Volker Schlöndorff
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Volker Schlöndorff
Aujourd'hui, DVDClassik met en ligne un texte signé Homerwell dédié au Coup de grâce (1976) de Volker Schlöndorff.
Le Coup de grâce
Il n'existait pas de topic consacré à Schlöndorff, d'où sa création aujourd'hui à l'occasion de cette chronique du DVD d'Arte Vidéo.
Autrement, il existe déjà un topic consacré au Tambour.
Le Coup de grâce
Il n'existait pas de topic consacré à Schlöndorff, d'où sa création aujourd'hui à l'occasion de cette chronique du DVD d'Arte Vidéo.
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Re: Volker Schlöndorff
Je ne connais ni le film, ni le réalisateur, mais la chronique est intéressante. Ce film a l'air très curieux et assez fascinant (cf notamment les captures). Bravo à Classik de parler aussi de ces films là, ça vaut le détour !
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Re: Volker Schlöndorff
Pas vu le film Le coup de grâce, d'ailleurs j'ai vu très peu de films de Volker Schlöndorff. Et honte à moi, je n'ai pas vu son film le plus connu, Le tambour (passé récemment sur France 2, le 02/09/2009 et qui est sur le disque dur de mon DVDscope) , qui m'a toujours fait peur, comme tous ces classiques constamment encensés et qui me déçoivent régulièrement... Parce qu'à force d'en entendre parler, on finit par être déçu... Mais bon, je digresse, je dis grâce, le coup de grâce, et ça n'a aucun rapport, et l'est mauvais mon jeu de mots...
J'ai apprécié la chronique d'Homerwell bien que j'en ai lu que deux lignes, celles-ci : "Si vous n'avez pas vu l’œuvre de Volker Schlöndorff, je vous conseille d'abandonner ici la lecture de ma chronique, car si l'histoire que nous conte ce film ne fonctionne pas sur la base d'une grande révélation, je pense néanmoins qu'il vaut mieux être surpris par le déroulement de la tragédie". Merci beaucoup, car j'ai enregistré Le coup de grâce quand il est passé sur France 2 le 28/11/2007 et compte bien le voir prochainement... J'apprécie l'attention et ne manquerai pas de lire cet avis quand ce sera fait.
Par contre, de Volker Schlöndorff, j'ai vu Les Désarrois de l'élève Törless (Der junge Törless, 1966), qui lui est passé sur ARTE le 1er avril 2009.
Premier film du réalisateur allemand, celui-ci s'appuie sur un roman de Robert Musil, narrant les sévices endurés par un élève de pensionnat au début du siècle dernier et la réaction d'un des témoins privilégiés, l'élève Törless, donc.
Dans un noir et blanc froidement esthétique, le réalisateur reste fidèle à l'esprit du roman, qui, dans sa description du quotidien de quelques élèves d'un internat, pointe le doigt sur la solitude, la cruauté d'un groupe envers le plus faible, la promiscuité entre adolescents, l'homosexualité, le masochisme. Une perversité latente habite le récit, où régulièrement nous est montré un élément malmené, que ce soit une mouche écrasée, une souris enfumée puis projetée sur un mur, une table d'école gravée au couteau, un élève torturé...
Les longs-métrages racontant les tourments d'adolescents sont souvent des reflets d'une société passée ou présente, profitant du cadre scolaire (mais pas forcément) pour dépeindre les travers et les couacs du monde des adultes. A travers les tortures de degrés divers montrées dans le film, se dessine une parabole sur ce que deviendra l'ascension du nazisme en Allemagne, entre chantage et persécution, acharnement sur des personnes portant des noms à consonance étrangère (ici l'élève Basini, dont le nom évoque peu l'est du Rhin), puis torture, viol, et exécution sommaire, même si dans ce film, la mort est évitée.
L'élève Törless est à la fois témoin passif et acteur de ces agissements, d'abord volontaire et enthousiaste, comme la population allemande devant l'ascension d'un certain Adolf, il est attiré par le pouvoir des oppresseurs sans bien deviner de suite quels buts ou assouvissements poursuivent ceux-ci. Puis il se pose des questions face à une gratuité cruelle flagrante, personnalisant alors le peu de voix qui s'élèveront dans les années 1930, voix écartées ou muselées, comme la sienne, qui se verra exclue du groupe. Dans cet univers début de siècle à la jeunesse aisée décadente, on peut y voir les prémices des thèmes développés 3 ans plus tard avec flamboyance par Luchino Visconti dans Les damnés. On peut aussi voir là un précurseur du cinéma de l'autrichien pervers Michael Haneke, il y a d'ailleurs une froideur similaire aux films de ce dernier dans l'élève Törless qui empêche une implication totale, malgré la pertinence du propos.
Premier film d'un réalisateur débutant de 26 ans, il remportera au festival de Cannes de 1966 le Prix de la Critique Internationale, et imposera un auteur qui n'aura pas peur par la suite de regarder le passé de son pays dans les yeux.
J'ai apprécié la chronique d'Homerwell bien que j'en ai lu que deux lignes, celles-ci : "Si vous n'avez pas vu l’œuvre de Volker Schlöndorff, je vous conseille d'abandonner ici la lecture de ma chronique, car si l'histoire que nous conte ce film ne fonctionne pas sur la base d'une grande révélation, je pense néanmoins qu'il vaut mieux être surpris par le déroulement de la tragédie". Merci beaucoup, car j'ai enregistré Le coup de grâce quand il est passé sur France 2 le 28/11/2007 et compte bien le voir prochainement... J'apprécie l'attention et ne manquerai pas de lire cet avis quand ce sera fait.
Par contre, de Volker Schlöndorff, j'ai vu Les Désarrois de l'élève Törless (Der junge Törless, 1966), qui lui est passé sur ARTE le 1er avril 2009.
Premier film du réalisateur allemand, celui-ci s'appuie sur un roman de Robert Musil, narrant les sévices endurés par un élève de pensionnat au début du siècle dernier et la réaction d'un des témoins privilégiés, l'élève Törless, donc.
Dans un noir et blanc froidement esthétique, le réalisateur reste fidèle à l'esprit du roman, qui, dans sa description du quotidien de quelques élèves d'un internat, pointe le doigt sur la solitude, la cruauté d'un groupe envers le plus faible, la promiscuité entre adolescents, l'homosexualité, le masochisme. Une perversité latente habite le récit, où régulièrement nous est montré un élément malmené, que ce soit une mouche écrasée, une souris enfumée puis projetée sur un mur, une table d'école gravée au couteau, un élève torturé...
Les longs-métrages racontant les tourments d'adolescents sont souvent des reflets d'une société passée ou présente, profitant du cadre scolaire (mais pas forcément) pour dépeindre les travers et les couacs du monde des adultes. A travers les tortures de degrés divers montrées dans le film, se dessine une parabole sur ce que deviendra l'ascension du nazisme en Allemagne, entre chantage et persécution, acharnement sur des personnes portant des noms à consonance étrangère (ici l'élève Basini, dont le nom évoque peu l'est du Rhin), puis torture, viol, et exécution sommaire, même si dans ce film, la mort est évitée.
L'élève Törless est à la fois témoin passif et acteur de ces agissements, d'abord volontaire et enthousiaste, comme la population allemande devant l'ascension d'un certain Adolf, il est attiré par le pouvoir des oppresseurs sans bien deviner de suite quels buts ou assouvissements poursuivent ceux-ci. Puis il se pose des questions face à une gratuité cruelle flagrante, personnalisant alors le peu de voix qui s'élèveront dans les années 1930, voix écartées ou muselées, comme la sienne, qui se verra exclue du groupe. Dans cet univers début de siècle à la jeunesse aisée décadente, on peut y voir les prémices des thèmes développés 3 ans plus tard avec flamboyance par Luchino Visconti dans Les damnés. On peut aussi voir là un précurseur du cinéma de l'autrichien pervers Michael Haneke, il y a d'ailleurs une froideur similaire aux films de ce dernier dans l'élève Törless qui empêche une implication totale, malgré la pertinence du propos.
Premier film d'un réalisateur débutant de 26 ans, il remportera au festival de Cannes de 1966 le Prix de la Critique Internationale, et imposera un auteur qui n'aura pas peur par la suite de regarder le passé de son pays dans les yeux.
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."
Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)
http://www.notrecinema.com/
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Re: Volker Schlöndorff
Lord Henry (février 2004) a écrit :The Handmaid's Tale (1989)
Dans des Etats-Unis totalitaires où sévit la stérilité, les femmes fécondes sont conditionnées et placées comme reproductrices auprès des hauts dignitaires du pays.
Sans doute pour ses admirateurs de la première heure est-il loin le Volker Schlöndorff du Désarroi de l'élève Toerless ou de l'Honneur perdu de Katharina Blum.
The Handmaid's Tale présente les caractéristiques d'un professionnalisme impersonnel et appliqué, voire scolaire, qui sans passionner le spectateur, ne l'ennuie jamais.
Qu'Harold Pinter en ait signé le scénario (d'après un roman de Margaret Atwood) ne change rien à l'affaire, le film glisse placidement sur son intrigue, et d'excellents interprètes (Robert Duvall, Faye Dunaway, Natasha Richardson, Aidan Quinn) défendent consciencieusement des demi rôles.
On soulignera l'apport décisif du compositeur Ryuichi Sakamoto dont la musique supplée à l'absence de tension dramatique d'un ensemble trop sage, et nimbe opportunément les images d'une aura d'étrangeté.
Quoi qu'il en soit, au-delà de la déception ou de la frustration, il n'y a rien ici qui ne mérite point le respect.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: Volker Schlöndorff
Merci pour la belle mise en page.
"Ces films là ", l'expression m'a fait rire
Pour ma part, j'aimerai beaucoup découvrir "Michaël Kohlhaas, le rebelle" qui est une adaptation de Heinrich von Kleist ; depuis la découverte de "La marquise d'O" de Rohmer, j'essaie d'être attentif à cet écrivain.
Merci. Le film vaut le détour, et le roman encore plus. Et capturer les belles images, outre le fait que j'aime ça et que cela permet de voir un film sous un autre angle, a été un vrai plaisir tant les cadrages et les noirs et blancs sont agréables.Julien Léonard a écrit :Je ne connais ni le film, ni le réalisateur, mais la chronique est intéressante. Ce film a l'air très curieux et assez fascinant (cf notamment les captures). Bravo à Classik de parler aussi de ces films là, ça vaut le détour !
"Ces films là ", l'expression m'a fait rire
Mercipak a écrit :J'ai apprécié la chronique d'Homerwell bien que j'en ai lu que deux lignes...
Tu as bien fait de l'enregistrer, je ne l'ai pas vu pour ma part, le dvd n'existe pas en France, et l'édition Critérion n'est pas sous-titré en Français évidemment.Par contre, de Volker Schlöndorff, j'ai vu Les Désarrois de l'élève Törless (Der junge Törless, 1966), qui lui est passé sur ARTE le 1er avril 2009.
Le titre Français est "La servante écarlate". Pas de dvd non plus à ma connaissance.Lord Henry (février 2004) a écrit :The Handmaid's Tale (1989)
Pour ma part, j'aimerai beaucoup découvrir "Michaël Kohlhaas, le rebelle" qui est une adaptation de Heinrich von Kleist ; depuis la découverte de "La marquise d'O" de Rohmer, j'essaie d'être attentif à cet écrivain.
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Re: Volker Schlöndorff
Tout en ayant bien aimé le film, je comprends assez l’avis de Lord Henry. La Servante Ecarlate est captivant pour sa peinture d’une nation totalitaire frappée par une épidémie de stérilité. Bien que le film s’inscrive dans une veine de science-fiction visuellement épurée, Schlöndorff offre des visions aussi troublantes qu’impressionnantes. Ça n’est pas une expérience aussi forte que le bizarroïde Le Tambour (seul autre film du cinéaste que j’ai vu) mais il y a une sensation similaire de malaise mêlée de fascination comme par exemple lors de la cérémonie d'accouplement où la servante sert littéralement de tampon. Toutefois, je l’ai plus particulièrement ressenti dans les scènes de groupe que ce soit l’ouverture triant les prisonnières comme du bétail ou cette exécution laissant le soin aux servantes de tuer les condamnés. Le film fonctionne énormément par cette manière plausible (bien qu'effectivement scolaire) dont il décrit le fonctionnement de cette société et sa manipulation de masse. Le souci, c’est que la description de ce contexte prend trop le pas sur les personnages. Ceux-ci ont des aspects intéressants (le commodore hypocrite vis-à-vis du système qu’il représente, le lien de l’héroïne avec sa fille disparue) mais ceux-ci s’inscrivent avant tout en réaction à la description du contexte. Ils sont un peu trop fonctionnels et leurs manquent une véritable trajectoire émotionnelle. Du coup, le film ne dépasse pas le stade de l’intéressant et manque de cette ampleur qui aurait pu transcender son sujet.
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Re: Volker Schlöndorff
Récente série d'entretiens avec VS pour l'émission A voix nue sur France Culture :
Volker Schlöndorff 1/5
Volker Schlöndorff 2/5
Volker Schlöndorff 3/5
Volker Schlöndorff 4/5
Volker Schlöndorff 5/5
Volker Schlöndorff 1/5
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Volker Schlöndorff 3/5
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Joseph L. Mankiewicz
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Re: Volker Schlöndorff
Les Désarrois de l'élève Törless est sorti en blu-ray. Beaucoup aimé ce film, son propos, son esthétique.
- Jeremy Fox
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Re: Volker Schlöndorff
Diplomatie - 2014
Paris a failli se faire détruire dans les grandes largeurs suite à la défaite allemande durant la Seconde Guerre Mondiale et cette pièce de théâtre fait froid dans le dos en nous apprenant que nous n'en sommes passés pas bien loin. Et le film est une très belle réussite : le texte est très bon, l'avancée de l'intrigue aussi et surtout il s'agit d'un magistral duo d'acteur en huis clos avec André Dussolier et surtout un étonnant Niels Arestrup. Belle surprise.
Paris a failli se faire détruire dans les grandes largeurs suite à la défaite allemande durant la Seconde Guerre Mondiale et cette pièce de théâtre fait froid dans le dos en nous apprenant que nous n'en sommes passés pas bien loin. Et le film est une très belle réussite : le texte est très bon, l'avancée de l'intrigue aussi et surtout il s'agit d'un magistral duo d'acteur en huis clos avec André Dussolier et surtout un étonnant Niels Arestrup. Belle surprise.
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Re: Volker Schlöndorff
Je ne trouve pas de topic sur les néo-noir.
Palmetto actuellement sur TCM est dans la lignée des films noirs ultra-sexy du type The Hot Spot, Sang chaud pour meurtre de sang froid, La Fièvre au corps ou Le facteur sonne toujours deux fois, avec une Elisabeth Shue chaude comme la braise et un bon Woody Harrelson, parfait en sucker incapable de résister à la tentation. Gina Gershon joue elle la bonne fille, le casting féminin semblant conçu pour mieux brouiller les pistes.
Sans surprise, le film réserve son lot de surprises. La fin est néanmoins quelque peu en deçà (comme c’est souvent le cas d’ailleurs) et frôle le grotesque.
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Re: Volker Schlöndorff
Je suis d'accord. Une vraie réussite qui prouve que le talent réel de Schlöndorff n'est pas mort. Non seulement, c'est superbement interprété, mais c'est mis en scène avec une vraie maîtrise.Jeremy Fox a écrit : ↑24 déc. 15, 08:17 Diplomatie - 2014
Paris a failli se faire détruire dans les grandes largeurs suite à la défaite allemande durant la Seconde Guerre Mondiale et cette pièce de théâtre fait froid dans le dos en nous apprenant que nous n'en sommes passés pas bien loin. Et le film est une très belle réussite : le texte est très bon, l'avancée de l'intrigue aussi et surtout il s'agit d'un magistral duo d'acteur en huis clos avec André Dussolier et surtout un étonnant Niels Arestrup. Belle surprise.
L'occasion d'écrire que de son œuvre assez disparate contient des films réellement intrigants. Que ce soit son premier long-métrage remarquable Der junge Törless, à sa carrière très intéressante dans les années 70, culminant avec ce chef-d'œuvre aussi magnifique que dérangeant qu'est Le tambour. Les années 80 et 90 sont un tunnel dans lequel il est plus tombé dans le piège d'un certain académisme, à mes yeux. Et d'un coup, il se réveillait (toujours selon moi) brillamment avec le très mésestimé Ulzhan en 2007 et ce Diplomatie de très belle qualité.
Mother, I miss you
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Re: Volker Schlöndorff
Bien aimé aussi les Trois vies de Rita Vogt (2000), au scénario solide, qui marque le réveil d'un certain cinéma allemand, en ce qui me concerne.
- Watkinssien
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Re: Volker Schlöndorff
Un amour de Swann - 1984
L'adaptation au cinéma d'A la Recherche du temps perdu de Marcel Proust est un projet maudit sur lequel beaucoup de cinéastes se sont heurtés. Il y a tout d'abord eu Luchino Visconti qui a tenté pendant plus de dix ans de mettre en chantier le film proustien... Sans succès. Puis, vint Joseph Losey qui, à son tour, ne parvint jamais à réaliser l'adaptation en question.
Il faut dire qu'A la Recherche du temps perdu est une oeuvre pharamineuse, longue de milliers de pages, proposant un récit introspectif qui implique de nombreux personnages et de sentiments. Traduire tout cela dans un film de quelques heures relèvent donc de la gageure. C'est conscient de ce problème que Volker Schlöndorff et le scénariste Jean-Claude Carrière acceptent pourtant de s'occuper du projet Proust dans les années 80...
Isolement
Selon les deux artistes, il n'y a qu'un seul moyen possible pour mener à bien ce film: adapter uniquement un minuscule segment de l'oeuvre proustienne, et ce afin de ne devoir se concentrer que sur un nombre réduit de protagonistes et d'intrigues.
C'est ainsi qu'ils décident de réaliser l'un des chapitres du premier volume de Proust : Un Amour de Swann. Le choix est parfait, ce passage ne comportant « que » quelques centaines de pages, se concentrant uniquement sur le personnage de Swann et son sentiment de jalousie dans sa relation avec la courtisane Odette de Crecy.
De plus, Carrière et Schlöndorff décident d'étaler leur intrigue sur une seule journée, permettant ainsi d'isoler complètement leur film (que ce soit dans le temps, l'espace ou l'oeuvre proustienne en général). Ainsi, on suit Swann s'enfoncer d'heure en heure dans une jalousie possessive le poussant à traverser tout Paris pour surveiller qu'Odette ne le trompe pas.
Au travers de cette construction narrative, Schlöndorff parvient à faire revivre sur grand écran cette passion destructrice qui faisait toute la force de ce chapitre d'A la Recherche du temps perdu.
Grande production
Si l'intrigue se veut intimiste, les moyens budgétaires alloués au film sont eux plus que confortables. Le réalisateur reçoit même l'autorisation de la ville de Paris de filmer dans des endroits célèbres comme la rue Rivoli. Cette débauche de moyens (qui se marque aussi dans les costumes) permet de recréer avec succès le Paris du XIXème siècle mais également, le petit monde proustien.
Le casting, quant à lui, est international (Jeremy Irons en Swann et Ornella Mutti en Odette) mais conserve tout de même une touche française avec la présence d'Alain Delon dans le rôle du baron de Charlus. L'acteur n'était pas prévu au départ mais il insista pour absolument jouer dans le film, lui qui normalement aurait dû, 10 années plus tôt, incarner le premier rôle (celui du Narrateur) dans l'adaptation proustienne avortée de Visconti.
Un hommage caché au maître italien...
L'adaptation au cinéma d'A la Recherche du temps perdu de Marcel Proust est un projet maudit sur lequel beaucoup de cinéastes se sont heurtés. Il y a tout d'abord eu Luchino Visconti qui a tenté pendant plus de dix ans de mettre en chantier le film proustien... Sans succès. Puis, vint Joseph Losey qui, à son tour, ne parvint jamais à réaliser l'adaptation en question.
Il faut dire qu'A la Recherche du temps perdu est une oeuvre pharamineuse, longue de milliers de pages, proposant un récit introspectif qui implique de nombreux personnages et de sentiments. Traduire tout cela dans un film de quelques heures relèvent donc de la gageure. C'est conscient de ce problème que Volker Schlöndorff et le scénariste Jean-Claude Carrière acceptent pourtant de s'occuper du projet Proust dans les années 80...
Isolement
Selon les deux artistes, il n'y a qu'un seul moyen possible pour mener à bien ce film: adapter uniquement un minuscule segment de l'oeuvre proustienne, et ce afin de ne devoir se concentrer que sur un nombre réduit de protagonistes et d'intrigues.
C'est ainsi qu'ils décident de réaliser l'un des chapitres du premier volume de Proust : Un Amour de Swann. Le choix est parfait, ce passage ne comportant « que » quelques centaines de pages, se concentrant uniquement sur le personnage de Swann et son sentiment de jalousie dans sa relation avec la courtisane Odette de Crecy.
De plus, Carrière et Schlöndorff décident d'étaler leur intrigue sur une seule journée, permettant ainsi d'isoler complètement leur film (que ce soit dans le temps, l'espace ou l'oeuvre proustienne en général). Ainsi, on suit Swann s'enfoncer d'heure en heure dans une jalousie possessive le poussant à traverser tout Paris pour surveiller qu'Odette ne le trompe pas.
Au travers de cette construction narrative, Schlöndorff parvient à faire revivre sur grand écran cette passion destructrice qui faisait toute la force de ce chapitre d'A la Recherche du temps perdu.
Grande production
Si l'intrigue se veut intimiste, les moyens budgétaires alloués au film sont eux plus que confortables. Le réalisateur reçoit même l'autorisation de la ville de Paris de filmer dans des endroits célèbres comme la rue Rivoli. Cette débauche de moyens (qui se marque aussi dans les costumes) permet de recréer avec succès le Paris du XIXème siècle mais également, le petit monde proustien.
Le casting, quant à lui, est international (Jeremy Irons en Swann et Ornella Mutti en Odette) mais conserve tout de même une touche française avec la présence d'Alain Delon dans le rôle du baron de Charlus. L'acteur n'était pas prévu au départ mais il insista pour absolument jouer dans le film, lui qui normalement aurait dû, 10 années plus tôt, incarner le premier rôle (celui du Narrateur) dans l'adaptation proustienne avortée de Visconti.
Un hommage caché au maître italien...