Marketa Lazarová (František Vlácil - 1967)
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Marketa Lazarová (František Vlácil - 1967)
Cette vaste fresque historique, joyaux du cinéma tchèque, vient récemment d’être éditée en dvd par le label anglais Second Run dans une copie qui permet enfin de profiter des somptueuses images noir et blanc prise par le chef opérateur Bedřich Batka. Le film, réalisé par František Vláčil se présente comme une chronique Moyenâgeuse et s’appuie sur le livre homonyme de l’écrivain Vladislav Vančura, publié en 1931. Le réalisateur cite également plusieurs passages de son ouvrage, Tableaux de l’histoire de la nation tchèque, écrit entre 1939 et 40.
Vančura qui collabora au script du film a également à son actif la réalisation de films important, tels que Du Côté du soleil (1933) et Marijka l’infidèle (1934) qui compte une musique signée Bohuslav Martinů. Des films malheureusement qui sont très difficile à trouver. Très intéressé par le surréalisme, le symbolisme et les techniques de montage du cinéma soviétique, Vančura a certainement contribué à donner au film cette touche singulière où coexiste plusieurs genres. Lyrisme poétique, épopée guerrière, violence, érotisme, expérimental…
Le réalisateur et son coscénariste František Pavliček, lui-même dramaturge, ont transposé l’histoire dans le haut Moyen Âge, au début du XIIe siècle, au moment où le christianisme naissant affrontait violemment le paganisme. L’intrigue décrit un monde barbare et violent où s’oppose deux armées rivales, tombés sous la domination du Christianisme allemand. En parallèle à l’action, on suit le parcours tumultueux de deux jeunes femmes, appartenant chacune à l’un des deux clans : Alexandra et Marketa Lazarová, interprétée par Magda Vášáryová. Cette dernière, enlevée par un chevalier païen, doit quitter le cloître et le service de Dieu, auxquels elle a été promise.
La narration, complexe, elliptique, parfois confuse utilise de nombreux flash-back et flashforward qui peuvent rappeler les techniques non narrative d’Alain Robbe-Grillet et du nouveau roman. La structure du film se divise en plusieurs chapitres qui s’ouvre chacun sur des cartons. Une technique narrative qui rappelle un peu Les Chevaux de Feu de Serguei Paradjanov ; on y retrouve d’ailleurs, comme dans ce denier, une abondance d’images poétiques et de métaphores qui n’ont rien d’artificiel ou de surajouté, une mobilité de la caméra, ainsi qu’une utilisation de la bande son particulièrement riche de sens.
Le réalisateur a aussi été fortement influencé par les méthodes de l’opéra. Comme le signale l’excellent critique américain Peter Hames dans le livret qui accompagne le dvd, il se serait inspiré de la forme musicale de la Sinfonietta de Leos Janáček. A cela s’ajoute une partition envoûtante signée Zdenek Liška, l’un des compositeurs de musiques de films tchèques les plus originaux qui a d’ailleurs largement contribué à l’émergence artistique de la Nouvelle vague Tchèque en collaborant avec des réalisateurs comme Věra Chytilová, Ján Kadár ou encore le slovaque Juraj Jakubisko.
Principalement axée sur le chœur (Féminin et Masculin), la musique évoque tour à tour le Chant Grégorien et les chansons du Moyen Âge. Partition étrange, expressive, exécutée sur des instruments primitifs, Flûte, xylophone, tambourins (Le compositeur en aurait même inventé pour l’occasion.) ; à mi chemin entre les rythmes archaïques de Carl Orff et le chant éthéré de Maurice Ohana ; souvent en contrepoint avec l’image, elle suit les mouvements nerveux de la caméra et contribue pleinement à la réussite du film.
Voici un extrait du film, où l’on peut voir le parcours chaotique du jeune Kristián, chevalier de l’armée des Saxons qui après une sanglante bataille, se retrouve seul au milieu d’un no man’s land – sorte de projection mentale de sa propre folie. Amoureux de la jeune Alexandra, qui appartient au clan rival, il est assailli de visions hallucinantes et entend la voix de son propre père qui lui ordonne de se débarrasser d’elle.
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mais il est temporairement out of stock, faut voir sur les sites anglais
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Je viens de le commander ( avec Knockabout de Sammo Hung )
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Les sous-titres anglais me vont trés bienjulien a écrit :Je tiens juste à préciser que le dvd est uniquement sous-titré en anglais. Mais bon c'est toujours mieux que rien.
julien a écrit : Franchement c'est à voir. Je place ça au même niveau qu'Andreï Roublev de Tarkovski.
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Pas tant que ça en fait. L'histoire s'inscrit dans une réalité historique. Ce n'est pas de l'héroïc Fantasy. Ce qui est plus singulier en revanche c'est le pouvoir symbolique conféré aux images (comme chez Paradjanov) et l'utilisation du montage alterné qui mélange différentes strates temporelles. (Comme on peut le voir d'ailleurs dans l'extrait).Rockatansky a écrit :J'aime bcp Roublev, ça m'a l'air plus ésotérique non ?
Je pense que tu va vraiment apprécier.bruce randylan a écrit :La coulée de bave c'est transformé en torrent !
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Re:
Début d'un cycle consacré au cinéma tchèque avec la découverte de ce film. Julien ayant déjà très bien introduit "Marketa Lazarova", je n'en rajouterai pas plus si ce n'est que c'est vraiment une oeuvre "oubliée" à (re)découvrir, et à la hauteur de sa réputation de film phare de la nouvelle vague tchèque. C'est d'une grande ambition, ça confine à la densité romanesque faite cinéma, c'est parfois épique voire brutal, ou alors carrément hypnotique/poétique/lyrique/élégiaque ; c'est truffé de plans recherchés, d'idées formelles probablement novatrices pour l'époque. Bref, un vrai grand film ayant trait notamment au paganisme, avec une âme typiquement slave. Foncez
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Re: Marketa Lazarová (František Vlácil)
Si tu as l'intention d'entreprendre un cycle, je te conseille aussi de visionner, Les Oiseaux, les orphelins et les Fous de Juraj Jakubisko, une sorte de "Jules et Jim" macabre et surréaliste dans lequel on retrouve d'ailleurs l'actrice Magda Vášáryová, qui interprète le rôle de Marketa Lazarova; mais peut-être l'a tu déjà découvert.Emergency a écrit :Début d'un cycle consacré au cinéma tchèque avec la découverte de ce film.
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Re: Marketa Lazarová (František Vlácil)
Je viens de débuter avec "Marketa Lazarova", mais je compte avoir à terme (cela pourra prendre 6 mois, 1 an ou plus, en fonction de l'accessibilité aux oeuvres et du temps pour les voir, sachant aussi qu'un "cycle" ne veut pas dire pour moi qu'il faille se concentrer uniquement sur cette cinématographie) un assez large panorama de la nouvelle vague, avec des oeuvres signées Vera Chytilova, Jiri Menzel, Juraj Herz, Jaroslav Papousek, Jan Nemec, Jan Kadar, Ivan Passer, Karel Kachyna, Jiri Weiss, Jaromil Jires et bien entendu le Milos Forman de première partie de carrière, mais aussi des films plus récents de Jan Sverak par exemple.julien a écrit :Si tu as l'intention d'entreprendre un cycle, je te conseille aussi de visionner, Les Oiseaux, les orphelins et les Fous de Juraj Jakubisko, une sorte de "Jules et Jim" macabre et surréaliste dans lequel on retrouve d'ailleurs l'actrice Magda Vášáryová, qui interprète le rôle de Marketa Lazarova; mais peut-être l'a tu déjà découvert.
Jakubisko fait aussi partie de mon programme, il va de soit
EDIT : tu m'excuseras pour le manque d'accents sur le nom des réalisateurs Puis tiens, comment tu prononces František Vláčil, par exemple ?
Dernière modification par Emergency le 14 avr. 08, 13:10, modifié 2 fois.
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Re: Marketa Lazarová (František Vlácil)
Je crois que l'on prononce "Franti-tchek Vlatsil" mais ne va pas te méprendre à mon sujet. C'est pas parce qu'un imbécile a écrit tchéque au dessous de mon nom que je m'y connais dans le domaine. Je m'intéresse plutôt au cinéma d'animation ou à des compositeurs un peu obscurs comme Zdenek Liska ou Lubos Fiser. Sinon le Milos Forman tchèque c'est intéressant, surtout Au Feu Les Pompiers qui est son film de la période que je préfère.Emergency a écrit :julien a écrit :EDIT : tu m'excuseras pour le manque d'accents sur le nom des réalisateurs Puis tiens, comment tu prononces František Vláčil, par exemple ?
Concernant la nouvelle vague tchèque, il existe aussi un livre passionnant écrit par le critique américain Peter Hames. Je ne saurais trop te le conseiller.
(en anglais seulement)
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Re: Marketa Lazarová (František Vlácil)
Zut, c'est un mythe qui s'effondre alors. Thanks quand même pour les infosjulien a écrit :mais ne va pas te méprendre à mon sujet
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