Le 13ème Guerrier (John McTiernan - 1999)

[jacques 2]

Querelles d ego sur le tournage ... Mais de l eau a coulė sous les ponts depuis et les propos sont dėsormais beaucoup plus nuancės ...

[odelay]

Reçu et visionné : vraiment un grand film et un superbe travail éditorial qui clarifie les choses et démythifie le fameux director's cut qui finalement - au vu des infos ici compilées et du superbe livret - n'a pas vraiment de raison d'être (ou d'être fantasmé ) ...

Je suis partagé, je n'ai pas lu le livret (car j'ai pas encore reçu mon blu ray), sur le fait que la version de McTiernan ne serait que de 10 minutes de plus... Mais alors si la diffèrence avec le résultat final n'est pas aussi énorme qu'on l'aurait supposé ou fantasmé, pourquoi Crichton a mis 2 ans à sortir sa propre version du film ?

Et pourquoi McT a parlé de "boucherie" ?

A-t-il vraiment parlé de "boucherie" ? Ou n'était ce pas plutôt des propos attribués par des journalistes? En tout cas il n'y pas que la différence de 10 min entre les deux versions, il faut rajouter qq retakes, certaines faites par McT (la découverte de la cabane avec les trucs gores notamment), d'autres dirigés par Crichton (le combat avec la mère des Weldon, des inserts plus violents comme le coup d'épée du chef Viking contre un des siens lors du repas des funérailles, la mise en avant du chef des Weldon...). Certains de ces ajouts sont intéressants, d'autres peuvent laisser perplexes. On a souvent dit que c'était Crichton qui avait resserré l'intrigue sur le personnage de Banderas (d'où le changement de titre) et en fait il n'en est rien, surtout que l'acteur n'était plus dispo pour la plupart des retakes. Pour moi, le plus grand manque reste toujours le manque de réaction une fois que Banderas ait été désigné comme étant le 13ème guerrier.

En tout cas cette édition est formidable même s'il est vrai qu'on aurait peut être aimer avoir qq fois une image un petit peu plus définie et des scènes sombres un peu mieux tenues (quoique celles dans le noir avec les flammes qui brulent tout sont superbes). Et le livret qui accompagne est absolument passionnant à lire et une mine d'informations. Donc il serait vraiment dommage de passer à côté de ce premier tirage collector.

[jacques 2]

En tout cas, ce director's cut n'est finalement qu'un mythe, récusé par le réalisateur lui-même dans les bonus et reportages présents dans les bonus de l'édition définitive que constitiue ce blu ray.

En effet, il ne faut pas croire toutes les rumeurs :
-non, la scène de la baleine n'a jamais été finalisée (pour cause de panne d'animatronique)
-non, il n'y a pas 45 minutes de scènes coupées restées sur la table du montage
- etc, etc ...

Si vous voulez vraiment savoir tout sur ce film magnifique en l'état, scrutez au plus profond (livret, piste trivia et documentaires du présent BD) et vous saurez enfin qu'il ne faut pas confondre fantasme et réalité : John Mc Tiernan lui même s'en explique ici sans détours ...

[Outerlimits]

Ce qui est curieux c'est quand même la durée si faible du film en l'état (quelque chose comme 1h35), sans compter le budget pharaonique (160 millions de dollars) ; tout cela pourrait laisser penser qu'il y a plus de 10 minutes sacrifiées.

[Jericho]

Oui depuis j'ai lu le livret, j'ai maté tous les bonus, quand bien même, il y a trop d'éléments éludés pour prendre ce qui est dit pour argent comptant.
Un peu décevant d'ailleurs ces bonus, pas assez exhaustif à mon goût.

[jacques 2]

Je ne vois vraiment pas ce que l'on pouvait espérer de plus mais bon ...

[Jericho]

C'est pourtant limpide: ils auraient pu étayer à propos de leur divergences d'opinions, raconter ce qu'il s'est passé une fois le tournage terminé... Au lieu de noyer le poisson.

[jacques 2]

Etayer quoi ?

Il faut lire entre les lignes : deux fortes personnalités se sont affrontées pour le pouvoir ...

Mc Tiernan reconnaît lui même que, mis à part la fin, le montage actuel lui convient parfaitement alors ...

Si l'on préfère se référer à la théorie du "complot" et penser qu'un autre montage potentiel sommeille quelque part et améliorerait encore le film , libre à chacun de fantasmer mais, quant à moi, ma conviction est faite après avoir lu et entendu tous les bonus ...

[Jericho]

La théorie du complot... LAULE
On s'en fout c'est juste un film, et qui a de très beaux restes au demeurant.
Il est regrettable qu'ils restent à la surface des choses, même pour un film n'ayant pas eu de problèmes de productions, cela aurait été léger.

[jacques 2]

C'était une boutade : j'espérais que tu le comprendrais ...

Pour le reste, discuter de choses non vitales (quoique ...), c'est ce que font à longueur d'année(s) lmes passionnés de cinéma, non ?

Et, encore une fois, je trouve les bonus tout sauf "légers" en quantité comme en qualité ...

[cinephage]

Il faut surtout voir qu'un making of, une interview et autres "bonus" sont des documents promotionnels, considérés comme tels par ceux qui l'ont produit. Sur tous les tournages que j'ai pu connaître en profondeur, le récit du making of et celui de la fabrication du film sont très différents. Non que le "discours officiel" soit forcément faux, mais il occulte toujours une partie, parfois très importante, parfois moins, du récit de la fabrication du film.

Maintenant que je bosse pour des ricains, je constate que cet écart est encore plus large, le service marketing, et non la production, pilotant ce type de documents. En même temps, comment dire qu'on a improvisé une séquence suite à une crise de nerf de l'acteur principal, alors qu'on tient à ne pas se facher avec lui ? Que le réal exige tel décor pour rivaliser avec un autre plutôt que par pragmatisme ? Qu'une dispute entre deux collaborateurs a débouché sur le fait que l'un aie dû avaler des couleuvres et fermer sa gueule ?? Que la tréso du film est bloquée parce que son comptable a été foutu en prison pour malversation ?? Il y a forcément des limites à ce type d'exercice, des sensibilités à ménager, quelque part, c'est un petit peu comme une histoire d'amour, au niveau de l'intimité : on n'en raconte pas forcément tous les détails aux autres, on peut se contenter de dire "on est ensemble, on est heureux", ou garder une ou deux anecdotes réelles, ça n'empêche qu'on en occulte forcément quelques parties plus inavouables, qu'on n'a pas envie de partager avec des tiers...

Du coup, s'il reste toujours intéressant de voir ce qu'un collaborateur dit de son film, il faut aussi savoir l'écouter avec un peu de recul.

[jacques 2]

OK mais, dans ce cas précis, les documentaires du Bd ont été faits avec beaucoup de recul temporel d'ou un langage beaucoup moins "langue de bois" qu'à l'accoutumée.

Mais la déception de tous ceux qui avaient espété une version plus longue de ce très beau film est compréhensible : ce n'est toutefois pas la réalité, voilà tout ...

[Jericho]

OK mais, dans ce cas précis, les documentaires du Bd ont été faits avec beaucoup de recul temporel d'ou un langage beaucoup moins "langue de bois" qu'à l'accoutumée.

Justement c'est ça qui est le plus décevant dans l'affaire. On n'est pas dans le making of promotionnel d'un blockbuster lambda, mais on ne bascule pas dans le document riche en informations pour autant.

Après tout ce qui a été rapporté à propos de la director's cut sur internet, les témoignages, les déductions, l'assemblage d'infos, etc... On est en droit d'exiger plus que d'un simple: "non c'est faux".

[cinephage]

Malgré l'écart temporel, une grosse partie des intervenants de ce film sont encore en fonction, et McTiernan n'est pas vraiment en mesure de se faire des ennemis. Rien que les circonstances présentes l'entourant me semblent suffisantes pour comprendre que ce n'est pas aujourd'hui qu'on entendra un discours pur et dur remonté contre ses producteurs : ça reste, aujourd'hui encore, une façon durable de se griller. Paradoxalement, les producteurs sont sensibles aux hommages des artistes qu'ils emploient (cf les remerciements aux Oscars, mais souvent même aux Cesars).

Si tant est que ce soit la vérité, pour ma part, je n'en sais rien...

[Jericho]

Je cite Arnaud Bordas:

"Hier soir, j’ai enfin regardé le documentaire « À la recherche des mangeurs de morts » figurant sur le Blu-Ray du 13e Guerrier de John McTiernan. Et je dois dire qu’il y a quelque chose qui me chiffonne un peu : à la sortie du Blu-Ray, en novembre dernier, sur la base de ce documentaire et du livret très bien fait qui l’accompagne, la plupart des commentateurs ont déduit que le mythique director’s cut que tous les fans du film espéraient n’existait pas. La plupart de ces commentateurs s’appuyaient sur une déclaration de McTiernan dans le documentaire en question : « Il existe la version du réalisateur, qui est différente à plusieurs égards. Mais je ne peux pas clamer qu’un chef d’œuvre sommeille quelque part, au fond d’un tiroir. ». Et, à la fin du livret qui accompagnait le Blu-Ray, reprenant une phrase de McTiernan datant de la promotion de Basic, en 2003, et selon laquelle le metteur en scène déclarait assumer le montage actuel à l’exception de la fin, l’auteur concluait : « Il n’y a donc qu’un seul et unique montage du 13e Guerrier, celui sorti en salles que vous retrouvez aujourd’hui dans cette édition Blu-Ray ! ». (on notera le point d’exclamation, qui a tendance à bien appuyer le caractère définitif de l’affirmation) Or, j’ai rencontré deux fois McTiernan ces dernières années : en 2003, à Paris, pour la promo de Basic, et en 2010, au festival de Gérardmer, alors qu’il était président du jury. A chaque fois, le metteur en scène m’a paru profondément déprimé, par la tournure de sa carrière et par ses ennuis judiciaires, peu enclin à parler de ses anciens films, qui faisaient partie selon lui d’un passé révolu. Je pense qu’il se contrefiche de l’édition éventuelle d’un director’s cut du 13e Guerrier et qu’il n’a pas envie de se pencher à nouveau sur ce film qui a coûté très cher, qui a été un échec et qui lui a valu de nombreux ennuis avec le défunt Michael Chrichton, producteur du film et par ailleurs auteur du roman original dont est adapté le film. Et pourtant, en regardant le documentaire, je suis tombé sur une déclaration troublante de Vladimir Kulich, interprète de Buliwyf, dont personne ne m’avait parlée jusqu’ici. Histoire de montrer son absence d’affect vis à vis de McTiernan, il faut noter que le comédien précise un peu plus tôt dans le documentaire qu’il est devenu ami avec Michael Chrichton au cours de la production, qu’il déplore les chamailleries de Chrichton et de McTiernan et qu’il tient les deux hommes pour des créateurs talentueux. Et donc, vers la fin du documentaire, voici ce que déclare Kulich : « Le montage de Michael est une version simpliste de la vie. Celui de McTiernan est une version extrêmement riche et complexe de la vie. Le cinéma, ce sont des images en mouvement. Ce sont le mouvement et les images qui racontent l’histoire. Chrichton était écrivain. Pour lui, le récit passait par les mots, les dialogues. A aucun moment, il ne trouvait un dialogue déplacé. McTiernan, lui, laisse les silences et les émotions évoquer le sens plus profond de l’histoire. Pour moi, c’était un crève-cœur qu’on ne garde pas son montage, car c’était un montage magnifique, vraiment magnifique. ». Donc, il n’existe sans doute pas un montage de 2h40 comme on avait pu le croire à l’époque mais pour ma part, je continue de penser qu’il existe quelque part un director’s cut qui surpasse la version actuellement disponible. Et je crois qu’il est un peu hâtif de légitimer le montage actuel du 13e Guerrier sur la base de déclarations laconiques d’un réalisateur peu réputé pour sa vantardise. Aujourd’hui, encore plus qu’hier, je donnerais beaucoup pour voir le director’s cut du 13e Guerrier."