La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
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La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Je ne crois pas qu'il existe de topic. Si c'est le cas, je vous laisse modérer tout ça.
Après des succès mondiaux ininterrompus, Spielberg décide de mettre en scène un mélodrame intimiste.
Même s'il ne devait au départ que le produire, beaucoup de personnes (et les critiques en particulier) ont toujours mentionné le terme de "preuve".
En gros, Spielberg décide de faire une oeuvre où le fantastique est absent donc il veut "prouver" qu'il est un metteur en scène comme un autre, qu'il peut aller vers le cinéma "d'auteur" tel que l'entend l'intelligentsia. Qu'il a enfin de l'ambition, qu'il revient à la simplicité d'une intrigue sans "effets".
Ce topic est créé à la fois pour rendre hommage à la beauté de ce film mais également à "désacraliser" cette espèce de fausse visualisation d'un cinéaste qui veut mettre en scène l'histoire qui le passionne le plus sur le moment, sans aucun calcul commercial ou d'estime.
Déjà, Spielberg est l'un des rares cinéastes blancs à avoir eu l'audace, 56 ans après King Vidor, 42 après Vincente Minnelli, de montrer les maux et les bonheurs de personnages noirs. Cette affirmation semble puérile ou ridicule, mais Hollywood n'était pas spécialement le chantre du racialisme, puisque du chef-d'oeuvre de Vidor Hallelujah en 1929, Cabin in the Sky en 1943, il fallut attendre 1985 pour qu'une histoire bouleversante présente les Noirs comme des êtres humains avec leurs cultures, leurs traditions en même temps que leur volonté d'intégration, ainsi que la répercussion d'une société WASP sur des caractères entiers.
Mais, heureusement, The Color Purple n'est pas qu'un film de fond. C'est surtout un mélodrame flamboyant, déchirant, d'une beauté formelle étourdissante, dramatiquement dense.
Spielberg ne tombe pas dans le simplisme primaire : il ne va pas se donner bonne conscience mais raconter une histoire tumultueuse d'un personnage féminin remarquable, qui va se battre contre les soubresauts de la violence machiste. On oublie la couleur de peau pour souligner le délicat portrait de femme. On est très loin de la "mysoginie" des Indiana Jones, on est dans l'humanisme fondé d'un cinéaste ému par l'histoire qu'il raconte.
On pense à King Vidor ou à John Ford dans cette évocation spirituelle et fluide.
La mise en scène de Spielberg est encore une fois magnifique et l'inventivité s'efface dans un classicisme somptueux.
Le film arrive même à être meilleur que le roman de Walker et les comédiens sont excellents, notamment la révélation de Whoopi Goldberg et Danny Glover.
Il faut également ajouter que John Williams ne participe exceptionnellement pas à la musique. Spielberg a décidé d'engager Quincy Jones, qui nous délivre des compositions magistrales.
Passionné et passionnant, ce mélodrame est exacerbé par la beauté de son histoire et la splendeur, discrète, de la mise en scène.
Après des succès mondiaux ininterrompus, Spielberg décide de mettre en scène un mélodrame intimiste.
Même s'il ne devait au départ que le produire, beaucoup de personnes (et les critiques en particulier) ont toujours mentionné le terme de "preuve".
En gros, Spielberg décide de faire une oeuvre où le fantastique est absent donc il veut "prouver" qu'il est un metteur en scène comme un autre, qu'il peut aller vers le cinéma "d'auteur" tel que l'entend l'intelligentsia. Qu'il a enfin de l'ambition, qu'il revient à la simplicité d'une intrigue sans "effets".
Ce topic est créé à la fois pour rendre hommage à la beauté de ce film mais également à "désacraliser" cette espèce de fausse visualisation d'un cinéaste qui veut mettre en scène l'histoire qui le passionne le plus sur le moment, sans aucun calcul commercial ou d'estime.
Déjà, Spielberg est l'un des rares cinéastes blancs à avoir eu l'audace, 56 ans après King Vidor, 42 après Vincente Minnelli, de montrer les maux et les bonheurs de personnages noirs. Cette affirmation semble puérile ou ridicule, mais Hollywood n'était pas spécialement le chantre du racialisme, puisque du chef-d'oeuvre de Vidor Hallelujah en 1929, Cabin in the Sky en 1943, il fallut attendre 1985 pour qu'une histoire bouleversante présente les Noirs comme des êtres humains avec leurs cultures, leurs traditions en même temps que leur volonté d'intégration, ainsi que la répercussion d'une société WASP sur des caractères entiers.
Mais, heureusement, The Color Purple n'est pas qu'un film de fond. C'est surtout un mélodrame flamboyant, déchirant, d'une beauté formelle étourdissante, dramatiquement dense.
Spielberg ne tombe pas dans le simplisme primaire : il ne va pas se donner bonne conscience mais raconter une histoire tumultueuse d'un personnage féminin remarquable, qui va se battre contre les soubresauts de la violence machiste. On oublie la couleur de peau pour souligner le délicat portrait de femme. On est très loin de la "mysoginie" des Indiana Jones, on est dans l'humanisme fondé d'un cinéaste ému par l'histoire qu'il raconte.
On pense à King Vidor ou à John Ford dans cette évocation spirituelle et fluide.
La mise en scène de Spielberg est encore une fois magnifique et l'inventivité s'efface dans un classicisme somptueux.
Le film arrive même à être meilleur que le roman de Walker et les comédiens sont excellents, notamment la révélation de Whoopi Goldberg et Danny Glover.
Il faut également ajouter que John Williams ne participe exceptionnellement pas à la musique. Spielberg a décidé d'engager Quincy Jones, qui nous délivre des compositions magistrales.
Passionné et passionnant, ce mélodrame est exacerbé par la beauté de son histoire et la splendeur, discrète, de la mise en scène.
Dernière modification par Watkinssien le 14 juil. 16, 20:21, modifié 1 fois.
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Re: La couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Il y a longtemps que je ne l'ai pas vu, et c'est l'un des films de Spielberg que je connais le moins, mais si je ne me trompe pas il s'agit de son seul long-métrage (avec Sugarland Express) qui est centré sur un personnage de femme. Rien que pour cette singularité, il est stimulant de s'y pencher. Je ne partage pas ton accusation de misogynie sur Indiana Jones (vraiment !?), une assertion que l'on a ressorti d'ailleurs, si je me rappelle bien, au moment de Catch me if you Can, et je me demande bien pourquoi, mais je m'interroge sur le pourquoi du désintérêt de Spielberg vis-à-vis des destinées et des caractères féminins. La Couleur Pourpre pourrait peut-être apporter quelques réponses éclairantes, mais il faudrait que je le revoie.
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Re: La couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
J'ai omis les guillemets (corrigé). Je n'accuse aucunement du coup, mais par contre à l'époque ça y allait notamment après Indiana Jones and the Temple of Doom.Thaddeus a écrit : Je ne partage pas ton accusation de misogynie sur Indiana Jones (vraiment !?), une assertion que l'on a ressorti d'ailleurs, si je me rappelle bien, au moment de Catch me if you Can,
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Il me semble que c'est plutôt Quincy Jones qui s'est imposé sur le projet, ce n'était pas trop un choix de Spielberg à la base.Watkinssien a écrit :Il faut également ajouter que John Williams ne participe exceptionnellement pas à la musique. Spielberg a décidé d'engager Quincy Jones, qui nous délivre des compositions magistrales.
D'ailleurs sa compo a beau être jolie, c'est surtout un énorme pompage de Our Mother's House, score composé en 1968 par Delerue :
Je crois même que ce dernier a ensuite intenté un procès à Jones...qu'il a remporté.
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Aucun souvenir du score de Quincy Jones, mais l'information est intéressante. Our Mother's House est un bon souvenir que je cherche à revoir. L'autre beau film avec enfants de Jack Clayton.Ratatouille a écrit :D'ailleurs sa compo a beau être jolie, c'est surtout un énorme pompage de Our Mother's House, score composé en 1968 par Delerue
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Ah j'avais entendu le contraire justement, comme quoi l’entourage de Delerue poussa le compositeur a faire un procès à Spielberg alors que l’intéressé préféra la jouer fair play en ne bougeant pas le petit doigt.Ratatouille a écrit :Je crois même que ce dernier a ensuite intenté un procès à Jones...qu'il a remporté.
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Dans mon esprit Delerue avait intenté et gagné son procès, mais maintenant que tu le dis, il est fort possible que ce soit ça en fait.
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
C'est l'un des Spielberg que j'ai le moins vus et étudiés, et il faudrait vraiment que je m'y replonge parce que le statut de ce film dans la carrière du cinéaste est vraiment particulier : le titre en lui-même est très connu et pourtant, j'ai toujours l'impression en en discutant autour de moi que c'est finalement le plus méconnu des Spielberg célèbres. Sous réserve de le revoir, c'est peut-être son grand film oublié. Qu'est-ce que j'aimerais en tout cas qu'il revienne à cette veine intimiste, audacieuse, lorsque son cinéma existe et vibre pour des personnages qui bouffent l'écran. Dans mes souvenirs, La couleur pourpre me laisse néanmoins un peu écartelé. Il y a à l'évidence de superbes scènes dans ce film, très poignantes, très dures, certaines à mon sens figurant même parmi les plus belles de toute la filmographie de son auteur (Shug Avery apprenant à Célie à sourire, précédant si je ne me trompe pas une scène saphique ; "Monsieur" qui chasse violemment Nettie ; les retrouvailles finales). Le sujet et l'appropriation qu'en a fait Spielberg sont courageux (et ont été à l'époque à la source de débats consternants), c'était l'époque où Coppola, sur un sujet de fond similaire, s'était rétamé au box-office avec Cotton Club, et le résultat, étonnant et inhabituel, s'inscrit peu dans les conventions hollywoodiennes. Mais l'histoire souffre à mon sens d'importantes longueurs. Les 2h30 du film m'avaient souvent paru ennuyeuses. Et, peut-être parce qu'il n'avait pas une confiance absolue en lui pour porter ce projet que la critique avait schématiquement et dédaigneusement assimilé à son passage à l'âge adulte, j'avais trouvé, aussi loin que mes souvenirs flous me le permettent, que sa mise en scène était hésitante, un peu tiraillée entre l'aspiration au classicisme flamboyant et le piège d'un académisme tiédasse. Il retombera dedans, à pieds joints cette fois, avec Amistad. Je crois que Spielberg avait John Ford et King Vidor en permanence en tête pour La couleur pourpre, mais si l'aboutissement formel est indéniable (c'est le minimum de la part du réalisateur), la passation d'inspiration entre le cinéma de l'Age d'or et le cinéma contemporain ne réussissait pas complètement. La digestion me paraissait moins évidente que dans d'autres œuvres précédentes de Spielberg. Ce tiraillement, je le ressens dans la portée dramatique du film, qui alterne des passages puissants, voire déchirants (la fin est magnifique), et d'autres moins convaincants. De cette œuvre à mon sens importante dans la trajectoire du réalisateur malgré ses faiblesses, je retiens surtout son intimisme délicat, sa sincérité, son refus du misérabilisme et du manichéisme, le casting valeureux, le pari extrêmement casse-gueule que représentait l'adaptation d'Alice Walker au cinéma, son prestige esthétique, ainsi que l'émouvante conception de l'amour développée par le film, entendu comme une force permettant de transcender chaque être, quel qu'il soit, quels que soient les malheurs que la vie lui inflige.
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Demi-Lune a écrit :Qu'est-ce que j'aimerais en tout cas qu'il revienne à cette veine intimiste, audacieuse, lorsque son cinéma existe et vibre pour des personnages qui bouffent l'écran.
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
BGG, la Bonne Grosse Gerbe ?Ratatouille a écrit :Demi-Lune a écrit :Qu'est-ce que j'aimerais en tout cas qu'il revienne à cette veine intimiste, audacieuse, lorsque son cinéma existe et vibre pour des personnages qui bouffent l'écran.
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Ah oui, quand même !Ratatouille a écrit :D'ailleurs sa compo a beau être jolie, c'est surtout un énorme pompage de Our Mother's House, score composé en 1968 par Delerue :
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Merci Watkinssien, ça donne envie de le redécouvrir
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Perso, le souvenir n'est pas assez bon pour avoir envie de le réessayer Je me rappelle de quelque chose d'assez lourd.
L'Empire du Soleil sera plus satisfaisant sans l'être complètement. Le passage au film "adulte" ne sera réussi pour moi qu'avec Schindler.
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Je déteste la couleur pourpre et shindler par contre j'aime beaucoup Empire du Soleil
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« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
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Re: La Couleur pourpre (Steven Spielberg - 1985)
Pas loin : http://www.lebleudumiroir.fr/le-bgg/Demi-Lune a écrit :BGG, la Bonne Grosse Gerbe ?Ratatouille a écrit :
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