Jusqu'en Enfer - Sam Raimi
Une jeune banquière briguant le poste de directrice adjointe de son agence, un peu trop
compréhensive aux yeux de son patron, se résoud à refuser une rallonge de prêt à une vieille gitane qui risque l'expulsion si elle n'honore plus les échéances de sa maison. Seulement voilà : sa fierté mise à mal, la vieille gitane en question se révèle être une puissante medium qui a tôt fait de jeter une malédiction sur sa créancière. Une course contre la montre débute alors pour la jeune femme, contrainte de conjurer le sort à tout prix sous peine de se voir emportée en enfer par le démon invoqué, et ce, dans les trois jours.
Course contre la montre... Moui.
Autant Sam Raimi renouant avec ses premières amours à l'aide d'un pitch qui, à défaut d'être original, allèche l'amateur du genre, autant quand il le fait avec tant de mollesse, tel un ancien soixante huitard résigné qui a pris du bide, ça fait un peu mal au derrière. Surtout que visuellement, il n'a rien perdu de sa verve : côté mise en scène, sa caméra toujours aussi virtuose nous gratifie de quelques morceaux de bravoures hérités des
Evil Dead, héritage qu'on retrouvait avec bonheur dans
Spider-Man 2 en particulier.
En revanche, question écriture et gestion du rythme, c'est la catastrophe. A trop vouloir diluer son récit dans une amorce de comédie romantique, on s'ennuie parce que c'est mal fichu, bancal et assez rarement drôle. J'imagine un Alex de la Iglesia aux commandes, la scène du repas chez les beaux-parents par exemple, aurait eu une autre gueule : bien entendu, je pense à
El Crimen Ferpecto. Et pour pousser la comparaison avec son illustre confrère européen, Raimi fait dans le mi-figue mi-raisin avec ce
Drag Me to Hell, là où
El Dia de la Bestia faisait dans le jusqu'au boutisme. Dommage, car je considère Sam Raimi comme un jusqu'auboutiste de grand talent. En l'occurrence, il n'est que l'ombre de lui même, en dépit de quelques sursauts pas piqués des hannetons qui sauvent son film du naufrage et m'ont malgré tout permis de le regarder avec plaisir.
Et sinon, Sam Raimi s'est faché avec Bruce Campbell ou bien ? Il n'apparait pas dans le film.
