Mouais... Sachant que je considère comme parfait le film tel qu'il est, j'espère que les modifications seront minimes. Qu'il ne fasse pas son Ashes of time redux quoi.Boubakar a écrit :Grosse surprise, le BR de Heat devrait proposer un nouveau montage
Heat (Michael Mann - 1995)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- Vic Vega
- Roi du BITE
- Messages : 3706
- Inscription : 15 avr. 03, 10:20
- Localisation : South Bay
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
Aïe, comme Vic Vega, je pense que le film était parfait comme il était, et qu'y toucher, c'est courir le risque de subir les foudres des fans et d'amoindrir la qualité du métrage. Mais Mann étant coutumier des remontages discrets (Manhunter, Ali), on peut penser qu'il ne s'agira pas d'un Heat Redux.
Opération marketing ?
Opération marketing ?
- Boubakar
- Mécène hobbit
- Messages : 52282
- Inscription : 31 juil. 03, 11:50
- Contact :
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
Diffusion de Heat dimanche 08 Novembre sur France 2, en HD.
-
- Entier manceau
- Messages : 5463
- Inscription : 7 sept. 05, 13:49
- Localisation : Entre Seine et Oise
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
Un film intense, spectaculaire, et c'est ce qui permet à Mann d'atteindre une certaine plénitude. Car pour le reste, De Niro et Pacino sont excessivement réduits à des silhouettes...elles touchent par instants mais l'affrontement annoncé paralyse trop souvent le récit. Qui tire en longueur, par manque de concision et d'épure.
Pourtant, c'est bien par son ampleur que Heat parvient à convaincre : la fusillade centrale déclenche un crescendo qui ne se brise jamais...et de cet élan ressort une fébrilité, une intimité rompue, une détresse muette. Belle présence des personnages féminins, et une remarquable mise en scène, virtuose sans une impression de surenchère.
Pourtant, c'est bien par son ampleur que Heat parvient à convaincre : la fusillade centrale déclenche un crescendo qui ne se brise jamais...et de cet élan ressort une fébrilité, une intimité rompue, une détresse muette. Belle présence des personnages féminins, et une remarquable mise en scène, virtuose sans une impression de surenchère.
- Boubakar
- Mécène hobbit
- Messages : 52282
- Inscription : 31 juil. 03, 11:50
- Contact :
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
Effectivement, le BR a un nouveau montage, Michael Mann ne s'est pas foutu de nous
http://forgottensilver.wordpress.com/20 ... -en-moins/
http://forgottensilver.wordpress.com/20 ... -en-moins/
- Jerome
- Producteur Exécutif
- Messages : 7617
- Inscription : 23 mai 03, 15:29
- Localisation : Parti chercher des archives inédites
- Contact :
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
ou juste un petit peu alorsBoubakar a écrit :Effectivement, le BR a un nouveau montage, Michael Mann ne s'est pas foutu de nous
"Sa place est dans un Blu-Ray"
-
- Stagiaire
- Messages : 32
- Inscription : 9 déc. 09, 18:41
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
Un de mes films fétiches .
Outre le travail artistique fabuleux de Mann , les teintes bleus , L.A la nuit etc le film dégage une intensité émotionnelle rare . Les personnages sont seuls , laissés face à eux - même et pourtant si proches dans leur solitude . L'amour y est fragile ainsi que les rapports hommes-femmes (Al Pacino et sa femme , De Niro abandonnant sa nana près de l'aéroport ...) : dans la vie on est finalement très seul .
Le thème du Double aussi est intéressant , souvent présent en littérature : Pacino et de Niro auraient pu être amis dans d'autres circonstances , ils ont tout les deux un grand sens de l'honneur .
La fin est fabuleuse , musicalement et aérienne . Les images parlent , le dialogue est sobre . Deux personnages ennemis par la force de la vie se serrent la main , Pacino regrettant les circonstances qui l'ont amené à tuer Neil (de Niro) , son semblable , car humain .
Outre le travail artistique fabuleux de Mann , les teintes bleus , L.A la nuit etc le film dégage une intensité émotionnelle rare . Les personnages sont seuls , laissés face à eux - même et pourtant si proches dans leur solitude . L'amour y est fragile ainsi que les rapports hommes-femmes (Al Pacino et sa femme , De Niro abandonnant sa nana près de l'aéroport ...) : dans la vie on est finalement très seul .
Le thème du Double aussi est intéressant , souvent présent en littérature : Pacino et de Niro auraient pu être amis dans d'autres circonstances , ils ont tout les deux un grand sens de l'honneur .
La fin est fabuleuse , musicalement et aérienne . Les images parlent , le dialogue est sobre . Deux personnages ennemis par la force de la vie se serrent la main , Pacino regrettant les circonstances qui l'ont amené à tuer Neil (de Niro) , son semblable , car humain .
-
- Laspalès
- Messages : 17405
- Inscription : 13 avr. 03, 11:05
- Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
- Contact :
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
Interview de Mann pour les Inrockuptibles,en 1996:
http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-a ... hael-mann/
http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-a ... hael-mann/
-
- Déçu
- Messages : 24395
- Inscription : 12 oct. 04, 00:42
- Localisation : dans les archives de Classik
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
Dieu que j'aime ce film!
SPOILERS
Nouvelle illustration de l'adage voulant que flics et bandits soient des personnages similaires seulement séparés par la barrière de la loi. Michael Mann propose pour moi son meilleur film, un polar haletant qui n'utilise pourtant pas les recettes faciles du genre. Le film est d'une quasi-tranquilité assez déconcertante: la bande-son, hormis les sons "in" et les quelques scènes d'actions spectaculaires (notamment la célèbre fusillade aux sonorités volontairement brutes), reste très épurée. La musique est aussi très rarement mise en avant, privilégiant donc une ambiance presque atmosphérique (s'il y avait une musique planante plus présente, ce qui n'est pas tout à fait le cas).
On se croirait presque dans une tragédie grecque avec ces deux personnages semblables qui apprennent à se connaitre malgré les distances et dont les parcours personnels renvoient à des drames intimes. Si ces figures sont réduites à des silhouettes, comme le souligne Joe, c'est d'abord parce que ce sont des archétypes du genre. Personnellement, je trouve que les approfondissements (notamment émotionnels) font gagner une certaine ampleur à la schématisation de départ. Et, concernant les "silhouettes", le mot est peut-être bien trouvé finalement: il faut noter que ces deux hommes vivent en retrait du monde, hors de la vie sociale, dans une solitude plus ou moins consciente et assumée. Pacino comme De Niro sont voués à leur profession - ce qui caractérise beaucoup de personnages chez Mann, d'ailleurs: la bande de De Niro, gars mariés avec enfants vivent ce "job" de braqueur comme un vrai métier, ils sont loin d'être des déséquilibrés comme Waingro, l'exception. Les deux personnages principaux passent donc à côté des autres et cela, De Niro s'en rend compte lorsqu'il fait la connaissance de la jeune femme. Pacino est quelqu'un qui va systématiquement de l'avant, d'enquête en enquête, toujours en mouvement, sans se préoccuper de son entourage proche (sa femme qui finira par aller voir ailleurs). Il faudra le suicide de sa belle-fille pour qu'il ose s'avouer qu'il n'est pas fait pour cela (la vie de couple), trop impliqué dans la quête des hors la loi pour se rendre compte du désespoir d'une enfant.
Mise en scène de Mann toujours aussi impressionnannte, les moments mémorables s'enchaînent. Je retiens surtout, évidemment, la scène finale du couple de De Niro derrière l'hôtel, la séquence de filature avec Pacino planqué dans un camion et observant De Niro par caméra "infra-rouge", etc.
Au bout de la quatrième fois, j'ai quand même décelé un ou deux détails peut-être un peu gênants. Celui qui m'ennuie le plus, toutes proportions gardées bien sûr, concerne Waingro, le traitre de la bande, que le scénario s'ingénie peut-être un peu trop facilement à cataloguer comme psychopathe/serial killer/nazi (tatouage). Un peu plus de finesse concernant ce personnage n'aurait peut-être pas fait de mal.
Autre détail: l'hôtel de la fin est curieusement très proche de l'aéroport de la scène finale. Conventions du montage, j'en conviens, mais petite facilité là aussi.
Très bon master en blu-ray. Il m'est quand même d'avis que le film mériterait un réétalonnage poussé (comme sur MINORITY REPORT, rêvons un peu ). Le duel final est un bon exemple d'étalonnage curieux: d'un plan à l'autre, le niveau des noirs n'a pas la même densité (plus ou moins "collé") ni la même teinte (certains plans laissent entrevoir un noir plus chaud, l'autre plus verdâtre, etc.). Rien de gênant, mais pour un néo-classique de cet accabit, ce ne serait pas du luxe...
SPOILERS
Nouvelle illustration de l'adage voulant que flics et bandits soient des personnages similaires seulement séparés par la barrière de la loi. Michael Mann propose pour moi son meilleur film, un polar haletant qui n'utilise pourtant pas les recettes faciles du genre. Le film est d'une quasi-tranquilité assez déconcertante: la bande-son, hormis les sons "in" et les quelques scènes d'actions spectaculaires (notamment la célèbre fusillade aux sonorités volontairement brutes), reste très épurée. La musique est aussi très rarement mise en avant, privilégiant donc une ambiance presque atmosphérique (s'il y avait une musique planante plus présente, ce qui n'est pas tout à fait le cas).
On se croirait presque dans une tragédie grecque avec ces deux personnages semblables qui apprennent à se connaitre malgré les distances et dont les parcours personnels renvoient à des drames intimes. Si ces figures sont réduites à des silhouettes, comme le souligne Joe, c'est d'abord parce que ce sont des archétypes du genre. Personnellement, je trouve que les approfondissements (notamment émotionnels) font gagner une certaine ampleur à la schématisation de départ. Et, concernant les "silhouettes", le mot est peut-être bien trouvé finalement: il faut noter que ces deux hommes vivent en retrait du monde, hors de la vie sociale, dans une solitude plus ou moins consciente et assumée. Pacino comme De Niro sont voués à leur profession - ce qui caractérise beaucoup de personnages chez Mann, d'ailleurs: la bande de De Niro, gars mariés avec enfants vivent ce "job" de braqueur comme un vrai métier, ils sont loin d'être des déséquilibrés comme Waingro, l'exception. Les deux personnages principaux passent donc à côté des autres et cela, De Niro s'en rend compte lorsqu'il fait la connaissance de la jeune femme. Pacino est quelqu'un qui va systématiquement de l'avant, d'enquête en enquête, toujours en mouvement, sans se préoccuper de son entourage proche (sa femme qui finira par aller voir ailleurs). Il faudra le suicide de sa belle-fille pour qu'il ose s'avouer qu'il n'est pas fait pour cela (la vie de couple), trop impliqué dans la quête des hors la loi pour se rendre compte du désespoir d'une enfant.
Mise en scène de Mann toujours aussi impressionnannte, les moments mémorables s'enchaînent. Je retiens surtout, évidemment, la scène finale du couple de De Niro derrière l'hôtel, la séquence de filature avec Pacino planqué dans un camion et observant De Niro par caméra "infra-rouge", etc.
Au bout de la quatrième fois, j'ai quand même décelé un ou deux détails peut-être un peu gênants. Celui qui m'ennuie le plus, toutes proportions gardées bien sûr, concerne Waingro, le traitre de la bande, que le scénario s'ingénie peut-être un peu trop facilement à cataloguer comme psychopathe/serial killer/nazi (tatouage). Un peu plus de finesse concernant ce personnage n'aurait peut-être pas fait de mal.
Autre détail: l'hôtel de la fin est curieusement très proche de l'aéroport de la scène finale. Conventions du montage, j'en conviens, mais petite facilité là aussi.
Très bon master en blu-ray. Il m'est quand même d'avis que le film mériterait un réétalonnage poussé (comme sur MINORITY REPORT, rêvons un peu ). Le duel final est un bon exemple d'étalonnage curieux: d'un plan à l'autre, le niveau des noirs n'a pas la même densité (plus ou moins "collé") ni la même teinte (certains plans laissent entrevoir un noir plus chaud, l'autre plus verdâtre, etc.). Rien de gênant, mais pour un néo-classique de cet accabit, ce ne serait pas du luxe...
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
-
- Laspalès
- Messages : 17405
- Inscription : 13 avr. 03, 11:05
- Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
- Contact :
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
On retrouve un peu ça avec les gros "aryan brothers" tatoués comme Waingro dans "Miami Vice",les détenus de "Jericho Mile" et évidemment les nazis dans "The Keep"...voir d'ailleurs les déclarations de Mann (dans Première et les Inrockuptibles) à la sortie française de "Manhunter" et "Heat" pour la représentation du Mal dans ses films.Nestor Almendros a écrit :Celui qui m'ennuie le plus, toutes proportions gardées bien sûr, concerne Waingro, le traitre de la bande, que le scénario s'ingénie peut-être un peu trop facilement à cataloguer comme nazi (tatouage).
-
- Stagiaire
- Messages : 32
- Inscription : 9 déc. 09, 18:41
Re: Heat (Michael Mann - 1995)
Pour les membres du forum intéressés par le travail de Mann :
http://www.canal-u.tv/producteurs/la_ci ... a_partie_1
Sans doute , que ce lien avait déjà été mis sur le forum , mais à tout hasard .
http://www.canal-u.tv/producteurs/la_ci ... a_partie_1
Sans doute , que ce lien avait déjà été mis sur le forum , mais à tout hasard .
-
- Assistant(e) machine à café
- Messages : 113
- Inscription : 7 janv. 11, 12:09
Heat (Michael Mann)
Bonjour, je suis nouveau sur le forum de Dvdclassik . J'ai revu "Heat" hier soir...Je pensais regarder 1 heure de film et la suite le lendemain, mais je me suis laissé prendre par les 3 heures du film, trois heures d'une rare intensité, trois heures entre tension et relâchement, trois heures d'une pure merveille de polar mélancolique...Je me permets donc de poster une petite critique.
Avec "Heat", Michael Mann atteint à mon sens les cimes stratosphériques du Polar...
Le film illustre bien la tendance d'un certain cinéma américain “adulte” qui refuse les clichés, le monolithisme, pour explorer les failles de ses personnages : symétriquement opposé de part et d'autre de la ligne de la loi, Hanna et McCauley sont tous les deux des êtres complexes, professionnels aguerris à la vie privée chaotique… Tous ce qui concerne leur métier est remarquablement bien observé : gestes précis, laconisme, attention aux détails. La partie consacrée aux femmes est là pour humaniser les personnages, et Mann traite ces séquences avec un mélange de pudeur et de retenue admirables (en particulier la romance entre De Niro et Amy Brenneman,terriblement émouvant…et la séquence où la belle Ashley Judd fait signe à Val Kilmer de ne pas la rejoindre car la police est aux aguets, simple geste de la main à distance, geste qui signifie à la fois l'amour fou et la fin de cette passion, est belle à pleurer…et cette caméra en apesanteur qui cadre le visage dévasté de Kilmer à travers le pare-brise de sa voiture, un homme qui a perdu le seul amour de sa vie, sa raison de vivre…)
Le film est admirablement bien construit : il va d'un point A à un point B sans dévier un seul instant de sa trajectoire. Les personnages avancent vers un destin qu'il n'essaient même pas d'infléchir, sachant que la confrontation finale sera inévitable et que l'un des deux y restera. McCauley et Hanna sont observés de façon parallèle (métiers, famille, amis) jusqu'à la fusillade dantesque en pleine rue ( morceau de bravoure qui n'a pas encore été égalé), moment ou ils atteignent le point de non-retour : dès lors la seule raison de vivre de Pacino est d'arrêter DeNiro, celle de DeNiro est d'échapper à Pacino.
D'une certaine façon, la relation Pacino/DeNiro évoque celle de Bourvil/Delon dans le Cercle rouge de Melville : une traque impitoyable teintée d'admiration réciproque. Hanna/McCauley sont les deux visage de Janus, les deux faces d'une même réalité : même rigueur, même code d'honneur; ce sont deux hommes qui ont tout pour être amis, mais qui ont fait des choix radicalement opposés (leur “confrontation” dans le café est celle de deux hommes semblables qui évoquent leurs rêves, leurs choix...)
Baigné dans une lumière bleue métallique, marqué par la prescience de la mort, le film est tout entier imprégné d'une certaine tension mélancolique, où les deux personnages sont comme deux fantômes à la recherche d'eux-mêmes. Filmés dans des décors déserts qui accentuent le spleen urbain (zones industrielles, étendues désertiques) Hanna et McCauley luttent pour un certain Code d'Honneur désormais obsolète…
Reste LA question : qui de DeNiro ou Pacino tire le meilleur parti de son personnage ? Impossible de les départager… DeNiro est irréprochable, charismatique, tendu, émouvant et Pacino , s'il se laisse parfois aller au cabotinage (les scènes avec l'indic) est aussi capable d'une grande sobriété, comme dans LA scène de la rencontre au café (deux des plus grands acteurs du monde qui s'observent, se jaugent, se testent en champ / contrechamp).
A la fin, après une poursuite dans un aéoroport , de nuit, jeu d'ombres et de lumières admirablement filmé par Mann, Pacino abat De Niro, son ennemi qu'il respecte et qui le fascine :
“-Je t'avais dit que je replongerais pas..
-je sais…”
Puis De Niro, mortellement atteint, allongé sur un container, lève le bras…Pacino s'approche et lui prend la main, accompagnant dans la mort celui qui est devenu son ami, son alter-ego de l'autre côté de la ligne de la loi…Superbe.
Michael Mann est incontestablement un immense cinéaste, recherchant dans chacun des ses films une perfection qu'il atteint régulièrement...
Avec "Heat", Michael Mann atteint à mon sens les cimes stratosphériques du Polar...
Le film illustre bien la tendance d'un certain cinéma américain “adulte” qui refuse les clichés, le monolithisme, pour explorer les failles de ses personnages : symétriquement opposé de part et d'autre de la ligne de la loi, Hanna et McCauley sont tous les deux des êtres complexes, professionnels aguerris à la vie privée chaotique… Tous ce qui concerne leur métier est remarquablement bien observé : gestes précis, laconisme, attention aux détails. La partie consacrée aux femmes est là pour humaniser les personnages, et Mann traite ces séquences avec un mélange de pudeur et de retenue admirables (en particulier la romance entre De Niro et Amy Brenneman,terriblement émouvant…et la séquence où la belle Ashley Judd fait signe à Val Kilmer de ne pas la rejoindre car la police est aux aguets, simple geste de la main à distance, geste qui signifie à la fois l'amour fou et la fin de cette passion, est belle à pleurer…et cette caméra en apesanteur qui cadre le visage dévasté de Kilmer à travers le pare-brise de sa voiture, un homme qui a perdu le seul amour de sa vie, sa raison de vivre…)
Le film est admirablement bien construit : il va d'un point A à un point B sans dévier un seul instant de sa trajectoire. Les personnages avancent vers un destin qu'il n'essaient même pas d'infléchir, sachant que la confrontation finale sera inévitable et que l'un des deux y restera. McCauley et Hanna sont observés de façon parallèle (métiers, famille, amis) jusqu'à la fusillade dantesque en pleine rue ( morceau de bravoure qui n'a pas encore été égalé), moment ou ils atteignent le point de non-retour : dès lors la seule raison de vivre de Pacino est d'arrêter DeNiro, celle de DeNiro est d'échapper à Pacino.
D'une certaine façon, la relation Pacino/DeNiro évoque celle de Bourvil/Delon dans le Cercle rouge de Melville : une traque impitoyable teintée d'admiration réciproque. Hanna/McCauley sont les deux visage de Janus, les deux faces d'une même réalité : même rigueur, même code d'honneur; ce sont deux hommes qui ont tout pour être amis, mais qui ont fait des choix radicalement opposés (leur “confrontation” dans le café est celle de deux hommes semblables qui évoquent leurs rêves, leurs choix...)
Baigné dans une lumière bleue métallique, marqué par la prescience de la mort, le film est tout entier imprégné d'une certaine tension mélancolique, où les deux personnages sont comme deux fantômes à la recherche d'eux-mêmes. Filmés dans des décors déserts qui accentuent le spleen urbain (zones industrielles, étendues désertiques) Hanna et McCauley luttent pour un certain Code d'Honneur désormais obsolète…
Reste LA question : qui de DeNiro ou Pacino tire le meilleur parti de son personnage ? Impossible de les départager… DeNiro est irréprochable, charismatique, tendu, émouvant et Pacino , s'il se laisse parfois aller au cabotinage (les scènes avec l'indic) est aussi capable d'une grande sobriété, comme dans LA scène de la rencontre au café (deux des plus grands acteurs du monde qui s'observent, se jaugent, se testent en champ / contrechamp).
A la fin, après une poursuite dans un aéoroport , de nuit, jeu d'ombres et de lumières admirablement filmé par Mann, Pacino abat De Niro, son ennemi qu'il respecte et qui le fascine :
“-Je t'avais dit que je replongerais pas..
-je sais…”
Puis De Niro, mortellement atteint, allongé sur un container, lève le bras…Pacino s'approche et lui prend la main, accompagnant dans la mort celui qui est devenu son ami, son alter-ego de l'autre côté de la ligne de la loi…Superbe.
Michael Mann est incontestablement un immense cinéaste, recherchant dans chacun des ses films une perfection qu'il atteint régulièrement...
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17126
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: "Heat" de Michael Mann, duel au sommet...
Bienvenue StateOfGrace !
Appréciant ton enthousiasme pour ce chef-d'oeuvre de Mann, je me permets de te signaler l'existence d'un topic sur le film :
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... ann#p24375
Appréciant ton enthousiasme pour ce chef-d'oeuvre de Mann, je me permets de te signaler l'existence d'un topic sur le film :
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... ann#p24375
Mother, I miss you
-
- Assistant(e) machine à café
- Messages : 113
- Inscription : 7 janv. 11, 12:09
Re: "Heat" de Michael Mann, duel au sommet...
Merci Watkinssien. Je n'avais pas vu qu'il existait déjà un topic sur le film; du coup mon message me semble un peu anecdotique, tant le film a été analysé et disséqué avec talent sur le forum en question...
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17126
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: "Heat" de Michael Mann, duel au sommet...
Pas du tout, cela n'a rien d'anecdotique. Tu apportes simplement une pierre à l'édifice...
Mother, I miss you