J.F. partagerait appartement (Barbet Schroeder - 1992)

[Major Tom]

J.F. Partagerait Appartement
(Single White Woman, 1992, Barbet Schroeder)

Alison "Allie" Jones (Bridget Fonda) est une belle yuppie new-yorkaise des beaux quartiers de l'Upper West Side. Mais tout n'est pas rose, ni dans son boulot de conceptrice de logiciels où elle essaie de se faire connaître, ni dans sa vie privée où elle vient juste de plaquer son fiancé, Sam, après avoir découvert qu'il a couché avec son ex-femme. Allie trouve du réconfort auprès de son voisin homosexuel Graham Knox, aspirant acteur. Pour garder son appartement et briser la solitude, le meilleur moyen est de se trouver une colocataire. Allie pose une annonce et rencontre ainsi la timide Hedra "Hedy" Carlson (Jennifer Jason Leigh). Elle apparaît immédiatement comme la coloc' idéale. Hedy comble rapidement le vide laissé par la séparation d'avec Sam, faisant la cuisine et le ménage pour toutes les deux, et achète un chiot. Leur amitié s'intensifie... mais Hedy commence aussi à imiter Allie. Achat de vêtements identiques, mimétisme, jusqu'à la même couleur et coupe de cheveux. Bien que troublée et étonnée mais n'y voyant pas de mauvaises intentions, Allie passe outre ce comportement étrange. Sam appelle pour essayer de se réconcilier, mais Hedy supprime ses messages et cache ses courriers à l'insu d'Allie. Cependant, Allie retrouve et se réconcilie finalement avec Sam, ce qui contrarie énormément Hedy...

Le sextuple champion des Oscar Liaison Fatale (Fatal Attraction d'Adrian Lyne), thriller faussement sulfureux sur l'adultère et preuve aux bêcheurs que le mot surestimé existe aussi dans le cinéma, a engendré un cénacle de cinéastes récupérant le genre des adult thrillers, comme ici Schroeder avec ce film. À la différence de Lyne, Schroeder va plus loin dans le genre qu'il pervertit véritablement, aidé en cela par Jennifer Jason Leigh et Bridget Fonda qui érotisent considérablement ce polar vénéneux. Et dans cette histoire de la princesse -Allie-, et du vilain petit canard -Hedy-, se dessine une réflexion sur la société (surtout américaine) qui créent des modèles comportementaux auxquels le public doit s'identifier et, ou, imiter.

Allie, et Hedy en Allie fac-similée

Derrière le polar de bonne facture, le cinéaste s'interroge sur la différence et le conformisme, sur l'être et l'essence. Sa mise en scène reste assez simple, servie par les clairs-obscurs de Luciano Tovoli qui transforme l'Ansonia en lieu de cauchemar labyrinthique. L'Enfer sommeille dans l'un des plus beaux buildings de New York. On pense à Polanski bien sûr, Hitchcock, De Palma, Antonioni... Ç'aurait pu être, à lire ça, le meilleur film de tous les temps pour moi, non? Seulement voilà, passés l'aspect cérébral et les scènes chaudes, le suspense est assez plat - c'est un peu tragique pour un thriller. Et la dernière partie est presque grossière tant elle est prosaïque et attendue. Dommage.

[Demi-Lune]

Mouais. Gros bof, pour ma part. C'était alors la grande époque du thriller - plus ou moins - sulfureux qui pullulait comme de la mauvaise herbe, et J.F. partagerait appartement est de ces thrillers dont on sait dès la première image comment ils vont se dérouler. Il n'y a aucune surprise, aucune audace, aucune inventivité, tant Schroeder remplit tranquillement un cahier des charges dont il ne s'écartera jamais. Son film est désespérément chiant, à vrai dire, dans son égrènement d'1h40 de situations et lieux communs assemblés comme une chaîne programmatique. Quelques plans dénudés mais pas trop, une esthétique léchée, des évènements étranges, un immeuble new-yorkais, la bonne copine qui se révèle être une schizo paranoïaque, des meurtres rigolos, etc, voilà la petite formule qui sera servie au spectateur confortablement installé. C'est vraiment du film pépère, du polar du dimanche soir d'où rien ne dépasse, et dont le soin formel ne masque en rien la fainéantise confondante. La dérision macabre du conformisme qui sous-tend l'intrigue reste vraiment au ras des pâquerettes, et l'écriture des personnages est bien trop superficielle pour que l'on s'intéresse réellement à la relation ambiguë qui lie Bridget Fonda (très séduisante dans ce look) et Jennifer Jason Leigh. Le film n'est pas déplaisant, mais il n'en reste quand même déjà pas grand-chose quand survient le générique final.

[Jericho]

Ouais pas terrible ce film, découvert tardivement en plus... C'est balisé et mou.
C'est fort regrettable parce que j'adore Jennifer Jason Leigh et surtout la désormais trop rare Bridget Fonda (enfin ce n'est pas qu'elle est rare, je crois qu'elle a carrément stoppée sa carrière d'actrice).

[bronski]

C'est vrai que la carrière américaine de Barbet Schroeder n'est pas fantastique (à part La Vierge des Tueurs, mais ce n'est pas Hollywood, et peut être Barfly).

[Demi-Lune]

C'est vrai que la carrière américaine de Barbet Schroeder n'est pas fantastique (à part La Vierge des Tueurs, mais ce n'est pas Hollywood, et peut être Barfly).

S'il ne restera pas dans les annales, j'avoue que j'aime bien L'Enjeu, qui est efficace dans mes souvenirs, idéal pour une soirée pizza. Et puis, il y a les trop rares Andy Garcia et Michael Keaton.
Mais ce que j'ai vu pour l'instant de la période américaine du réalisateur est effectivement peu emballant (Le mystère Von Bülow, J.F. partagerait appartement, Calculs meurtriers...).

[odelay]

Bon, ok ce "JF cherche appartement" vire un peu trop au n'importe quoi en empruntant des voies à la Liaison fatales dans sa deuxième partie, mais il y a quand même qq chose d'intéressant sur le thème du double, de la copie de personnalité.

Par contre Reversal of fortune (Von Bulow) est je trouve un film très réussi avec des performances au top de la part d'Iron et Close. Je prends à chaque fois beaucoup de plaisir à le revoir.

[Demi-Lune]

Bon, ok ce "JF cherche appartement" vire un peu trop au n'importe quoi en empruntant des voies à la Liaison fatales dans sa deuxième partie, mais il y a quand même qq chose d'intéressant sur le thème du double, de la copie de personnalité.

C'est vrai que le potentiel était là.
Ce qu'il y a pour moi, c'est que, comme le soulignait implicitement Major Tom en évoquant Hitchcock, De Palma, Polanski (allez, je rajoute pour ma part Cronenberg), ce sont à mes yeux des thèmes classiques qui ont été traités avec bien plus de virtuosité et d'acuité dans le passé. Dans J.F. partagerait appartement, la dualité et le conformisme identitaire m'apparaissent comme des arguments de surface, car ils n'occupent pas profondément le réalisateur, qui se focalise sur l'avancée pépère de son intrigue à rebondissements (qui vire tartignole au bout d'une heure). Ce qui fait qu'on se retrouve, à mon sens, avec des thèmes qui ne sont que des prétextes à un suspense routinier, alors qu'il aurait été beaucoup plus intéressant d'approfondir la dimension psychologique de cette histoire, de la rendre prenante et soignée, et faire par conséquent en sorte que le suspense apparaisse beaucoup plus subtil, non forcé, non programmé selon un cahier des charges balourd où tout, en l'état, m'apparaît surligné et pré-mâché.

Par contre Reversal of fortune (Von Bulow) est je trouve un film très réussi avec des performances au top de la part d'Iron et Close. Je prends à chaque fois beaucoup de plaisir à le revoir.

Belles performances en effet de Close et Irons, mais là encore, je trouve le film vraiment trop mou, peu prenant... comme s'il était chloroformé.

[AtCloseRange]

Je rejoins plutôt l'avis du Major.
A part sa fin convenue, un excellent thriller évidememt référencé mais la conviction des comédiens (une Jennifer Jason Leigh toujours impeccable) et l'élégance de la mise en scène emportent la mise.
C'est en tout cas infiniment meilleur que le pénible Enjeu.

[MJ]

Moi je l'aime bien cette variation mainstream sur le motif de Persona (même si il est aussi vrai que quand se pointe Jennifer Jason Leigh je perds de toute façon mon sang-froid). En dépit d'un final qui se barre en cacahuète, je crois avoir été plus marqué par cette commande acceptée par Schroeder que par son classieux Mystère Von Bülow.

[El Dadal]

C'est vrai que la carrière américaine de Barbet Schroeder n'est pas fantastique (à part La Vierge des Tueurs, mais ce n'est pas Hollywood, et peut être Barfly).

Barfly est un film qui mériterait qu'on lui attribue deux topics, voire plus.

Sinon, il est vrai que tous ses autres films américains (en comptant également son remake un peu bof de Kiss of Death, valable pour son Nicolas Cage d'anthologie) revêtent une forme un peu bancale. En fait, je suis toujours surpris de me dire que Schroeder s'est exilé pour tourner des films avec Sandra Bulot, lui qui a commencé avec Rohmer. Une carrière parmi les plus hétéroclites, mais des films qui valent toujours au moins le coup d'œil.

[Flol]

C'est vrai que la carrière américaine de Barbet Schroeder n'est pas fantastique (à part La Vierge des Tueurs, mais ce n'est pas Hollywood, et peut être Barfly).

Barfly est un film qui mériterait qu'on lui attribue deux topics, voire plus.

Est-ce qu'il existe une édition zone 2 de ce film, d'ailleurs ?

[odelay]

C'est vrai que la carrière américaine de Barbet Schroeder n'est pas fantastique (à part La Vierge des Tueurs, mais ce n'est pas Hollywood, et peut être Barfly).

Barfly est un film qui mériterait qu'on lui attribue deux topics, voire plus.

Sinon, il est vrai que tous ses autres films américains (en comptant également son remake un peu bof de Kiss of Death, valable pour son Nicolas Cage d'anthologie) revêtent une forme un peu bancale. En fait, je suis toujours surpris de me dire que Schroeder s'est exilé pour tourner des films avec Sandra Bulot, lui qui a commencé avec Rohmer. Une carrière parmi les plus hétéroclites, mais des films qui valent toujours au moins le coup d'œil.

Il avait fait aussi un drame familial pas très mémorable (en fait je ne me souviens plus du tout si j'avais aimé ou pas... ) avec Meryl Streep, Liam Neeson et Ed Furlong qui s'appelait BEFORE AND AFTER. Je sais que la Streep et Schroeder s'étaient affrontés durant le tournage et cette dernière taclait souvent le réalisateur dans les interviews dès qu'elle en avait la possibilité.

[Demi-Lune]

Barfly est un film qui mériterait qu'on lui attribue deux topics, voire plus.

Est-ce qu'il existe une édition zone 2 de ce film, d'ailleurs ?

Yes, en import allemand. Mais je ne sais pas du tout quelles sont les spés techniques.

[El Dadal]

Barfly est un film qui mériterait qu'on lui attribue deux topics, voire plus.

Est-ce qu'il existe une édition zone 2 de ce film, d'ailleurs ?

Il existe aussi en dévédé et BR australien, avec le comm de Schroeder et le petit doc d'époque, mais sans ST. Si l'on peut se passer de ces derniers, il est très bien.