Entretien avec Philippe Garnier

[Jeremy Fox]

Tout est dit dans le titre. Voici l'entretien que deux de nos contributeurs ont eu avec l'auteur entre autres de certains livres accompagnant les DVD de la superbe collection "Classics Confidential" de chez Wild Side. Merci à eux ainsi qu'à l'éditeur.

[El Dadal]

Comme souvent, entretien très intéressant, notamment en ce qui concerne la "réécriture" et les ragots devenant des légendes, la chasse à l'information juteuse qui pousse tellement à vouloir croire!
En tout cas, ne connaissant de Sarafian que Vanishing Point et n'achètant quasiment plus de dévédé, j'ai tout de même été tenté par le coffret WS. Bien joué.

[Federico]

Lire ou écouter Garnier est toujours un plaisir. Quelques années avant de boire comme du p'tit lait ses reportages pour Cinéma, cinémas, je me régalais déjà de sa plume Gonzo dans les pages du magazine Métal Hurlant (et je vais fouiller ma collec' pour retrouver l'article bidonné qu'il cite). Comme d'hab', il ne loupe pas l'occasion de révéler des anecdotes gouleyantes (Altman en frère corse ! ). Des passeurs comme lui sont rares et puis j'aime bien les journalistes qui font autre chose que de tartiner sur des +/- stars et n'oublient pas que le cinéma, c'était aussi les seconds voire troisièmes couteaux et savent redonner vie à des cinéastes oubliés, méprisés ou moins chanceux que d'autres et le faire avec une réelle passion et non pour se la jouer branchouille (car il peut y avoir une pose dans la recherche systématique de raretés ou d'inconnus). Et si Garnier (de son propre aveu) a parfois pris des licences poétiques et mélangé légende et histoire, ça passe car il le fait avec un tel enthousiasme.

[Federico]

Bon, ben, en fouillant dans ma pile de vieux Métal Hurlant, je ne suis pas parvenu à identifier l'article avec photo évoqué par Garnier dans son interview.
Tout ce que je peux indiquer pour les curieux, ce sont les numéros auxquels il prêta sa plume (en m'étant un peu aidé de l'index de l'excellent site BDoubliées : http://bdoubliees.com/metalhurlant/auteurs2/garnier.htm) :

n°34 (1978) "Le truc sur Buk" : long article sur Charles Bukowski;
n°37 & 38 (1979) : autre long article/essai en deux parties sur le comic-book Howard The Duck, fameux détournement underground du Donald de Disney par Steve Gerber;
n°43 (1979) : "Le grand jeu" (long article sur les romans d'espionnage) ainsi que sa réponse au questionnaire collectif que s'auto-posa la rédaction du magazine : "Quels sont tes 5 polars préférés ?"*;
n°44 (1979) : long article à propos de la sortie d'Alien dont je ne résiste pas à citer la conclusion plus bas**;

et deux articles dans des numéros que je n'ai pas :

n°95 (1984) : à propos de la sortie du Rumble fish de Coppola;
le recueil Metal Aventure 5 (1984) : "Monkey business à Hollywood"

(*)
ROMANS:
IN ZE POCKET / THE HUSTLER - Walter Tevis
COGAN'S TRADE - George V. Higgins
THE LAST GOOD KISS - Robert Crumley
LA NUIT TOMBE - David Goodis
NECROPOLIS - Herbert Lieberman

FILMS :
NIGHT MOVES - Arthur Penn
OUT 0F THE PAST - Jacques Tourneur
CHINATOWN - Roman Polanski
THE KILLERS - Don Siegel
THE GETAWAY - Sam Peckinpah

(Surprise perso de ne pas voir cité Kiss me deadly que pourtant Garnier vénère et qu'il avait sans doute déjà vu à cette époque lointaine)

(**) Il y a aussi les acteurs, tous excellents ; la palme revenant à une nouvelle venue, Sigourney Weaver, qui joue Ripley avec un mélange de dureté et de féminité tout à fait déroutant. A tough cookie. Et il y a bien entendu le « merchandizing » de « ALIEN », ce qui constitue un précédent notable pour un film interdit aux moins de dix-sept ans. Déjà les chewing-gums Topp's offrent un jeu de 99 cartes dont plusieurs révèlent l'aspect de l'alien. Kenner Toys présentent un « Game of Escape », une visionneuse pour l'alien, ainsi qu'une réplique de l'alien haute de 45 cm dont les mâchoires et la langue peuvent être activées sur pression d'un bouton. La poupée la plus laide du monde ! Fundimention a les posters, Roach Co les t-shirts, Cooper les masques ; H.G. Toys a les puzzles Alien et une Alien-mobile. Dan Post Studios offrent un « Alien mask » à tirage limité de 500 exemplaires coûtant 500 dollars chacun. Mais je crois que ma commercialisation favorite est encore celle offerte par la Wilker Co, qui s'est réservé le marché mondial des... pyjamas. Rien de tel qu'une créature dessinée par le Walt Disney suisse bien connu, H.R. Giger, sur la flanelle de bébé ; rien de tel pour faire dodo...
PHILIPPE GARNIER

[Abronsius]

Je crois que le lien pdf ne fonctionne pas (Mac / Safari pour moi).

[Ms .45]

Pas encore écouté, mais ce lien mène vers un entretien Eddie Muller / Philippe Garnier du 15 juin 2011 :

http://www.franceculture.com/plateforme ... oires.html

[Federico]

Pas encore écouté, mais ce lien mène vers un entretien Eddie Muller / Philippe Garnier du 15 juin 2011 :

http://www.franceculture.com/plateforme ... oires.html

Merci pour le lien, je vais me jeter dessus !

[Founious]

« j’ai retrouvé un truc que j’avais écrit dans Métal Hurlant et me suis rendu compte (alors qu’il s’agissait juste d’un détail à propos d’une photo) que c’étaient des foutaises. Pendant 30 ans, je racontais un truc faux simplement parce que c’était une bonne histoire. » (Ph. Garnier)

Peut-être que je me trompe complètement, et que c'est pas ça du tout, mais je pense que ça fait référence à cette photo de Bukowski en bas de la page 46 de l'article cité plus haut "Le truc sur Buk" ,Métal n° 34 (1978) photo prise par Jean-Constant Gindreau dont le flash a eu pour effet de transformer Bukowski en apparition fantomatique. On retrouve d'ailleurs une photo de la même série en ouverture d'un autre article de Garnier sur Buk dans un très vieux numéro des Inrockuptibles. Quelque part, (peut-être est-ce dans un de ses papiers intitulés « Hollywood » dans 'Rock & Folk', ou dans 'Libé' ?), je me souviens que Garnier avait brodé une anecdote comme quoi l'épouse de l'époque de Buk, Linda, avait vu comme un signe prémonitoire dans cette photo, comme si elle montrait l'âme de l'écrivain. Voilà mon interprétation, que j'espère pas trop capillotractée.
Quoiqu'il en soit, comme disait Pierre Bouteiller, cet article de 'Métal Hurlant' est à ma connaissance un des très rares où Garnier évoque succinctement sa compagne, Liz Stromme, décédée en 2006 et auteure de deux romans, à la Série Noire et chez Gallimard, La Noire. Gustav Hasford (dont on avait entendu parler lors de l'écriture de 'Full Metal Jacket') leur avait d'ailleurs dédié à tous deux son second roman : « (…) to Grover & Roe Lewis, Philippe & Liz Garnier. »

http://www.liberation.fr/culture/010168 ... -son-stylo

[Founious]

En fait, c'est pas tout à fait ça. Même si ça fait bien référence à cette fameuse photo. Garnier explique, page 316 de son bouquin 'L'oreille d'un sourd' que je viens tout juste d'acquérir, que ce cliché en question a toujours été refusé par tous les chefs de service-photos, à cause de l'aspect d'ectoplasme qu'avait dessus Bukowski. Ce refus justifiait la frénésie de Garnier à placer le maximum d’articles sur Buk dans l'espoir qu'on publie enfin cette photo. Mais en réalité Métal Hurlant l'avait bel et bien fait.

Avoir entre les mains ce dernier bouquin de Garnier, publié chez Grasset, procure le même sentiment que doit avoir le chercheur d'or en s'apercevant que sa mine grouille de pépites. Entre un sujet sur Louise Brooks, un sur Walter Tevis, ou sur 'Et au milieu coule une rivière', ou encore sur Sterling Hayden, le cœur s’accélère et l'on ne sait plus par lequel commencer. Émotions !

[Federico]

Gasp ! Ça fait envie !! Je ne me suis toujours pas remis de la lecture de "Caractères..." (crampes au bide à force de rigoler).
Est-ce que certaines de ces chroniques ne font pas doublon avec ce précédent - et indispensable - bouquin, ni avec les textes en voix-off qui accompagnaient de nombreux reportages pour l'émission Cinéma, Cinémas (je pense entre autre à celui où Garnier partait à la recherche du fantôme de Louise Brooks sur le tournage de Beggars of Life ou à cet autre sur Sterling Hayden) ?

[Founious]

'L'Oreille d'un sourd' ne fait pas doublon avec 'Caractères' selon moi (car ce dernier bouquin évoquait des personnages bien précis) et les huit pages sur Louise Brooks sont antérieures à 'Cinéma, cinémas'. Cependant 'L'Oreille d'un sourd' parle beaucoup moins de cinéma que je ne le pensais : un quart cinéma (Sinatra, Huston, Tarentino, La Mostra de Venise, Almodovar, Nicholson, etc.) un quart littérature, un quart musique et un quart sujets divers. Il y a quand même plus de 550 pages !
En fait, on y retrouve tout à fait le plaisir qu'il y avait à lire Garnier dans 'Rock & Folk', (il y a d'ailleurs 'Montana' un long papier paru dans le 'R & F' de janvier 1982). En dépit de tout ce que j'avais pu collecter sur Garnier, - jusqu'aux mêmes numéros de 'Métal' que toi -, il y a un paquet d'articles et de reportages qui m'avaient échappé.
Pour moi, c'est un peu le genre de trucs à déguster le soir tranquillement à petites doses pour faire durer le plaisir. Et l'avant-propos de 12 pages, sur Libération et Garnier, vaut son pesant de cacahuètes.