Nicole Garcia tenait l'un des plus beaux sujets de cinéma au monde et l'a laissé s'échapper un peu tristement... Peu client de "Un WE/2" et "Place Vandôme", j'ai quand mème réussi à suivre cet opus avec intéret bien que je reste assez hermétique à sa mise en scène. Je me demande toujours ce qu'elle cherche à capter et à dire... Elle est assez douée pour dresser un portrait convaincant de cette bourgeoisie moyenne des campagnes, mais elle hésite malheureusement sans cesse entre regarder son mytho de héros avec des yeux d'enthomologistes dans son cadre social ou à se laisser aller avec lui à ses errances à travers les bois, airs d'autoroutes, bureaux de l'OMS, avec de l'exellent Badalamenti en fond sonore. Au final, elle perd les deux types d'implications qu'elle aurait pu susciter chez le spectateur, et ne parvient pas vraiment à faire réfléchir sur cette personne qui a refusé le temps...
La dernière demi-heure est à ce niveau un ratage complet, les évènements et aboutissement les plus dramatiques tombant dans le ridicule pathétique... Tous les choix de Garcia sont ahurissants de conneries Le pire c'est qu' on en arrive à sortir du film en sifflotant "Père Castor"... J'ai souvent pensé au fil du film à l'embiance bourgeoise, étrange, cohérente et hypnotique d'un "Comment j'ai tué mon Père", qui est en somme un peu la version réussie de ce que Nicole Garcia essaye de faire depuis qu'elle est passée dérrière la caméra.
Pour contrebalancer tout ça, l'interprétation de haut vol est heureusement là pour vraiment nous impliquer humainement et émotionnellement... Je me demande si en france on a un autre acteur de la puissance de Daniel Auteuil, une star qui emmène à ce point tant de chose justes avec lui. Son images d'errant récemment vu chez Michel Blanc ou Chris Menges, il l'associe ici à celle qui fait de lui un parfait monsieur tout le monde. Bref, difficile de voir plus approprié que lui pour faire Romand. Idem concernant les seconds rôles: Pailhas, au départ assez transparente, est de plus en plus émouvante au fil du déroulement, tandis que Cluzet et Devos composent des personnages très attachants. Un peu douloureux par contre de voir Fresson (brillant) finir sa carrière sur une telle scène...
Quoiqu'il en soit, je regrette d'avoir manqué "L'Emploi du Temps" après ça... Mais que vaut le livre d'Emmanuel Carrère?
3/6
