cinephage a écrit :A l'inverse, les vaisseaux volant des 3 mousquetaires, ça me fait complètement tripper... Le cinéma d'Anderson est bricolé, il manque de moyens, mais il a la gnaque. Finalement, en voyant ses mousquetaires, je me suis dit qu'il collait vraiment, dans l'esprit, au coté feuilletonnant irréaliste de Dumas, tout en le réactualisant avec les colifichets du cinéma de genre contemporain...
Irréaliste, Dumas ?
On ne doit pas avoir la même vision du roman (qui est l'une de mes références littéraires absolues, perso). Dumas se plongeait toujours dans toutes sortes de sources historiques (en l'occurrence, les
Mémoires de Courtilz de Sandras), et même si ces sources peuvent être sujettes à caution, ses romans exsudent une connaissance de l'Histoire qui s'inscrit au contraire dans un profond réalisme. C'est justement parce qu'il attache autant d'importance au réalisme des lieux, des noms, des situations, qu'il crédibilise ses écarts romanesques. Bref, ce n'est pas parce que Dumas tord gentiment le cou de l'Histoire qu'il pond du grand-guignolesque pour teubés.
Je suis tombé sur la BA de ce... machin sur Canal + et honnêtement, ça m'a affligé. Pourquoi les adaptations ciné des
Trois mousquetaires se sentent-elles à chaque fois obligées de rajouter des idées à la con, de traiter cette aventure comme une pantalonnade ?
Les Trois mousquetaires, c'est pas des bateaux volants ou Milady qui s'entraîne avec des fils façon Zeta-Jones, bon sang. C'est le terroir de la France de Louis XIII, c'est le bourg de Meung, c'est le baudet jaune d'un fier Gascon tout juste sorti de l'adolescence, c'est le panache de cette garde royale et du capitaine de Tréville, c'est les compagnies du roi contre les compagnies de Richelieu, c'est Rochefort qui attend dans une alcôve, c'est d'Artagnan jaloux filant Constance Bonacieux au bras d'un mystérieux inconnu, c'est le mouchoir troué durant le siège de la Rochelle, c'est le vin d'Anjou empoisonné, c'est de Winter qui retient Milady captive dans la tour de son château, c'est Athos le paternaliste qui vient secrètement menacer de mort la belle intrigante... c'est des digressions formidables sur Porthos et son baudrier... et tant d'autres choses. Putain, ce bouquin c'est de l'or en barre ! Je ne comprends pas pourquoi les scénaristes ne se contentent tout simplement pas de transposer tel quel ce récit qu'ils ne parviendront de toute façon jamais à égaler en 40 ans de carrière. Mais non, mettre des bateaux volants, c'est tellement plus cool. Monde de merde.
Voilà, c'était le coup de gueule du jour.