Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Major Tom
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Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Major Tom »

2010/2020 donc (encore trois ans pour choisir, mais on peut déjà commencer).
Suite de la discussion du topic des News US où je déconnais à moitié mais, en fin de compte, vos avis sur la question m'intéressent (en espérant que le topic n'existait pas déjà, apparemment non) : qui sera/quel(le)s seront la/le(s) cinéaste(s) que nous retiendrons demain ?

Seule l'Histoire nous le dira évidemment, mais ça n'empêche pas de lancer des paris.

Personnellement, comme certains le savent déjà donc, je dirais Denis Villeneuve.
Mon avis. Pour moi il est déjà dans la cour des grands, et j'ai ce sentiment très perso de comprendre où il veut en venir, d'aimer là où il m'emmène même dans les recoins les plus noirs, malsains et inavouables de l'âme humaine. Si j'étais ado aujourd'hui et que je découvrais le cinéma avec Villeneuve, il y a des chances qu'il me l'aurait fait aimer autant que les cinéastes de mon enfance/adolescence, évidemment ceux du haut du panier, tels que De Palma, Polanski ou Antonioni. Sa filmo démarre en 1998 avec un film que j'avais beaucoup aimé à l'époque et que je serais curieux de revoir aujourd'hui (Un 32 août sur terre). Mais c'est après le très bon Polytechnique en 2009, et concrètement à partir des années 2010 qu'on peut dire qu'il a commencé à accaparer une certaine crédibilité : d'abord Incendies qui fut un choc critique, public, personnel, puis Prisoners en 2013, Enemy la même année, Sicario en 2015, et Premier Contact (Arrival) en 2016, [et ce message que je regretterai peut-être en fin d'année:] et bientôt Blade Runner 2049. Quasi sans-faute pour moi (on verra bien pour le dernier), même si j'ai moins aimé Arrival que ce qui précède. Chapeau. Alors peut-être est-il arrivé au bout (déjà) de son inspiration, peut-être n'est-ce que le commencement d'une longue et passionnante carrière, certainement faite de hauts et de bas mais je parie toujours intéressante d'un point de vue artistique, toutefois ce qu'il a réalisé à ce jour me semble impossible à ne pas citer dans une anthologie du cinéma, au rang d'œuvres importantes (Enemy en 1, mon film préféré du réalisateur)...

Ce n'est que mon avis, bien sûr.
Et je serais curieux de connaître vos pronostics, sur qui seront d'après vous la/le(s) meilleur((e)s) réalisateur(s)-trice(s) de la décennie ?
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Mosin-Nagant
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Mosin-Nagant »

Yeon Sang-ho et Na Hong-jin pour la Corée du Sud.
Juan Antonio Bayona pour l'Espagne.
David Robert Mitchell pour les USA.
Xavier Dolan pour le Canada. J'ai vu tous ses films et je n'aime pas spécialement... mais il a du talent.

En parlant de canadien, je n'ai vu aucun film de Denis Villeneuve. Mais il a du talent aussi, j'en suis sûr ! :mrgreen:
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Karras
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Karras »

Ma préférence va aussi vers Villeneuve que je compléterais par Damien Chazelle ( Whiplash, La La Land ) et Derek Cianfrance ( Blue Valentine, The Place Beyond the Pines, Une vie entre deux océans ) pour faire un podium.
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Truffaut Chocolat
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Truffaut Chocolat »

Mosin-Nagant a écrit :David Robert Mitchell pour les USA.
Mille fois oui.
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Thaddeus
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Thaddeus »

Question un peu flippante quand je prends la peine de m'y pencher, dans la mesure où la réponse me fait l'effet d'un grand vide. Non qu'il n'y n'ait pas de jeunes cinéastes prometteurs bien sûr, mais la pépinière me semble fragile, et surtout tellement moins fournie qu'il y a quelques décennies.
Le premier qui me vient est Jeff Nichols, dont la sensibilité néo-classique me touche énormément et qui a pour l'instant réalisé un sans-faute.
Ensuite je citerais Asghar Farhadi, qui brasse les questions de la responsabilité, de la morale et du regard avec une inspiration toujours renouvelée.
Enfin, parmi les espoirs français plus ou moins confirmés, le nom de Céline Sciamma est celui qui me semble le plus porteur de promesses (trois films remarquables, plus la scénarisation d'un autre tout aussi formidable).
Mais tous ces cinéastes ont débuté il est vrai lors de la décennie précédente.
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Alexandre Angel
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Alexandre Angel »

Je suis un peu dans la même position que Thaddeus : circonspecte... Et je suis tenté de piocher dans la décennie précédente (Bong Joon Ho, par exemple).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Brody
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Brody »

Pas évident de répondre quand même, étant donné que la plupart des cinéastes ayant débuté en 2010 n'ont qu'un ou deux films à leur actif.

J'ajouterai JC Chandor, au parcours sans faute pour l'instant et ayant une vraie personnalité : fallait oser enchainer un film choral blindé de dialogues techniques qui reste toujours intéressant, avec un survival muet à un personnage ; et son Most Violent Year est une belle réussite à tous niveaux.
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Truffaut Chocolat
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Truffaut Chocolat »

Thaddeus a écrit :Question un peu flippante quand je prends la peine de m'y pencher, dans la mesure où la réponse me fait l'effet d'un grand vide. Non qu'il n'y n'ait pas de jeunes cinéastes prometteurs bien sûr, mais la pépinière me semble fragile, et surtout tellement moins fournie qu'il y a quelques décennies.
Le premier qui me vient est Jeff Nichols, dont la sensibilité néo-classique me touche énormément et qui a pour l'instant réalisé un sans-faute.
Ensuite je citerais Asghar Farhadi, qui brasse les questions de la responsabilité, de la morale et du regard avec une inspiration toujours renouvelée.
Enfin, parmi les espoirs français plus ou moins confirmés, le nom de Céline Sciamma est celui qui me semble le plus porteur de promesses (trois films remarquables, plus la scénarisation d'un autre tout aussi formidable).
Mais tous ces cinéastes ont débuté il est vrai lors de la décennie précédente.
C’est un peu ma marotte, ça. :o
Je pense que le cinéma n’est absolument pas la priorité d’un créatif talenteux en 2017. C'était le cas le siècle dernier mais plus maintenant.
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Demi-Lune
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Demi-Lune »

Thaddeus a écrit :Mais tous ces cinéastes ont débuté il est vrai lors de la décennie précédente.
Je pense d'ailleurs que c'est la limite de l'exercice proposé ici : j'ai quand même l'impression qu'il est rare que des cinéastes deviennent instantanément majeurs au regard de la réception critique. Bien sûr, on peut trouver des tas de contre-exemples (notamment la Nouvelle Vague et le Nouvel Hollywood - et encore, même des mecs comme Coppola ou Scorsese ont commencé petits), mais je pense qu'il y a un phénomène de décantation, qui s'inscrit donc nécessairement sur le moyen terme, lié à une (re)mise en perspective d'une carrière à la lumière de motifs ou de thèmes cumulatifs qui dessinent la vraie stature du cinéaste, sa consistance et son importance au regard et à l'épreuve du temps. Combien de fois on nous a vendu un nouveau grand qui a fait rapidement pschitt... Encore une fois, le propos mériterait d'être nuancé et affiné, mais il y a souvent un espèce de tour de chauffe de quelques films, qui dévoilent un univers et une personnalité, avant qu'il y ait LE film qui fait accéder au niveau supérieur (le Kubrick de 2001 ou le Fellini de La dolce vita par exemple), ou LE film de la rupture. Asghar Farhadi, que l'on a cité à juste titre, a pour moi vraiment commencé à se distinguer à partir d'A propos d'Elly même si ses films précédents sont pourtant déjà "du Farhadi" ; mais pour des raisons étranges, l'alchimie ne se produit qu'à partir d'un film bien précis, pour être ensuite maintenue voire perfectionnée, avant éventuellement de décliner.
A titre personnel, je vois peu de cinéastes de cette décennie dont on se souviendra demain, mais c'est parce que la question, même si elle est tentante, est trop prématurée. Quelque part, je suis optimiste : c'est un travail de patience, qui sera récompensée ou non. Des gens comme Farhadi, Nuri Bilge Ceylan, Zvyagintsev, Winding Refn, Dolan, Hosoda, Kore-eda, McQueen, qui comptent à l'heure actuelle qu'on aime ou pas leurs films, ont tous commencé avant 2010. Je crois qu'il faut résister aux déformations de l'immédiateté même si prendre le pouls à un instant T est intéressant, révélateur et pas nécessairement trompeur (ceux qui flairaient la grandeur chez des mecs underground au début comme Lynch ou Cronenberg ont été des prophètes longtemps ignorés). On considèrera peut-être dans dix ou quinze ans comme significatif un cinéaste qui n'a pas encore montré ce qu'il avait vraiment sous le coude. C'est notamment pour ça que je trouve passionnant ce qui se passe en France en ce moment avec la nouvelle garde. Ça bouge de partout, il y a de vraies propositions de cinéma, et je suis impatient de voir si les petits jeunes (ou un peu moins jeunes) vont confirmer ou pas. Inversement, je suis circonspect sur le cas de Denis Villeneuve, qui est un bon réalisateur mais qui depuis Incendies, me semble avoir été systématiquement en-deçà de ce qu'il est capable d'offrir.
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par AtCloseRange »

Thaddeus a écrit :Question un peu flippante quand je prends la peine de m'y pencher, dans la mesure où la réponse me fait l'effet d'un grand vide. Non qu'il n'y n'ait pas de jeunes cinéastes prometteurs bien sûr, mais la pépinière me semble fragile, et surtout tellement moins fournie qu'il y a quelques décennies.
Pas mieux.
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par AtCloseRange »

Mais je pense que pour répondre à ce sujet, on ne devrait pas se baser sur la date de leur premier film, plutôt sur le premier qui s'est vraiment fait remarquer.
Les Dardenne faisaient des films dans les années 80 mais pour moi (et pour à peu près tout le monde) ils ont commencé avec La Promesse.
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par tenia »

C'est terrible, la majeure partie des cinéastes cités sont des cinéastes dont je pense qu'ils mériteraient de disparaître des mémoires comme d'honnêtes faiseurs finalement quelconques (Villeneuve, Cianfrance) ou des auteurs sur-cotés à mort (Dolan).
Et comme Demi-Lune le dit, ceux à qui je pense spontanément, j'y pense parce qu'ils ont bien plus de 7 ans de films derrière eux pour avoir le recul nécessaire sur leurs compétences.

Sinon, je dirais Matthew Vaughn.
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Jeremy Fox »

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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par Flol »

Truffaut Chocolat a écrit :
Mosin-Nagant a écrit :David Robert Mitchell pour les USA.
Mille fois oui.
Deux mille fois oui.
En ce qui concerne Villeneuve, je lui reconnais une certaine maestria dans la mise en scène et une ambition qui le placent au-dessus d'un paquet de cinéastes d'aujourd'hui. Après, de là à lui reconnaître une patte immédiatement reconnaissable à la Polanski, j'ai déjà un peu plus de mal. Et je dis ça alors que j'ai adoré Arrival.
Mais il lui manque quand même un petit quelque chose pour que je le range parmi les grands. De la personnalité, peut-être.
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Re: Les Cinéastes de la décennie que nous retiendrons demain ?

Message par MJ »

Les noms cités prouvent encore une fois que c'est sur le cinéma récent que les vraies batailles se mènent : je pourrais être souvent d'accord avec certains sur le cinéma américain des années 50, alors que Farhadi (...) et Villeneuve (?!) sont les cinéastes qu'ils retiendraient pour aujourd'hui. Goûts personnels mis un peu de côté, Xavier Dolan serait un bon pari... ne serait-ce que parce qu'il déplace une génération qui ne va pas dans son ensemble énormément en salles. Peut-être est-ce aussi ce qui le datera, mais ce sera probablement un nom retenu.
Outre le problème du manque de recul et de capacité de projection (certains premiers films indépendants récents valent bien les premiers De Palma ou autres barbus), s'ajoute le fait que les carrières se font aujourd'hui plus tard : il n'est pas rare que les premiers films soient l'oeuvre de quarantenaires, par des cinéastes quasi-entièrement avalisés par des institutions préparatoires (on n'est pas dans une dynamique de NV, même à âge à peu près égal). Parfois, comme pour les Etats-Unis, le problème peut se prendre en sens inverse: quels étaient les chances d'un Barry Jenkins de faire une razzia aux Oscars durant le fameux "Nouvel Hollywood"? De Sofia Coppola d'y mener la carrière qu'elle mène? etc. En ce qui concerne la France : est-ce que les cinéastes gravitant, pour le dire vite, autour de Vincent Macaigne ont les mêmes chances à terme de revêtir une importance comparable à celle de ceux qui formaient l'underground des années 70 (Garrel, Akerman)? Puis, est-ce si nécessaire? Probablement qu'à penser par avance à qui sera retenu ou non, on favorisera plus facilement des cinéastes néo-classiques, par comparaison biaisée à ce qui a déjà été retenu.

Bref, en jouant quand même: Dolan pour un choix francophone, Alex Ross Perry, Josephine Decker, Joe Swanberg, Terence Nance, les frères Safdie, Andrew Bujalski pour les indépendants US, Lisandro Alonso, Albert Serra, Miguel Gomes pour les latins. Je laisse l'Asie à de meilleurs connaisseurs!
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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