Inferno (Dario Argento - 1980)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par Demi-Lune »

M le maudit a écrit :Qu'on ne me parle pas d'Opera. :P

Que ce film soit considéré par certains comme un classique me laisse sans voix. Cet inqualifiable navet ressemble davantage à un suicide artistique qu'à quoi que ce soit d'autre. Le jeu des acteurs est d'une médiocrité sans nom, rehaussée par un doublage sans émotion et visiblement fait à la sauvette. Le scénario est pauvre et décousu, bourré de trous et d'invraisemblances insoutenables et la trame sonore power metal gâche le peu de plaisir que l'on pouvait tirer des scènes de meurtres. Je peux lui accorder une grande qualité au niveau des techniques de caméra mais c'est bien tout ce qui m'a plu dans ce gâchis. Et la finale dans l'herbe avec les insectes et le meurtrier qui revient de nul part: risible...
Oulah, tu y vas fort, quand même.
Perso, je ne me hasarderai pas à dire que le scénario est époustouflant : il ne l'est pas, c'est clair. Mais de là à dire d'Opéra que c'est un inqualifiable navet, c'est mésestimer ce qui me semble être la nature première du film (un tour de force technique, un exercice de style où la caméra d'Argento s'offre tous les défis), et c'est un peu faire erreur sur la démarche d'Argento post-Ténèbres voire même post-Profondo Rosso. C'est-à-dire qu'à partir de Suspiria, le scénario chez Argento n'est plus qu'un support forcé qu'il brade pour mieux imposer un spectacle formel et sensitif, bariolé et fou. Argento se fout désormais d'une quelconque cohérence scénaristique, seule semble compter la toute-puissance formelle. Je n'ai pas encore vu Inferno mais apparemment, cette logique y est encore plus poussée.
Après Ténèbres qui est relativement plus classique, il se carre de la vraisemblance scénaristique avec Phenomena et plus encore Opéra.
Phenomena a l'avantage de présenter deux des personnages les mieux (ou "moins mal" :mrgreen: ) écrits du cinéma d'Argento (Jennifer Corvino et McGregor) mais on se rend bien compte que le cinéaste recherche moins du réalisme qu'une certaine forme d'émerveillement, de poésie macabre tout droit inspirée par quelques contes populaires.
Quant à Opéra, c'est vraiment pour moi un exercice de style où Argento se tape royalement de son whodunnit (nullissime) pour mettre en boîte les plans les plus dingues. Techniquement, Opéra est un tour de force et je crois que c'est d'abord sous cet angle qu'il faut le considérer.

Je n'ai pas encore vu les premiers films d'Argento mais a priori, je serai client. Pour moi, Argento c'est 1969-1987, avec l'ultime round qu'est Le Syndrome de Stendhal. Après, les choses se gâtent quand même pas mal. Profondo Rosso est effectivement son meilleur film car il allie précisément rigueur formelle et intrigue bien branlée. Le cinéma d'Argento peut sembler creux (malgré les deux réflexions antoniono-hitchcockiennes que sont Profondo Rosso et Le Syndrome de Stendhal) et mal joué, c'est avant tout un formaliste.
M le maudit a écrit :Pour Ténèbres, ce type d'histoire m'a semblé étrangement familier, sans que je puisse pour autant nommer précisément les films qui adoptent le même patron, mais ça n'empêche pas que j'avais deviné la fin avant la moitié du film.
Basic Instinct reprend un peu le même schéma (des meurtres appliqués selon les descriptions d'un roman).
Perso, je n'ai vu pas vu la fin (jouissive tant elle multiplie les twists) arriver, et je l'ai donc savourée à sa juste valeur. :mrgreen:
Dernière modification par Demi-Lune le 6 juil. 13, 11:57, modifié 2 fois.
M le maudit
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par M le maudit »

Autant j'y vais peut-être fort sur la critique, autant tu y vas fort sur l'éloge. :P

Sincèrement, tu as peut-être une sensibilité "argentienne" que je ne possède pas, mais je n'ai jamais poussé mon analyse du cinéma d'Argento aussi loin. Pour moi, il est et restera toujours l'homme de quelques deux ou trois bons films, qui s'est par la suite essoufflé mais qui surfe sur la vague grâce au support inconditionnel de ses fans. "Opera" comme exercice de style, peut-être, mais encore là... Si un cinéaste abandonne tout à fait toute volonté d'offrir un bon scénario et de diriger convenablement ses acteurs, alors à quoi bon.

En tous cas pour moi "Opera" ne sera jamais "foudroyant" dans quelque mesure que ce soit.
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Demi-Lune
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par Demi-Lune »

M le maudit a écrit :Sincèrement, tu as peut-être une sensibilité "argentienne" que je ne possède pas, mais je n'ai jamais poussé mon analyse du cinéma d'Argento aussi loin.
Je ne crois pas avoir de sensibilité argentienne, ni même avoir poussé une quelconque analyse de son cinéma. Et je suis loin d'être un fan inconditionnel (certains s'en chargent mieux que moi sur ce forum :mrgreen: ), même si je suis un gros client de son âge d'or (1969-1987, donc). Si l'on regarde un peu sa filmographie et son déroulement chronologique (Suspiria est quand même une fracture assez nette dans la démarche du cinéaste), on voit rapidement les évolutions esthétiques et narratives. :wink:
Et je maintiens pour Opéra : jusqu'à l'épilogue suisse, ça déchire tout. :mrgreen:
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par mannhunter »

Demi-Lune a écrit :Et je maintiens pour Opéra : jusqu'à l'épilogue suisse, ça déchire tout. :mrgreen:
j'inclue pour ma part aussi l'épilogue qui renvoie et prolonge la thématique de "Phenomena",et rehaussé en outre par le superbe morceau de Claudio Simonetti. :wink:
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par mannhunter »

M le maudit a écrit :Inferno souffre à mon avis d'un mal qui afflige beaucoup de films d'Argento: une technique générale impressionnante, mais un scénario somme toute assez pauvre. Pour Inferno, l'histoire est "semblable" à celle de Suspiria, mais avec un peu moins de développement. Le spectateur est jeté dans l'intrigue dès le début et Argento se fout visiblement de donner de la profondeur ou des motifs à ses personnages. Ils sont juste là pour faire évoluer le récit, point.
c'est assez vrai,car ce sont les films les plus purement formalistes du cinéaste,qui reposent essentiellement sur la combinaison couleurs/caméra/décors/musique...le cinéma d'Argento deviendra plus incarné à partir de "Phenomena".

M le maudit a écrit :un doublage sans émotion et visiblement fait à la sauvette. Le scénario est décousu, bourré de trous et d'invraisemblances
Je peux lui accorder une grande qualité au niveau des techniques de caméra
Le jeu des acteurs est un brin froid et mécanique
oui...tout ça c'est typique de son cinéma.


Major Tom a écrit :Ouais enfin, tu enlèves la musique de Morricone pour Le Syndrome de Stendhal et le film ne vaut plus grand-chose. :)
c'est bien,tu viens de découvrir l'importance de l'utilisation de la musique chez Argento :wink: ...un peu comme le De Palma de la grande époque quand il était plus qu'épaulé par Pino Donaggio. :uhuh:
M le maudit a écrit :M'enfin, je n'ai jamais vraiment compris la grandeur d'Argento. Outre Deep Red, The Bird with the Crystal Plumage et peut-être Suspiria, l'ensemble de sa production m'a semblé assez médiocre.
Major Ryder Deckard Rider Metal McGregor...on t'a reconnu!!! :lol:


bon pour la suite du débat "pour,contre ou mitigé" c'est par là :) :

http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... &start=360
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Major Tom
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par Major Tom »

Ce topic m'a quand même donné envie de revoir le film. Ça n'était pas la meilleure des idées que j'ai eu là. :mrgreen:
Jake Scully a écrit :Une bonne poilade. :mrgreen:
Pas du tout en fait.
Après coup, il faut dire qu'on s'ennuie davantage qu'on ne se marre devant ce film. Sans sarcasme (ça fait longtemps que j'ai arrêté mais, comme les multis, Manny est le dernier à y croire encore :lol: ), j'avoue que j'en avais un meilleur souvenir, en l'ayant pourtant vu il y a un bail, comme la plupart d'entre vous, sur M6, en VF censurée... :|

Dès le début, j'ai trouvé le temps long et la manière de raconter assez insipide, les éclairages bleu et rouge étant pour le coup plutôt ringards. Autant le kitsch marchait avec le décor Art Nouveau de Suspiria à Fribourg, autant ici dans le New York d'Inferno, avec le mauvais jeu des comédiens qui enfonce le clou, cela ressemble à un mauvais téléfilm. Ça devient même très chiant au bout d'un moment, car beaucoup de choses se répètent à l'instar de cette phrase inutile en OFF au début: "La seconde clé est cachée dans la cave." On ne se surprend même pas de répondre à la télévision: "Sans blague? Merci, j'avais déjà oublié." Par contre, la mort de Sarah est marrante, c'est vrai. C'est étiré en longueur avec Carlo qui tombe sur elle et on voit bien qu'elle fait exprès de rester sous lui, elle essaie de le repousser, lui bave du sang, la réalisation en fait des tonnes (en champ/contre-champ sans varier les cadrages, mais bon, tout le film est comme ça), bref... :) Dans le comique, citons en vrac la fin avec le squelette de BD (d'ailleurs les lumières rouge/bleu ici m'ont fait penser à du Lucky Luke), la scène des rats qui attaquent l'antiquaire ou celle des chats qui attaquent Élise, ou encore la scène où Rose parle (ou plutôt essaie de parler) à son frère Marc au téléphone (dans le premier plan montrant la sœur, on voit sur l'écran un écriteau "New York, la même nuit en avril", fort utile). :mrgreen:
Si Argento est un mec avec de bonnes idées, il est loin d'être d'un perfectionnisme à la Von Stroheim c'est le moins qu'on puisse dire: il y a toujours beaucoup de défauts de mise en scène et même de montage. Le film date de 1980 et Argento a déjà plusieurs années de réalisation derrière lui. Mais je peux citer une longue liste de films contemporains des films d'Argento à côté desquels les siens font déjà "vieillot", et pas forcément une liste avec des noms comme Kubrick, Hooper, Schlesinger, Polanski ou De Palma. Mais je le redis, il a souvent de bonnes idées et ça donne souvent des scènes intéressantes. Cela dit, je n'en retiens pas beaucoup de ce film. Et je suis de moins en moins "touché" par ce genre de cinéma d'épouvante, ça n'aide pas.
La musique de Keith Emerson n'est pas terrible non plus.
Au départ, je voulais aussi revoir Phenomena, mais finalement après cette vision d'Inferno, j'abandonne Argento pour un long moment.
Ben Castellano
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par Ben Castellano »

C'est toujours la même histoire de "nos amis les vraisemblant" :) (j'aime bien cette expression de l'entretien Hitchcock/Truffaut)

Les voix off chez Argento (comme les cartons) n'ont pas je pense pour prime sens d'être "utile' à une histoire, c'est comme celle du début Suspiria qui se fond dans la musique du générique... De même dans Phenomena il n'y a qu'une seule phrase en voix off qui n'a aucun sens "narratif": "C'est ainsi que Jenifer arriva dans sa pension en suisse"... Ce n'est pas du tout un outil pour mener un récit, je dirais même que son emploi toujours parcellaire est une sorte de moyen supplémentaire pour faire dévier le spectateur de ses habituelles composantes. Bon tu me diras que De Palma le fait aussi "et en mieux" mais il a toujours la justification d'un un gros discours et du théorique pour appuyer ça.

Enfin voilà, je peux comprendre que ça ne touche pas du tout et qu'on trouve ça trop pleins de maladresse, c'est juste l'idée qu'il faut qu'un film corresponde à des critères de "crédibilité" uniquement narratif et représentatif, s'en justifier, qui m'exaspère dans ton compte-rendu :lol: C'est à peine plus ouvert que ceux qui sortent d'un film en disant juste "c'est nul il n'y a pas d'histoire et c'est mal fait".
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par mannhunter »

Major Tom a écrit :d'ailleurs les lumières rouge/bleu ici m'ont fait penser à du Lucky Luke
ça doit être la copie youtube que t'as maté qui doit faire ça. :mrgreen:
Ben Castellano a écrit :Enfin voilà, je peux comprendre que ça ne touche pas du tout et qu'on trouve ça trop pleins de maladresse, c'est juste l'idée qu'il faut qu'un film corresponde à des critères de "crédibilité" uniquement narratif et représentatif, s'en justifier, qui m'exaspère dans ton compte-rendu :lol: C'est à peine plus ouvert que ceux qui sortent d'un film en disant juste "c'est nul il n'y a pas d'histoire et c'est mal fait".
tu es gentil Ben j'apprécie ton soutien :) mais ça sert à rien avec Major quand il a un cinéaste dans le collimateur il ne changera pas d'un iota :)
Major Tom a écrit :il est loin d'être d'un perfectionnisme à la Von Stroheim c'est le moins qu'on puisse dire
Mais je peux citer une longue liste de films contemporains des films d'Argento à côté desquels les siens font déjà "vieillot", et pas forcément une liste avec des noms comme Kubrick, Hooper, Schlesinger, Polanski ou De Palma.
oui et De Palma ne vaut pas Hitchcock qui lui-même ne vaut pas Fritz Lang et Tobe Hooper ne vaut pas Jacques Tourneur qui lui-même..on peut aller loin comme ça,attention à ton abus deTélérama avec leur hiérarchisation des "Majeurs" et des "mineurs",attention! :uhuh:


Ben Castellano a écrit :Bon tu me diras que De Palma le fait aussi "et en mieux" mais il a toujours la justification d'un un gros discours et du théorique pour appuyer ça.
sors de ce corps,Nicolas Saada! :uhuh:

Il ne faut pas trop parler de De Palma à Argento et on comprend pourquoi.
La querelle à leur propos rappelle celles qui faisaient rage quand on jouait la carte Fritz Lang contre la carte Hitchcock.
On est langien ou on est hitchcockien,on est argentien ou de palmien,rarement les deux à la fois.
L'argentien se sentira toujours moins à l'abri que le de palmien,protégé par les arguments théoriques qui accompagnent la sortie de tous ses films. Mais Argento,à la différence de De Palma,est moins truqueur qu'illusioniste:
il préfère le rouge à l'hémoglobine et le nuage de fumée à l'image digitale.
Il incarne l'artisan dans ce que le mot peut avoir de plus noble: parce qu'en Italie,tout comme au Japon deux siècles plus tard,tout grand artisan était nécessairement artiste.
Argento vient de loin,de cette filiation avec les grands peintres et la tradition de l'atelier que Cinécitta a poursuivi à Rome après le Vatican. Du peintre,Argento a gardé cette spontanéité du geste,adroit ou brusque,sophistiqué ou trivial.
Il jette le cinéma sur l'écran comme d'autres jettent la peinture sur une toile.
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cinephage
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par cinephage »

Je dois admettre que je comprends bien les réserves émises vis-à-vis de Dario Argento, qui n'est vraiment pas un réalisateur facile d'accès. Son cinéma, avec ses délires poétiques et sanglants, ses recherches formelles outrancières, son usage si particulier de la bande sonore, a longtemps été qualifié de mineur, voire de médiocre, et je m'étais accommodé à faire partie d'un petit club de happy few, admirateurs et appréciateurs de son cinéma, incompris du monde de la cinéphilie plus respectable.

Il s'avère que les années 2000 ont vu réévaluer les films et cinéastes de genre, dans un pêle-mêle révélateur d'une espèce de besoin de rattrapage du monde de la cinéphilie à l'égard des "maîtres" d'antan, et dans certains cas pas toujours très justifié. Du coup, Argento s'est vu brutalement réévaluer, alors que son cinéma reste difficile à apprécier, d'autant plus que ses derniers films s'orientent encore dans une autre direction, d'où un quiproquo croissant entre les amateurs et les détracteurs. Pour ma part, je pense qu'Argento est un réalisateur de la marge, dont on n'aurait peut-être pas du le sortir, le malentendu n'aurait alors pas vraiment existé.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par Major Tom »

Ben Castellano a écrit :C'est toujours la même histoire de "nos amis les vraisemblant" :) (j'aime bien cette expression de l'entretien Hitchcock/Truffaut)

Les voix off chez Argento (comme les cartons) n'ont pas je pense pour prime sens d'être "utile' à une histoire, c'est comme celle du début Suspiria qui se fond dans la musique du générique... De même dans Phenomena il n'y a qu'une seule phrase en voix off qui n'a aucun sens "narratif": "C'est ainsi que Jenifer arriva dans sa pension en suisse"... Ce n'est pas du tout un outil pour mener un récit, je dirais même que son emploi toujours parcellaire est une sorte de moyen supplémentaire pour faire dévier le spectateur de ses habituelles composantes.

Enfin voilà, je peux comprendre que ça ne touche pas du tout et qu'on trouve ça trop pleins de maladresse, c'est juste l'idée qu'il faut qu'un film corresponde à des critères de "crédibilité" uniquement narratif et représentatif, s'en justifier, qui m'exaspère dans ton compte-rendu :lol:
Tu es exaspéré pour pas grand-chose puisque tu te trompes. Ça n'a rien à voir avec le fait d'être terre-à-terre ou non, et si je remettais en question la crédibilité, je n'aurais pas fini. :mrgreen: C'est plutôt la manière de raconter une histoire. Du point de vue des principes narratifs, Argento est très classique, indiscutablement. Ce qui est loin de me déranger. Suivre un modèle de narration simple, sans générateurs de suspens gratuits comme par exemple les montages parallèles, peut s'avérer efficace et payant, mais ici c'est très banal, et le film en devient même soporifique. Du coup, que la petite voix OFF du début ou que le carton soient là pour "dévier" le spectateur, alors que c'est bête comme chou, permets-moi de te dire que je n'y crois pas du tout. :) Pourquoi n'est-il justement pas allé au bout de ce délire, en présentant davantage les choses de façon irréelle?...

Il ne pouvait pas faire mieux que Suspiria, le premier volet de la trilogie des mères a un scénario plus dense, plus intéressant et le film est graphiquement à tomber. La voix du narrateur se noyant dans le générique du début ne me dérange pas parce que l'étrangeté qu'il veut apporter est réussie, ça démarre à peine et il y a ça pendant le générique. Les scènes d'extérieur où Jessica Harper discute avec le type sur la sorcellerie avec le zoom sur leur reflet derrière, de la vieille qui illumine le couloir avec un morceau de cristal, la scène des larves tombant du plafond, etc. je ne retrouve rien de tout ça, ou alors de façon nettement amoindrie, dans Inferno, où les quelques bonnes scènes sont souvent étirées malheureusement, jusqu'à en devenir trop longues et forcément risibles au bout d'un moment, comme la scène des rats ou même les scènes des personnages angoissés, marchant dans des couloirs. Mais cela dit, Argento le faisait déjà avant. Il est un tantinet trop long dans les scènes purement d'épouvante et parfois, la mayonnaise ne prend pas, comme la mort de l'aveugle dans Suspiria (tellement longue qu'on voit le sort du pauvre homme arriver à des kilomètres) ou la course-poursuite du chien dans Ténèbres mais bon, celle-là, c'est vraiment le comble pour moi. :lol: ;)
mannhunter a écrit :mais ça sert à rien avec Major quand il a un cinéaste dans le collimateur il ne changera pas d'un iota :)
Ça c'est ton explication quand on ne partage pas ton point de vue enthousiaste d'un film d'Argento ou de Mann. Il m'est arrivé de changer d'avis sur un cinéaste, enfin plus souvent en mal (Tarantino, Luc Besson évidemment, Shyamalan ou Mann justement...) qu'en bien (Tavernier, Eastwood...). Mais Argento ne me touche définitivement pas.
Et n'oublie pas dans ton idée qu'on peut être catégorique de deux façons, être rebuté ou un passionné zélé. :)
mannhunter a écrit :
Major Tom a écrit :il est loin d'être d'un perfectionnisme à la Von Stroheim c'est le moins qu'on puisse dire
Mais je peux citer une longue liste de films contemporains des films d'Argento à côté desquels les siens font déjà "vieillot", et pas forcément une liste avec des noms comme Kubrick, Hooper, Schlesinger, Polanski ou De Palma.
oui et De Palma ne vaut pas Hitchcock qui lui-même ne vaut pas Fritz Lang et Tobe Hooper ne vaut pas Jacques Tourneur qui lui-même..on peut aller loin comme ça,attention à ton abus deTélérama avec leur hiérarchisation des "Majeurs" et des "mineurs",attention! :uhuh:
Justement, ce n'était pas mon propos et tu as mélangé deux phrases.
Dans la première (ou plutôt son passage), je parlais de la réalisation d'Argento dans Inferno que je ne trouve pas assez approfondie et c'était bien dommage, car Argento a de sacrément bonnes idées. Il pouvait faire mieux et je ne parle pas d'un point de vue de contemporain (d'où la seconde phrase sur laquelle je reviendrai). Le "symbole" du perfectionnisme au cinéma est connu pour être Von Stroheim. Je n'y peux rien. :) Je ne le compare pas à lui, c'est juste une formule. Exemple: si je dis que tu as un rapport de passionné vis-à-vis d'Argento similaire à celui du fan stéréotype de Johnny Hallyday (trentenaire ou plus avec chambre pleine d'affiches, de magazines, de cassettes, dvd et peut-être bientôt la pièce de la maison consacrée à Argento? :mrgreen: ), ça ne veut pas dire que je compare Dario Argento à Johnny Hallyday. :idea:
Dans la seconde phrase, je citais justement ces réalisateurs-là pour dire qu'il n'y a pas besoin d'être ces noms-là (effectivement reconnus comme étant "majeurs" dans le cinéma), pour montrer qu'à l'époque du film, Inferno est déjà un peu daté. Il y a des effets de montage dans les enchaînements d'images qui m'ont fait sortir du film, surtout au début (l'immeuble montré sous différents angles). C'est comme les jump-cuts de quelques millimètres (ex.: la disparition des bouquins), pas très utiles non plus. :)

nb: par ailleurs, mauvais exemple pour Télérama puisqu'il leur arrive souvent de remonter les films "mineurs" (enfin cela dépend des critiques, comme toujours) et de descendre des films "majeurs", ce qui fait fait qu'ils ont parfois la même note dans le gros bouquin. Ils offrent souvent une chance à des réalisateurs pas connus, débutants ou alors connus mais qui font un film plus raté que les autres, ou peu importe. ;)
mannhunter a écrit :Nicolas Saada [...] On est langien ou on est hitchcockien,on est argentien ou de palmien,rarement les deux à la fois.
Oui mais "dans le cochon, tout est bon." Claude Zidi. :idea:
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par mannhunter »

bon ça risque de durer encore des pages mais tant pis je prends le risque :)
Major Tom a écrit :Il ne pouvait pas faire mieux que Suspiria, le premier volet de la trilogie des mères a un scénario plus dense, plus intéressant
c'est un film plus "écrit" oui,là où "Inferno" a une narration plus libre et éclatée.

Major Tom a écrit :Je ne le compare pas à lui, c'est juste une formule. Exemple: si je dis que tu as un rapport de passionné vis-à-vis d'Argento similaire à celui du fan stéréotype de Johnny Hallyday (trentenaire ou plus avec chambre pleine d'affiches, de magazines, de cassettes, dvd

ben oui,tout comme d'autre consacre un site depuis 10 ans consacré à son idole barbue :),avec photos,interviews,comptes rendus de tournage... :)
sinon je ne saisis toujours pas tes comparaisons avec Johnny Hallyday,Schlesinger,Polanski,Kubrick,bref...
ah si Kubrick a piqué des idées à Sergio Martino et Dan Curtis pour "Shining",ça doit vouloir dire qu'il est daté lui aussi question narration...
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par Major Tom »

mannhunter a écrit :ben oui,tout comme d'autre consacre un site depuis 10 ans
Voilààà, j'avais 17 ans. :) Je me "consacre" à autre chose depuis belle lurette.
mannhunter a écrit :sinon je ne saisis toujours pas tes comparaisons avec Johnny Hallyday,Schlesinger,Polanski,Kubrick,bref...
ah si Kubrick a piqué des idées à Sergio Martino et Dan Curtis pour "Shining",ça doit vouloir dire qu'il est daté lui aussi question narration...
Décidément, tu ne comprends que ce que tu as envie de comprendre. Pas d'inquiétude, ce faux-débat s'arrête là.
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par Demi-Lune »

mannhunter a écrit :Nicolas Saada [...] On est langien ou on est hitchcockien,on est argentien ou de palmien,rarement les deux à la fois.
Pas d'accord avec Nicolas Saada : je ne vois pas trop en quoi il y aurait à choisir un camp, à supposer qu'il y en ait eu un. Pourquoi vouloir opposer à tout prix De Palma et Argento ? Certes, les deux hommes se sont menés la guéguerre pendant longtemps, certes leur cinéma est très inspiré par l'héritage hitchcockien, mais il n'empêche que leur approche du cinéma demeure finalement dissembable, leurs films aussi, et donc possiblement appréciables dans les deux cas. Personnellement, je considère De Palma comme un maître incontournable, mais je crois pouvoir également dire que j'aime beaucoup l'Argento des grandes heures. Pareil pour Hitchcock et Lang...
Voilà, brève remarque en espérant que cela ne relancera pas le palpitant débat entre le Major et manny. :mrgreen:
mannhunter
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par mannhunter »

Major Tom a écrit :
mannhunter a écrit :ben oui,tout comme d'autre consacre un site depuis 10 ans
Voilààà, j'avais 17 ans. :) Je me "consacre" à autre chose depuis belle lurette.
ton site existe plus? :cry:
tu renies De Palma??? :D
Demi-Lune a écrit :Certes, les deux hommes se sont menés la guéguerre pendant longtemps
mouais pas vraiment...leurs "fans" surtout! :uhuh:
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Re: Inferno (Dario Argento)

Message par Anorya »

Demi-Lune a écrit : Voilà, brève remarque en espérant que cela ne relancera pas le palpitant débat entre le Major et manny. :mrgreen:
Je crois qu'ils ne t'ont pas attendu pour se rebalancer les croquettes dessus. :mrgreen:
En fait, chaque année, ils s'amusent à ça, c'est devenu le Roland Garros de DVDClassik. :mrgreen: :arrow:
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