Les cinitinéraires de Wontolla

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jordan White
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Jordan White »

wontolla a écrit :Pour ce soir, ce sera un changement de cap avec Serbis (2008) de Brillante Mendoza que j'ai enregistré sur Arte.
J'avais enregistré ce film le 10 décembre sur le conseil d'amis. Au fil du temps et de la lecture de ce forum il y a eu confusion dans ma tête avec A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010) [voir le topic ici]. Je n'ai pas été vérifier les enregistrements sur le disque dur du décodeur et j'envisageais plutôt d'effacer le film plutôt que de plonger dans l'horreur de ce "torture porn".
Je t'imagine en effet confondre les deux à cause de cette allitération en "s", et cela aurait d'ailleurs pu m'arriver.
Un film qui oscille entre fiction et documentaire qui relate la vie au quotidien d'une famille exploitant un cinéma porno (qui se nomme Family !!!). S'il n'y a pas vraiment de relations sexuelles explicites (sinon une fellation, mais depuis Bill Clinton et sa stagiaire, nous savons que ce n'est pas un acte sexuel, même si ici, la gâterie buccale est procurée par un trans) mais des sexes exposés, montrés... ils pas fondamentalement plus visibles et crus cependant que dans certain films de Paul Verhoeven.

En revanche, on nage dans l'urine (il faudrait même dire la pisse pour être dans l'ambiance du film), le pus, le sperme, la saleté crasse du cinéma. Une salle et un immeuble glauques. Les mésententes familiales et maritales, la prostitution homosexuelle, les clients en quête d’un peu de tendresse, les propriétaires qui sont au bord du gouffre financier sont ici montrés de façon réaliste.

Et ce n’est pas cela qui m’a gêné ou donné la nausée mais plutôt l’utilisation d’une caméra à l’épaule pour nous faire arpenter, monter, descendre les escaliers, découvrir les diverses pièces du « complexe cinématographique » (il y avait trois salle au début je crois et il n’y en plus qu’une seule).

Pas vraiment emballé par le film que je ne regrette cependant pas d’avoir vu; je l'ai effacé sans le graver car je n'envisage pas de le revoir. Je verrai le prochain Mendoza (Le masseur, dont je ne connais pas le titre original)qui passe sur Arte et que j’enregistre pour le regarder à l'occasion.

Je n'ai vu aucun film de ce réalisateur philippin.
Cela dit, je te conseille le très beau La chatte à deux têtes de Jacques Nolot sur un cinéma parisien porno racontant également comment la clientèle a réussi à entretenir des rapports d'amitié au fil des ans, et dans lequel Nolot parle à des garçons sur leur vision de l'amour, du sexe, qu'ils soient gay ou hétéro. Il essaie de draguer le jeune projectionniste tandis que la vendeuse tente de le draguer. Le film est dispo en DVD zone 2 fr.
Dernière modification par Jordan White le 18 févr. 11, 21:14, modifié 1 fois.
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wontolla
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

J'avais vu True Grit (Joel et Ethan Coen, 2010) en avant-première mais dans de mauvaises conditions techniques (trop près de l'écran, image qui n'était pas au point). Hier, après la visite au home de personnes âgées et avant une réunion, j'ai pris le métro et j'ai pu littéralement me ruer dans une salle juste quelques instants avant que le film ne démarre.

Cette fois-ci, j'étais au fond de la salle (la plus grande du complexe), avec un son et une image idéaux. Et je me dois de revenir sur mon jugement précédent. Ce n'est probablement pas le plus grand film des frères Coen mais je dois reconnaître que sur ce coup, je suis bluffé. Tout d'abord la qualité de la photographie, une bande son qui me prenait dans les tripes (si je puis me permettre!). Une actrice de 14 ans (l'âge du rôle), Hailee Steinfeld qui semble prometteuse et un Jeff Bridges qui donne corps au Marshal Cogburn, alcoolique vieillissant.

Tant les frères Coen que Hathaway sont arrivés à donner vie au roman de Charles Portis. Ne l'ayant pas lu, je ne sais lequel des deux réalisateurs était le plus proche du roman, car il y a des différences de traitement de l'histoire. Certaines accentuations (par exemple tout ce qui tourne autour de la pendaison chez Hathaway) ou des ajouts (la fin chez les frères Coen) par rapport aux deux films.

Je suis donc ému et séduit et il est probable que j'irai le revoir une troisième fois !
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Jordan White a écrit : Cela dit, je te conseille le très beau La chatte à deux têtes de Jacques Nolot sur un cinéma parisien porno racontant également comment la clientèle a réussi à entretenir des rapports d'amitié au fil des ans, et dans lequel Nolot parle à des garçons sur leur vision de l'amour, du sexe, qu'ils soient gay ou hétéro. Il essaie de draguer le jeune projectionniste tandis que la vendeuse tente de le draguer. Le film est dispo en DVD zone 2 fr.
Je te lis au moment où je postais la suite de mes cinitinéraires... (Je corrigeais aussi quelques fautes dans mon post... et qui restent bien sûr dans les citations...) et je te fais confiance pour cette suggestion. Il n'en restait plus qu'un et je viens de le commander (avec Breezy de Clint Eastwood et en passant par le lien de la bannière du site) et il n'est donc plus de stock.
Cela fait ma deuxième commande de la journée, après ce coffret Clint Eastwood dans lequel je n'aurai qu'un doublon (Un frisson dans la nuit). Les deux colis devraient arriver mardi et/ou mercredi...

Je m'éloigne de mon parcours. Hier soir, après la réunion (c'est habituel dans le boulot où je rencontre les collaborateurs bénévoles en dehors de leurs heures de boulot, soit souvent le soir et le WE), le souvenir de 100 dollars pour un shérif (True Grit de Henry Hathaway) a fait vagabonder mon esprit vers John Wayne, avec The quiet man (L'homme tranquille, John Ford, 1952) d'autant que l'on avait mentionné ce film il y a quelques jours sur le forum.

Quel plaisir et quelle joie de voir ce film où John Wayne et Maureen O'Hara sont extraordinaires. John Ford qui doit avoir quelques nostalgies irlandaises à nous faire partager (les paysages, la bande son, les chansons,...).

Cela à l'air d'une histoire à l'eau de rose. Des roses il y a mais en matière d'eau, il s'agit plutôt de whisky et de bières brunes irlandais! Une histoire d'amour de style Roméo et Juliette, Sean Thornton (Wayne) tombe amoureux du premier regard de la belle Mary Kate Danaher (O'Hara) qui s'occupe d'un troupeau de moutons. Hélas, elle est la soeur de Will Red Danaher (Victor McLaglen) qui convoite le cottage et le terrain que Sean Thornton lui rafle au nez et à la barbe.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Sean est un ancien boxeur. Il avait quitté l'Irlande pour aller aux USA. Il a arrêté la boxe après la mort (accidentelle) de son adversaire lors de son dernier combat
. Il revient au pays pour s'y installer et ne veut plus utiliser ses poings.
J'ai d'ailleurs cru un moment que le film finirait mal et que Sean tuerait Will dans un combat à mains nues. Ce ne sera pas le cas et j'ai vibré à l'unisson d'un véritable film bucolique.

Il est dommage que la restauration du film n'aie pas permis de rendre la qualité d'origine du film qui a obtenu, notamment, l'Oscar de la meilleure photographie en 1952 (et celui du meilleur réalisateur).

En gros, une excellente journée cinéma: un western des frères Coen et un film à la gloire de l'Irlande et de l'amour dans une même journée, que du bonheur!
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Après la journée d'hier, j'ai profité d'une pause cette après-midi avant une réunion pour me rendre en ville et découvrir Les femmes du 6e étage (Philippe Le Guay, 2011).

J'ai découvert un film qui est un petit bijou. L'histoire aurait pu être et tourner au vaudeville. Il n'en est rien. Jean-Louis Joubert (Fabrice Luchini) est gestionnaire de finances et a hérité de l'affaire de son père. Il est l'époux de Suzanne (Sandrine Kiberlain) et réside dans un très bel immeuble parisien (haussmannien ?). Ils perdent/chassent leur bonne qui trouvera une remplaçante en la ravissante espagnole Maria (Natalia Verbeke, que je découvre).

Maria sera l'occasion pour Jean-Louis de découvre au sixième étage de son immeuble les "femmes du 6e étage", quelques "bonnes" espagnoles, chacune avec son caractère, sa personnalité, depuis la "pieuse" jusqu'à la révolutionnaire. On se situe au début des années 60, pendant la période franquiste. Jean-Louis va découvrir non seulement une bonne, mais une femme, un monde, un univers qu'il ne connaissait pas. Il va s'ouvrir à lui-même et à la compassion. Luchini est tout en finesse dans ce film et bonifie d'année en année. Le réalisateur ne nous impose pas une morale en noir et blanc, mettant les bons d'un côté et les mauvais de l'autre. Pendant une bonne centaine de minutes il fait évoluer ses personnages. A la fin du film qui comporte quelques scènes où j'ai ri de très bon coeur, je garde en mémoire un film émouvant, agréable et qui invite aussi à une réflexion sur des mondes qui se frôlent sans se connaître.

On aurait pu aller plus loin dans une critique sociale mais ce n'est pas ce que cherchait à faire Philippe Le Guay et je lui sais gré de m'avoir permis de savourer ce film.
Dernière modification par wontolla le 28 févr. 11, 22:26, modifié 2 fois.
Jordan White
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Jordan White »

wontolla a écrit :Je te lis au moment où je postais la suite de mes cinitinéraires... (Je corrigeais aussi quelques fautes dans mon post... et qui restent bien sûr dans les citations...) et je te fais confiance pour cette suggestion. Il n'en restait plus qu'un et je viens de le commander (avec Breezy de Clint Eastwood et en passant par le lien de la bannière du site) et il n'est donc plus de stock.
Cela fait ma deuxième commande de la journée, après ce coffret Clint Eastwood dans lequel je n'aurai qu'un doublon (Un frisson dans la nuit). Les deux colis devraient arriver mardi et/ou mercredi...
Bonjour wontolla,
Et oui tu te rends compte comme les choses sont bien faites : j'avais justement vu qu'il n'en restait qu'un exemplaire et j'ai demandé qu'aucune commande ne soit possible avant la tienne histoire que tu ne retrouves pas dans une situation de rupture de stock au moment où tu prenais commande pour l'ultime exemplaire. lol.

Je te laisse désormais le découvrir, à tête reposée.
Dernière modification par Jordan White le 19 févr. 11, 12:36, modifié 1 fois.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Jordan White a écrit :
wontolla a écrit :Pour ce soir, ce sera un changement de cap avec Serbis (2008) de Brillante Mendoza que j'ai enregistré sur Arte.
J'avais enregistré ce film le 10 décembre sur le conseil d'amis. Au fil du temps et de la lecture de ce forum il y a eu confusion dans ma tête avec A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010) [voir le topic ici]. Je n'ai pas été vérifier les enregistrements sur le disque dur du décodeur et j'envisageais plutôt d'effacer le film plutôt que de plonger dans l'horreur de ce "torture porn".
Je t'imagine en effet confondre les deux à cause de cette allitération en "s", et cela aurait d'ailleurs pu m'arriver.
De fait, c'est serbe, serbian, serbis qui ont trompé ma mémoire.
En réalité, serbis veut dire "service" et c'est le (petit) service que proposent les prostitués à leur client (inutile d'entrer ici dans les détails :!: ).

Par ailleurs, je vais encore tenter un essai avec le réalisateur Brillante Mendoza puisque je viens d'enregistrer Masahista (Le masseur, 2005) qui a été diffusé par Arte durant la nuit il y a quelques jours.


PS: je découvre ton message au moment de poster. :wink:
Tu travailles chez Amazon pour me faire de telles réservations :fiou: ?
Dernière modification par wontolla le 19 févr. 11, 12:42, modifié 1 fois.
bronski
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par bronski »

Jordan White a écrit :Bonjour wontolla,
Et oui tu te rends compte comme les choses sont bien faites : j'avais justement vu qu'il n'en reste qu'un exemplaire et j'ai demandé qu'aucune commande ne soit possible avant la tienne histoire que tu ne retrouves pas dans une situation de rupture de stock au moment où tu prenais commande pour l'ultime exemplaire. lol.

Je te laisse désormais le découvrir, à tête reposée.
Lolwut?

Sinon le dvd est encore disponible "sous une à trois semaines", le temps sûrement que leur stock soit renouvelé. Je ne les imagine pas permettre des commandes non respectées.
Jordan White
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Jordan White »

Il s'agissait d'une blague à propos de la demande de réservation exclusive du DVD par wontolla.

Le site remettra bientôt en ligne les stocks pour pouvoir de nouveau le commander (ça se fait également régulièrement sur les autres sites vitrines d'Amazon, tels
amazon.it, amazon.co.uk, ou amazon.de).
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Je constate que la Cinémathèque de Bruxelles avait diffusé en novembre Le Masseur de Mendoza.
wontolla
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

J'ai regardé le film après le déjeuner. La page Wikipedia du réalisateur signale que Masahista (Le Masseur) est le premier long métrage du réalisateur philippin Brillante Mendoza:
Wikipedia a écrit :En 2005, son premier long métrage Masahista qui traite de l'homosexualité, remporte le Léopard d'or de la vidéo au Festival international du film de Locarno.
Quoique présenté dans le "cycle cinéma gay et lesbien" de Arte je pense qu'il est erroné de dire que le sujet du film traite de l'homosexualité. Il y a certes des relations ou des comportements "homosexuels" mais il s'agit plus ou plutôt, à mon estime, de la question de la prostitution (masculine) aux Philippines.

Le récit, lui aussi proche du documentaire (comme le futur Serbis) tourne autour d'Iliac (Coco Martin, qui jouera dans d'autres films de ce réalisateur) qui est "masseur" dans une maison où des masseurs masculins proposent des massages à des clients tout aussi masculins, moyennant payement bien sûr... et plus, non si affinités, mais si payement. Si les clients sont gays, les masseurs ne le sont pas, et Elias est attendu par sa girlfriend (elle aussi prostituée, selon toute apparence) qui lui reprochera d'avoir eu une relation avec son client, avant de l'embrasser. Et justement si, après le massage, tout ce que le client souhaite est permis (moyennant finances, même si le masseur est parfois roulé par après), une chose ne l'est pas, à savoir "embrasser".

Si l'on découvre Iliac ayant une relation sexuelle avec son client (écrivain, sur lequel on se concentrera durant le film), on le voit impassible durant celle-ci, les yeux fixés au plafond et la tête disjointe (mentalement!) du corps.

Le film joue sur plusieurs temporalités et notamment le flashback. Iliac a perdu son père (mort d'une cirrhose du foie) et pendant des scènes de massages l'on à des retours sur la mise en bière de son père. Le procédé pourra paraître facile, mais je trouvais intéressant le parallèle entre l'habillage de la dépouille du père et le déshabillage du client par le fils Iliac. De même, la caméra survole les différentes cabines de massage et l'on voit évoluer les massages non pas sur un même client mais sur divers clients au fil des cabines successives.

Si des relations sexuelles sont montrées (mais, sauf coupure dans le film, il n'y a pas de sexe explicitement montré) et pour autant que l'on soit bien à l'aise dans sa tête par rapport à la représentation de relations homosexuelles, le malaise n'est pas là mais plutôt dans cette "nécessaire" prostitution pour survivre financièrement. La mère d'Iliac semble au courant; les masseurs entre eux parlent de leurs clients et des nouveaux (les clients eux-mêmes parlant des nouveaux masseurs, comme s'il y avait une nécessaire rotation de la "marchandise"). J'emploie le terme sciemment, car le tenancier (homo féminisant, je n'arrive pas à trouver l'expression qui ne serait pas politiquement incorrecte) présente les masseurs comme tels: il montre leur corps, leurs abdos aux futurs clients, preuve que ce qui compte est le corps du masseur et pas le massage.

Dans mon aumônerie en milieu gay et lesbien, je n'ai jamais rencontré de prostitués mais j'ai appris de mon confrère qui avait en charge une aumônerie dans ce milieu, beaucoup parmi eux n'étaient pas gays. En revanche, certains gagnaient en une nuit ce qu'ils gagnaient en un mois ou plus dans un des pays de l'Est d'où ils venaient. Ici, dans son film Mendoza met le doigt sur et nous oblige à regarder une réalité sordide. Il n'est pas question ici de tourisme sexuel. Les clients qui sont montrés dans le film sont des autochtones mais les jeunes qui massent en arrivent à faire ce "travail" comme un métier "normal" parce qu'il rapporte dans ce pays ou se mêlent catholicisme et superstition.

Je me suis demandé si des acteurs du film, si criants de vérité n'ont eux-mêmes pas bénéficié d'une expérience antérieure en la matière et si Mendoza, leur proposant de jouer dans son film ne leur offre pas ici une démarche cathartique.

Je n'ai pas non plus gravé ni même gardé le film même si je ne regrette pas l'avoir visionné.


Mise à jour: corrections orthographiques.
Dernière modification par wontolla le 20 févr. 11, 13:28, modifié 4 fois.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par gnome »

Cette photo de Serbis...
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...m'a intéressé et attiré dès que je l'ai découverte au hasard d'une page web sans avoir jamais eu l'occasion de voir le film (qui semble si je te lis bien assez éloigné de ce que pourrait laisser supposer la photo justement - il y a comme une tendresse, une douceur dans la photo qui semble à l'opposé du sordide du reste du film)... J'aimerais néanmoins le découvrir tout comme Le masseur dont tu viens de parler et que j'ai raté à arte récemment...
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wontolla
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Je réponds brièvement (je suis dans un train et pas facile de rédiger un long texte sur un smartphone *).

L'image provient bien d'une scène du film et c'est d'ailleurs l'une de celles où je faisais référence à Paul Verhoeven (notamment pour la représentation d'un sexe en érection aprés que les deux protagonistes aient fait l'amour).
Mais cette scène se déroule dans l'ambiance glauque du film et du décor.
Il n'empèche que j'en conseille la vision, de même que celle du "Masseur".
Mais faut-il mettre 40 € pour les deux DVD? A toi de voir, à moins peut-être les emprunter dans une Médiathèque ?

Si j'avais pu prévoir, je te les aurais enregistrés avant de les effacer pour faire de la place sur le décodeur. :wink:

(*) PS: je suis en congé ce dimanche et me rends chez des amis; ceci explique ma réponse depuis un train :-)
wontolla
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

En rentrant hier soir de ma journée en province, je pensais prendre un moment de détente sans trop me prendre la tête avec Largo Winch I (j'avais acheté le DVD en promotion avec un hebdomadaire belge quelques jours plus tôt, en prévision de la sortie de la suite). Tout en zappant les programmes à la télévision, je découvre qu'Arte va diffuser Cabaret (Bob Fosse, 1972), avec Liza Minnelli.

Je décide de regarder ce film.
Aucun regret d'avoir fait ce choix. Si le film est diffusé dans le cadre du cycle "cinéma gay et lesbien" de Arte, force est de reconnaître que c'est très loin d'être le thème principal du film; c'est même probablement une erreur que d'y voir cette "question"-là.

Première chose: j'avoue que je connaissais ni le réalisateur ni ce film et je découvre qu'il n'a réalisé que cinq films (mais ce n’est pas beaucoup moins que Tarkovsky!) ni le film. Je m'attendais donc à passer deux heures devant une comédie musicale. Musicale oui, comédie, non !

Au centre: Berlin et l’Allemagne sur le chemin du nazisme. Celui-ci, omniprésent dans le film, au travers de multiples facettes. Au centre du centre, un chant: Toorrow belong to me, résonne dans une taverne, chanté par un jeune garçon aux cheveux blonds, dont on s’aperçoit bien vite qu’il fait partie des Hitlerjugend. Ensuite, le chant est repris en choeur par d’autres jeunes et des clients, le bras levé. Le décor est planté. La caméra s’attarde sur des visages de personnes âgées qui doutent ou s’interrogent. Je me suis surpris à augmenter le son et à écouter ce chant, tel celui des sirènes. Je me suis rendu compte que beaucoup ont dû se laisser envouter en cette sinistre époque.

Ce film m’a fait songer à The Magnificent Ambersons. Dans l’un et l’autre cas, un monde s'écroule et des protagonistes ne s’en rendent pas compte. Si certains se doutent ici qu’un monde est en mutation - pour le pire - ils peuvent encore croire que celle-ci ne va pas se réaliser. Parfois un moment de lucidité: « pourrez-vous les contenir longtemps encore ? ».

C’est aussi le film des ambiguités: sexuelle, politique, idéologique, des sentiments, des religions, des amours.

Le contraste entre les scènes de cabaret (avec un extraordinaire Joel Gey en animateur ou maître de cérémonie) et certaines scènes « extérieures » souvent violentes oblige le spectateur à prendre mieux conscience encore de cet univers où, tel les Ambersons, les gens sont sur une autre planète: ils festoient sans se rendre compte que la lèpre est à leurs portes. A la fin du film, elle sera dans leurs murs: le film commence avec des images déformées et se termine de même mais dans la foule, on voit, dans les dernières secondes, augmenter le nombre de brassards avec un croix gammée. END.

J’en oublie presque l’histoire, mais c’est volontaire, l’essentiel n’est pas là. Les protagonistes : Liza Minnelli est une chanteuse américaine (Sally Bowles). Elle tombe amoureuse de Brian (excellent et troublant Michael York qui arrive à rendre compte de l’ambiguité affective de son personnage) qui ne le lui rend pas immédiatement (et pour cause? Oui et non). Un homme, très riche va les séduire tous deux et les laisser tomber tout aussi vite, avec une grossesse en cours de route. Ambiguïté des sentiments de ce trio (Elle: je couche avec Max; Lui: moi aussi); ambiguïté de la paternité: qui est père? Max ou Brian ? résolution: avortement ! D’autres personnages gravitent autour d’eux, Fritz (un juif qui se fait passer pour un protestant - il se doute déjà de l’inéluctable qui se prépare - mais séduit puis tombe amoureux d’une juive), joué par Fritz Wepper et Natalia (la juive), jouée par Marisa Berenson.

La violence est là, dans les interstices. Bob Fosse joue parfois de l’ellipse. Ainsi, Brian harangue et rabroue de jeunes nazis. Fin de ce plan. Le suivant, Brian le visage tuméfié, dans son lit, aux côtés de Sally. Nous n'avons rien vu de la bagarre, mais elle était là!

Et sans cesse, le maître de cérémonie, par le biais des passages musicaux et chorégraphiques ou simplement par une sorte d’adresse au spectateur qui est ainsi pris à témoin.

Décidément, ce n’était pas une comédie romantique. Je n’en suis pas sorti totalement indemne.

Un grand film.

Mise à jour: corrections orthographiques.
Dernière modification par wontolla le 21 févr. 11, 19:39, modifié 1 fois.
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cinephage
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par cinephage »

Cabaret est un film formidable, d'une grande intensité, et d'une vérité humaine aussi forte que pessimiste. Je ne saurais trop t'encourager à voir d'autres films de Bob Fosse, notamment All that jazz (que le spectacle commence en VF) et Lenny, qui sont tous deux excellents.

Bob Fosse est avant tout resté dans l'histoire des arts comme un chorégraphe hors pair. Il a, si j'ai bien compris, grandement modifié les pratiques de la danse moderne, et il semble que sa postérité soit grande dans ce domaine. Pour moi, qui ne connait que la partie cinématographique de sa carrière, je suis déja convaincu par les films de ce cinéaste que j'ai pu voir. Signe d'une reconnaissance de ses contemporains, Cabaret a reçu 8 oscars, dont celui du meilleur film, et All that Jazz décrocha la palme d'or en son temps, ex-aequo avec Kagemusha.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Miss Nobody »

cinephage a écrit :Cabaret est un film formidable.
Oui! :o :P
Très bon texte, Wontolla: belle retranscription des sentiments/sensations qui nous parcourent à la découverte ou redécouverte d'un tel film que j'ai bien envie de revoir du coup.
Je suis un peu moins fan d'All that Jazz pour ma part, mais je lui reconnais des qualités équivalentes à Cabaret (qui reste à mon goût, le seul chef d'oeuvre de Bob Fosse).
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