Oulah, tu y vas fort, quand même.M le maudit a écrit :Qu'on ne me parle pas d'Opera.
Que ce film soit considéré par certains comme un classique me laisse sans voix. Cet inqualifiable navet ressemble davantage à un suicide artistique qu'à quoi que ce soit d'autre. Le jeu des acteurs est d'une médiocrité sans nom, rehaussée par un doublage sans émotion et visiblement fait à la sauvette. Le scénario est pauvre et décousu, bourré de trous et d'invraisemblances insoutenables et la trame sonore power metal gâche le peu de plaisir que l'on pouvait tirer des scènes de meurtres. Je peux lui accorder une grande qualité au niveau des techniques de caméra mais c'est bien tout ce qui m'a plu dans ce gâchis. Et la finale dans l'herbe avec les insectes et le meurtrier qui revient de nul part: risible...
Perso, je ne me hasarderai pas à dire que le scénario est époustouflant : il ne l'est pas, c'est clair. Mais de là à dire d'Opéra que c'est un inqualifiable navet, c'est mésestimer ce qui me semble être la nature première du film (un tour de force technique, un exercice de style où la caméra d'Argento s'offre tous les défis), et c'est un peu faire erreur sur la démarche d'Argento post-Ténèbres voire même post-Profondo Rosso. C'est-à-dire qu'à partir de Suspiria, le scénario chez Argento n'est plus qu'un support forcé qu'il brade pour mieux imposer un spectacle formel et sensitif, bariolé et fou. Argento se fout désormais d'une quelconque cohérence scénaristique, seule semble compter la toute-puissance formelle. Je n'ai pas encore vu Inferno mais apparemment, cette logique y est encore plus poussée.
Après Ténèbres qui est relativement plus classique, il se carre de la vraisemblance scénaristique avec Phenomena et plus encore Opéra.
Phenomena a l'avantage de présenter deux des personnages les mieux (ou "moins mal" ) écrits du cinéma d'Argento (Jennifer Corvino et McGregor) mais on se rend bien compte que le cinéaste recherche moins du réalisme qu'une certaine forme d'émerveillement, de poésie macabre tout droit inspirée par quelques contes populaires.
Quant à Opéra, c'est vraiment pour moi un exercice de style où Argento se tape royalement de son whodunnit (nullissime) pour mettre en boîte les plans les plus dingues. Techniquement, Opéra est un tour de force et je crois que c'est d'abord sous cet angle qu'il faut le considérer.
Je n'ai pas encore vu les premiers films d'Argento mais a priori, je serai client. Pour moi, Argento c'est 1969-1987, avec l'ultime round qu'est Le Syndrome de Stendhal. Après, les choses se gâtent quand même pas mal. Profondo Rosso est effectivement son meilleur film car il allie précisément rigueur formelle et intrigue bien branlée. Le cinéma d'Argento peut sembler creux (malgré les deux réflexions antoniono-hitchcockiennes que sont Profondo Rosso et Le Syndrome de Stendhal) et mal joué, c'est avant tout un formaliste.
Basic Instinct reprend un peu le même schéma (des meurtres appliqués selon les descriptions d'un roman).M le maudit a écrit :Pour Ténèbres, ce type d'histoire m'a semblé étrangement familier, sans que je puisse pour autant nommer précisément les films qui adoptent le même patron, mais ça n'empêche pas que j'avais deviné la fin avant la moitié du film.
Perso, je n'ai vu pas vu la fin (jouissive tant elle multiplie les twists) arriver, et je l'ai donc savourée à sa juste valeur.