Music Box (Costa Gavras - 1989)

[Colqhoun]

Music Box - Costas-Gavras

Un homme (Armin Mueller-Stahl), Hongrois vivant aux USA est accusé d'avoir commis des crimes de guerre, ce qui l'obligerait alors à renoncer à sa nationalité et à rentrer en Hongrie pour se faire juger.

Sa fille (Jessica Lange), avocate, décide de prendre sa défense et de découvrir le passé paternel.

Ce film traite des liens familiaux mis à l'épreuve, mais aussi et surtout que rien ne peut rester ignoré éternellement et qu'au final, on récolte ce que l'on sème.
A travers une série de scènes de tribunal, nous découvrons petit à petit l'histoire d'un homme qui a réussi et qui se retrouve face à certaines vérités qui risquent de boulverser bon nombres de choses en place.

Costa-Gavras, une fois de plus, nous livre un drame sur fond politique, traitant très simplement d'une histoire terrible, sans effets superficiels, avec une mise-en-scène sobre et directe.

[Brice Kantor]

Esztherhas reprend pour son script un principe assez proche de son "Jagged Edge" (une avocate défend un homme aimé, est-il coupable?), mais appliqué au crimes nazis et au poids du passé qui rend l'ensemble autrement plus dense. Le scénariste et Costa Gavras s'était déjà penché sur le bête dans le bon polar "Betrayed" (aka "La main droite du Diable")...

Costa est peut-être moins à l'aise avec le film de tribunal à l'américaine... La succession de témoignage très fort qui est censé nous plonger dans le doute semblent plaqués, tandis que le réalisateur prend son décor par tous les angles, donnant de son tribunal un endroit ou l'on prend constemment de la distance. L'efficacité du réalisateur marche un peu au ralenti, mais la raideur est toujours là. On se doute que comme dans "Amen", Gavras préfère suggérer que de jouer au chantage à l'émotion. Tout à son honneur, mais on se demande si c'est réellement convaincant. Jusqu'à ce que...

Jessica Lange et Armin Mueller-Stahl portent littéralement le film sur leurs épaules tellement leurs prestations sont d'un haut niveau. Plus que la mise en scène, c'est entre ces deux acteurs que le drame transparait et touche directement le spectateur. Ce ne serait pas suffisant si, une fois sortis du prétoir, Costa Gavras ne nous offrait pas un dernier quart d'heure réellement bouleversant qui fait sans doute partie de ce qu'il nous a offert de plus fort... Impression de victoire à l'arrachée donc, mais belle victoire quand même, tend le film apparait juste.

A noter le très beau score de Philippe Sarde.

4/6

[Beule]

L'un des rares Costa-Gavras qui ne m'avait pas donné l'impression de tout sacrifier au schématisme de la démonstration.
Un film que j'avais adoré lorsque je l'avais vu, mais ça date d'il y a 14 ans...

[Joshua Baskin]

J'avais adoré sur M6.

[Solal]

L'un des rares Costa-Gavras qui ne m'avait pas donné l'impression de tout sacrifier au schématisme de la démonstration.
Un film que j'avais adoré lorsque je l'avais vu, mais ça date d'il y a 14 ans...

Même sentiment.

Revu il y a quelques années, moins enthousiaste mais pas franchement déçu.

[Martin Brody]

Tout à fait d'accord avec Mac Lean. J'ai quand même été épaté qu'un scénariste aussi surfait qu'Eszterhas ait écrit quelque chose d'aussi bon.

[Brice Kantor]

Tout à fait d'accord avec Mac Lean. J'ai quand même été épaté qu'un scénariste aussi surfait qu'Eszterhas ait écrit quelque chose d'aussi bon.

Ce n'était pas forcément un mauvais scénariste, et on peut observer que dans beaucoup de ses scripts, il y avait cette figure récurrente assez intéressante du héros confronté à une personne soupçonnée, dont on ne sait si elle est bonne ou mauvaise...

Sa "fuck attitude" primaire qui a suivi "Basic Instinct" l'a démoli.

[aurélie]

Juste avant d'exclure ce film de mon top 100*, et parce que je l'ai revu sur teva cette semaine, j'aimerais dire un mot dessus.

J'aime beaucoup ce film : l'interprétation est excellente (génial lange), le scénario aussi, le score génial etc...
J'ai particulièrement aimé tout le segment en hongrie.

*par souci de diversification des genres notamment

Spoiler (cliquez pour afficher)

Le paroxisme est évidemment cette scène entre lange et Mueller-Stahl à la fin du film.
C'est un homme qu'elle aime, qui l'a bien éduqué, c'est son père mais d'un autre côté y'a toute cette horreur qu'il a fait avant même qu'elle soit né.
C'est déchirant de la voir être désamparé, pleine d'amour (elle le sert dans ses bras en lui disant qu'elle l'aime d'ailleurs avant de le repousser) mais aussi de colère.

[Nestor Almendros]

SPOILERS
Première revoyure depuis 15 ans, j'en gardais un excellent souvenir, le film reste toujours très fort aujourd'hui.

J'ai moins de réserves que Brice sur la grande partie du film, même si je pense que le schématisme américain (le bien/le mal) transparait beaucoup dans certains détails, mots dits. Le déroulement de l'intrigue, malgré son efficacité, rappelle une progression logique et déjà vue au cinéma (en effet comme dans A DOUBLE TRANCHANT, avec les successions de scènes de tribunal).

Dans le dernier quart d'heure, l'efficacité du suspense prend une dimension dramatique supplémentaire, tragique, dans l'environnement familial et humain (pour Jessica Lange), sur le poids du passé et sa cohabitation avec le présent, sur la redécouverte de personnes que l'on pensait connaitre (et adorer). La scène du face à face entre Jessica Lange et Armin Mueller-Stahl (tous deux excellents) est réellement poignante.

[nobody smith]

MUSIC BOX de Costa-Gavras
J’ai lu un peu partout qu’on reprochais au scénariste Joe Eszterhas d’avoir découvert avec basic instinct qu’il pouvait indéfiniment servir le même scénario. À la découverte de ce music box, j’ai envi dire que Eszterhas n’a pas attendu le succès du film de Paul Verhoeven pour s’en rendre compte. Certes le film de Costa-Gavras n’a rien à voir avec le thriller érotique. Toutefois, cette histoire de procès autour d’un criminel de guerre repose sur une mécanique similaire de “suspense”. Suspense entre guillemets puisqu’en soit, il n’y en a pas. Malgré un script qui semble chercher jusqu’à la fin à nous faire douter sur la nature du personnage questionné, on saît rapidement à quoi s’en tenir comme se fut le cas avec Catherine Tramell. Pour autant, il s’agit là d’un film passionnant et exploitant brillament les rapports entre les personnage jusqu’à l’inévitable chute. Le film offre également une intéressante déconstruction du système judiciaire et notamment de la défense dont la seule parade est d’éluder le problème soumi. Quelques excellentes interprétations viennent couronner le tout.

[AtCloseRange]

Ce chef d'oeuvre repasse en ce moment sur Ciné Cinéma Star.
C'est vrai que j'ai du mal à imaginer que cette merveille de scénario soit l'oeuvre d'Eszterhas mais le sujet devait lui tenir vraiment à coeur.
Un sujet extrêmement fort, une interprétation extraordinaire (la prestation de Jessica Lange est au-delà de tout éloge - voir sa poignante dernière scène avec son père), mise en scène inspirée de Costa-Gavras et pourtant, il y a peu de chose de plus barbant (ou convenu) habituellement que ces scènes de procès.
J'ai beau revoir ce film assez souvent, il garde toujours la même force et se révèle d'une subtilité sans failles.
Les séquences hongroises sont particulièrement émouvantes et arrivent par un simple plan paisible des rives du Danube actuelles à faire renaître des images du passé.
Ah, si seulement, on avait pu se passer de la dernière minute, le film aurait été parfait!

[Watkinssien]

Même si je suis moins enthousiaste que AtCloseRange, je le rejoins dans les qualités émises de cet excellent film de Costa-Gavras.

D'ailleurs je pense que c'est son meilleur film américain, celui qui épouse le mieux les composantes identitaires de ce cinéma et les valeurs autonomes du cinéaste.

[Demi-Lune]

Même si je suis moins enthousiaste que AtCloseRange

Pareil, je ne parlerai pas de chef-d'oeuvre à son égard mais il s'agit néanmoins d'une belle réussite à mon sens sur un sujet délicat et grave, sublimé par les prestations d'Armin Mueller-Stahl et Jessica Lange (tout particulièrement cette dernière, qui manque beaucoup au cinéma américain je trouve). Dans mon souvenir, les vingt dernières minutes (la fameuse ouverture de la boîte à musique et la longue conversation qui s'en suit) sont intenses et superbes.

[AtCloseRange]

Pour reprendre la discussion sur le chef d'oeuvre il est à 2 doigts d'en être un pour moi puisqu'il lui manque peut-être au film cette dimension de dépassement de lui-même. Mais un grand film, je maintiens.
Et sur ce sujet (ou autour de ce sujet), on n'a jamais fait mieux et le mérite en revient essentiellement au scénario et à la prestation de Jessica Lange (nommée aux Oscars mais elle ne l'a pas eu). Et je ne peux pas vraiment laisser faire un comparaison avec la mécanique du Verhoeven ou celle d'A Double Tranchant. Ici il n'y a justement quasiment pas de mécanique ici, de suspense (je ne me rappelle pas vraiment en avoir ressenti à la première vision). Ce qui compte, c'est le voyage intérieur de Jessica Lange. Un questionnement sur l'identité, sur ce que l'on sait de ses parents, sur la transmission, la mémoire.
La scène dont tu parles, Demi-Lune, est moins longue que ça mais c'est justement le genre de scène qui est systématiquement raté parce que tout est trop attendu, un peu comme une scène en trop alors qu'ici, c'est la cerise sur le gâteau parce que même si on touche à la conclusion, il reste encore de nombreux enjeux et c'est encore la confrontation des acteurs qui rend cette scène magnifique.
En fait, je l'ai regardé pour me consoler de la copie pourrie de l'Ami Retrouvé vu que j'ai toujours trouvé qu'il y avait une certaine connexion entre ces 2 films.

[riqueuniee]

Il y a quand même un peu de suspense,ne serait-ce que de savoir comment l'héroïne réagira s'il est prouvé que son père est réellement un criminel de guerre recherché.
Ne pas oublier l'excellente prestation d'Armin Mueller-Stahl.
Le film a d'ailleurs aussi le mérite de nous rappeler que les criminels de guerre ne sont pas des psychopathes genre Hannibal Lecter,mais des gens comme tout le monde.
Les scènes de tribunal,en particulier les témoignages des victimes sont remarquables.
Un très grand film,un des meilleurs sur le sujet.Et un des meilleurs scenarios d'Esterhaz (avec F.I.ST.,de Jewison,une fiction très inspirée par l'histoire de Jimmy Hoffa).Dans les deux cas,les héros (Jessica Lange ici,Stallone dans F.I.ST.) sont d'origine hongroise...