinger. Bien plus tard, on en aura confirmation quand insatisfait du travail du chirurgien qui était censé transformer son visage (un épisode véridique de la vie de Dillinger) il va s'en prendre au docteur Hofman d'une telle manière que je soupçonne les scénaristes d'avoir bien aimé en son temps Le carrefour de la mort (Kiss Of Death) mais c'est pour la bonne cause car ils rendent avec des intérêts…
Du coté des interprètes…Nick Adams qui rêvait parait-il d'une carrière à la James Dean (avec lequel il était ami) fait ici plus penser à Mickey Rooney dans les rôles de tueur psychopathe qu'il tournait à l'époque ou plus prestigieusement encore à James Cagney. Il est beaucoup éreinté et pas seulement pour ce film mais je trouve qu'il n'est pas si mal dans le genre truand tourmenté et, par moment seulement, survolté à la Jimmy alors que l'on résume parfois son interprétation à une mauvaise imitation de Pomelo's Man. En revanche, Mary Ann Mobley (Elaine), une ancienne Miss America n'a pas un charisme évident. Les interprètes de Homer Van Meter et Baby Face Nelson sont presque transparents mais Robert Conrad en "Pretty Boy" Floyd est surement le meilleur de toutes les têtes d'affiche. Les meilleurs et de loin restent cependant les nombreuses vieilles connaissances dont de très bons vétérans que l'on croise dans des seconds rôles. Par ordre d'importance, d'abord l'excellent Victor Buono qui est un professeur d'université spécialiste de la criminalité, qui grâce aux renseignements sur la sécurité des établissements bancaires auxquels il a accès fourni le mode d'emploi pour les dévaliser. Ensuite, John Hoyt qui interprète donc le docteur Hofman, un chirurgien de la pègre qui ne fait pas qu'ôter les balles qui ont atteint leurs cibles mais qui s'essaie aussi à ses moments perdus à la chirurgie esthétique dans les scènes les plus délirantes du film. Anthony Caruso est Rocco, le chef du gang qui était censé aider Dillinger a organiser l'évasion de ses camarades mais qui le traitera par le mépris. Pas prudent…Du coté des flics maintenant, on reconnait aussi Robert Osterloh et Reed Hadley dans les rangs du FBI et le vénérable Emile Meyer dans le rôle du flic chargé de surveiller Dillinger lors de son transfert et qui devait être trop vieux pour un boulot aussi ingrat. Et pan sur la carafe !
Bilan : Celui là on peux s'en passer…mais il est passé justement au moins une fois sur une chaine française. vu en vost. Il y a très longtemps que je n'avais pas consacré un texte à un de ces films qui à partir de la fin des années 50 ont marqué un retour aux films de gangsters notamment par des biographies de figures des années 30 ayant réellement existé comme ceux du film de Terry Morse. Les plus "marquants" (je ne suis un grand admirateur de ces biographies criminelles) seront chronologiquement :
Baby face Nelson de Don Siegel en 1957
Mitraillette Kelly de Roger Corman en 1958
The Bonnie Parker Story de William Witney en 1958
Al Capone de Richard Wilson en 1959
La chute d'un caïd de Budd Boetticher en 1960 (sur Legs Diamond)
Portrait of a Mobster de Joseph Pevney en 1961 (sur 'Dutch' Schultz)
La série reprendra plus tard avec Bloody Mama de Roger Corman (1970) sur Ma Barker (et ses fils) ou bien sûr avec le Dillinger de John Milius (1973). Après The Man Who Cheated Himself et Young Dillinger, il y a toujours du Dan Duryea dans l'air mais je vais surement intercaler d'autres films non prévus au programme. ça vient comme ça vient.