Décidément Stefano Sollima est un cinéaste que j'apprécie beaucoup...
Possibles spoilers
Il récidive à mes yeux dans l'excellence avec Suburra, après ACAB qui plongeait dans le quotidien tourmenté de C.R.S, autant en proie à eux-mêmes qu'aux factions radicales de différentes mouvances.
Ici il fait de Rome une cité tentaculaire pourrie jusqu'à la moelle, où les néons et les boules à facettes ne sont que la devanture d'un monde rongé par la corruption, l'ambition, et une violence atavique qui gangrène toute une société.
Partant de la mort accidentelle d'une jeune femme lors d'une nuit de débauche avec un député( Pierfrancesco Favino) et une prostituée, le scénario déroule son implacable mécanique où les personnages sont de simples rouages convaincus de leur impunité. Mafieux, hommes politiques, petites frappes, aucune morale ne les retient, tant la recherche de l'argent constitue leur seule motivation. Chacun se croit au-dessus des lois, qu'elles relèvent de la règle juridique ou du code d'honneur en vigueur chez les gangsters, chacun fait ce qu'il a à faire là où il faut, et au final tous sont rattrapés par la fatalité.
Sur ce monde en déliquescence, qui s'écroule à mesure qu'il avance, plane l'ombre du Samouraï (Claudio Amendola), régentant le chaos de chacun pour préserver les intérêts de tous.
Baigné dans des lumières feutrées qui atténuent la crudité des situations, le film montre comment en sept jour un royaume s'effondre, celui d'hommes qui se sont rêvés être des dieux.
Suburra (Stefano Sollima - 2015)
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Re: Suburra (Stefano Sollima - 2015)
Je l'avais vu à l'époque au festival du film italien de Villerupt. C'était beau mais c'état un peu con, cliché et surtout trop long. Souvenirs d'un film inutilement alambiqué et superficiellement graphique. Mais j'aime beaucoup Favino, qui s'en sort très bien là dedans.
- Coxwell
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Re: Suburra (Stefano Sollima - 2015)
Je partage ton avis. Et la musique de M83 est superbe, parfaitement adaptée à cette sorte de contemplation mélancolique de la dégénérescence de tout un chacun. Superbe photographie et mise en scène qui me fait penser parfois à un zeste de Heat.StateOfGrace a écrit :Décidément Stefano Sollima est un cinéaste que j'apprécie beaucoup...
Possibles spoilers
Il récidive à mes yeux dans l'excellence avec Suburra, après ACAB qui plongeait dans le quotidien tourmenté de C.R.S, autant en proie à eux-mêmes qu'aux factions radicales de différentes mouvances.
Ici il fait de Rome une cité tentaculaire pourrie jusqu'à la moelle, où les néons et les boules à facettes ne sont que la devanture d'un monde rongé par la corruption, l'ambition, et une violence atavique qui gangrène toute une société.
Partant de la mort accidentelle d'une jeune femme lors d'une nuit de débauche avec un député( Pierfrancesco Favino) et une prostituée, le scénario déroule son implacable mécanique où les personnages sont de simples rouages convaincus de leur impunité. Mafieux, hommes politiques, petites frappes, aucune morale ne les retient, tant la recherche de l'argent constitue leur seule motivation. Chacun se croit au-dessus des lois, qu'elles relèvent de la règle juridique ou du code d'honneur en vigueur chez les gangsters, chacun fait ce qu'il a à faire là où il faut, et au final tous sont rattrapés par la fatalité.
Sur ce monde en déliquescence, qui s'écroule à mesure qu'il avance, plane l'ombre du Samouraï (Claudio Amendola), régentant le chaos de chacun pour préserver les intérêts de tous.
Baigné dans des lumières feutrées qui atténuent la crudité des situations, le film montre comment en sept jour un royaume s'effondre, celui d'hommes qui se sont rêvés être des dieux.
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Re: Suburra (Stefano Sollima - 2015)
Merci Tenia et Coxwell pour vos retours...
Il y a une scène magnifique où Alessandro Borghi effleure du doigt la buée sur une vitre, d'où filtrent les lueurs de la plage. Et alors tout semble se figer pour un instant, le temps s'arrête dans la contemplation.
Oui Coxwell la musique est très belle, et j'aime cette langueur mélancolique, ces instants en suspens que tu évoques.Je partage ton avis. Et la musique de M83 est superbe, parfaitement adaptée à cette sorte de contemplation mélancolique de la dégénérescence de tout un chacun. Superbe photographie et mise en scène qui me fait penser parfois à un zeste de Heat.
Il y a une scène magnifique où Alessandro Borghi effleure du doigt la buée sur une vitre, d'où filtrent les lueurs de la plage. Et alors tout semble se figer pour un instant, le temps s'arrête dans la contemplation.