Attention petit, une inconnue qui veut t'attirer en t'offrant du chocolat a souvent quelque chose derrière la tête.
Depuis longtemps sa grand-mère raconte à Luke que les sorcières existent belles et bien. Elles sont parmi nous depuis toujours et leur plus grande joie est de se débarasser d'un enfant, petite créature qui les insupporte le plus au monde. Et pour cela, il y a bien plus subtil que de le tuer...
Adapatation du livre de Roald Dahl par Roeg, l'imagination débridée du génial romancier anglais ne pouvait fatalement que rencontrer l'esthétisme flamboyant (parfois à l'extrême) du réalisateur. Ici, Roeg s'en donne à coeur joie, pas question de discuter sur la possibilité de l'existence ou non des sorcières, pour le réalisateur (qui adapte le livre de Dahl), elles existent belles et bien, donc on va mettre la gomme. Et le film commence avec un générique emmené à pied-levé qui survole en accéléré des montagnes, un peu comme une sorcière sur son balai (et on remarque que Jim Henson fait partie de la troupe
).Comment reconnaître une sorcière ? Outre leurs yeux qui deviennent subitement et fugacement violets quand elles passent à l'attaque ou pensent à de fort mauvaises actions, une sorcière se masque le nez quand elle renifle la présence d'un chérubin. Quand aux visages en société, ce n'est qu'un masque, leur vrai visage est caché derrière... Et ressemble fort aux créatures que vous pouviez imaginer enfant !
Si votre voisine ressemble à ça, c'est sans doute une sorcière.
Le film trouve ses marques dès le début à travers ce qu'on pourrait croire un conte mais qui s'avère une histoire vraie. Helga, la grand-mère de Luke lui raconte la disparition de sa meilleure amie Erica suite à une sorcière... Pendant longtemps, la police chercha et ne trouva jamais le corps. Mais un jour, on remarqua dans une toile, la présence d'une certaine petite fille qui, chose curieuse, n'était apparemment pas sur la dite toile (une scène qui semble précéder celle de l'hotel dans "L'antre de la folie" de John Carpenter. Un des meilleurs moments du film de Roeg d'ailleurs)...
Ce qui est fort plaisant dans le film, c'est cet aspect du "toujours plus loin", même si c'est un film destiné aux enfants. On change des gamins en souris ? Allez hop, y'a Jim Henson, on y va ! Une sorcière agonise ? Hop on la filme se trémoussant façon guignol. On sent que le bonhomme se marre, c'est toujours constamment à la limite du bon comme du mauvais goût, donnant au tout l'image d'un joyeux bazar. Et même dans un film pour enfants, le monsieur arrive à placer plein de petits plans à "sa sauce" : un cuisinier qui avait la souris rentrée dans son pantalon l'enlève (le pantalon), ce qui fait fuir la bestiole. Mais Roeg s'attarde sur le cuisinier qui, de peur de perdre sa stouquette, se tape allégrement l'arrière-train. Il s'attarde aussi sur une des servantes de l'hotel qui sort avec le maître d'hotel et directeur (Rowan Atkinson qui joue une espèce de personnage bien veule
). En fait, ça sert à rien mais venant du bonhomme c'est rigolo.
Dans les années 70, Roeg filmait des jeunes filles se jetant sur Bowie ou Jagger.
Dans les années 90, Roeg filme des sorcières lubriques se jeter sur des petits garçons.
Hmmm.
Tout le film semble en fait comme un gros gâteau lancé au spectateur enfantin (certains plans font même penser à "ratatouille" de pixar) et Angelica Huston en "high witch" cabotine allégrement avec un plaisir non feint. On sent bien sûr des concessions du fait que la Warner veille derrière (par exemple, la fin du livre est plus dure mais logique) mais dans l'ensemble, si on marche dès le début, c'est assez agréable.
J'attends de voir la nouvelle version de Del Toro maintenant si il la fait.
4,5/6.
