L'Assassinat de Jesse James... (Andrew Dominik - 2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Patrick_Cruel
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Message par Patrick_Cruel »

MJ a écrit :Casey Affleck est sans doute le plus grand acteur de sa génération.
C'est vrai que dans les deux premiers American Pie, il est incroyable.
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MJ
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Message par MJ »

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frédéric
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Message par frédéric »

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MJ
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Message par MJ »

Il est déjà sorti en zone 1.
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kayman
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Message par kayman »

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Jordan White
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Re: The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford

Message par Jordan White »

Hypnotique, plastiquement superbe, L'assassinat de Jesse James m'a fait penser à un poème visuel et narratif, à la fois classique dans sa narration et très moderne notamment ce qu'il raconte de la célébrité. Un film peu aimable au premier abord, parfois très froid, parfois au corps à corps avec ses héros, avec un filmage au plus près des visages. Les étendues sont magnifiées par une utilisation magistrale du Scope. Les personnages prennent peu à peu vie, et j'ai un peu regretté que la relation entre Jesse et Bob ne prenne de la consistance qu'au moment où justement Bob l'assassine. Le film est traversé d'images et de thèmes symboliques (l'icône, l'idole, la foi, l'Amérique et ses légendes) et de métaphores. J'ai cru voir par exemple dans l'image d'un Bob se lavant le visage avec l'eau de la petite bassine en cuivre celle d'un homme qui essaie peut-être de se laver d'un péché qu'il va commettre, d'un acte irréversible qui le dépasse sans doute mais dont il sait aussi qu'il en sera l'auteur.

J'ai trouvé que par rapport à Chopper qui partait un peu dans tous les sens, ici, Andrew Dominik maîtrise sa mise en scène et parvient à parler aussi bien de l'intime (les relations familiales) que du gigantisme (l'influence que Jesse a sur la société de l'époque dans toute l'Amérique qui voudrait avoir sa tête mais sait aussi que les légendes ne s'impriment pas seules et qu'elles ont déjà besoin de faire du papier sur lui et ses mésaventures). La figure de Jesse est incarnée par un Brad Pitt qui joue sur différents registres, entre jeu semi-dépressif et exaltation soudaine à l'instar des coups de feu qu'il donne dont l'intonation m'a parue ici d'une puissance assez rare. Je l'ai trouvé excellent. Je ne me souviens pas avoir eu autant la frousse en regardant des flingues depuis la bande-son de Seul contre tous qui en était truffée et me faisait sursauter toutes les dix secondes. Ici l'impact des balles est absolument terrible. Les corps tombent lourdement, sans doute parce qu'ils s'inscrivent dans une description de la fatalité accompagnée d'une forme de mélancolie et d'irrémédiable lesquelles sont soulignées par la BOF tout en piano et violons, une mélopée tragique qui n'échappe à personne. Heureusement le film ne s'enferme pas dans l'hermétisme et reste assez accessible, en raison d'une trame principale dramatique basée sur la relation ambigue de deux hommes que tout oppose, qui se regardent et finissent par se comprendre, même si c'est soufflé par demi-mots. Le jeune Bob Ford (vignt ans au moment des faits) est incarné à la perfection par un Casey Affleck indolent, flippé, presque minet, avec un petit air Rimbaldien dans les fringues sans la fougue et le génie créatif de ce dernier cela dit. Il ne sait jamais comment se placer, comment se mettre devant son idole et se fait bouffer par elle.

J'ai trouvé intéressante la façon dont était montrée l'admiration profonde que montre ce Bob Ford, qui collectionne tout ce qui se rapporte à Jesse James tout en se réfugiant dans la timidité, la gaucherie et au final la traitrise. Il ne peut pas dépasser les clichés qui pèsent sur lui et se débarasser d'une étiquette d'être faible ou suiveur. La scène du repas où il est comparé à une personne que déteste Jesse est caractéristique de son incapacité à enterrer les préjugés à son compte, car je crois que Jesse ne savait pas vraiment qui était cet homme amoureux de lui au sens figuré comme au sens propre certainement. Un homme qui le regardait fasciné en voulant être lui, en jetant son dévolu, tout en se montrant incapable de devenir une légende vivante respectée à son tour. La scène du tableau accompagnée au piano où tout bascule est très belle et très dure à la fois : il prend enfin le dessus, se montre plus fort que Jesse, mais entre dans la légende en ayant tué celui qu'il admirait par dessus tout, donc pour un acte négatif ensuite "vengé". La roue tourne, mais elle tourne mal pour un être qui a toujours recherché sa place sans jamais véritablement la trouver (il voulait entrer dans le gang sans y parvenir tout à fait). J'ai aussi été interloqué par les choix de déformation optique de l'image, procédé curieux à première vue mais justifé au final : cela projette aussi une sorte d'altération des perceptions physiques et masque une réalité que les héros ne voient finalement qu'à moitié, celle d'être déjà piégés. La photographie est à tomber à la renverse de beauté. Un film qui peut déconcerter, ennuyer, agacer par ses partis pris ou fasciner. Un film qui interroge sur les icônes avec la scène très touchante de la collection personnelle de Bob qui a tout rassemblé sur les histoires de Jesse au point de se sentir très gêné quand on lui fait part de la curiosité de le faire alors que pour lui cela donne un sens à sa vie. Les fans en tous genres peuvent s'y reconnaître ! J'ai beaucoup aimé mais je ne suis pas certain de le considérer comme un très grand film après un seul visionnage. Je le laisse reposer, et je pense qu'il vieillira très bien.
Dernière modification par Jordan White le 8 mai 08, 23:17, modifié 4 fois.
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lowtek
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Re: The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford

Message par lowtek »

Vague, vague, un film très vague. Sépia jusqu'à l'os. Un film embaumé, momifié. Un film étouffé dans son linceul, un film sans aucun souffle livré au cabotinage de ses interprètes. Un film allusif qui essaye de complexifier artificiellement ses personnages via des scènes contradictoires: Jesse James est un héros, puis une ordure, il martyrise un enfant, puis il pleure. Puis une scène où il joue avec ses enfants. Un film décoratif où tout nous crie: "Voyez comme ces individus sont complexes!"
Même pas un post-western en fait: un post-film. L'épaisseur factice d'un decorum.
Dernière modification par lowtek le 4 juin 08, 22:55, modifié 1 fois.
angel with dirty face
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Re: The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford

Message par angel with dirty face »

lowtek a écrit :Vague, vague, un film très vague. Sépia jusqu'à l'os. Un film embaumé, momifié. Un film étouffé dans son linceul, un film sans aucun souffle livré au cabotinage de ses interprètes. Un film allusif qui essaye de complexifier artificiellement ses personnages via des scènes contradictoires: Jesse James est un héros, puis une ordure, il martyrise un enfant, puis il pleure. Puis une scène où il joue avec ses enfants. Un film décoratif où tout nous crie: "Voyez comme ces individus sont complexes!"
Même pas un post-western en fait: un post-film. L'épaisseur factice d'un decorum.
Encore une fois d'accord avec Lowtek :wink: !
Simone Choule
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Re: The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford

Message par Simone Choule »

lowtek a écrit :Vague, vague, un film très vague. Sépia jusqu'à l'os. Un film embaumé, momifié. Un film étouffé dans son linceul...
C'est son sujet, son essence même...
Comme tout grand film : la forme EST le fond.
Gounou
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Re: The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford

Message par Gounou »

Simone Choule a écrit :
lowtek a écrit :Vague, vague, un film très vague. Sépia jusqu'à l'os. Un film embaumé, momifié. Un film étouffé dans son linceul...
C'est son sujet, son essence même...
Comme tout grand film : la forme EST le fond.
Sauf qu'ici, Dominik évolue constamment dans un entre deux qui m'a paru trop hésitant. Aussi bien fond que forme manquent de concision et de précision... je ressens assez vite une image qui produit du beau pour du beau et un discours qui tente d'expliciter les manques de la forme, rendant du coup le film long et un peu poussif sur la fin. A revoir, peut-être.
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O'Malley
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Re: The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford

Message par O'Malley »

Enfin vu ce western que j'avais loupé lors de sa sorte en salle, faute d'avoir un cinéma à proximité qi le diffusait...
Impression très mitigée et qui rejoint les avis précdémment exprimé par G.T.O, Gounou et angel with dirty face.
Le film bénéficie de nombreux atouts: une photographie superbe, une interprétation fascinante de Casey Affleck, une très jolie musique signée Nick Cave et une atmopshère contemplative et poétique qui fait du bien au sein d'un cinéma US de studio qui ne jure que par l'esbroufe visuel et frénétique. Ce film s'inscrit dans la volonté de certains jeunes cinéastes (David Fincher, James Gray...)de se poser en héritier d'un certain cinéma américain des années 70. Ici, l'influence de Pat Garret et Billy le Kid est criante dans la gestion ambivalente (amour et trahison) des relations entre les deux protagonistes, au sein d'une mise en scène qui privilégie les temps morts, la volonté affichée d'éviter l'action attendue et de diltater le temps et en optant par une approche contemplative. Cependant, si le film se suit sans ennui malgré son rythme lent, Andrew Dominik n'a pas eu la maîtrise suffisante (à moins que ce soit fat exprès et dans ce cas, l'exercicie n'est-il pas finalement gratuit?) pour insuffler un élément indispensable au film qui l'aurait sorti d'une impression de vacuité: l'émotion. Les personnages ont du mal à exister, ont une psychologie trop opaque pour que l'identication se fasse. De plus, les moments forts du film, du fait même de son traitement aérien, n'ont pas la puissance dramatique espérée.
On ressort de visionnage avec une sensation de vide, de rendez-vous manqué alors que bp d'éléments intéressants étaient pourtant présents...
Ceci-dit, ce film mérite incontestablement une nouvelle chance que je ne manquerai pas de lui donner dans quelques années.
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Jack Griffin
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Re: The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford

Message par Jack Griffin »

Pas pu le finir...J'avais trouvé ça atrocement lourd et solennel. Pareil que le remake de 3h10 pour Yuma, dès le début on sent que cette entreprise de dépoussiérage va pas être bonne et d'un ennui monstre.
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Jeremy Fox
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Re: The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford

Message par Jeremy Fox »

Jack Griffin a écrit :Pas pu le finir...J'avais trouvé ça atrocement lourd et solennel. Pareil que le remake de 3h10 pour Yuma, dès le début on sent que cette entreprise de dépoussiérage va pas être bonne et d'un ennui monstre.
Pareil sauf que je me suis forcé à aller au bout (idem pour le film de Mangold). Je l'ai d'ailleurs acheté en DVD pour lui redonner une chance mais je n'ose pas encore franchir le pas
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Re: The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford

Message par angel with dirty face »

Jeremy Fox a écrit :
Jack Griffin a écrit :Pas pu le finir...J'avais trouvé ça atrocement lourd et solennel. Pareil que le remake de 3h10 pour Yuma, dès le début on sent que cette entreprise de dépoussiérage va pas être bonne et d'un ennui monstre.
Pareil sauf que je me suis forcé à aller au bout (idem pour le film de Mangold). Je l'ai d'ailleurs acheté en DVD pour lui redonner une chance mais je n'ose pas encore franchir le pas
Perso quand j'ai vu le 3:10 To Yuma de 2007, j'ai tout de suite pensé à cette fameuse phrase (que tant de forumeurs de DVDClassik détestent): « c’était mieux avant ». Et c'est tellement vrai quand on a vu la version originale de 1957 qui est signée Delmer Daves. Le western de James Mangold est sincèrement le genre de film que je trouve très mauvais et inutile...
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Demi-Lune
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Message par Demi-Lune »

Gounou a écrit :
G.T.O a écrit :En dépit de son ambition manifeste, il y a quelque chose d'un peu artificiel et de poseur dans ce film au souffle court qui me gêne énormément.
Voilà qui résume assez bien mon ressenti. La durée, qui n'est pas un problème en soi (le film s'écoule tranquilement mais sans vrai creu), laissait augurer quelque chose d'approfondi sur un plan ou un autre... d'autant plus déroutant d'en ressortir avec l'impression que ce quelque chose échappe au cinéaste, peut-être limité par un montage finalement plutôt étriqué, semblant hésiter entre une approche psychologique des choses (dialogues assez conséquents) et une errance poétique et épurée.
Finalement, le film n'est ni l'un ni l'autre, mais un entre-deux qui, sans être déplaisant, me laisse avec un sentiment de frustration.
Plastiquement, c'est remarquable... la mise en scène démontre quelques belles idées... mais tout cela tourne finalement un peu à vide à mon goût, reposant essentiellement sur une atmosphère travaillée mais qui peine à porter pleinement les thématiques que suggère le choix du sujet.
Je suis un peu flemmard ce coup-ci. Je cite Gounou dont je partage l'avis sur ce film, que j'ai découvert hier soir dans une mauvaise VF. Au petit jeu un peu futile des comparaisons, L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford me fait penser à The American de Corbijn : un film qui ne manque pas de prestance ni d'ambition d'un point de vue formel, porteur d'une approche intéressante, mais qui sacrifie à mon goût le développement de son intrigue au profit d'une logique esthétisante qui, si elle n'est pas surchargée, peut à la fin être perçue comme une succession de poses quelque peu embaumées. Cela suggère potentiellement un vrai point de vue de la part d'Andrew Dominik (la photo de Deakins, très belle au demeurant, jaunie, froide, laiteuse, qui soulignerait le déclin du personnage principal et son futur sort funeste), sauf que le réalisateur en oublie de travailler, de faire exister les pièces essentielles de son échiquier : l'histoire qu'il raconte et ses personnages. Fondamentalement, le film se veut en effet procéder d'une approche psychologique, me semble-t-il : il s'agit de passer de l'autre côté du miroir déformant de la "Légende" et de s'interroger sur les "carrures" des grandes figures de l'Ouest, en démystifiant lourdement le bandit héroïque Jesse James et en explorant les motivations, ainsi que le caractère, de son assassin honni. Cette perspective, qui sous-tend toute cette démonstration de 2h30, qui est sa raison d'avancer au film, accouche d'une réflexion pertinente dans la dernière partie et ne manquera pas de rappeler le constat amer de L'Homme qui tua Liberty Valence sur les mythes américains.

Pourtant, les composantes basiques de cette approche - les personnages et leurs caractères - ne restent jamais que lointains. Ils sont peu approfondis, on ne comprend guère ce qu'ils font et le pourquoi de ce qu'ils font. La narration, assez chaotique, n'aide clairement pas à régler cette confusion. Bob Ford, et surtout Jesse James, sont brossés à coups de points de suspension ; c'est comme si c'était au spectateur de combler les trous. Brad Pitt semble lui-même un peu perdu face à ce rôle fantomatique, ce n'est qu'à l'occasion de quelques incompréhensibles pétages de plomb qu'il se réveille. Casey Affleck, affublé en VF d'une ridicule voix de fausset, se repose sur l'exceptionnelle force expressive de son regard clair pour surnager dans cet ensemble en flottement. Échouant à donner à ses personnages l'aboutissement nécessaire à son propos, le film de Dominik paraît ainsi étiré d'une manière injustifiée. Il développe au-delà du nécessaire des scènes, mais ne développe pas les protagonistes qui permettent ces scènes. Ce paradoxe, ou cette hésitation pour reprendre Gounou, fait en ce qui me concerne de L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford une œuvre branlante, certes pas inintéressante (aussi bien formellement que thématiquement), mais évoluant dans un brouillard insondable et préjudiciable.
Restent quelques séquences prenantes (l'attaque du train, l'assassinat de Jesse James).
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