Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Vic Vega
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Vic Vega »

Bon allez, pas encore vu Eros, mais après visionnage du premier coffret je me lance: à mi-parcours, Yoshida me semble un cinéaste emblématique de son époque -celle des grandes effervescences artistiques et celle où beaucoup préféraient avoir tort avec Sartre que raison avec Aron- pour le meilleur comme pour le pire. Le meilleur, c'est le travail sur le cadre de tous les films du coffret -excepté un Akitsu formellement plus classique- très audacieux par rapport au cinéma de studio nippon de son temps, sa capacité à filmer des moments de chaos ou le swinging Tokyo avec une théâtralité très japonaise. Le pire, c'est une certaine tendance au didactisme, au scénario tract présent dans certains des films du coffret (le tableau lourdingue du monde capitaliste de Bon à rien, la mécanique narrative trop visible du Sang Séché, un peu moins dans La Fin d'une douce nuit), travers accentués par le peu de souci de Yoshida pour le character development dans les films cités. La lourdeur, on la retrouve dans le beau portrait de changement d'époque d'un Akitsu malheureusement (ce score médiocre utilisé de façon pompière et cette fin qui donne le sentiment du beaucoup trop appuyé qui empêchent le film d'être une réussite majeure). Quant aux marginaux de 18 jeunes gens à l'appel de l'orage et Evasion du Japon, ils sont bien moins attachants que les débrouillards du Japon d'après-guerre et du miracle économique de Fukasaku et Imamura même si les films se laissent regarder.
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k-chan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par k-chan »

Eh bah dit donc... ! Pas super positif tout ça. :|
Emergency
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Emergency »

Bah, reste quand même le sens du cadre, quoi :mrgreen:
Au passage, j'ai pu constater récemment et avec joie, que son "Femmes en Miroir" se situe formellement dans la continuité du travail effectué dans les 70's. Un peu comme Suzuki qui après une période plus "sobre" dans les 80's et la première moitié de la décennie suivante, à fait un come back ("Pistol Opera" en 2001) digne de ses plus gros délires colorés sixties.
Et de constater que ces deux films-là figurent pépère - en dehors des animes - parmi les dernières grandes réussites artistiques japonaises. La nouvelle génération devrait en prendre de la graine :P
Dernière modification par Emergency le 14 avr. 08, 14:07, modifié 1 fois.
씨발 !
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Boubakar
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Boubakar »

Pour les amateurs, que vaut

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?

merci pour vos avis. :)
Helward
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Message par Helward »

la Source thermale d'Akitsu de Y. Yoshida

Bon, comme c'était à prévoir, aucune affinité personnelle en ce qui concerne le mélo (on se trouve puis on se perd, on se retrouve puis on se reperd, on se reretrouve puis..., bon.). La musique, sans être omniprésente finalement, casse tout de même l'émotion de bon nombre de scènes (qu'aurait donné la dernière séquence sans accompagnement musical, avec juste le bruit du torrent en fond ?), même si par moment elle s'avère plutôt belle. Par contre ce qu'on ne peut pas enlever à Yoshida c'est son sens du cadre et de la composition. Et rien que pour çà, j'ai passé un moment plutôt agréable. De l'émotion, j'en est ressenti, mais de façon ponctuelle, grâce justement à certains très beaux plans.
Malgré tout, le film est loin de m'avoir passionné, mais c'est juste parce que je n'aime pas les mélo.
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Boubakar
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Boubakar »

Street fighter & Return of Street Fighter (Shigehiro Ozawa, 1973-1974)

Deux premiers films d'une tétralogie où le moins qu'on puisse dire, c'est que ça castagne !!!
Entre des dents pétés, des bras cassés, des cous troués, et des abdomen perforés, on ne rigole pas dans ces films. Le traitement est certes un peu différent de ce que j'ai vu dans les Shaw Brothers, mais Sonny Chiba (écrasant de charisme) fait un peu penser à Bruce Lee dans une sorte de colère renfermée, qui peut exploser, en terrassant tout ses ennemis (et en survivant à une chute sur le toit d'une voiture).
Plusieurs scènes sont ainsi dantesques, comme dans le sauna, ou la scène finale sous la pluie (dans le premier), ou un combat dans la neige contre deux ennemis, perso je me régale de ce genre de films, où le principal intérêt est dans les combats, et pour ça, on en a pour son argent !! :mrgreen:
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Boubakar
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Boubakar »

Street Fighter's last revenge (Shigehiro Ozawa, 1974)

On prend les mêmes...et on recommence. C'est un décalque des deux premiers volets (avec le même combat sous la pluie, le flash-back où intervient le père du héros), mais cette fois-ci, un des méchants est un mexicain orné d'un magnifique sombrero, au moins c'est exotique !! :lol:
Pour les musiques, ça me fait penser beaucoup à du Shunsuke Kikuchi (le compositeur de Dragon Ball, entre autres), avec ses petites ritournelles si caractéristiques. Et Sonny Chiba imite encore et toujours Bruce Lee (dans ses postures comme ses "miaulements").
Nouveauté ; là, on pète des murs (en carton-pâte), et on transperce toujours autant les méchants, dans la joie et la bonne humeur.

Sister Street Fighter (Kazuhiko Yamaguchi, 1974)

Changement complet de héros, car cette fois-ci, c'est une héroïne (Estuko Shihomi, personnage secondaire des deux premiers Street...) qui prend la place de Sonny Chiba (qui a un petit rôle). Bon là, c'est moins bien, Shihomi n'est pas une très bonne combattante (on dirait que ses coups sont au ralenti), malgré quelques bonnes joutes (comme celle sur le pont), mais on s'ennuie un peu...

C'est dommage que HK n'ait pas proposé uniquement les trois premiers Street fighter, ce dernier volet faisant un peu "tâche" au sein du coffret. :?
bruce randylan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Bon à rien ( Kiju Yoshida - 1960 )

J'ai bien aimé dans l'ensemble.
Bien sur, l'histoire n'est pas folichonne et ne raconte finalement pas grand chose mais d'un autre coté ça passe bien avec l'aspect glandouilleur des personnages, des ados turbulents qui sont conscient qu'ils devraient arrêter leurs conneries mais n'en ont pas envi ( sauf un ).
En revanche, pour un 1er film, la maitrise visuelle est quand même bluffante. La photographie est souvent incroyable avec des noirs profonds et blancs éclatants et son scope recèle fréquemment des cadrages virtuoses. Les derniers plans sont en tout cas d'une beauté vertigineuse.

Bon, je garde le morale pour Eros + Massacre :mrgreen:
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Re: Topic naphtalinippon

Message par 2501 »

Bon à rien

Bon, on oberve la jeunesse de l'époque ok, mais ça tourne sacrément en rond. Aucune tension dramatique, heureusement qu'on peut admirer le talent plastique déjà très sûr pour un premier film.
Pas mauvais, pas passionnant non plus. Au suivant.

5/10


Le Sang séché

Le Sang séché propose une histoire incroyablement moderne sur la manipulation des médias. Dès 1960 et son 2ème film, Kiju Yoshida témoigne d'une maîtrise incroyable d'un récit enlevé, et d'un sujet qui, encore aujourd'hui, a rarement été traité avec autant de conviction et de lucidité.

A travers l’histoire du salaryman Takashi Kiguchi, rescapé d'une tentative de suicide passant pour un acte sacrificiel pour soutenir ses collègues contre les licenciements de son entreprise, journalistes et publicitaires vont fabriquer un héros de toutes pièces, en brodant sur l'évènement tragique qu'a subit un homme plus perdu et désespéré que revendicateur. Yoshida démontre ici une belle maîtrise de la mise en scène. Moins froide que dans son premier film, elle donne un ton tantôt léger, tantôt enfiévré, à un récit qui pourrait être sordide et dramatique, grâce à une photographie très contrastée, une musique jazzy et des cadres au millimètre. Mouvements de caméra sophistiqués et montage dynamique achèvent de nous plonger dans ce tourbillon médiatique, d'où émergera une créature échappant au contrôle des rapaces qui l'ont exploité. Sans pour autant se révéler moteur de l’action, puisque tout est montré du point de vue de ceux qui entoure Kigushi : l’agent qui joue avec son image, sa femme qui se sent délaissée, le paparazzi qui essaie de casser ce grand manège, quoiqu'il en coûte.

Le salaryman se laisse porter par la vague et subit tout au long du film, succès, manigances, escroqueries, traquenards, manipulation. Faible et lâche, il n’est même pas le héros de cette fiction, où Yoshida prend un malin plaisir communicatif à ironiser sur cette société capitaliste assoiffée de sang, quitte à utiliser le portrait d’un homme pistolet sur la tempe pour faire du chiffre.

7/10


La Fin d'une douce nuit

La Fin d'une douce nuit est, d'après les propres mots de Yoshida dans la présentation du film, inspiré par le Rouge et le noir. Le récit de cet arriviste qui s'acoquine de riches veuves ne rappelle pourtant aucunement le romantisme du roman de Stendhal.

Nous retrouvons le style froid et classe de la mise en scène du réalisateur de la nouvelle vague nippone, ces cadres au millimètre, le noir et blanc contrasté, ces mouvements si étudiés... cependant la forme est moins flamboyante dans ce troisième film que dans le Sang séché.
Mi-James Dean (rebelle attitude et passion de la vitesse), mi-Rastignac (ambition et envie d'argent et d'une vie meilleure) Jiro Tezuka est prêt à tout pour arriver à ses fins, échapper à sa condition de simple vendeur de grand magasin. Le problème est que son parcours s'avérera simpliste et convenu, à fréquenter les hommes d'affaires, faire chanter les veuves et coucher avec les femmes influentes, rien de surprenant, mais surtout une impression désagréable d'un récit peu incarné. Faute sans doute attribuable au jeu sans subtilité de l'acteur Masahiko Tsugawa, et à la trop courte durée du film.

Malgré tout, Yoshida arrive à mettre en boîte quelques scènes étonnamment inquiétantes, comme celle du lac, instille son ironie habituelle, et l'on suit cette histoire avec un ennui poli, cette Fin d'une douce nuit annonçant plutôt le début de la nôtre. Film mineur.

5,5/10


Evasion du Japon

Quel chenapan ce Yoshida. A une commande de film d’action le cinéaste revendicateur prétend répondre par un film d’anti-action. Evasion du Japon est son premier long-métrage en couleur, avec un générique peint des plus réussis, annonciateur, semble-t-il, d’un film peu banal.

Aux couleurs pop marquées des premières images succède rapidement une photographie comme d’habitude très sombre (et d’un rendu bien moins séduisant plastiquement que ses noirs et blancs contrastés).

Le ton est ici plus léger que d'ordinaire chez Yoshida, avec un héros aspirant chanteur très crétin, brailleur et trouillard, qui se retrouve embringué dans un cambriolage. Il est étonnant alors de constater, lors du casse, un traitement tout à fait normal de l'action, le réalisateur s'étant sans doute un peu embrouillé entre ses intentions et l'exécution de sa commande, qu'il n'arrive absolument pas à se réapproprier.

Pour lui l'action serait inintéressante car triste, encore faudrait-il le démontrer clairement... Son personnage principal pleurnichard agaçant au plus haut point nous tient à distance de toute empathie devant toute scène dramatique, sans parvenir à être vraiment drôle non plus.

De toute façon, même en oubliant les dires du cinéaste, Evasion du Japon reste un bien anodin film de commande. Autant préférer un vrai film d'exploitation maîtrisé, qui arriverait comme chez Seijun Suzuki à transcender le genre, à un faux film d'auteur aux ambitions non transformées.

4/10
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Boubakar
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Boubakar »

Le mois prochain passe à Avignon (Utopia) la Source thermale d'Akitsu.

Pour quelqu'un n'ayant jamais vu du Yoshida, est-ce que ce film-là est accessible (je dis ça par rapport aux commentaire que je lis concernant d'autres films, qui paraissent ardus) ?
bruce randylan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Peu pas t'aider pour le coup. :cry:

Sinon
Wedding ( Yoji Yamada - Kazoku - 1970 )

Les plus beaux coups de cœur sont ceux qu'on attend pas.

J'étais vraiment allé par curiosité à séance ne connaissant rien du film ni du cinéaste et j'en suis sorti complètement chamboulé.

C'est en fait tout ce que j'aime dans le cinéma "intimiste" et particulièrement celui japonais : la simplicité, la justesse, la pudeur et l'universalité des sentiments.
On est très proche de l'univers de Ozu ( on retrouve d'ailleurs l'acteur Chishu Ryu ) avec cette tendresse infinie envers les personnages, une histoire presque banale où la légéreté se partage le drame et une mise en scène tout en plan fixe où le cadre privilégie les rapports entre les gens.

L'histoire, justement, parle d'un ouvrier qui doit traverser entièrement le Japon pour aller rejoindre un ami qui tient une exploitation agricole. Sa femme, ses 2 enfants et son père décident le suivre malgré de grosses difficultés financières. Voici donc notre famille "simple", qui n'a jamais quitté son île natale, s'engager dans un très long voyage de plusieurs jours à bord de trains traversant le pays et les métropoles.
Ça pourrait être complètement anecdotique et versant dans le pathos lacrymogène, mais le réalisateur à une vraie sensibilité tout en retenu en même temps qu'un vrai sens du détail et de la direction d'acteur.
C'est donc simplement beau. Je ne parle pas de la beauté esthétique mais la beauté intérieur, celle qui vous émeut autant par ses touches tristes qu'humoristiques.

Et pourtant ce n'était pas gagné avec quelques rebondissements qui laissaient craindre le pire. C'était sans compter la finesse et la justesse du trait qui font avaler la pillule entre 2 sanglots et 3 sourires innocents. La force du film provenant de la rapidité avec lesquelles ses émotions nous frappent. Soit des flashs-backs de quelques secondes ou de micro-scènes toujours bien intégrées au récit : Une mère se rappelant son bébé en train de téter, un fils qui culpabilise de n'avoir pu garder son son toit son père, le regarde génê mais malicieux que s'échangent un père avec sa nouvelle belle-fille, un enfant de 3 ans qui ne comprenant pas qu'on enterre sa sœur s'amuse à faire des grimaces à un enfant de cœur, une voyageuse dans le train évoquant la mort de son enfant...
Le film regorge de ce genre de moments bouleversants mais traité avec un sobriété qui en décuple la portée.

C'est la même chose avec la moralité qui pourra paraître naïve à certains : la vie est un autant un long voyage plein de surprises ( bonne ou mauvaise ) qu'un cycle où il faut attendre les jours meilleurs... Naïf bien sur, mais finalement tellement vrai...


Tiendrais-je là mon film du mois ? :D
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Re: Topic naphtalinippon

Message par 2501 »

Boubakar a écrit :Le mois prochain passe à Avignon (Utopia) la Source thermale d'Akitsu.

Pour quelqu'un n'ayant jamais vu du Yoshida, est-ce que ce film-là est accessible (je dis ça par rapport aux commentaire que je lis concernant d'autres films, qui paraissent ardus) ?
C'est sans aucun doute le plus accessible parmi ceux que j'ai vu. Si tu es client de mélo plastiquement superbe.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par 2501 »

18 jeunes gens à l'appel de l'orage

18 jeunes gens à l'appel de l'orage est censé être un film une nouvelle fois hors des conventions filmiques et narratives, se débarrassant du héros unique et des péripéties faisant avancer le récit traditionnel.

Si Kiju Yoshida s'emmêle encore un peu dans ses intentions dans l'introduction de ce long-métrage - car il est évident dès le départ que Shimazaki est un personnage principal, du moins placé au premier plan - il est intéressant de constater comment il traite le groupe de jeunes ouvriers de chantier naval. Ceux-ci ne sont pas caractérisés (même pas nommés), le réalisateur gérant le groupe comme entité : tour à tour équipe de volley-ball, ou membres indistincts de combat de rue, ou bien occupant le même poste répétitif au travail, ou rangés uniformément dans leurs lits superposés. Ils s’expriment même d’une seule voix, se cachant derrière leur pauvre condition mais ne décidant jamais d’y faire face de manière revendicative. Le portrait d’une jeunesse qui joue la débrouille en se serrant les coudes, à la limite de la délinquance. A l'inverse, Shimazaki (affublé de l'inscription "coward jap" sur le dos de son uniforme !) est individualiste et forte tête.
Utilisant majoritairement des plans larges pour embrasser l’ensemble de ces jeunes gens, il stigmatise leurs réactions immatures, instinctives (manger, jouer, courir les filles). Cette observation assez inédite est intéressante mais on se demande vite où le réalisateur veut en venir. Sans doute un prolongement, un peu plus documentaire, version classe défavorisée, des jeunes bons à rien de son premier film.

Deux protagonistes finissent par sortir du lot, et avec eux les scènes phares les mettant en avant, un viol et une agression. Deux séquences où le son de bruits quotidiens (annonces, commentaire sportif à la radio) est particulièrement bien utilisé pour créer un décalage. Mais comme des rivets solidement alignés sur une plaque de métal ils finiront par être repris par le groupe, pour survivre.
Le parallèle avec la vie de Shimazaki est plus d’une fois nébuleux, voire inefficace. Yoshida, esthète accompli, livre avec 18 jeunes gens à l'appel de l'orage un étrange film un peu fouillis, intriguant, avec quelques fulgurances, l’œuvre d’un artiste en pleine recherche qui n’a pas encore trouvé ses marques vers l’originalité engagée à laquelle il aspire. Sans doute un film de transition avant sa période plus ouvertement nouvelle vague.

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Alphonse Tram
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Message par Alphonse Tram »

bruce randylan a écrit :Wedding ( Yoji Yamada - Kazoku - 1970 )
Tu l'as vu par quel intermédiaire ?
Je me prendrais bien le coffret Yamada de chez Panorama pour les sta (il existe semble t'il des versions anamorphiques au Japon, sans sous-titres)
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Re: Topic naphtalinippon

Message par shaman »

Alphonse Tram a écrit :Tu l'as vu par quel intermédiaire ?
Le film a été diffusé à la Cinémathèque Française dans le cadre d'un hommage à Madame Kawakita.

Si tu es sur Paris, tu as encore l'occasion de pouvoir découvrir The Yellow Handkerchief de Yoji Yamada, projeté le 7 Juin à 19h00.
Dernière modification par shaman le 4 juin 08, 10:22, modifié 2 fois.
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