Notez les films naphtalinés (août 2005)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
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Shadows - John Cassavetes (1959)
Une famille (deux frères, une sœur) afro-américaine dans le New-York de la "beat generation" jazzy, entre jeunesse dorée et marginalité, ennui élégant et fiévreuse recherche d'identité.
Cassavetes vole comme personne le souffle de ses interprètes, les cadrant serré, les suivant jusque dans leurs sursauts, on a tout simplement l'impression de surprendre des moments de leurs vies! Personnellement, j'adore. Il n'y a pas besoin d'être plus démonstratif que ce film pour souligner la fragilité de l'intégration des Noirs dans la société américaine: il suffit à une jeune fille à la peau claire de présenter ses frères noirs à son petit ami blanc, et tout est dit. 9,5/10
La vie d'O-Haru, femme galante (Saisaku ichidai onna) - Kenji Mizoguchi (1952)
La lente déchéance d'une femme à qui l'on refuse le droit d'aimer (un homme, son enfant), et que la société dans laquelle elle vit instrumentalise à l'extrême.
Mizoguchi, lorsqu'il traite de la prostitution, atteint des sommets (il n'y a qu'à voir le déchirant La rue de la honte). Je trouve ce film-ci moins fort, probablement à cause de l'effet de sur-accumulation des infortunes successives de son héroïne. Je souffre de voir à quel point les femmes comme elle ont pu étre avilies et traitées comme des denrées commerciales, sans autre choix que de plier pour tenter d'éviter une disgrâce encore plus grande. 8,5/10
Une famille (deux frères, une sœur) afro-américaine dans le New-York de la "beat generation" jazzy, entre jeunesse dorée et marginalité, ennui élégant et fiévreuse recherche d'identité.
Cassavetes vole comme personne le souffle de ses interprètes, les cadrant serré, les suivant jusque dans leurs sursauts, on a tout simplement l'impression de surprendre des moments de leurs vies! Personnellement, j'adore. Il n'y a pas besoin d'être plus démonstratif que ce film pour souligner la fragilité de l'intégration des Noirs dans la société américaine: il suffit à une jeune fille à la peau claire de présenter ses frères noirs à son petit ami blanc, et tout est dit. 9,5/10
La vie d'O-Haru, femme galante (Saisaku ichidai onna) - Kenji Mizoguchi (1952)
La lente déchéance d'une femme à qui l'on refuse le droit d'aimer (un homme, son enfant), et que la société dans laquelle elle vit instrumentalise à l'extrême.
Mizoguchi, lorsqu'il traite de la prostitution, atteint des sommets (il n'y a qu'à voir le déchirant La rue de la honte). Je trouve ce film-ci moins fort, probablement à cause de l'effet de sur-accumulation des infortunes successives de son héroïne. Je souffre de voir à quel point les femmes comme elle ont pu étre avilies et traitées comme des denrées commerciales, sans autre choix que de plier pour tenter d'éviter une disgrâce encore plus grande. 8,5/10
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Très beau film, mais j'ai trouvé Les Musiciens de Gion encore plus fort.Jack Sullivan a écrit :La vie d'O-Haru, femme galante (Saisaku ichidai onna) - Kenji Mizoguchi (1952)
La lente déchéance d'une femme à qui l'on refuse le droit d'aimer (un homme, son enfant), et que la société dans laquelle elle vit instrumentalise à l'extrême.
8,5/10
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Sur le coup j'en ai pensé à peu près la même chose que toi : l'accumulation de malheurs m'a un peu fait décrocher, au bout d'un moment.Jack Sullivan a écrit :La vie d'O-Haru, femme galante (Saisaku ichidai onna) - Kenji Mizoguchi (1952)
La lente déchéance d'une femme à qui l'on refuse le droit d'aimer (un homme, son enfant), et que la société dans laquelle elle vit instrumentalise à l'extrême.
Mizoguchi, lorsqu'il traite de la prostitution, atteint des sommets (il n'y a qu'à voir le déchirant La rue de la honte). Je trouve ce film-ci moins fort, probablement à cause de l'effet de sur-accumulation des infortunes successives de son héroïne. Je souffre de voir à quel point les femmes comme elle ont pu étre avilies et traitées comme des denrées commerciales, sans autre choix que de plier pour tenter d'éviter une disgrâce encore plus grande. 8,5/10
Mais Kinuyo Tanaka est tellement exceptionelle !!! À chaque fois que je découvre un film de Mizoguchi, avec lequel elle a beaucoup travaillé, je suis soufflé par son immense talent et sa sensualité !
J'adorerais avoir les coffrets Mizoguchi, il y a dessus plusieurs films du maître que je n'ai pas encore découvert. Par contre, il n'y a pas Cinq femmes autour d'Utamaro et c'est dommage, c'est également un excellent film.
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Hier je me suis pris une grande claque avec Eve de Mankiewicz
Ou comment se faire mener par le bout du nez avec un plaisir de tous les instants. Acteurs parfaits, dialogues remarquables, mise en scène au diapason et scénario béton. Une plongée en eaux troubles, aussi bien dans le monde du théatre que dans les méandres de l'esprit de ceux qui le font vivre.
Je tiens mon film du mois !

Je tiens mon film du mois !
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Wouhouuuuuu!!!! Heureuse pour toi! C'est un des tous meilleurs films, pour moi!Best a écrit :Hier je me suis pris une grande claque avec Eve de Mankiewicz![]()

Rien ne saurait jamais égaler la fragilité enrobée de faux cynisme de Bette Davis dans ce rôle, ni le fiel classieux de George Sanders! Et ces dialogues, mamma mia!!!
- Coxwell
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Chien enragé (1949) de Akira Kurosawa
Que dire devant autant de maîtrise formelle et scénaristique ! C'est sidérant.
Une grosse claque, une leçon de cinéma dont certains metteurs en scène de téléfilms policiers racolleurs et consensuelles devraient prendre de la graine. Aucune facilité, aucun séduction trompeuse du spectateur, le polar noir de Kurosawa oscille entre l'écriture et l'atmosphère de Simenon, et la tension et la sobriété qu'on retrouvera dans le cinéma de Melville. Un flic tendu brillamment interprété par Toshiro Mifune, et un commissaire (Sâto) campé parTakashi Shimura, dont le personnage a tout du Maigret simenonien. Kurosawa ne s'en cache pas d'ailleurs, les clins d'oeil et les références abondent (porte cigarette, regard désabusé, sagesse, lucidité, écoute, contact social, absence de méthode précise d'investigation...).
Le cadrage est parfait, les plans en plongée et les fondus sont à couper le souffle. Rien à redire, tout est parfait d'un bout à l'autre, cette dernière séquence qui laisse sans voix. Au final, un film superbe, fort et oppressif, un chef-d'oeuvre en puissance. Film du mois !!
Que dire devant autant de maîtrise formelle et scénaristique ! C'est sidérant.
Une grosse claque, une leçon de cinéma dont certains metteurs en scène de téléfilms policiers racolleurs et consensuelles devraient prendre de la graine. Aucune facilité, aucun séduction trompeuse du spectateur, le polar noir de Kurosawa oscille entre l'écriture et l'atmosphère de Simenon, et la tension et la sobriété qu'on retrouvera dans le cinéma de Melville. Un flic tendu brillamment interprété par Toshiro Mifune, et un commissaire (Sâto) campé parTakashi Shimura, dont le personnage a tout du Maigret simenonien. Kurosawa ne s'en cache pas d'ailleurs, les clins d'oeil et les références abondent (porte cigarette, regard désabusé, sagesse, lucidité, écoute, contact social, absence de méthode précise d'investigation...).
Le cadrage est parfait, les plans en plongée et les fondus sont à couper le souffle. Rien à redire, tout est parfait d'un bout à l'autre, cette dernière séquence qui laisse sans voix. Au final, un film superbe, fort et oppressif, un chef-d'oeuvre en puissance. Film du mois !!

- k-chan
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Chef-d'oeuvre absolu !! Le plus beau rôle de Kinuyo Tanaka, parmis les films dans lesquels j'ai pu la voir. Les films de Mizoguchi sont les plus beaux du monde.Jack Sullivan a écrit :La vie d'O-Haru, femme galante (Saisaku ichidai onna) - Kenji Mizoguchi (1952)
La lente déchéance d'une femme à qui l'on refuse le droit d'aimer (un homme, son enfant), et que la société dans laquelle elle vit instrumentalise à l'extrême.
Mizoguchi, lorsqu'il traite de la prostitution, atteint des sommets (il n'y a qu'à voir le déchirant La rue de la honte). Je trouve ce film-ci moins fort, probablement à cause de l'effet de sur-accumulation des infortunes successives de son héroïne. Je souffre de voir à quel point les femmes comme elle ont pu étre avilies et traitées comme des denrées commerciales, sans autre choix que de plier pour tenter d'éviter une disgrâce encore plus grande. 8,5/10

+1 et -1 ! Mizoguchi, c'est toujours aussi grand.AlexRow a écrit :Très beau film, mais j'ai trouvé Les Musiciens de Gion encore plus fort.
Mizoguchi parle des femmes, d'une façon bouleversante. Je suis très sensible à cela et plus ça passe, plus ses films me touche. C'est très personnel en fait. Dans La vie d'Oharu..., si l'accumalation de malheurs que vit cette femme peut sembler pousser, je peux affirmer que ce n'est pas que de la fiction.-Kaonashi Yupa- a écrit :Sur le coup j'en ai pensé à peu près la même chose que toi : l'accumulation de malheurs m'a un peu fait décrocher, au bout d'un moment.
Mais Kinuyo Tanaka est tellement exceptionelle !!! À chaque fois que je découvre un film de Mizoguchi, avec lequel elle a beaucoup travaillé, je suis soufflé par son immense talent et sa sensualité !
J'adorerais avoir les coffrets Mizoguchi, il y a dessus plusieurs films du maître que je n'ai pas encore découvert. Par contre, il n'y a pas Cinq femmes autour d'Utamaro et c'est dommage, c'est également un excellent film.
... edit : j'ai la langue qui pend de trop c'est temps ci !

Ce que vie Oharu est terrible, terrifiant, mais non exagéré. La vie d'Oharu femme galante est un film cruellement et magnifiquement vrai, qui, comme tout les chefs-d'oeuvre de Mizoguchi, est hors du temps.
... ...
Kaonashi, je t'ordonnes d'acheter ces coffrets

J'aimerais que soit éditer également Les contes des chrysanthèmes tardifs, une merveille. Et j'aimerais pouvoir découvrir Le destin de Mme Yuki.
Copain !Coxwell a écrit :Chien enragé (1949) de Akira Kurosawa
Que dire devant autant de maîtrise formelle et scénaristique ! C'est sidérant.... Film du mois !!

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