Wilhelm Steinitz (...) brilla au firmament des échecs (il fut le premier champion du monde). (...) Son jeu laborieux était pénible à regarder, mais d’une solidité à toute épreuve. Il fut en quelque sorte l’inventeur des échecs modernes avant de sombrer, lui aussi, dans une dépression violente, puis dans la folie. Peu de temps après avoir perdu sa femme et sa fille presque simultanément, il fut interné dans un asile psychiatrique de Moscou et commença par déclarer qu'il était capable de téléphoner à son secrétaire sans aucun appareil. Ensuite, il devint persuadé de pouvoir émettre un courant électrique lui permettant de déplacer les objets à distance. Enfin, et ce fut le comportement le plus extravagant chez les plus timbrés des grands maîtres, dans les derniers mois de sa vie, il jouait aux échecs contre Dieu en lui laissant un pion de plus.
Woody Allen
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Re: Woody Allen
C'est un peu facile mais pas pu m'empêcher de trouver cette anecdote tirée d'un récent article sur les champions d'échecs très allenienne dans le ton :
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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Re: Woody Allen
Escrocs mais pas trop (Small Time Crooks) - 2000
les 20 premières minutes sont désopilantes : Woody Allen plus vulgaire qu'à l'accoutumée et qui n'a qu'une seule envie, baffer son épouse ; le quatuor de ringards de la première partie avec surtout Michael Rapaport que je trouve irrésistiblement drôle ; toute la préparation du cambriolage de la banque. Et puis on passe à toute autre chose : le couple devient millionnaire et le film commence à ronronner et ne s'arrêtera pas de le faire jusqu'à la fin. Alors évidemment, il y a encore assez d'idées amusantes pour nous faire tenir jusqu'au bout sans trop s'ennuyer mais ça aura été parfois tout juste. Heureusement qu'il y avait un Hugh Grant toujours aussi délicieux, quelques situations cocasses et quelques gags bien sentis. C'est néanmoins assez fadasse. Un Woody Allen vraiment très mineur.
les 20 premières minutes sont désopilantes : Woody Allen plus vulgaire qu'à l'accoutumée et qui n'a qu'une seule envie, baffer son épouse ; le quatuor de ringards de la première partie avec surtout Michael Rapaport que je trouve irrésistiblement drôle ; toute la préparation du cambriolage de la banque. Et puis on passe à toute autre chose : le couple devient millionnaire et le film commence à ronronner et ne s'arrêtera pas de le faire jusqu'à la fin. Alors évidemment, il y a encore assez d'idées amusantes pour nous faire tenir jusqu'au bout sans trop s'ennuyer mais ça aura été parfois tout juste. Heureusement qu'il y avait un Hugh Grant toujours aussi délicieux, quelques situations cocasses et quelques gags bien sentis. C'est néanmoins assez fadasse. Un Woody Allen vraiment très mineur.
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Re: Woody Allen
Une Autre femme (1988)
Marion (Gena Rowlands), la cinquantaine, est professeur de philosophie en congé sabbatique. Elle loue un pied-à-terre pour achever au calme l’écriture de son roman. Par le truchement d’une bouche d’aération, elle surprend la conversation entre une jeune femme (Mia Farrow) et son psychanalyste. Troublée par le désespoir de la jeune femme, Marion décide de la suivre, puis de la rencontrer. Cette rencontre l’amènera à s’interroger sur sa vie et sa relation aux autres.
Another Woman s’inscrit dans la veine Bergmanienne de Woody Allen qui, de Intérieurs (1978) à Crimes et délits (1990) en passant par Comédie érotique d’une nuit d’été (1982) accompagna toutes sa filmographie des 80’s. Another Woman constitue un hommage explicite à Les Fraises sauvages (1957) avec là également l’introspection d’un personnage à un moment clé de sa vie. Si le vieillard du classique de Bergman posait un regard attendri, nostalgique et lucide sur son passé, le bilan que fera la cinquantenaire Marion (Gena Rowlands) sera nettement plus douloureux.En apparence Marion a tout pour être heureuse entre un second mariage réussi et une brillante carrière de professeur de philosophie. Alors qu’elle écrit son prochain roman dans un appartement loué en ville, un défaut d’isolation lui fait entendre les confessions des patients de son voisin psychanalyste. L’une d’entre elle va l’interpeller par son mimétisme avec sa propre existence avec le mal-être d’une jeune femme (Mia Farrow). Alors que l’inconnue est bien consciente de ses névroses, l’expérience sert de révélateur pour Marion se confrontant à sa froideur, son intellect lui faisant réfréner toute émotion. Entre vrais souvenirs et rêveries ainsi qu’une réalité cruelle, les conséquences passées, présentes et futures du caractère de Marion vont s’imposer à elle.
Sa froide détermination lui aura toujours fait prendre la place d’un autre : son frère moins doué pour les études négligé par ses parents, l’ex-épouse de son mari qui la trompa avec elle durant de long mois d’adultère ou encore sa meilleure amie d’enfance jamais remise d’un amoureux qu’elle lui ravit sans même s’en rendre compte. Ce regard froid sur le monde s’avère détaché et superficiel (on s’étonnera de sa participation à tant d’association caritatives quand elle se montrera si peu compatissante envers son entourage) altère également son rapport à ses proches, peu enclin à se confier face à ses jugements de valeur impitoyable (sa belle-fille l’admirant tout en craignant ses opinions). Son mariage sera l’élément le plus emblématique de cet état, son époux Ken (Ian Holm) étant un vrai égoïste qui s’assume et auquel elle semble bien assortie. Le film dessine ainsi progressivement l’éveil de Marion, prenant enfin conscience du vide de son existence et des occasions manquées (belle romance fugace avec Gene Hackman) conséquence de son attitude. Woody Allen évite le côté pesant d’Intérieurs, fragmentant ce voyage intime dans une narration flottante. Le fil rouge sera la voix-off de Marion, reflet discret de son caractère secret puisque l’émotion des images devancera plus d’une fois celle plus contenues de la voix-off n’osant admettre son dépit. Allen se montre d’une invention constante pour traduire par l’image et les situations le mal-être que n’ose s’avouer Marion.
Des photos d’enfances s'animeront pour refaire vivre des instants douloureux, une séquence de rêve fait dire à ses amis les vrais sentiments qu’ils ont pour elle et parfois sans artifice narratif Marion s’avère carrément omnisciente sur les échanges amers de ses proches à son sujet. Cet aspect morcelé du récit dissémine ainsi les informations au fil de l’aveu qu’ose se faire Marion, les actes les plus cruels mais aussi les déceptions les plus profondes se révélant par la bouche d’une autre. L’apaisement des images se conjuguera à celle de cette voix intérieure uniquement dans la dernière scène, lorsqu’elle sera enfin en paix. L’atmosphère automnale et intimiste lorgne bien évidemment sur Bergman (la photo est signée Sven Nykvist, directeur photo emblématique d’Ingmar Bergman) mais Woody Allen parvient à en donner une interprétation réellement personnelle. Une œuvre méconnue et envoutante d’Allen, portée par une Gena Rowlands magnifique. 5/6
Marion (Gena Rowlands), la cinquantaine, est professeur de philosophie en congé sabbatique. Elle loue un pied-à-terre pour achever au calme l’écriture de son roman. Par le truchement d’une bouche d’aération, elle surprend la conversation entre une jeune femme (Mia Farrow) et son psychanalyste. Troublée par le désespoir de la jeune femme, Marion décide de la suivre, puis de la rencontrer. Cette rencontre l’amènera à s’interroger sur sa vie et sa relation aux autres.
Another Woman s’inscrit dans la veine Bergmanienne de Woody Allen qui, de Intérieurs (1978) à Crimes et délits (1990) en passant par Comédie érotique d’une nuit d’été (1982) accompagna toutes sa filmographie des 80’s. Another Woman constitue un hommage explicite à Les Fraises sauvages (1957) avec là également l’introspection d’un personnage à un moment clé de sa vie. Si le vieillard du classique de Bergman posait un regard attendri, nostalgique et lucide sur son passé, le bilan que fera la cinquantenaire Marion (Gena Rowlands) sera nettement plus douloureux.En apparence Marion a tout pour être heureuse entre un second mariage réussi et une brillante carrière de professeur de philosophie. Alors qu’elle écrit son prochain roman dans un appartement loué en ville, un défaut d’isolation lui fait entendre les confessions des patients de son voisin psychanalyste. L’une d’entre elle va l’interpeller par son mimétisme avec sa propre existence avec le mal-être d’une jeune femme (Mia Farrow). Alors que l’inconnue est bien consciente de ses névroses, l’expérience sert de révélateur pour Marion se confrontant à sa froideur, son intellect lui faisant réfréner toute émotion. Entre vrais souvenirs et rêveries ainsi qu’une réalité cruelle, les conséquences passées, présentes et futures du caractère de Marion vont s’imposer à elle.
Sa froide détermination lui aura toujours fait prendre la place d’un autre : son frère moins doué pour les études négligé par ses parents, l’ex-épouse de son mari qui la trompa avec elle durant de long mois d’adultère ou encore sa meilleure amie d’enfance jamais remise d’un amoureux qu’elle lui ravit sans même s’en rendre compte. Ce regard froid sur le monde s’avère détaché et superficiel (on s’étonnera de sa participation à tant d’association caritatives quand elle se montrera si peu compatissante envers son entourage) altère également son rapport à ses proches, peu enclin à se confier face à ses jugements de valeur impitoyable (sa belle-fille l’admirant tout en craignant ses opinions). Son mariage sera l’élément le plus emblématique de cet état, son époux Ken (Ian Holm) étant un vrai égoïste qui s’assume et auquel elle semble bien assortie. Le film dessine ainsi progressivement l’éveil de Marion, prenant enfin conscience du vide de son existence et des occasions manquées (belle romance fugace avec Gene Hackman) conséquence de son attitude. Woody Allen évite le côté pesant d’Intérieurs, fragmentant ce voyage intime dans une narration flottante. Le fil rouge sera la voix-off de Marion, reflet discret de son caractère secret puisque l’émotion des images devancera plus d’une fois celle plus contenues de la voix-off n’osant admettre son dépit. Allen se montre d’une invention constante pour traduire par l’image et les situations le mal-être que n’ose s’avouer Marion.
Des photos d’enfances s'animeront pour refaire vivre des instants douloureux, une séquence de rêve fait dire à ses amis les vrais sentiments qu’ils ont pour elle et parfois sans artifice narratif Marion s’avère carrément omnisciente sur les échanges amers de ses proches à son sujet. Cet aspect morcelé du récit dissémine ainsi les informations au fil de l’aveu qu’ose se faire Marion, les actes les plus cruels mais aussi les déceptions les plus profondes se révélant par la bouche d’une autre. L’apaisement des images se conjuguera à celle de cette voix intérieure uniquement dans la dernière scène, lorsqu’elle sera enfin en paix. L’atmosphère automnale et intimiste lorgne bien évidemment sur Bergman (la photo est signée Sven Nykvist, directeur photo emblématique d’Ingmar Bergman) mais Woody Allen parvient à en donner une interprétation réellement personnelle. Une œuvre méconnue et envoutante d’Allen, portée par une Gena Rowlands magnifique. 5/6
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Re: Woody Allen
Dans mes 3-4 Woody préférés.
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Re: Woody Allen
Avec Crimes et Délits une des grandes découvertes récentes en Woody Allen dont j'ai rattrapé pas mal de petites lacunes.
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Re: Woody Allen
Comme le monsieur. La perfection en 1h15.AtCloseRange a écrit :Dans mes 3-4 Woody préférés.
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Re: Woody Allen
C'est vrai que les films de moins d'1h30, ça fait du bien et il en a fait quelques uns à cette période.
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Re: Woody Allen
Je me joins à votre club.Gounou a écrit :Comme le monsieur. La perfection en 1h15.AtCloseRange a écrit :Dans mes 3-4 Woody préférés.
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Re: Woody Allen
Les chefs-d'oeuvre de Woody des années 80 (Crime et Délits, Hannah et ses soeurs, Another Woman, etc.) ce n'est pas sa "veine bergmanienne". C'est simplement l'expression la plus affirmée de son cinéma, quelque chose qui n'appartient qu'à lui, notamment en ce qui concerne le ton et la diction de ses films.
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Re: Woody Allen
Le Sortilège du scorpion de Jade (The Curse of the Jade Scorpion) - 2001
Encore un cran en dessous de Escrocs mais pas trop (qui avait pour lui une première demi heure très drôle), ce nouvel opus est pour moi l'un des moins bons de la filmographie allenienne. L'idée de départ aurait pu être drôle mais, pas plus épaisse que du papier à cigarette, l'intrigue se trouve diluée sur au moins une bonne demi-heure de trop sans que rien n'évolue, sans qu'il n'y ait énormément d'idées de mise en scène ni de scénario d'ailleurs. Alors certes la reconstitution d'époque est soignée, le choix musical est typiquement allenien et donc jubilatoire, Charlize Theron en clone de Veronica Lake est délicieuse et pas mal de réparties restent tordantes (surtout justement lors des séquences opposant Charlize Théron et Woody Allen) mais l'ensemble demeure vraiment très moyen et bien trop long pour si peu de consistance.
Encore un cran en dessous de Escrocs mais pas trop (qui avait pour lui une première demi heure très drôle), ce nouvel opus est pour moi l'un des moins bons de la filmographie allenienne. L'idée de départ aurait pu être drôle mais, pas plus épaisse que du papier à cigarette, l'intrigue se trouve diluée sur au moins une bonne demi-heure de trop sans que rien n'évolue, sans qu'il n'y ait énormément d'idées de mise en scène ni de scénario d'ailleurs. Alors certes la reconstitution d'époque est soignée, le choix musical est typiquement allenien et donc jubilatoire, Charlize Theron en clone de Veronica Lake est délicieuse et pas mal de réparties restent tordantes (surtout justement lors des séquences opposant Charlize Théron et Woody Allen) mais l'ensemble demeure vraiment très moyen et bien trop long pour si peu de consistance.
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Re: Woody Allen
Aïe. Je crois que tu viens de confondre la vulgaire Cameron Diaz (que je n'aime pas du tout sauf dans The mask et dans Vanilla sky car elle est parfaite pour le rôle) avec la magnifique et glamour Charlize Theron.
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Re: Woody Allen
Euh oui ; ma langue a fourchéSupfiction a écrit :Aïe. Je crois que tu viens de confondre la vulgaire Cameron Diaz (que je n'aime pas du tout sauf dans The mask et dans Vanilla sky car elle est parfaite pour le rôle) avec la magnifique et glamour Charlize Theron.
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Re: Woody Allen
Non, aucune excuse !Jeremy Fox a écrit :Euh oui ; ma langue a fourchéSupfiction a écrit :Aïe. Je crois que tu viens de confondre la vulgaire Cameron Diaz (que je n'aime pas du tout sauf dans The mask et dans Vanilla sky car elle est parfaite pour le rôle) avec la magnifique et glamour Charlize Theron.
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Re: Woody Allen
Et Cassandra's Dream fait partie de mes préférées des 10 dernières années (avec Blue Jasmine, notamment).
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Re: Woody Allen
Ratatouille a écrit :Et Cassandra's Dream fait partie de mes préférées des 10 dernières années
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)