Notez les films d'aujourd'hui

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jeremy Fox
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Broadway Therapy : Peter Bogdanovich - 2015

On pourrait dire qu'il s'agit d'un vaudeville mâtiné de Woody Allen sur un rythme de Screwball Comedy. C'est parfaitement bien joué (j'adore surtout Owen Wilson et Rhys Ifans), ça file à 100 à l'heure et c'est très amusant grâce aux quiproquos qui se succèdent... mais n'étant pas spécialement friand de ces comédies aux rythmes endiablés, aux cris et aux portes qui claquent, disons que j'ai juste passé un agréable moment... et ce n'est déjà pas si mal.
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Message par El Dadal »

À sept heures du jugement

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Réalisé en 1988 par Beau Bridges lui-même, voilà un film dont j'ai rêvé pendant 2 décennies grâce à sa bande-annonce, présente en ouverture de programme sur la VHS Delta Video de Full Contact! C'est joli quand les vieilles lubies ne tournent pas au cauchemar, ou plus souvent à une simple cruelle désillusion.
Ici, on suit donc Bridges dans la peau du Juge Eden, un type ayant bâclé une affaire d'homicide et qui va devoir trouver un moyen de sauver au cours d'une seule nuit sa propre femme, kidnappée en représailles. Le pitch est un peu con con, mais le tournage quasi intégralement street raw (pas beaucoup de budget pour cette péloche, on fait avec ce qu'on a) donne à voir de sacrées vistas des bas-fonds de Seattle. Pas toujours bien interprété, le film a pour lui une durée plutôt courte et un réel sens du suspense. Gangs opposés, clodos, faune nocturne, le bon juge bien propre sur lui va devoir se mêler à la liesse populaire, ce qui amène de petites réflexions amusantes sur une société reaganienne à deux vitesses. Malheureusement, le dernier quart d'heure tombe dans les pires conventions de genre, ce que le film avait plus ou moins su éviter jusque là, et l'antagoniste, qui avait su garder un peu de mesure, se transforme en vulgaire boogeyman injuste. Tant pis.
Suffit qu'on soit un tantinet nostalgique d'un esprit 42nd street, et ça se regarde quand même bien.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Une enfance : Philippe Claudel 2015

L'enfance difficile d'un jeune garçon d'une dizaine d'années dans une petite ville industrielle de l'Est de la France.

C'aurait pu être très bien sauf que le résultat est catastrophique et risible, sans aucune subtilité, misérabiliste au possible et rempli à ras bord des clichés les plus éhontés : les pauvres sont des beaufs, les fonctionnaires des fainéants, les politiques des pourris, la drogue c'est pas beau, les instituteurs sont gentils... Le tout emballé dans une photographie d'une rare laideur (accentuation des couleurs jusqu'à l’écœurement alors que le cinéaste cherche le naturalisme et le réalisme) et une des musiques françaises les plus niaises depuis Eric Serra. On sent que les comédiens avaient du potentiel (que ce soit les parents et notamment la mère ainsi que le jeune héros ; le petit frère est en revanche une tête à claques) mais comment s'en rendre compte alors qu'on leur donne à jouer des situations aussi éculées et des dialogues aussi mauvais. On trouve évidemment quelques saynètes attachantes (celle du prof de tennis) mais il faudra bien chercher. Et dire qu'on a voulu faire passer ce film pour du Ken Loach !
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Northern Soul de Elaine Constantine (2014)

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Northern Soul c'est l'histoire de la jeunesse britannique des années 1970 et d'un mouvement underground qui a bouleversé toute une génération. Deux jeunes provinciaux refusent de se soumettre à leur avenir tout tracé, d'un travail à la chaine à l'usine et ne pensent qu'à partir aux USA. Ils rêvent de dénicher des disques vinyles rares, qui leur permettraient de devenir les meilleurs DJ. Ce périple va leur faire découvrir violence, rivalité, abus de drogue et mettra en péril leur amitié.


Au début des années 60, l'Angleterre connait un engouement musical sans précédent pour la soul. Les tubes de la Motown, Atlantic ou Stax cartonnent et inspirent les groupes locaux (notamment ceux du courant mods) qui vampirisent la soul pour l'emmener ailleurs avec des formations plus rock comme les Small Faces ou les Who. Avec l'arrivée du hard rock, du rock psyché, du glam et du rock progressif, la soul devient rapidement passée de mode auprès du grand public anglais. C'est sans compter sur une horde d'irréductibles dans le nord de l'Angleterre, réfractaires au changement et qui vont s'improviser DJ en organisant des soirées où ils diffusent les plus grands tubes soul de l'époque. Devant le succès considérable de ces soirées, les DJ se retrouvent rapidement à court de disques à diffuser et décident de se rendre aux USA d'où ils vont ramener un flot de perles méconnues, mais qui n'ont rien à envier aux classiques Motown. Le succès est tel que des titres ayant fait un bide plusieurs années auparavant aux Etats -Unis (surtout faute de distribution correcte) se retrouvent soudainement n°1 dans les charts anglais participe à créer le courant de la Northern soul. La Northern Soul se caractérise par ses tempos ultra soutenu ravivant le son Motown, un four on the floor éreintant taillé pour les pistes de danses dont le slow est totalement exclu. La drogue aidant, les rythmes se feront de plus en plus rapides, annonçant le virage vers le disco. Le mouvement connaîtra son apogée du milieu des 60's à la fin des 70's avec des soirées prétexte à des marathons de danses au sein de clubs mythiques du nord de l’Angleterre : Le Twisted Wheel à Manchester, le Golden Torch à Stoke -On -Trent, le Mecca à Blackpool et le Casino de Wigan. Le genre aura perduré à travers les reprises – le célèbre Tainted Love de Soft Cell est repris d’un tube northern de Gloria Jones -, groupe hommage tel les Dexy’s Midnight Runner et leur Come on Eileen et artistes récent s’en réclamant comme la regrettée Amy Winehouse.

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Le film d’Elaine Constantine se penche donc avec brio sur le phénomène. Comme souvent la passion naît de l’ennui et la musique va constituer une échappatoire au quotidien morne et à l’avenir sinistre promis par le cadre d’une cité industrielle du nord de l’Angleterre. John (Elliot James Langridge), adolescent brimé et solitaire est subjugué durant une soirée par l’aplomb de Matt (Josh Whitehouse). Ce dernier réussit à imposer un titre soul au DJ et ne va pas se démonter face au public amorphe pour se lancer dans une danse survoltée et haranguer l’assistance. C’est le départ d’une belle amitié et c’est à travers le regard novice de John que l’on va découvrir la culture Northern Soul. Le mouvement est la fois vestimentaire avec ces sweat collant, pantalons ample et grosses chaussures permettant d’exécuter les pas de danse les plus spectaculaires et bien sûr musical.

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Le film rend parfaitement l’aura mythique du DJ et de sa setlist. Les « nouveautés » northern soul reposant sur des titres anciens restés obscurs, la trouvaille de la rareté qui subjuguera la piste de danse devient une quête mythique et obsessionnelle. On voit ainsi John et Matt écumer les disquaires d’occasions, s’immiscer dans une économie parallèle où l’on achète une cargaison de disques à la dérobée de parking de boite de nuit ou en faisant des commandes à des soldats de passage mais basés en Amérique, le tout en rêvant de trouver « la » perle. Le rêve ultime serait d’ailleurs d’aller chercher des disques aux Etats-Unis pour nos héros, admiratifs de l’aura de DJ cachant jalousement la source des meilleurs titres qu’il diffuse. Cela donne une délicieuse touche rétro et un côté plus précieux à la musique à l’heure où tout se retrouve en un téléchargement, une des plus belles scènes du film étant celle où Matt et John en écoutant leurs derniers achat tombe sur le titre caché du DJ star local, la révélation leur attirant une audience inattendue lors de leur set.

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Elaine Maine s’était fait connaître par son travail dans la photo où son thème récurrent était la culture adolescente anglaise. On retrouve de cela dans le film, le cadre rétro ne jouant jamais sur la nostalgie mais capturant l’engouement Northern Soul dans une immédiateté jouant à la fois sur le montage percutant - où l’on saisit le virus Nothern Soul happer toute la jeunesse de la ville - , l’énergie des scènes de soirée et surtout un art tout photographique justement de figer dans une grâce suspendue l’extase des danseurs s’oubliant sur la piste. La première scène au Wigan Casino offre un moment d’une force rare, le malingre John devenant un stomper véloce et habité capable de se relever d’une overdose. Des nouveaux pas de danses répétés frénétiquement toute la semaine au travail d’usine où l’on ronge son frein en attendant le samedi, la passion irrationnelle est saisie avec une grande justesse par la réalisatrice parfaitement documentée, le projet ayant mis 15 ans à trouver un financement. La vie intime des deux héros est un peu plus convenue mais conserve charme et énergie, notamment les premiers amours de John pour une belle infirmière. L’envers du décor revêt aussi un aspect connu avec les amphétamines circulant dans les soirées, avec quelques situations et personnages outranciers à la Trainspotting mais c’est en liant toujours cela à la musique qu’Elaine Maine évite le cliché notamment avec la déchéance de Matt. Bref, une œuvre bondissante et attachante qui donnera au novice l’envie de s’y mettre et aux connaisseurs de ressortir leurs vieilles compilation Northern Soul – la bande son du film entra d’ailleurs dans le top 10 des charts britanniques. 5/6
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Avril ou le monde truqué : Franck Ekinci et Christian Desmares - 2015

Un très bon film d'animation français qui ne manque ni d'imagination ni d'humour ni même d'ampleur lors des séquences mouvementées. Un révisionnisme historique assez jubilatoire pour un film jamais ennuyeux. Manque peut-être un peu de poésie mais sinon Tardi accomplit un superbe travail de recréation. Dans la lignée des Miyasaki d'aventure du style Le Château dans le ciel, une jolie réussite.
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Message par Jeremy Fox »

Le Voyage d'Arlo (The Good Dinosaur) : Peter Sohn - 2015

Grand écart entre le sublime Vice-Versa et ce Voyage d'Arlo ennuyeux à mourir. Hormis quelques rares idées amusantes (surtout au début), deux trois séquences impressionnantes et une 'reconstitution' bluffante de réalisme des paysages de montagne, ce Pixar est d'une banalité à pleurer et surtout dépourvu de tout charme.
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The Rachel Papers de Damian Harris (1989)

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Charles est un pragmatique, dont la logique et la vie amoureuse sont régies par ordinateur. Âgé de 19 ans, il termine le lycée et fait le point avant d'intégrer Oxford, sur ses conquêtes féminines ayant un dossier attitré sur son ordinateur programmé sur une méthode infaillible. Il déploie, avec son copain Geoffrey un luxe de stratégie pour conquérir ses petites amies et gérer ses liaisons avec décor adapté à chacune. C'est simple, chacune d'elles est sur disquette. Il décide alors son aventure la plus exquise, celle avec la belle et énigmatique Rachel, une américaine de la haute société, vivant à Londres...

The Rachel Papers est un beau récit de passage à l'âge adulte qui adapte le premier (et très autobiographique) roman de Martin Amis. On retrouve d'ailleurs de l'ironie et l'humour de l'auteur britannique à travers Charles (Dexter Fletcher), son jeune héros plein d'esprit. Tombé sous le charme de la belle et mystérieuse Rachel (Ione Skye), il va tout mettre en œuvre pour la séduire. Pour ce faire, il a une méthode séduction infaillible rédigée sur son ordinateur où le dossier Rachel trône précédé d’autres conquêtes moins ardues. La voix-off distanciée, la bonne bouille de Dexter Fletcher et la complicité entretenue avec le spectateur (regard face caméra amenant humour et décalage aux situations) confèrent un beau capital sympathique à Charles. La tonalité "british" donne une approche assez différent du teen movie standard, entre car tout le film ne repose pas que sur la réussite de l'entreprise amoureuse. Ainsi Charles ne tombe jamais dans le cliché du loser puceau tel qu'un teen movie américain aurait pu le dépeindre, ses tentatives de séduction infructueuse amusent par leur ridicule sans non plus le faire tomber plus bas que terre. L'empathie fonctionne donc à plein lorsque Charles est snobé par les amis nantis de Rachel (dont un jeune James Spader en petit ami antipathique), tente tour à tour l'indifférence, l'hyper sensibilité ou la culture pour se montrer à son avantage. S'il ne parait jamais aussi séduisant qu'il le voudrait, c'est précisément cette maladresse et la vulnérabilité qu'elle évoque qui va progressivement émouvoir Rachel. On ressent le poids de la différence de classe dans les éléments qui éloignent Charles et Rachel à travers quelques scènes charmantes (la soirée mondaine chez la mère de Rachel) mais qui peuvent être dépassé à l'image du personnage loufoque de beau-frère incarné ar Jonathan Pryce.

Le plus grand ennemi de cette histoire d'amour ne sera cependant pas le contexte ou les rivaux amoureux, mais Charles lui-même. La candeur de la séduction maladroite cède ainsi à la passion charnelle adolescente étonnamment explicite (par rapport aux prudes teen movie actuel) que Damian Harris illustre en de superbes vignettes. L'abandon n'est pourtant pas total, nombres de gimmick du début du film demeurant et créant une distance. Nous restons dans le monde intérieur de Charles sans complètement plonger dans la romance, le personnage s'observe, se questionne et finalement commente toujours plus qu'il ne vit l'instant. Les schémas alambiqués, le pour et le contre qui guidait la séduction se maintient dans la romance à laquelle il va forcément commencer à trouver des défauts, en éternel insatisfait cynique. Avec usage de l'informatique, cette approche calculée et sans spontanéité, le film anticipe grandement les maux plus modernes des réseaux sociaux (un montage au début amorce même un effet de speed-dating) où il faut cibler, assimiler et se conformer à l'autre, plus une proie potentielle qu'un compagnon amoureux. Ce virage malmène ainsi ce héros si attachant, d'autant que le charme fragile de Ione Skye (héroïne d'un autre teen movie culte la même année, le splendide Un monde pour nous de Cameron Crowe) opère autant en quête insaisissable qu'en amoureuse éperdue. Les études de Charles qui prépare Oxford semblaient être en arrière-plan mais se révèlent un élément essentiel de l'intrigue lors d'une dernière scène où l'analogie avec le critique littéraire lui fait comprendre son erreur. En ne s'abandonnant pas entièrement aux charmes de l'amour/des classiques littéraire, Charles en devient le commentateur froid et n'y cherche que les défauts en oubliant d'en savourer les délices. La leçon aura été comprise, mais peut-être trop tard comme le laisse croire un beau final mélancolique. Joli film ! 4,5/6
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Amy d'Asif Kapadia.

Consacré à l'ascension aussi tragique que fulgurante de la chanteuse Amy Winehouse, le documentaire Amy se présente, à première vue, comme une oeuvre sans fard, authentique et poignante. Un documentaire dédié moins à l'icône Amy qu'à la petite nana d'Enfield, ayant soudainement eu beaucoup de succès, allumette un brin dépressive. L'approche résolument anti-réflexive, entièrement tournée vers le pathétique, nourrit un film d'une grande pauvreté filmique, impudique, habillé sous la forme racoleuse du reportage tv sensationnaliste, n'ayant pour seule ambition que de livrer un portrait psychologique sommaire de la chanteuse, avec son lot de grandes révélations, telles que la jeune Amy souffrait d'avoir eu un père absent durant son enfance, qu'elle était maladivement timide, que toutes personnes ayant eu la chance de la rencontrer se rendaient compte du talent insolent dont elle disposait mais dont elle doutait...C'est dire à quelle hauteur vertigineuse le film nous propulse, toutes ces questions existentielles à la Voici présentées de manière pachydermique ( photos et voix-off) pour faire pleurer Madeleine qui ne disent rien de la personnalité de l'anglaise.C'est donc à une véritable symphonie lacrymale auquel nous convie le reportage Amy, petit escapade déjà calibrée pour la diffusion tv, probablement et prochainement visible un de ces quatres sur M6.
Triste.

1/6
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Message par Jeremy Fox »

Amy : Asif Kapadia 2015

Hormis ses deux ou trois tubes, je ne connaissais rien de cette chanteuse à la voix extraordinaire ; je dois dire que ce très bon documentaire sur son parcours tragique me l'a rendu très touchante. Une belle réussite.

6.5/10
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Je trouve que c'est un très grand film
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Message par Jeremy Fox »

Tout en haut du monde : Rémi Chayé - 2016

Je suis un peu passé à côté de ce film d'animation à la réputation élogieuse. Certes les intentions étaient louables : vouloir retrouver le souffle du film d'aventure traditionnel à partir d'un graphique simple et épuré. Malheureusement je n'ai ressenti ni ce souffle ni l'ampleur nécessaire à faire décoller ce genre d'histoires. De plus j'ai trouvé les personnages un peu caricaturaux et je n'ai pas été convaincu par le graphisme qui manque selon moi singulièrement de charme et de poésie. Alors certes l'histoire est assez belle mais le film ne m'a pas procuré grand chose en terme d'émotion. Déçu.
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Les Innocentes : Anne Fontaine 2016

Décidément le cinéma d'Anne Fontaine depuis ses débuts me laisse totalement de marbre. Merci à -successivement et si je ne me trompe pas- Chopin, Schumann et Bach, d'avoir apporté un peu d'émotion à ce film qui, pour moi, en est totalement dépourvu malgré ses très louables intentions et sa très jolie histoire. Même Vincent Macaigne n'est pas très bien utilisé je trouve. Je partais confiant ; comme pour Nettoyage à sec, Perfect Mothers et d'autres encore, l'ennui a finalement gagné la partie.
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American Pimp de Albert et Allen Hughes (1999)

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Tous les films des frères Hughes, quel que soit le registre abordé (de la chronique sociale Menace II Society (1993) à la chronique post-Vietnam Génération sacrifiée (1995) en passant par le fantastique From Hell (2001)) s'appliquent à explorer la réalité, la violence et la crudité du ghetto. Avec American Pimp, les réalisateurs s'essaient au documentaire et poursuivent cette vision du ghetto à travers la figure controversée du mac. Toute une mythologie et un folklore accompagne le mac - devenu une quasi icône de la pop culture - dans l'inconscient collectif, allant du Huggy les bons tuyaux de la série Starsky et Hutch aux classiques de la Blaxploitation en passant par le livre culte Pimp du proxénète repenti Iceberg Slim. Les Hughes jouent de tous ces clichés durant le film par un montage percutant qui les illustrent par des extraits de films de blaxploitation (notamment le bien nommé The Mack (1973)), des photos d'archives et bien évidemment les témoignages haut en couleurs de mac et de leurs "filles". Tenues extravagantes, grosse voitures, langage fleuri (une fille avouant avoir été traitée de "bitch" plus de fois en une seule discussion téléphonique avec son mac que durant toute sa vie) et attitudes flamboyante, tout y passe avant que les Hughes déconstruisent et analyse les codes de cet univers.

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L'un des intérêts du film est la totale absence de jugement du mac, la vérité, les ambiguïtés et la violence de ce statut se révélant au fil du récit sans prise position ostentatoire. L'historique du mac aux Etats-Unis semble essentiellement associé au peuple afro américain, au départ afin d'exploiter le désir de l'homme blanc pour les femmes noires dont il ne peut plus disposer aussi aisément après l'abolissement de l'esclavage. Une aubaine pour les hommes noirs qui décident de monnayer ce plaisir et s'enrichir, ce qui aura pour effet de rendre la prostitution jusque-là légale hors la loi. Le mythe du mac était né, attirant ceux trop fainéant pour une vie honnête et trop lâche être gangster. Le mac représente donc dès le plus jeune âge pour les gamins des ghettos une image de réussite fascinante et séduisante dans son clinquant. Les rapports entre le mac et les filles s'avèrent particulièrement trouble et pas forcément aussi manichéen qu'attendu malgré l'évidente misogynie. La misère sociale de ces filles (qui pourraient finalement exercer le plus vieux métier du monde en "indépendante") les amène à un rapport de soumission avec un mac qui les malmène et pousse à gagner durement leur vie sur le trottoir.

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Les méthodes de repérage de la fille idéale, fragile et corvéable sont narrées dans le détail tout en faisant du mac une sorte de figure paternelle (tant dans le côté brutal que réellement protecteur) pour des jeunes femmes perdues ou vénale. C'est un monde aux codes complexes (un mac révélant que sa "carrière" a démarrée presque malgré lui lorsqu'une fille a insisté pour tapiner pour lui) où tout repose sur une psychologie retorse : la violence n'est qu'un ultime recours pour le mac le plus fin sachant manœuvrer son "écurie", la dureté et l'indifférence semblant presque un vecteur d'attachement pour les filles en quêtes d'une autorité particulièrement tordue. Les témoignages de prostituées repenties ou encore active, les situations surprenantes et dérangeantes (un mac aux petits soins pour ses filles avant de les envoyer dans la rue) dessinent donc une étrange mais bien réelle famille ou chacun trouve presque son compte entre dollars facile et affection étrange. Les macs parlant avec émotion de leur première fille au turbin comme d'un dépucelage et ayant la gorge nouée quand ils se souviennent de celles perdues à cause d'un "micheton" trop violent - dont une sacrée anecdote d'un mac dont une fille fut victime du tueur du Zodiaque dans les 70's - montre ainsi cet attachement surprenant.

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Le duel de strass et de frime entre mac offre les moments les plus ludiques, tel ce salon annuel du pimp à Las Vegas chargé en mauvais gout et qui n'aurait rien à envier au cli de rap le plus putassier - le gangsta rap n'ayant d'ailleurs jamais cachés leur fascination pour la culture pimp, Snoop Dogg en tête. La manière roublarde dont ils se volent leurs recrues est assez savoureuse et témoigne d'une époque plus noble quand cette situation était acceptée quand aujourd'hui cet art se perd avec la violence des apprentis mac qui n'ont pas appris les arcanes du métier - le livre d'Iceberg Slim montre d'ailleurs dans le détail la "formation" de son héros par un vieux briscard. Les frères Hughes alternent entre crudité ramenant au réel et imagerie tapageuse, chaque forfanterie hilarante d'un mac face caméra étant contrebalancée par des séquences assez sinistres dans des ruelles glauques aux quatre coins des Etats-Unis - on apprendra d'ailleurs les spécificités de chaque ville en matière de prostitution, du type de fille aux lieux de rencontre en passant par le tarif moyen. La dernière partie montrera le pendant blanc, industrialisé et légal de la prostitution avec les véritables maisons closes installées dans certains états du pays. Tout en posant un environnement plus cadré et paisible du métier, ce côté professionnel semble paradoxalement plus glaçant avec cet entrepreneur du sexe austère ne dégageant pas la sympathie du mac gouailleur et du lien aux filles plus chaleureux sans justifier bien sûr l'immoralité de la chose. C'est passionnant de bout en bout, entre constat froid et immersion, les Hughes laissant l'opinion du spectateur se construire en restant à distance. En prime une bande-son soul grandiose (ils avaient déjà fait fort avec celle de Génération sacrifiée)) où s'enchaînent Isaac Hayes, Curtis Mayfield d'autres grands noms. 5/6
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45 ans (45 years) : Andrew Haigh 2016

Un vieux couple, la soixantaine bien tassée, prépare la soirée de fête de leur 45 ans de mariage. La peur et la tristesse de se sentir vieillir, la mélancolie, le temps qui passe ; toutes ces petites notations sont très bien vues et assez touchantes. Pas mal de scènes ou plans m'ont bien plu : le retour en voiture après le repas des anciens, les plans du dehors vu de l'intérieur de la maison avec le tictac de la pendule, les superbes amorces de chaque nouvelles journées avec des vues sur la campagne hivernale, les plans sur le visage de Charlotte Rampling et notamment le dernier où l'on se demande qui de l'immense tristesse ou de la joie va l'emporter... Le film aurait d'ailleurs fait un superbe court métrage si le scénario s'en était tenu à cette simplicité qui trouve son point d'orgue durant les superbes 20 dernières minutes.

Seulement le principal de l'intrigue tourne autour de la jalousie de la femme pour l'ex-maitresse de son mari avant qu'ils se rencontrent et que l'on vient de retrouver morte congelée dans un glacier après avoir disparue depuis 50 ans ! Et là je n'ai absolument pas été captivé par cet inutile à côté dramatique d'un film qui se serait suffi selon moi à n'évoquer que le quotidien de ce couple attachant superbement interprété par Charlotte Rampling et Tom Courtenay. En gros j'ai surement plutôt été déçu car le film ne correspondait pas à mes attentes, à mon envie d'être constamment ému. J'ai trouvé l'ensemble au contraire plutôt froid, plein de longueurs, la mise en scène manquant cruellement de style, de poésie et de la mélancolie qui prévalaient à l'histoire. Je suis donc très mitigé : pas franchement accroché au 2 premiers tiers, assez touché par le dernier. Une future vision pourrait me le faire plus apprécier.
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Jeremy Fox a écrit :Les Innocentes : Anne Fontaine 2016

Décidément le cinéma de Anne Fontaine depuis ses débuts me laisse totalement de marbre. Merci à -successivement et si je ne me trompe pas- Chopin, Schumann et Bach, d'avoir apporté un peu d'émotion à ce film qui, pour moi, en est totalement dépourvu malgré ses très louables intentions et sa très jolie histoire. Même Vincent Macaigne n'est pas très bien utilisé je trouve. Je partais confiant ; comme pour Nettoyage à sec, Perfect Mothers et d'autres encore, l'ennui a finalement gagné la partie.
Perso j'ai été assez touché par cette histoire, j'ai trouvé l’interprète principale remarquable, il est vrai que les scènes avec Vincent Macaigne ne sont pas les plus réussies, de toutes façons je n'ai jamais compris la hype autour de lui. Et visuellement j'ai trouvé de jolies choses.
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