Just before dawn ( 1946 )
Adapté d'une série de pièces radiophoniques à succès, voilà une très bonne petite série B sans génie mais fait avec application et un rythme soutenu qui expédie une vitesse folle ses péripéties d'où quelques scènes incroyablement brutales et étonnantes vus leurs radicalité ( le coup monté dans le bureau où le méchant jette par la fenêtre son acolyte !

).
pas le temps de s'ennuyer malgré une intrigue un peu trop linéaire et mécanique dans ses révélations mais l'absence de prétention de l'entreprise est très fraiche et affiche un second degré réjouissant qui culmine dans la toute dernière scène et sa dernière réplique géniallisme ( et je jurerai l'avoir déjà vu cette séquence, soit dans un doc soit reprise à la quasi identique ailleurs ).
Warner Baxter dans le rôle titre est excellent et toujours à l'aise dans son rôle de docteur/policier. Il joue beaucoup dans le gros potentiel de sympathie du film.
Tuer n'est pas jouer ( I saw what you did - 1965 )
Film typique du système Castle : un scénario très prometteur mais qui demeure décevant pour son manque de rythme malgré d'évidentes qualité dans sa mise en scène.
L'idée excellente ici est que 3 adolescentes qui s'amuse à faire des canulars téléphoniques à des gens prix au hasard dans le botin tombe sur un vrai tueur !
Le problème est donc que la partie où les 3 ado sont au téléphone concerne la moitié du film... ce qui est bien long comme scène d'exposition. :-[
Et même quand la machine commence à s'emballer, Castle prend encore et son temps et n'essaye même pas jouer la carte du suspens. Il préfère la carte du second degré voir de la légèreté. C'est parfois autant un avantage ( le naturel des acteurs est excellent à commencer par la gamine de 6-8 ans vraiment géniale ) qu'un défaut ( les fameux problème de rythme et de frustration vu le potentiel du scénar ).
Il faut attendre les 10-15 dernières minutes pour faire monter la pression mais sans que Castle y aille à fond. Ca fonctionne cela dit grâce à la présence inquiétante de John Ireland qui joue une nouvelle fois un salaud et pour l'ambiance limite gothique de la le mise en scène et du noir et blanc.
Le décor, le brouillard et la gestion des zones d'ombres/lumières sont très bien exploités ( l'escalier a presque une dimension psychanalytique ) et maintiennent au moins visuellement un certain climat d'oppression. Le long et lent pano/zoom qui sert de générique est également assez impressionnant dans sa manière d'introduire directement ce sentiment d'isolement et de menace.
Mais quel dommage que Castle ne cherche pas à conserver cette concision dans sa narration par la suite même s'il faut préciser que le film n'est pas du tout raté, juste un peu trop lent.
ps : Joli personnage pour le personnage de Joan Crawford vieillie et pathétique qui apporte une touche tragique non négligeable et assez étonnante.
Project X ( 1968 )
Avant-dernière réalisation de Castle, voilà un étonnant film de science-fiction plus intéressant qu'il n'y parait.
Pour peu, je dirais qu'il anticiperait presque sur la philosophie cyber-punk et leur réalité fabriquée puisqu'ici des scientifiques de 2118 reconstitue notre monde contemporain pour essayer de redonner la mémoire à un espion amnésique spécialiste des années 1950.
Le film est bien sur fauché dans ses décors et ses effets spéciaux, les acteurs sont tous mauvais, le contenu politique terriblement creux et superficiel et la réalisation plan-plan mais la structure du film et le procédé de narration assez bien maitrisé et n'offre pratiquement aucun ralentissement ni lenteur. Il se suit même au contraire avec plaisir.
Il faut surtout dire que les scènes où l'espion retrouve la mémoire sont des séquences bien psychédéliques qui demeurent assez fascinantes et qui sont du au studio
Hanna & Barbera
Cependant là aussi, il est regrettable que ces séquences deviennent un peu trop longues et donc lassantes sur la fin.
Mais, ça reste pour moi une agréable surprise très modeste, certes mais tout de même un agréable.
Texas, Brooklyn and heaven ( 1948 )
Comédie romantique inoffensive et gentillette dira-t-on pour éviter d'être cynique.
C'est l'histoire d'amour entre un jeune provincial naïf qui monte à New-York pour devenir écrivain et une jeune fille qui érige le mensonge en art de vivre.
Rien de très original, de vraiment drôle ni même de romantique mais l'absence de prétention et la certaine bonne humeur prête à sourire à l'image de la maladresse des acteurs ou de la candeur de la mise en scène qui donne un petit coté attachant à la chose. Et puis les personnages secondaires sont assez marrant ( cf les logeuses qui veulent être austère à tout prix )
Après, malgré sa courte durée, on n'échappe pas aux situations étirées en longueur qui ne sont en plus pas très drôle ( les accélérés quand les manèges se dérèglent ) ni à une conclusion des plus artificielles.
Après pour ceux qui douterait que Castle ait de la personnalité, on trouve déjà ici beaucoup de chose de son univers : le recours à un stratagème pour arriver à ces fins, une fascination pour le monde des enfants et une ambiance à la limite du fantastique ( le narrateur qui raconte l'histoire en flash-back m'a fait pensé à une sorte d'ange gardien ).
Alors William Castle un auteur ? Ben, je commence à en être de plus en plus persuadé
Macabre ( 1955 )
Premier film à Gimmick de Castle ( les billets d'entrées offraient un contrat d'assurance en cas "de mort par terreur" et le générique de fin demande au spectateur de ne pas dévoiler le twist final ).
Pour son premier film du genre, il a déjà trouvé un sujet en or qui s'avère assez décevant une fois filmé : un inconnu appelle un veuf pour lui dire que ça petite fille est enterré vivante et qu'il lui reste quelques heures pour qu'il la retrouve avant qu'elle ne meure.
Ici, ça ne fonctionne pas pour la raison que Castle en encore du mal à trouver le bon équilibre entre premier degré, ironie, effet d'angoisse et clin d'œil au spectateur d'autant que les comportement des personnages ne soient pas trop crédible ( même si comme souvent chez lui, le twist final équilibre ce ressentiment ).
Castle a surtout du mal à fluidifier son scénario qui ressemble une succession de scènes et donc de cahier des charges dont certaines sont heureusement réussi ( celles au cimetière sont pas mal ) mais qui ne suffisent pas pour installer le suspense.
Il se rattrape par conte dans un conclusion étonnante de noirceur et de violence qui n'est pas trop prévisible en plus. Ca va même assez loin dans le pessimisme mais comme je le disais Castle a du mal à dosé ses effets et après un climax qui en impose, il passe directement à un générique de fin rigolo sous forme de dessin-animé où toute l'équipe du film forme un cortège funéraire.
C'est marrant mais ça contredit trop l'ambiance du film pour être justifié.
La meurtrière diabolique ( Strait-Jacket - 1964 )
Après 20 ans passée dans un hôpital psychiatrique, une femme qui a sauvagement assassiné à coup de hache son mari et sa maitresse sort et va rejoindre la ferme de son frère. Elle y retrouve aussi sa fille qui avait été témoin de l'horrible nuit et qui tente de renoué avec sa mère. mais le comportement de celle-ci inquiète bientôt... Est-elle vraiment guérie ?
Celui-là, c'est par contre son chef d'œuvre avec
The tingler avec l'avantage de ne pas reposer sur un gimmick mais de reposer sur un excellent script, des acteurs excellents et surtout pour une fois sur une mise en scène parfaitement rythmé. Après la touche Castle est bien présente avec un humour noir assez réjouissant et une ambiance bien morbide ( les décapitations sont légions, même la statue columbia y passe

).
Mais là où Castle surprend c'est dans la sensibilité de son film : le rapport entre la mère et sa fille sont assez émouvant et écrit avec assez de justesse dans sa description du malaise entre les deux femmes et le souvenirs de cette fameuse nuit.
Difficile après d'en parler sans risque de spoiler. Celà dit si on connait bien Castle, on peut le deviner sans que celà nuise à la narration ni au suspens.
C'est vraiment un parfait mélange entre le drame et le thriller avec quelques séquences chocs bien réparties qui utilisent avec brio le son ou la musique pour mieux créer avec le malaise... A ce titre, Castle joue parfaitement avec l'attente et les accélérations lors des séquences de meurtres qui peut du coup se targuer d'être un des premiers slasher de l'histoire du cinéma ( antérieur au Bava ).
A mes yeux, le seul vrai défaut du film est la dernière séquence imposée par Joan Crawford qui s'est par ailleurs beaucoup investi dans le rôle et ça se sent car elle y est vraiment géniale, très troublante. Comme sa jeune partenaire d'ailleurs : Diane Baker.
Voilà, fin de la rétro plus riche que prévu d'où le regret de ne pas en avoir vu davantage surtout ceux des années 40 comme la série des
crime's doctor.
