Loving (Jeff Nichols - 2016)
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Très beau film. Nichols a l'intelligence de se consacrer uniquement au couple Loving parce que leur histoire les dépasse totalement. Une Histoire trop grande pour eux, même s'ils en sont les acteurs. Ce détachement voulu par le réalisateur permet une belle épure dans l'émotion, dégraissant tout élément superflu au profit d'une narration elliptique, qui cherche moins à retracer les « grands moments » du couple que la dureté d'un quotidien à vivre contre nature (pas chez eux ou en regardant par dessus leur épaule). Et finalement, de se dire que la plus grande audace du film, c'est de ne pas avoir débuté avec le célèbre carton « inspiré d'une histoire vraie...».
Le public qui grandit devant la télé affine son regard, acquiert une compétence critique, une capacité à lire des formes compliquées. Il anticipe mieux les stéréotypes et finit par les refuser car il ne jouit plus d'aucune surprise ni curiosité, les deux moteurs de l'écoute.Il faut donc lui proposer des programmes d'un niveau esthétique plus ambitieux. La série télé s'est ainsi hissée, avec ses formes propres, au niveau de la littérature et du cinéma.
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Michael Shannon dont la courte apparition amène enfin un peu d'énergie à ce récit dévitalisé. Même ressenti que Ratatouille donc. Encore un raté pour Jeff Nichols (j'aimerais bien savoir si ACR l'a vu ). Et d'où vient cette nomination pour meilleure actrice, sérieux ?Ratatouille a écrit :La frustration ultime que de faire un film aussi peu émouvant et aussi peu passionnant en partant d'un sujet pareil. Je peux comprendre le choix du traitement "low key", mais ce qui aurait pu (dû !) être une histoire poignante devient alors un truc terriblement plat et presque anecdotique.
Sinon, big up à Joel Edgerton bluffant en idiot du village qui parle comme Michael Shannon.
Non, mais on se tape l'éternelle photo des véritables protagonistes au générique de fin…Et finalement, de se dire que la plus grande audace du film, c'est de ne pas avoir débuté avec le célèbre carton « inspiré d'une histoire vraie...».
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Thaddeus a écrit :Loving (Jeff Nichols, 2016)
D’un grand sujet comme mode de défrichement intérieur, d’une lutte patiente pour le droit et la justice, du triomphe d’un amour raconté sans emphase, de la consonance entre expérience personnelle et mouvement collectif, tonalité mineure et enjeux majeurs. Parce que Nichols est un auteur intelligent aux décisions toujours éclairées, qu’il se refuse à verser dans la rhétorique lénifiante et procédurière du film-dossier, il choisit de s’accorder à l’obstination tranquille et au pragmatisme serein de son couple interracial pour montrer comment une réalité inepte plia devant l’obstination inflexible de ces deux conjoints sûr de leur bon droit, déterminés à se bâtir un foyer et une vie commune. Cinéma tout de rigueur et de délicatesse, d’engagement et de sincérité, dont l’émotion frémit constamment à fleur d’image. 5/6
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Cliché qui reprend l'intimité du couple dans ce qu'il a de plus simple. A l'image du film, donc.Duke Red a écrit :Non, mais on se tape l'éternelle photo des véritables protagonistes au générique de fin…
Le public qui grandit devant la télé affine son regard, acquiert une compétence critique, une capacité à lire des formes compliquées. Il anticipe mieux les stéréotypes et finit par les refuser car il ne jouit plus d'aucune surprise ni curiosité, les deux moteurs de l'écoute.Il faut donc lui proposer des programmes d'un niveau esthétique plus ambitieux. La série télé s'est ainsi hissée, avec ses formes propres, au niveau de la littérature et du cinéma.
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
J'ai pas trop aimé le film, mais je reconnais que cette photo finale fait tout de même son petit effet (même si c'est trop peu trop tard, me concernant). Et puis si elle permet à un certain nombre de spectateurs d'apprendre que oui, le mariage "interracial" (quel horrible mot) était interdit en Virginie jusqu'en 1967, c'est déjà pas mal.pol gornek a écrit :Cliché qui reprend l'intimité du couple dans ce qu'il a de plus simple. A l'image du film, donc.Duke Red a écrit :Non, mais on se tape l'éternelle photo des véritables protagonistes au générique de fin…
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Certes c'est encore la force du cinéma de faire passer ce type d'information surprenante pour nous français mais une ligne Wikipédia ferait le même effet que ce film continuellement sous tension mais à l’encéphalogramme désespérément plat.Ratatouille a écrit :J'ai pas trop aimé le film, mais je reconnais que cette photo finale fait tout de même son petit effet (même si c'est trop peu trop tard, me concernant). Et puis si elle permet à un certain nombre de spectateurs d'apprendre que oui, le mariage "interracial" (quel horrible mot) était interdit en Virginie jusqu'en 1967, c'est déjà pas mal.pol gornek a écrit : Cliché qui reprend l'intimité du couple dans ce qu'il a de plus simple. A l'image du film, donc.
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Fort beau film qui rappelle que le Classicisme eastwoodien est une voie riche en possibles pour traiter des sujets aussi fort que ténus.
Autant les trois premiers opus prenaient en charge l'héritage malickien, autant le quatrième revisitait Spielberg autant celui-ci me semble de la même famille qu'un Madison county bridge, Honkytonk man, Sully.
Mais Nichols reste Nichols dans la sobriété sèche de son style, dans sa confiance dans l'image qui parle doucement à l'inconscient pour montrer la douceur, l'inquiétude, la beauté.
Autant les trois premiers opus prenaient en charge l'héritage malickien, autant le quatrième revisitait Spielberg autant celui-ci me semble de la même famille qu'un Madison county bridge, Honkytonk man, Sully.
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Rien à ajouter à ces deux avis qui vont totalement dans mon sens. Un film admirable, Jeff Nichols qui continue à creuser son sillon dans le classicisme le plus pur avec une ligne très claire et une douceur qui s'exprime aussi à travers le sourire inoubliable d'une Ruth Negga magnifique. Après le splendide Midnight Special, Jeff Nichols continue à monter dans mon estime. Et cette musique !G.T.O a écrit :
Retour au drame "sudiste" pour Jeff Nichols.
Mélodrame sans bruit ni fureur, oeuvre étonnamment apaisée écartant le tumulte d’une époque, Loving est un film qui désarçonne par sa simplicité, son absence de message ou de revendication politique. Mais aussi par l'abandon qu'il effectue de certaines conventions mélodramatiques au profit d'une mise en scène plus classique que jamais, où Nichols s'emploie à retourner comme un gant le genre mélodramatique dont il reprend l'esthétique en annulant ses principaux ressorts, ces fameuses forces extérieures qui s'opposent et contraignent habituellement l'expression des sentiments, déplaçant et substituant ses enjeux symboliques ( message politique) au bénéfice d'une douce élégie dédiée à la force d'un couple ne voulant ni vivre comme exception à la règle naturelle ( argument raciste) ni comme symbole d'une lutte. C'est ici que réside toute la beauté de ce film, dans l'affirmation modeste de soi, intempestive, d'un couple irréductible aux étiquettes qui, exprimant leur besoin d'être ensemble, bouleverse tous les compteurs par l'ordinaire de la formulation, prouvant s'il en est que le plus bel antidote contre le racisme demeure le fait de persister. Beau film.
The Boogeyman a écrit : Loving (Jeff Nichols) / 8
Jeff Nichols propose cette histoire d'amour contrariée par la bêtise humaine avec une énorme délicatesse, enrobée dans une atmosphère ouatée, ne force jamais le trait des éléments convenus (le shérif raciste revêche, l'avocat sympathisant...) et débarrasse même le film de son aspect "fait historique marquant". Nichols raconte avant tout une histoire d'amour avec tendresse. Ajouté au fait que l'interpretation du couple est rayonnante de naturel : Ruth Negga est magnifiquement douce et delicate, Joel Edgerton en mari transi / taiseux est parfait. La sensibilité et l'intime supplantant la haine.
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Qui est pourtant loin d'être le meilleur boulot de David Wingo pour Jeff Nichols (ou David Gordon Green).Jeremy Fox a écrit :Et cette musique !
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Oui, hors contexte, je ne pense pas qu'elle soit inoubliable. Mais dans le film elle m'a été émotionnellement très efficace.Ratatouille a écrit :Qui est pourtant loin d'être le meilleur boulot de David Wingo pour Jeff Nichols (ou David Gordon Green).Jeremy Fox a écrit :Et cette musique !
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Ratatouille a écrit :Qui est pourtant loin d'être le meilleur boulot de David Wingo pour Jeff Nichols (ou David Gordon Green).Jeremy Fox a écrit :Et cette musique !
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Alors que Jeff Nichols n'a toujours pas annoncé son prochain film, il a tourné l'an dernier un clip pour le groupe Lucero, Long way back home, avec Michel Shannon, qui tient du court-métrage ;
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Re: Loving (Jeff Nichols - 2016)
Le prochain film de Jeff Nichols se précise enfin : https://variety.com/2020/film/news/adam ... ssion=true