Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2017)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- Machino
- Messages : 1123
- Inscription : 22 janv. 10, 23:23
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Oh putain t'es dur là, Sup'
Mais sinon je rejoins G.T.O : Amin m'est apparu aussi comme amoureux d'Ophélie, entre les nombreux regards en coin et la proposition de faire des photos de nu.
(Par contre, je ne comprends pas ce qu'il veut dire par "revanche cinématographique sur la vie" - Kechiche filme plein de nénettes à défaut d'avoir pécho dans sa jeunesse ? )
Mais sinon je rejoins G.T.O : Amin m'est apparu aussi comme amoureux d'Ophélie, entre les nombreux regards en coin et la proposition de faire des photos de nu.
(Par contre, je ne comprends pas ce qu'il veut dire par "revanche cinématographique sur la vie" - Kechiche filme plein de nénettes à défaut d'avoir pécho dans sa jeunesse ? )
"On est juste une bande de glands qui n'a rien trouvé de mieux à faire de sa vie." (Colqhoun)
- Supfiction
- Charles Foster Kane
- Messages : 22222
- Inscription : 2 août 06, 15:02
- Localisation : Have you seen the bridge?
- Contact :
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
On peut supposer qu’il est attiré par Ophelie ou même amoureux d’elle éventuellement mais amin est tellement en retrait que ce n’est pas une certitude absolue. Il pourrait être tout simplement romantique et réservé ou même homosexuel.Duke Red a écrit :Oh putain t'es dur là, Sup'
Mais sinon je rejoins G.T.O : Amin m'est apparu aussi comme amoureux d'Ophélie, entre les nombreux regards en coin et la proposition de faire des photos de nu.
(Par contre, je ne comprends pas ce qu'il veut dire par "revanche cinématographique sur la vie" - Kechiche filme plein de nénettes à défaut d'avoir pécho dans sa jeunesse ? )
-
- Machino
- Messages : 1123
- Inscription : 22 janv. 10, 23:23
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Tu as aimé le film d'ailleurs ? (J'ai la flemme de chercher dans le sujet "Classement 2018" )
"On est juste une bande de glands qui n'a rien trouvé de mieux à faire de sa vie." (Colqhoun)
- Supfiction
- Charles Foster Kane
- Messages : 22222
- Inscription : 2 août 06, 15:02
- Localisation : Have you seen the bridge?
- Contact :
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
J’y suis allé à reculons mais oui, même davantage que La vie d’Adèle, débarassé de ses lourdeurs politiques sur les classes sociales.Duke Red a écrit :Tu as aimé le film d'ailleurs ? (J'ai la flemme de chercher dans le sujet "Classement 2018" )
Dernière modification par Supfiction le 5 avr. 18, 23:45, modifié 1 fois.
- MJ
- Conseiller conjugal
- Messages : 12485
- Inscription : 17 mai 05, 19:59
- Localisation : Chez Carlotta
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Une question que je me suis posée durant le film : on disait déjà autant "du coup" en 94?
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
- Supfiction
- Charles Foster Kane
- Messages : 22222
- Inscription : 2 août 06, 15:02
- Localisation : Have you seen the bridge?
- Contact :
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Et « c’est cool ».MJ a écrit :Une question que je me suis posée durant le film : on disait déjà autant "du coup" en 94?
-
- Machino
- Messages : 1123
- Inscription : 22 janv. 10, 23:23
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Ou "plan cul" et "kiffer"...
MerciSupfiction a écrit :J’y suis allé à reculons mais oui, même davantage que La vie d’Adèle, débarassé de ses lourdeurs politiques sur les classes sociales.Duke Red a écrit :Tu as aimé le film d'ailleurs ? (J'ai la flemme de chercher dans le sujet "Classement 2018" )
"On est juste une bande de glands qui n'a rien trouvé de mieux à faire de sa vie." (Colqhoun)
-
- Assistant(e) machine à café
- Messages : 188
- Inscription : 31 janv. 15, 12:54
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Je crois personnellement qu'Amin est attiré par Ophélie (tout comme il l'est par Céline), mais qu'il ne s'agit pas d'amour. C'est un mélange d'affection, liée en partie à une tendre histoire commune, de pur désir sexuel, et de curiosité pour une personne qui lui échappe alors qu'il pensait la connaître. Pour moi, cette nouvelle série de photos qu'il souhaite faire de la jeune fille correspond exactement à ce désir de "simplicité" qu'il manifeste dans la scène finale - et qui n'est en fait pas tant une envie de simplicité que d'intimité : il veut mettre Ophélie à nu, dans tous les sens de l'expression. Il sait que son amie d'enfance n'est pas la bergère immaculée qu'il a figée des années plus tôt, et ne s'intéresse pas à un fantasme aussi désincarné que caduc, si toutefois celui-ci a pu correspondre un jour à une réalité.
Et la fin du film renvoie à cette quête de vérité du personnage :
Et la fin du film renvoie à cette quête de vérité du personnage :
- Spoiler (cliquez pour afficher)
"This kind of certainty comes but once in a lifetime..."
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Pour moi, il faut revenir à l'ouverture du film : Amin est témoin de la scène de baise d'entrée de jeu. On ne peut pas mieux planter le décor. Il la regarde en entier, alors qu'il aurait pu pudiquement quitter la fenêtre - surtout lorsqu'on sait, rétrospectivement, que le tringleur est son propre cousin, et la tringlée, une amie d'enfance. Aussi, qu'il mate aussi complaisamment est forcément révélateur et signifiant par rapport au personnage, qui restera d'ailleurs caractérisé par une position d'observateur, jusque dans son intérêt pour la photographie.
C'est cette entrée en matière qui dicte tout le reste, car il y a dès lors un jeu qui s'opère nécessairement entre Ophélie et Amin. J'enfonce des portes ouvertes mais Ophélie se sait en position de fragilité parce que son infidélité est désormais connue par un tiers ; s'opère alors, peu à peu, un rapprochement à la fois complice et séducteur, le flou sur ses intentions vis-à-vis d'Amin étant intelligemment laissé (se souvenir qu'elle dit avoir été, enfant, aussi sensible à Amin que sa collègue à la ferme). Quant à Amin, il a vu dès le début du film la mise à nu (ce qu'Ophélie ne sait pas, elle - s'indignerait-elle davantage de faire le modèle pour les photos, si elle le savait?), et cette position de voyeur définit de suite une tension sexuelle pour le reste de l'histoire. Même si le film ne l'explicite pas par des dialogues, il me semble évident qu'il est "hanté" par ce qu'il a vu - non pas au sens perturbé, parce que ce n'est pas l'impression qu'il donne, mais au sens conditionné, émoustillé. Cette scène de baise inaugurale désacralise sans doute l'Ophélie de son enfance, dont je pense qu'il en était amoureux platoniquement, dans le même temps qu'elle la place sur un terrain désormais sexualisé, en tant que potentiel objet de convoitise.
Qu'il n'ose pas concrétiser (ni avec elle, ni avec les autres filles), ça peut être pour toutes sortes de raisons qui restent très ouvertes (timidité, romantisme, idéalisme, sublimation, pucelage...).
Par contre je ne crois pas un seul instant qu'Amin soit homo, pour moi ça n'aurait strictement aucun sens par rapport à tout ce qui nous est dit et montré. Le mec en pince clairement pour Ophélie et s'il regarde ailleurs sans pour autant conclure, c'est peut-être tout bonnement parce qu'elle est pour lui comme une forteresse inaccessible, et qu'assouvir son désir serait comme éteindre sa fascination.
C'est cette entrée en matière qui dicte tout le reste, car il y a dès lors un jeu qui s'opère nécessairement entre Ophélie et Amin. J'enfonce des portes ouvertes mais Ophélie se sait en position de fragilité parce que son infidélité est désormais connue par un tiers ; s'opère alors, peu à peu, un rapprochement à la fois complice et séducteur, le flou sur ses intentions vis-à-vis d'Amin étant intelligemment laissé (se souvenir qu'elle dit avoir été, enfant, aussi sensible à Amin que sa collègue à la ferme). Quant à Amin, il a vu dès le début du film la mise à nu (ce qu'Ophélie ne sait pas, elle - s'indignerait-elle davantage de faire le modèle pour les photos, si elle le savait?), et cette position de voyeur définit de suite une tension sexuelle pour le reste de l'histoire. Même si le film ne l'explicite pas par des dialogues, il me semble évident qu'il est "hanté" par ce qu'il a vu - non pas au sens perturbé, parce que ce n'est pas l'impression qu'il donne, mais au sens conditionné, émoustillé. Cette scène de baise inaugurale désacralise sans doute l'Ophélie de son enfance, dont je pense qu'il en était amoureux platoniquement, dans le même temps qu'elle la place sur un terrain désormais sexualisé, en tant que potentiel objet de convoitise.
Qu'il n'ose pas concrétiser (ni avec elle, ni avec les autres filles), ça peut être pour toutes sortes de raisons qui restent très ouvertes (timidité, romantisme, idéalisme, sublimation, pucelage...).
Par contre je ne crois pas un seul instant qu'Amin soit homo, pour moi ça n'aurait strictement aucun sens par rapport à tout ce qui nous est dit et montré. Le mec en pince clairement pour Ophélie et s'il regarde ailleurs sans pour autant conclure, c'est peut-être tout bonnement parce qu'elle est pour lui comme une forteresse inaccessible, et qu'assouvir son désir serait comme éteindre sa fascination.
- Supfiction
- Charles Foster Kane
- Messages : 22222
- Inscription : 2 août 06, 15:02
- Localisation : Have you seen the bridge?
- Contact :
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Je ne le pense pas non plus à l’issue du film mais je me suis posé la question durant le film. Vu qu’on ne le voit jamais regarder des garçons, à priori, la probabilité est finalement à rejeter.
-
- Assistant(e) machine à café
- Messages : 188
- Inscription : 31 janv. 15, 12:54
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Oui, la scène inaugurale a quelque chose de la chute originelle : le corps d'Ophélie se sexualise et devient objet de curiosité, de tentation. Mais peut-être précisément parce que leur relation précède ce moment (ou simplement parce qu'il est, lui, un sentimental), Amin ne peut considérer la jeune femme que comme pur objet sexuel. C'est aussi la raison pour laquelle je ne vois pas que du désir licencieux chez Amin, mais aussi quelque chose de plus ingénu, de plus exploratoire. D'ailleurs, la réaction d'Ophélie à sa proposition, plutôt trouble et réticence qu'indignation dirais-je, montre que le rapport de la jeune femme à son propre corps, et de ce corps à autrui, est complexe. Et justement, en cela l'accusation de male gaze qui pèse sur le film me paraît totalement à côté de la plaque : si le film est voyeur, il n'oublie jamais de faire exister les femmes qu'il contemple, d'en faire des sujets.
En revanche, effectivement, je crois qu'on peut difficilement douter de la sexualité d'Amin, en raison même de la nature du regard qu'il adopte sur les autres.
En revanche, effectivement, je crois qu'on peut difficilement douter de la sexualité d'Amin, en raison même de la nature du regard qu'il adopte sur les autres.
"This kind of certainty comes but once in a lifetime..."
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17125
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Je suis comme vous, j'y ai même vu Amin (pardonnez cette comparaison assez insolite) comme un cousin moins dérangé et désillusionné de Harford dans Eyes Wide Shut. Il est un personnage observateur et direct des comportements estivaux d'une galerie de personnages si vivants et si emplis d'émotions contradictoires. Sans passer l'étape que d'autres passent devant lui, malgré des tentatives plus ou moins subtiles.
Un joli protagoniste pour un film toujours curieux, épuisant mais toujours prenant.
Un joli protagoniste pour un film toujours curieux, épuisant mais toujours prenant.
Mother, I miss you
- Thaddeus
- Ewok on the wild side
- Messages : 6181
- Inscription : 16 févr. 07, 22:49
- Localisation : 1612 Havenhurst
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2018)
Yep, et il faut aussi préciser que Shaïn Boumedine est une révélation, preuve que si Kechiche est le plus grand pourvoyeur français actuel en matière de découvertes féminines, il n'est pas non plus manchot pour ce qui est de leurs homologues masculins. Par son comportement (faussement) passif et sa volonté de rester en retrait, le rôle nécessitait un acteur au tempérament discret mais avec suffisamment de présence et d'incarnation pour ne pas se laisser engloutir par les débordements de vitalité que manifestent les autres personnages autour de lui. Le jeune comédien est celui-ci : effacé mais charismatique, doux mais volontaire, suscitant d'un bout à l'autre une grande sympathie.
-
- n'est pas Flaubert
- Messages : 8464
- Inscription : 19 nov. 05, 15:35
- Contact :
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2017)
Mieux que ce à quoi je m'attendais ce Kechiche, même si l'on retrouve les défauts du cinéaste (regard exclusif et unilatéral sur le cercle filmé, complaisance). C'est mieux que La Vie d'Adèle. Le sujet du film, outre l'éducation artistique (réussie) et sentimentale (avortée) d'Amin, c'est la contradiction entre une aspiration à la pureté (la lumière sous l'égide de laquelle le film est placé, le soleil étant filmé souvent plein champ à contre-jour) et un regard attiré par l'opulent fessier d'Ophélie - le regard de la caméra de Kechiche est plus voyeur que celui contemplatif de son alter ego Amin. J'ai trouvé intéressant le personnage d'Amin (l'acteur est formidable), un personnage d'artiste, d'observateur du monde, et il y a cette fois un contrechamp, fut-il limité, avec le personnage de Charlotte (la niçoise trompée par le cousin), sorte de personnage de Rohmer qui se serait perdu dans l'univers de Kechiche.
- cinephage
- C'est du harfang
- Messages : 23921
- Inscription : 13 oct. 05, 17:50
Re: Mektoub my Love (Abdellatif Kechiche - 2017)
Je trouve cette remarque tout à fait juste. Par le biais du personnage de Charlotte, Kechiche propose la confrontation de visions de l'amour et des rapports entre les sexes très différentes, avec d'un coté une vision assez morale, Rohmérienne en quelque sorte, de l'autre une conception plus dionysiaque (voir la façon dont cette petite société considère l'adultère d'Ophélie).Strum a écrit :le personnage de Charlotte (la niçoise trompée par le cousin), sorte de personnage de Rohmer qui se serait perdu dans l'univers de Kechiche.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell