The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par Demi-Lune »

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Bon, tant qu'à faire, j'inaugure les festivités en copiant-collant ce que j'ai écrit à Jack Carter ailleurs.

Je reviendrai plus tard sur le film de façon un peu plus développée, car The assassin relève pour moi de ces expériences qui se digèrent, qui infusent, qui ne dévoilent pas tout clés en main. Il me semble d'ores et déjà acté que beaucoup de spectateurs n'adhèreront pas. Il suffisait d'écouter un peu les conversations au sortir de la séance, avec des gens qui se sont bien fait chier, ou d'autres qui ricanaient amèrement quant à l'appartenance de ce film au genre du cape et d'épée asiatique (en référence au dialogue précédant le film entre le réalisateur et Rauger et Bonnaud) - comme si on ne pouvait pas se douter, avant même d'entrer dans la salle, que ça allait être singulier. En l'état, j'ai trouvé qu'on avait affaire à un pur objet d'art, qui élève l'art de la composition picturale vers des cimes rares. J'étais bouche bée. C'est l’œuvre d'un maître, il n'y a pas à tortiller du cul. Chaque plan est d'une beauté à tomber à la renverse. Tout concourt à l'expérience hypnotique, que ce soit au travers de l'agencement des couleurs, du perfectionnisme des éclairages, du millimétrage des travellings, du chuchotement des dialogues, de la dilatation du temps, qui sera fatale à de nombreux spectateurs et qui remettra immanquablement sur la table l'accusation d'un cinéaste qui se regarde filmer et qui n'a aucune histoire à raconter. Perso, je me fiche pas mal que le film raconte ou non quoi que ce soit, lorsque tout tend manifestement vers une expérience alternative aux conventions. Rigolard, HHH indiquait d'ailleurs dans son dialogue avec Rauger et Bonnaud que ce travail avait l'effet d'une berceuse et que vous pouviez tranquillement vous endormir ; mais que le film vous intriguerait peut-être quand même en y repensant, et que vous voudriez alors le revoir, pour mieux l'explorer. Et de conclure qu'il fallait le voir au moins trois fois. Les AtCloseRange & Co ne manqueront pas d'y voir un aveu d'échec, mais force est de constater que l'expérience de ce film me ramène, moi, face à un vertige extrêmement obsédant et même, étrangement, sensuel. Oui, The assassin est du grand Cinéma comme on n'en voit plus beaucoup.
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tenia
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par tenia »

Perso, j'ai été très déçu.

Ce que j'en disais dans le topic général 2016 :

Musique lancinante qui tape vite sur les nerfs, choix de mise en scène ou de cadrage ultra poseurs (25 min de "dialogues" filmés à travers un rideau ? C'est parti), un script qui parait soit ultra épais soit complètement creux, des scènes d'action bien chorégraphiées mais montées avec les pieds au point de paraître amateur... C'est magnifique, mais c'est aussi fort chiant. Et pourtant, l'histoire ne se suit pas si mal que ça, même s'il faut quand même s'accrocher pour comprendre les motivations de chacun (ou, dans le cas de Yinniang, l'absence de motivation, vu qu'elle fait en fait absolument ce qu'elle veut au point où on dirait plus une ado rebelle qu'autre chose).

Mais, comme je l'ai lu ailleurs : "The silence in this film is meant to be tranquil and contemplative, I think, but an engine can only run on fumes for so long."

C'est marrant parce que j'ai commencé Out 1 un jour plus tôt, et Rivette se permet des choses clairement parce que Out 1 dure 13h (donc le 1er épisode se permet de n'avoir quasiment aucun élément narratif à raconter, ou du moins rien qui aurait pris ailleurs plus de 15 min). The Assassin se permet un peu le même genre de choses, étirant complètement certaines séquences très probablement juste "parce que" : la préparation de la cérémonie, le "dialogue", ... A la fin, vu que le film a une durée beaucoup plus classique que Out 1, je me suis du coup demandé si le film n'était pas beaucoup trop long, ou au contraire beaucoup trop court.

Quand je lis tous les éléments absents du film mais qui étaient présents dans les versions précédentes du script, difficile de ne pas avoir l'impression qu'il y a eu des coupes franches faites à la truelle, et tout le monde s'en fout dans l'équipe du film parce que "hey, c'est pas grave, c'est beau alors les gens diront que c'est pas grave, c'est zen".

:roll: : /10
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Jack Carter
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par Jack Carter »

Le film divise deja :mrgreen:
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tenia
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par tenia »

Jack Carter a écrit :Le film divise deja :mrgreen:
Je ne suis pas particulièrement surpris. A la rigueur, je suis plus surpris par certains forums unanimement extatiques devant le film, parce que ça fonctionne de façon tellement inhabituelle que je suis surpris qu’il puisse y avoir une telle unanimité (pas un mec que le rythme n’a gêné, ou les personnages pour lesquels il faut aller lire le script non révisé, etc etc).

Après, je comprends parfaitement que ça puisse plaire, c’est du cinéma contemplatif comme on en a déjà vu ailleurs (Weerasethakul et Malick, dans mon cas, mais ceux qui ont déjà vu d’autres films de HHH m’ont indiqué que The Assassin est dans leur continuité).

Dans mon cas, parfois ça marche, parfois non (mais j’avoue que ça fonctionne moins sur moi depuis 1 ou 2 ans, alors qu’il y a à peine quelques années de plus, j’aurais probablement trouvé ça génial).
Dernière modification par tenia le 18 févr. 16, 22:11, modifié 1 fois.
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par Alexandre Angel »

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Ah quand elles sont belles, c'est pas à moitié :oops:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par Flol »

Jack Carter a écrit :Le film divise deja :mrgreen:
Je suis un peu entre les 2 : c'est très très beau, c'est évident, rien à redire là-dessus. Certaines séquences, dont une certaine quasi fantastique, sont sublimes. Et les quelques (courtes) scènes d'action sont d'une maestria impressionnante, leur intrusion dans un ensemble plutôt empreint de douceur agit comme un véritable coup de fouet.
Mais mais mais...c'est aussi un peu chiant. :|
On ne sait trop qui est qui, pourquoi "machin" fait ça, pourquoi "truc" (ou alors c'est "machin" ?) décide d'aller par là.
Bref, sans vouloir tomber dans le cliché de la jolie coquille vide...bon ben si, finalement je tombe en plein dedans quand même, désolé. :mrgreen:
Je précise que c'était mon 1er HSS. J'ai depuis essayé Millenium Mambo, devant lequel j'ai tenu 22mn. Je ne sais pas trop si son cinéma est fait pour moi.
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par Gounou »

Ratatouille a écrit :Je précise que c'était mon 1er HSS.
HHH. :mrgreen:
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par Flol »

Gounou a écrit :
Ratatouille a écrit :Je précise que c'était mon 1er HSS.
HHH. :mrgreen:
Quand je dis qu'on les confond tous...
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par homerwell »

HHH avait déjà commis un film en costume : Les Fleurs de Shangaï. Plus une réussite picturale qu'autre chose, donc je verrai The Assassin avec l'espoir de retrouver les émotions procurées par son génial Three Times.
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par Watkinssien »

tenia a écrit :
Jack Carter a écrit :Le film divise deja :mrgreen:
Je ne suis pas particulièrement surprise. A la rigueur, je suis plus surpris
Le film divise tellement qu'on ne sait plus si l'on est un homme ou une femme ! :mrgreen:
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par tenia »

Je suis comme le film, je brouille les pistes. :mrgreen:
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par Karras »

Quelques avis supplémentaires ...
AtCloseRange a écrit :
cinephage a écrit : Je posais effectivement la question parce que c'est, pour autant que je sache, un des grands nom du cinéma contemplatif... Je ne me suis pas remis de ma découverte du Maitre de marionnettes, même si j'ai depuis pu aborder son cinéma en connaissance de cause. Comme tu disais "C'est magnifique, mais c'est aussi fort chiant", je me demandais quelle était ta familiarité avec son cinéma. :wink:
J'imagine qu'on pourra mettre ça sur sa tombe :mrgreen:
wontolla a écrit :The Assassin (Hou Hsiao-hsien ): 6/10

Des images sidérantes de beauté, une palette couleur qui fait pétiller les yeux (y compris le "noir et blanc" du début).
La construction du cadre au cordeau, les costumes.
Tout cela fait comprendre le prix cannois.
En revanche, au plan de l'action, même si ce n'est pas un film de sabre ou de combats, la lenteur m'a semblé insupportable.
Pour d'autres confrères aussi. Etait-ce dû au fait d'avoir eu les trois heures du prochain Tarentino auparavant ?
N'empêche, j'avais l'impression que les limaces de mon jardin sont plus rapides la nuit pour manger la nourriture que je place pour les chats du quartier!
Une partie de ma tête me dit que le film est fabuleux, que cette lenteur est voulue et nécessaire et que je ne lui rends pas justice avec ma cotation.
Mais mon corps a laché le film en cours de route. :oops: :oops: :oops:
ballantrae a écrit :The assassin HHHsien:un chef d'oeuvre comme on en voit peu!
10/10 bien sûr!C'était la vraie palme 2015.
Karras a écrit :The Assassin (5,5/10) : Plus proche d'une galerie de peinture que d'un film, chaque plan peut s'apprécier individuellement par ses qualités picturales souvent exceptionnelles, mais au final on peut aussi s'y ennuyer ( 1/2 point en plus pour le choix musical du bagad en générique de fin ).
Spoiler (cliquez pour afficher)
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The Boogeyman a écrit :The Assassin (Hou H-h) .......... 7
Une plastique et un rythme envoutants et fascinants. Dommage que l'intrigue soit si confuse (jugement qui m'est bien sur totalement personnel) dans son déroulement. j'ai très vite été largué dans l'énonciation des noms des différents protagonistes au point de ne plus les différencier. Et la sous intrigue concernant les tensions entre les différentes régions m'est apparue totalement opaque. J'ai donc choisis de me laisser porter par l'imagerie (les cadrages, les mouvements, les décors - naturels et intérieurs - les costumes, les chorégraphies) et le rythme... c'était sublime
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Jack Carter
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par Jack Carter »

Le film fait la couv' du Positif de Mars

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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par Jericho »

Film chiant et pas spécialement magnifique visuellement.
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Re: The Assassin (Hou Hsiao-hsien - 2015)

Message par poet77 »

Cela fait huit ans que les cinéphiles attendaient un film du taïwanais Hou Hsiao-Hsien, mais probablement ne l'attendait-on pas sur le terrain qu'il a choisi en fin de compte d'explorer : celui du wu xia pan, film de chevalerie, de sabre, d'art martial à la manière chinoise. Un genre dont le réalisateur s'empare à sa façon, offrant aux regards des spectateurs du grand spectacle certes, mais sans jamais céder à la facilité ni aux conventions qui pullulent le plus souvent dans les films d'art martial. Autant le dire d'emblée, ceux qui iront à une séance de « The Assassin » en souhaitant voir se succéder des scènes de combat seront déçus. Des combats, il y en a, bien entendu, mais de manière parcimonieuse et presque fugitive. Que reste-t-il donc à voir ?, se demandera-t-on. La réponse est simple et directe : des scènes et des plans d'une stupéfiante beauté !
Il ne faut pas se laisser décourager par certains avis parus qui prétendent que l'intrigue de « The Assassin » est si obscure, si confuse, qu'on n'y comprend rien. Ce n'est pas exact. En vérité, si le film peut prêter parfois à confusion, sa trame n'a rien de très complexe et peut se résumer en quelques lignes qui suffisent amplement à décrypter, si besoin est, chacun de ses plans et chacune de ses scènes. L'action se déroule dans la Chine du IXème siècle, dans la province de Weibo, l'une de celles qui, apprend-on, se sont rebellées contre le pouvoir impérial au point de le défier. Nie Yinniang (jouée par la sublime Shu Qi), une jeune femme dont l'éducation a été confiée à une nonne taoïste qui l'a initiée aux arts martiaux, revient dans sa province en ayant pour mission secrète d'éliminer les tyrans, à commencer par son propre cousin Tian Ji'an, le gouverneur de Weibo. Or cet homme, ce Tian Ji'an, n'est nul autre que celui avec qui Nie Yinniang a passé son enfance, avec qui elle espérait se marier, et qui, même si le mariage n'a pas pu se concrétiser, demeure son amour secret. Voilà tout le dilemme qui se joue sur l'écran : la justicière Nie Yinniang ira-t-elle jusqu'à sacrifier l'homme qu'elle aime ou désobéira-t-elle à ses commanditaires ?
Il n'est pas besoin d'en savoir davantage pour apprécier ce film dont toute la splendeur réside, bien plus que dans son scénario, dans la minutie et le soin apportés à la réalisation de chacun de ses plans. Chacun d'eux est composé à la manière d'un tableau doué de mouvement. Dès les scènes d'ouverture, filmées en noir et blanc, on ne peut qu'être subjugué par tant de beauté, comme si se façonnaient sous nos yeux de somptueux dessins faits à l'encre de Chine. Viennent ensuite les couleurs, le plus souvent dans des tons chauds de rouge, d'ocre et de jaune mais parfois aussi dans des teintes plus vaporeuses lorsque les scènes sont tournées en extérieur. A cela s'ajoutent les sons : bruits hallucinatoires des tambours ou musique de danse à l'occasion d'une scène des plus somptueuses dans le palais du gouverneur. Tant de splendeur laisse pantois, au point qu'on se demande si l'on ne rêve pas : la Chine du IXème siècle, une Chine certes peut-être fantasmée, semble nous être donnée à contempler.
Cela étant dit, si les décors ravissent les regards et si les sons émeuvent, c'est aussi et surtout d'une part parce qu'ils sont habités et d'autre part parce qu'ils émanent de personnages qu'on se délecte de découvrir et d'observer. Certains d'entre eux, il est vrai, n'ont droit qu'à un passage éclair (et c'est peut-être ce qui donne au film une apparence de complexité narrative), mais d'autres nous deviennent vite familiers, à commencer par le gouverneur et par son entourage et, bien sûr, par la justicière Nie Yinniang. Les apparitions de cette dernière sont toutes remarquables : silhouette vêtue de noir, elle se devine ou se montre à peine, à la façon d'un félin qui s'apprête à bondir, elle surgit lors de brèves confrontations, elle disparaît comme un oiseau aux ailes sombres. Est-elle une tueuse, comme l'indique le titre du film ? Oui sans doute, mais une tueuse qui, si elle maîtrise à la perfection la technique de son art martial, n'en recèle pas moins sa fragilité. Fragilité qui se révèle peu à peu et qu'on peut désigner par cette expression : un cœur qui bat. Car même dans un cœur aguerri peut naître et grandir ce curieux sentiment qui a nom miséricorde et qui s'invite, si l'on peut dire, comme trouble-fête (ou plutôt, en l'occurrence, comme trouble-crime) !
Même si l'on n'est nullement amateur de films d'arts martiaux, il n'est pas du tout inconcevable qu'on soit subjugué par ce film tant il est différent, hors norme, tant il est sublime de beauté ! 9/10
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