Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- G.T.O
- Egal à lui-même
- Messages : 4844
- Inscription : 1 févr. 07, 13:11
Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
Après avoir grandi dans un quartier difficile de Miami, Chiron, un jeune homme tente de trouver sa place dans le monde. Moonlight évoque son parcours, de l’enfance à l’âge adulte.
Le film sort aujourd'hui en France, après un accueil critique triomphal aux Etats-Unis.
-
- Nuits de Sheen...
- Messages : 7694
- Inscription : 17 févr. 06, 18:50
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
J’aime beaucoup son premier film, Medicine for Melancholy :
Cousin Lo-fi et délicat de la trilogie Before de Linklater, déambulation ouatée dans un San Fransisco sublimé. Jenkins sait construire son univers confortable, propice à la naissance de moments tendres, positionnant le spectateur comme confident. Entre deux regards amoureux chargés de culpabilité et d'envie, on y évoque avec beaucoup de colère contenue les conflits raciaux aux USA, le travail de mémoire sur l’histoire afro-américaine et la gentrification douloureuse, l’embourgeoisement inévitable de San Fransisco.
Filmé avec peu de moyens, en HDV (budget entre 10k et 20k$), le rendu est presque totalement dé-saturé (un cache misère, sans doute, qui rencontre aussi une démarche artistique) et le rapprocherait du courant mumblecore très en vogue à l’époque. On retrouve la touche à tout Amy Seimetz à la prod, d'ailleurs.
Bref, belle trajectoire pour Barry Jenkins. Une belle histoire. Propulsé d'un cinéma indé confidentiel, aux plus prestigieuses récompenses hollywoodiennes, a priori sans compromettre son travail.
J’ai très hâte d’aller découvrir ce Moonlight. Et je vous encourage à rattraper son Medicine for Melancholy.
Cousin Lo-fi et délicat de la trilogie Before de Linklater, déambulation ouatée dans un San Fransisco sublimé. Jenkins sait construire son univers confortable, propice à la naissance de moments tendres, positionnant le spectateur comme confident. Entre deux regards amoureux chargés de culpabilité et d'envie, on y évoque avec beaucoup de colère contenue les conflits raciaux aux USA, le travail de mémoire sur l’histoire afro-américaine et la gentrification douloureuse, l’embourgeoisement inévitable de San Fransisco.
Filmé avec peu de moyens, en HDV (budget entre 10k et 20k$), le rendu est presque totalement dé-saturé (un cache misère, sans doute, qui rencontre aussi une démarche artistique) et le rapprocherait du courant mumblecore très en vogue à l’époque. On retrouve la touche à tout Amy Seimetz à la prod, d'ailleurs.
Bref, belle trajectoire pour Barry Jenkins. Une belle histoire. Propulsé d'un cinéma indé confidentiel, aux plus prestigieuses récompenses hollywoodiennes, a priori sans compromettre son travail.
J’ai très hâte d’aller découvrir ce Moonlight. Et je vous encourage à rattraper son Medicine for Melancholy.
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
- G.T.O
- Egal à lui-même
- Messages : 4844
- Inscription : 1 févr. 07, 13:11
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
Merci l'ami, ton avis donne envie. Reste à savoir si cette subtilité et délicatesse demeurent encore dans le deuxième opus.
- MJ
- Conseiller conjugal
- Messages : 12484
- Inscription : 17 mai 05, 19:59
- Localisation : Chez Carlotta
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
Comme Manchester by the Sea c'est un film où des destins entiers se jouent sur un mauvais choix épisodique, donc c'est obligatoirement très écrit. Mais là où le script de Lonergan laisse un peu voir ses couturesG.T.O a écrit :Reste à savoir si cette subtilité et délicatesse demeurent encore dans le deuxième opus.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Entre ces deux titres-ci et Jackie, trois drames finalement remarquables.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
lowtek a écrit :Moonlight 5/10
Aussi opaque et mutique que son personnage. Agaçant.
- The Boogeyman
- Accessoiriste
- Messages : 1634
- Inscription : 25 juil. 13, 14:45
- Localisation : Antartica - 1982
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
Moonlight (B. Jenkins) / 6
La douceur du traitement de la dureté du sujet. L'envie de montrer l'envers des clichés ressassés au cinéma. Les interprétations des 3 acteurs donnant corps (à défaut de mots) à Chiron. L'interprétation de Mahershala Ali et l'écriture de son personnage. Soit les choses plaisantes de ce triptyque.
Mais le coté poseur de l'écriture et de la réalisation et la volonté de tout épurer annihile rapidement tout ressentiment d'émotions pour le personnage et son histoire.
" Accélère minouche !" - Michel Poiccard /// “When you have to shoot shoot don't talk” - Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez /// "Alors tu vois où elles nous ont menées tes ondes négatives, tu devrais avoir honte.” - Oddball dit Le Cinglé /// "Wake up !... Time to die" - Leon Kowalski /// "C'est quoi minouche ?" - Patricia Franchini
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 54841
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
A l'inverse de la personne du dessus, j'ai véritablement chialé comme une merde sur toute la séquence final du film.
En gros, j'ai adoré de bout en bout, c'est d'une justesse, d'une beauté et d'une délicatesse foudroyantes. Le parcours de ce jeune homme en quête d'identité peut sembler balisé par moments, mais Jenkins le fait sortir du tout venant grâce à sa mise en scène et au fait de ne jamais trop appuyer les situations (la confrontation de Chiron avec son ennemi à longues tresses aurait pu donner lieu à une succession de clichés).
Un petit chef-d'oeuvre, qui figurera à n'en pas douter dans le top 3 de mes plus belles découvertes de l'année. Seul regret : on ne voit pas assez Mahershala Ali.
Bref filez-lui l'Oscar immédiatement, plutôt qu'au charmant mais inoffensif La La Land. Et accessoirement, Jenkins prouve qu'il n'a rien perdu de son talent déjà clairement visible sur Medicine for Melancholy.
En gros, j'ai adoré de bout en bout, c'est d'une justesse, d'une beauté et d'une délicatesse foudroyantes. Le parcours de ce jeune homme en quête d'identité peut sembler balisé par moments, mais Jenkins le fait sortir du tout venant grâce à sa mise en scène et au fait de ne jamais trop appuyer les situations (la confrontation de Chiron avec son ennemi à longues tresses aurait pu donner lieu à une succession de clichés).
Un petit chef-d'oeuvre, qui figurera à n'en pas douter dans le top 3 de mes plus belles découvertes de l'année. Seul regret : on ne voit pas assez Mahershala Ali.
Bref filez-lui l'Oscar immédiatement, plutôt qu'au charmant mais inoffensif La La Land. Et accessoirement, Jenkins prouve qu'il n'a rien perdu de son talent déjà clairement visible sur Medicine for Melancholy.
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17125
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
Il est réellement excellent et domine, à mes yeux, l'ensemble du casting. D'ailleurs, je trouve que les meilleurs moments de ce joli film, son personnage s'y trouve.Ratatouille a écrit : Seul regret : on ne voit pas assez Mahershala Ali.
Mother, I miss you
- Jack Griffin
- Goinfrard
- Messages : 12389
- Inscription : 17 févr. 05, 19:45
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
Sentiment un peu mitigé de mon côté qui vient peut être du fait que Jenkins ait une volonté affichée d'équilibre entre la fable et le naturalisme, le lyrisme et une certaine sobriété dans ce qui nous ait montré. Mais j'ai ressenti trop souvent que le film penchait du mauvais côté de la balance, c'est à dire celui de la lourdeur et du m'as-tu-vu, faute peut être à des personnages et un univers trop peu "écrits" et dont les interactions ne traduisent pas une réelle nécessité.
Superficiel.
Superficiel.
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
LordAsriel a écrit :Moonlight, Barry Jenkins, USA : 7/10
C'est un film plein de contradictions. Les moments les plus gracieux côtoient des choses plus grasses, et le long-métrage ne parvient pas toujours à trouver la justesse entre la pudeur qui l'infuse et les ficelles parfois épaisses qui le meuvent. Le meilleur, ce sont les comédiens masculins, notamment les trois acteurs qui jouent le héros Chiron ainsi que Mahershala Ali, pleins du bleu qui fait le titre de la pièce dont est adapté le film (In Moonlight Black Boys look Blue). Le pire, c'est le personnage de la mère et son interprétation par Naomie Harris, qui tire le film vers le drame édifiant et commun, épaulée en cela par des afféteries de mise en scène assez dommageables : ralentis langoureux, étouffement du son... La dernière partie est ce qui m'a le plus touché, même si les deux derniers plans ne s'imposaient pas à mon avis, et font perdre un peu de sa puissance de mise à nu à la magnifique dernière réplique.
origan42 a écrit :Moonlight : 7/10
Le plus préjudiciable, c'est sans doute les critiques dithyrambiques et les pluies de récompenses (même le Golden Globe !) qui font le plus de mal à ce film : on pense que l'on va assister à un chef-d'oeuvre alors qu'il s'agit juste d'un bon petit film. À noter les bonnes interprétations (sauf le rôle de la mère !).
cinephage a écrit :Moonlight, de Barry Jenkins (2016) 7/10 - Un excellent sujet servi par de forts bons comédiens, mais Jenkins n'a pas confiance en eux, il préfère multiplier les inserts, les effets de style (un coup c'est flou, un coup la caméra virevolte, un coup je monte la BO, un coup je fais du montage cut pour interpeller), ce qui est assez dommage.
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99636
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
Pour son portrait d'un jeune noir ayant eu des difficultés à se faire accepter et à s'intégrer dans la société, traumatisé par une enfance malheureuse (mère toxico) et par le fait de ne pas trop savoir se situer sexuellement, Barry Jenkins trouve assez paradoxalement une certaine harmonie entre virtuosité et sobriété, par ses choix judicieux sa mise en scène s'avérant splendide tout du long, tout comme sa direction d'acteurs et sa puissante bande son. Ce n'est peut-être pas -pour moi- le sujet le plus captivant de l'année mais, sans presque aucun clichés, Jenkins réussit à nous rendre son film attachant, fort et émouvant tout du long. Pas déçu.
- G.T.O
- Egal à lui-même
- Messages : 4844
- Inscription : 1 févr. 07, 13:11
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
Assez d'accord avec ce que tu dis Jeremy.
Voici un film qui, quasiment vierge de tout cliché, réussit la synthèse entre une forte stylisation et un certain réalisme dramatique, que ce soit en terme de situations ou de personnages.
Mais c'est un réalisme étrange, qui est comme déréglé par l'intériorité de Chiron, son conflit, dans lequel la physique, ces éléments, ces lieux, deviennent en quelque sorte des lieux symboliques, initiatiques, dépeuplés - magiques. Sorte d'ailleurs, de merveilleux, caché dans le quotidien renforcé par la structure ternaire, en 3 âges. Moonlight est presque un cas de fantastique social, un film "liquide", où les choses sont davantage "ressenties" que décrites jusqu'au moment des retrouvailles finales, où les masques tombent.
Voici un film qui, quasiment vierge de tout cliché, réussit la synthèse entre une forte stylisation et un certain réalisme dramatique, que ce soit en terme de situations ou de personnages.
Mais c'est un réalisme étrange, qui est comme déréglé par l'intériorité de Chiron, son conflit, dans lequel la physique, ces éléments, ces lieux, deviennent en quelque sorte des lieux symboliques, initiatiques, dépeuplés - magiques. Sorte d'ailleurs, de merveilleux, caché dans le quotidien renforcé par la structure ternaire, en 3 âges. Moonlight est presque un cas de fantastique social, un film "liquide", où les choses sont davantage "ressenties" que décrites jusqu'au moment des retrouvailles finales, où les masques tombent.
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99636
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
Voilà ; c'est la principale originalité du film et de là surtout que découle sa grande réussite, ce mélange à priori incompatible et dont Barry Jenkins se sort à merveille, fortement aidé par ses formidables comédiens. Sa réputation me semble donc tout à fait justifié car sur le papier, le point de départ était sacrément casse-gueule.G.T.O a écrit : la synthèse entre une forte stylisation et un certain réalisme dramatique, que ce soit en terme de situations ou de personnages.
-
- Décorateur
- Messages : 3820
- Inscription : 20 mars 06, 15:11
- Localisation : Là
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
En ce qui concerne le style, trop d'ellipse tue l'ellipse. C'est pour moi le principal défaut du film.Jeremy Fox a écrit :Voilà ; c'est la principale originalité du film et de là surtout que découle sa grande réussite, ce mélange à priori incompatible et dont Barry Jenkins se sort à merveille, fortement aidé par ses formidables comédiens. Sa réputation me semble donc tout à fait justifié car sur le papier, le point de départ était sacrément casse-gueule.G.T.O a écrit : la synthèse entre une forte stylisation et un certain réalisme dramatique, que ce soit en terme de situations ou de personnages.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
- Marcus
- Jamais trop Tarr
- Messages : 5185
- Inscription : 5 févr. 04, 16:05
- Localisation : En train de prendre le thé avec Bela Tarr
Re: Moonlight (Barry Jenkins - 2016)
J'ai été déçu par le fait qu'à force de se vouloir subtil sur son sujet casse-gueule (l'homosexualité d'un noir) et ne pas dérouler un programme de film tract, ce qui est soi est louable, le film finit par ne plus traiter son thème que par la bande, ça devient accessoire aux saynètes qui sont certes bien jouées et filmées, mais du coup trop quelconques pour laisser une trace.
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
Jean Eustache, La Maman et la Putain
Jean Eustache, La Maman et la Putain