Mais un événement inatendu viendra bousculer leur naïve tranquilité. La mort de l'un des habitants du Million Dollar Hotel aménera dès lors des changements, bénéfiques ou non, qui n'auraient jamais pu voir le jour sans cela.
Wim Wenders pose son regard une fois de plus sur des freaks. Que ce soit le personnage de Jeremy Davies, Tom Tom quelque peu retardé mentalement et qui tente maladroitement de séduire Eloise (magnifique Milla Jovovich). Ou encore la clique d'habitants de l'hôtel, qui comporte entre autres un indien cupide, un fan des Beatles se disant membre du groupe sans jamais avoir été reconnu et qui vit reclu dans sa chambre sans en être jamais sorti depuis 15 ans ou encore une vieille dame toujours heureuse et quelque peu en dehors des événements, Wenders reste toujours très respectueux de ses personnages.
Sans oublier Skinner (Mel Gibson), agent du fbi, qui essaie de faire oublier sa monstrueuse difformité dorsale et qui se retrouve à cotoyer cette faune dérangée, alors que son souhait est de ne justement plus jamais se retrouver parmis de telles personnes.
Nous assistons alors à cette confrontation d'un homme qui ne supporte plus ce qu'il est et veut se ratacher à la société, en montrant qu'il est normal, voir meilleur que ses collègues (son volonté absolue de trouver le meurtrier, quitte à contourner la loi pour y arriver, sa tentative de relation avec son amie au téléphone).
Le film pose aussi un regard sur la relation impossible de deux être dérangés, différents, et qui découvrent cette expérience magnifique de l'amour. Mais Wenders va plus loin que ça et dépeint un microcosme humain dans lequel toutes sortes de réactions et d'émotions se dégagent dès lors qu'un profit possible se pointe à l'horizon. Les freaks sont alors à nouveau dirigés par ce comportement désespérement humain qu'est la volonté de se mettre en dessus de la masse.
Wenders nous plonge dans un film à l'image constamment froide et bleutée, mais qui sera équilibrée par la douce chaleur des personnages.
Le film se laisser aller à quelques séquences oniriques, comme celle dans laquelle Tom Tom et Eloise rient sur le comportement faussement stupide de Tom Tom, nous impliquant alors dans ce trip constant des habitants de l'hôtel.
Le film est avant tout un hommage à ces personnes qui ont su vivre en marge et qui tendent à disparaître, à cause d'un monde qui tente de plus en plus de se faire de l'argent sur tout et n'importe quoi (le prouve cette séquence où le spécialiste en art moderne convainc les locataires que ces tableaux de goudron sont de la merde, mais de la merde qui se vend !).
Au final, et je parle pour moi là, ce film a été un petit bonheur, empreint d'une douce mélancolie quelque peu naïve, mais qui fait du bien, lorsque je n'allais pas très bien.
10/10
