Slumdog Millionaire (Danny Boyle - 2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jericho
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Jericho »

Globalement d'accord avec toi Jericho sur les grandes lignes de ton commentaire. Je trouve que le film possède des défauts (certains ralentis hachés et d'autres pas très beaux visuellement parlant même si utiles à la narration, notamment le plan sur Rama, des cadrages obliques qui font parfois penser aux réalisations léchées mais aussi surfaites de Ram Gopal Varma, lequel refait sur filtre bleu un remake de Lolita par exemple, intitulé Nishabd)
C'est le défaut de Danny Boyle pour ma part, sur toute sa filmographie il n'arrive pas à s'affranchir de quelques fautes de mauvais gouts en terme de mise en scène.
c'est une des premières fois depuis des années que je vois un film dans lequel des acteurs inconnus du grand public ont les rôles principaux et se révèlent ainsi aux yeux spectateurs occidentaux. Anil Kapoor, Irrfan Khan en sont les exemples les plus criants, et je trouve formidable que Danny Boyle ait fait appel à eux plutôt qu'à des acteurs aux visages plus familiers, car cela crée au final un buzz sinon une possible curiosité, non seulement pour le ciné hindi mais aussi anglais.
Effectivement, le fait qu'ils soient inconnus ça marche, mais c'est surtout les interprétations excellentes des 9 acteurs qui composent trois personnages principaux.
Sans ça la magie et l'immersion n'opérerai pas...

Puis:

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C'est bien plus éloquent que n'importe quel discours !
Dernière modification par Jericho le 25 nov. 10, 12:00, modifié 1 fois.
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Jordan White
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Jordan White »

Nestor Almendros a écrit :J'ai vu je ne sais plus où cette semaine une interview du gamin qui joue le frère du héros: il vit encore dans le bidonville avec ses parents, dans une pauvreté extrêmement choquante quand on pense à l'argent qui circule autour de ce film...

Nestor, Danny Boyle n'est pas responsable d'une ONG et je ne crois pas que son film ait pour vocation d'améliorer les conditions de vie dans un bidonville ni même d'en dénoncer l'insalubrité. Cela dit, les projos publiques, avant-premières entre autres, ont permis aux gosses de voir autre chose et d'être salués comme tous les enfants acteurs qui se font remarquer. Il est possible qu'on leur propose d'autres rôles. Devraient-ils refuser au motif qu'ils sont issus de bidonvilles ?

D'autre part, tu reproches à Boyle le fait qu'il pourrait exploiter le succès populaire, critique et commercial de son film sur le dos des enfants issus des bidonvilles : formulerais-tu le même reproche à Fernando Meireilles, tournant dans une favella de Rio, ayant obtenu un certain succès et n'ayant aux dernières nouvelles pas amélioré leurs conditions ? J'ai trouvé Slumdog Millionaire meilleur, et même si je n'aime ni l'esthétique ni la mise en scène de en Meireilles, je ne vois pas en lui un exploiteur de la pauvreté au profit de son seul intérêt et de celui de son équipe.

A mes yeux Slumdog Millionaire n'est pas un film politique. C'est une fiction, un divertissement, ce n'est pas un documentaire comme pouvait l'être Camera Kids, oscar du meilleur documentaire d'ailleurs (je ne crois pas avoir entendu des voix s'élever contre le fait que le film ait remporté la statuette en exploitant l'image de la pauvreté réelle que connaissent les filles et garçons du même âge que les jeunes héros de Slumdog). C'est un film naïf, ludique qui affiche aussi des invraisemblances de récit, des clichés, mais se défend également par son énergie et son interprétation (bravo encore à Anil Kapoor).
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Nestor Almendros
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Nestor Almendros »

Je ne critiquais pas Boyle sur ce coup, mais plutôt le système qui "exploite" une certaine image de précarité réconfortante pour nous (public occidental) en laissant dans leur misère ceux qui ont contribué au succès. :wink:

Après, je ne dis pas que les gamins de SLUMDOG MILLIONNAIRE ne feront pas carrière, c'est juste que le contraste entre le faste Hollywoodien(/carton critique international) et la situation inchangée pour certains enfants du film m'a paru surréaliste.

Et, personnellement, je ne mettrais pas LA CITE DE DIEU et SLUMDOG MILLIONNAIRE au même niveau: l'un est en portugais, a touché une certaine partie du public (plus curieux) et n'étais pas destiné au départ à avoir un succès d'estime pareil, tandis que l'autre est en anglais et va faire le tour du monde jusqu'aux Oscars (ce qui n'était pas non plus le but de départ mais dont le destin était un plus facilité, je trouve, déjà par la langue) :wink:
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Jordan White
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Jordan White »

Nestor Almendros a écrit :Je ne critiquais pas Boyle sur ce coup, mais plutôt le système qui "exploite" une certaine image de précarité réconfortante pour nous (public occidental) en laissant dans leur misère ceux qui ont contribué au succès. :wink:
Le film aurait été un four, la question ne se serait pas posée, c'est ce que tu veux dire ?

Après, je ne dis pas que les gamins de SLUMDOG MILLIONNAIRE ne feront pas carrière, c'est juste que le contraste entre le faste Hollywoodien(/carton critique international) et la situation inchangée pour certains enfants du film m'a paru surréaliste.
C'est la suspicion -en général- (tu as évidemment le droit de ne pas aimer Slumdog et de le dire, aucun problème) autour des succès publics, critiques et à fortiori commerciaux qui me fait tiquer personnellement. Camera Kids a été filmé caméra à la main en montrant des enfants issus des quartiers chauds de Mumbai, fils et filles de prostituées. Et des gosses qui entrent dans des écoles d'art grâce à l'investissement de la réalisatrice. C'est le côté social, pédagogique et militant de Camera Kids. Boyle n'a pas le même point de vue, il s'agit pour lui de divertir, et dans le genre je trouve que Slumdog Millionaire réussit sa mission. Dans un cas comme dans l'autre, il est possible que des enfants au destin pas forcément reluisant puissent trouver une voie différente et se réaliser artistiquement et socialement.
Et, personnellement, je ne mettrais pas LA CITE DE DIEU et SLUMDOG MILLIONNAIRE au même niveau: l'un est en portugais, a touché une certaine partie du public (plus curieux) et n'étais pas destiné au départ à avoir un succès d'estime pareil, tandis que l'autre est en anglais et va faire le tour du monde jusqu'aux Oscars (ce qui n'était pas non plus le but de départ mais dont le destin était un plus facilité, je trouve, déjà par la langue) :wink:
Une partie de Slumdog Millionaire est tournée en hindi. D'ailleurs, c'est plus réaliste de faire jouer des gamins dans leur langue maternelle à 6-7 ans plutôt que de leur faire lire et jouer des dialogues en anglais. Bien sûr, la seconde partie est en anglais mais ça n'est pas un gage de qualité. Slumdog n'était pas forcément destiné à avoir le succès qu'il connaît aujourd'hui, surtout à l'international, il cartonne en Angleterre et aux Etats-Unis avec un budget de 15 millions de $ et 88 de recettes dans le monde.
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cinephage
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par cinephage »

Il me parait bien audacieux de comparer l'économie d'un film d'entertainment d'un budget de 15 Millions de dollars et celle d'un documentaire. Les couts, rémunérations et rentrées financières de ces deux types de film sont radicalement différents, de l'ordre de 1 à 10 (généralement l'écart est encore plus large).

Après, c'est vrai qu'il aurait été absurde qu'un travail de quelques semaines suffise à sortir ces jeunes acteurs de leur condition et à les tirer durablement de la misère (une des raisons du "faible cout" de ce film réside dans le faible cout des salaires des acteurs, ils n'ont pas dû couter bien cher, même si, au regard de leur niveau de vie, ça devait être mirobolant).

Reste qu'il y a toujours quelque chose d'un peu indécent à claquer des centaines de milliers de dollars dans un endroit où règne la pauvreté, même si c'est pour la bonne cause d'un cinéma "en prise avec le réel". Cette gêne vient plus du budget global du film, que de son éventuel succès. Et qu'un producteur ou un cinéaste plus altruiste pourrait envisager d'en faire bénéficier, puisque succès il y a, même symboliquement, ceux qui ont contribué au succès du film. Mais ce n'est pas véritablement son rôle, c'est certain.
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Jordan White »

cinephage a écrit :Il me parait bien audacieux de comparer l'économie d'un film d'entertainment d'un budget de 15 Millions de dollars et celle d'un documentaire. Les couts, rémunérations et rentrées financières de ces deux types de film sont radicalement différents, de l'ordre de 1 à 10 (généralement l'écart est encore plus large).
Si je faisais une comparaison entre Camera Kids et Slumdog Millionaire ce n'est pas tant au niveau du budget (je connais peu de documentaires à plus de 15 millions de dollars) que du sujet, en tout cas de certaines similitudes, notamment sur la question de l'enfance vécue dans la pauvreté. Le regard occidental peut être choqué, horrifié, interloqué. C'est le but de Camera Kids. Slumdog Millionaire narre le destin amoureux de deux personnages qui se sont croisés dans les bidonvilles enfants et qui sont liés l'un à l'autre, qui sont faits pour se retrouver. D'une certaine façon ça raconte aussi la vision idéalisée du self made man. Boyle ne fait pas dans la nuance, ou rarement, mais je trouve que le film va au dela de l'artifice (alors qu'à la base il l'utilise) en allant au bout de son idée de départ qui est celle de l'union de deux personnes. La chronologie sur une grosse décennie met tout cela en évidence. Le travail de Camera Kids c'est le travail de toute une vie. Le documentaire ne se termine pas après deux heures. Sur l'échelle des blockbusters américains, 15 millions, ce qu'à coûté Slumdog Millionaire, çà représente quoi ? C'est un film de studio qui ressemble à un film indépendant. Il n'y a pas de stars (reconnues sur le plan international) . Une fois que le studio a accepté l'idée et l'adaptation du roman, Boyle a pu poser sa caméra là où l'entendait et réaliser un film qui demeure très indien dans l'esprit et la musicalité. Après, on aime ou pas...
(une des raisons du "faible cout" de ce film réside dans le faible cout des salaires des acteurs, ils n'ont pas dû couter bien cher, même si, au regard de leur niveau de vie, ça devait être mirobolant).
Un film hindi, une production importante coûte en moyenne autant (je pense que ça tourne autour de cela, même si c'est fluctuant par rapport au réalisateur, au film, au scénariste, etc) que le budget marketing d'un blockbuster sorti chez Sony ou Fox. De l'ordre de 8 à 10 millions de dollars soit 35 crores (350,000,000 Rs). Il peut s'agir du double, tout dépend du film, des têtes d'affiches. Il y a des films qui coûtent plus chers : 50 à 60 crores. Certains acteurs touchent un cachet de 5 crores, d'autres 10, 20 ou 30 (400000 dollars environ). Grosso modo, le chiffre du box office anglais et américain pour Slumdog si on le ramenait en crores pour la seule exploitation à l'international , ça fait à peu près le résultat net d' Om Shanti Om en Inde.
Reste qu'il y a toujours quelque chose d'un peu indécent à claquer des centaines de milliers de dollars dans un endroit où règne la pauvreté, même si c'est pour la bonne cause d'un cinéma "en prise avec le réel". Cette gêne vient plus du budget global du film, que de son éventuel succès. Et qu'un producteur ou un cinéaste plus altruiste pourrait envisager d'en faire bénéficier, puisque succès il y a, même symboliquement, ceux qui ont contribué au succès du film. Mais ce n'est pas véritablement son rôle, c'est certain.
Et si on tourne intégralement en studio ?
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par kenj »

Jordan White a écrit :Camera Kids a été filmé caméra à la main en montrant des enfants issus des quartiers chauds de Mumbai
Kolkata (même si ça change pas grand chose).
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Jordan White »

kenj a écrit :
Jordan White a écrit :Camera Kids a été filmé caméra à la main en montrant des enfants issus des quartiers chauds de Mumbai
Kolkata (même si ça change pas grand chose).

Si. C'est un lapsus. Je pensais tellement fort à Slumdog Millionaire et à Mumbai quand j'ai écrit que...
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Nestor Almendros
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Nestor Almendros »

Jordan White a écrit :Le film aurait été un four, la question ne se serait pas posée, c'est ce que tu veux dire ?
Je crois qu'on ne s'est pas compris.

Je ne critique pas le film (je ne l'ai pas adoré, soit) mais, comme l'a souligné Cinéphage, un contraste désagréable ressenti après visionnage de ces images. C'est juste que ça me gêne de voir un gamin continuer à vivre dans un abri en tôle (ce n'est même pas un semblant de maison) alors que les organisateurs (occidentaux) du projet, le réal par exemple (mais ça pourrait être le producteur, que sais-je), sont au-delà de ces préoccupations. Il y a un équilibre (une justice?) que je ne trouve pas en voyant ces images.

Après, je sais bien que le problème ne se règle pas d'un claquement de doigt...
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par everhard »

j'ai beaucoup aimé ce film.
J'ai lu le roman de Vikas Swarup il y a déjà deux ans et j'ai trouvé que l'adaptation qu'en a fait Simon Beaufoy est particulièrement réussi. L'idée des deux frères, nouveaux Caïn et Abel, est un sacré changement par rapport au livre mais il permet justement de rajouter un élément dramatique bienvenu.
Je suis d'accord avec Jordan pour dire qu'il est évident que Danny Boyle ai visionné un certain nombre de film hindi, dont ceux de Mani Ratnam.
La première partie, avec les enfants, est celle que j'ai préféré ( la scène avec Amitabh particulièrement ).

Il se tourne tous les jours des films et des séries télé à Mumbai et beaucoup en dehors naturels ( ici la ville et ses multiples images ). Ce que rappelle Jordan sur les couts de production des films en Inde peut nous donner une idée de l'argent qui circule sur place( dont celui de la mafia mais c'est une autre histoire ). Quand une équipe mixte ( européenne/ indienne ) travaille à Mumbai dans les mêmes lieux, elle n'est qu'une équipe parmi d'autre. Elle travaille avec les gens qui travaillent déjà pour le cinéma hindi ( c'est la co-realisatrice indienne Loveleen Tandan qui a fait une bonne partie du casting inde ). On peut se demander s'il est moral pour une équipe mixte de travailler avec des enfants des bidonvilles sans les sortir de leur condition de vie, mais alors, il faut se poser la question pour le cinéma local aussi. Et se poser aussi la question suivante : qu'en pense les jeunes protagonistes et excellents acteurs du film, Azharuddin Mohammed Ismail , Ayush Mahesh Khedekar et Rubiana Ali ?
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par cinephage »

everhard a écrit :Quand une équipe mixte ( européenne/ indienne ) travaille à Mumbai dans les mêmes lieux, elle n'est qu'une équipe parmi d'autre. Elle travaille avec les gens qui travaillent déjà pour le cinéma hindi (c'est la co-realisatrice indienne Loveleen Tandan qui a fait une bonne partie du casting inde ). On peut se demander s'il est moral pour une équipe mixte de travailler avec des enfants des bidonvilles sans les sortir de leur condition de vie, mais alors, il faut se poser la question pour le cinéma local aussi.
Tu as raison, sauf qu'effectivement, un film européen (enfin, ici, un film de studio tout de même, ce n'est pas un film indépendant) offre le contraste saisissant qu'une fois la journée de tournage pliée, l'équipe européenne rentre dans son hotel 5 étoiles pour s'y payer un massage et un festin, et rentrera chez elle en Angleterre avec de passionnants récits sur les horreurs de la misère. Ca ne m'empêche pas de vivre (j'aurais du mal à exercer mon boulot si je refusais ce type de situations), mais j'explicitais ce que je percevais du post de Nestor, qui a clarifié depuis. (Jordan associait sa gêne au succès du film)

La question du cinéma local se pose sans doute avec la même acuité, à un détail près : il tourne sur place pour des raisons essentiellement pratiques (moins cher, plus logique, et la thématique des films est, fatalement, plutôt indienne). Boyle, lui, n'est pas venu par hasard, mais précisément pour un film "exotique" pour lequel il fallait des quartiers pauvres. Cette démarche me touche plus, en tant qu'européen, que celle de cinéastes indiens tournant des extérieurs dans des zones proches de leurs studios. En l'occurence, je pense qu'il a eu raison de le faire, même si le résultat ne me convainc pas, la démarche reste honorable. Mais il faut alors accepter ce paradoxe d'occidentaux dépensant des millions dans un lieu miséreux, et rentrant chez eux engranger un succès qui ne bénéficiera pas au-dit lieu (c'est toujours comme ça au cinéma, à de rares exceptions près. Ici, le contraste est juste plus marqué qu'ailleurs).
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Gounou »

Je ne comprends rien à votre débat... vous feriez mieux de questionner l'approche esthétique qu'a Boyle de cette misère... là, il y aurait à dire ! :mrgreen:
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Jordan White »

cinephage a écrit :Tu as raison, sauf qu'effectivement, un film européen (enfin, ici, un film de studio tout de même, ce n'est pas un film indépendant)
Même s'il a été produit par une major, il a le budget d'un film indépendant voire d'un petit film à l'échelle d'un blockbuster comme Transformers par exemple.
(Jordan associait sa gêne au succès du film)
A la suspicion que peut générer le succès important d'un film pas son succès lui-même. Je crois que la subjectivité entre en compte, on peut ne pas aimer un film qui cartonne au BO sans le trouver douteux dans le fond comme la forme, et en adorer un autre décrié qui ne marche pas au BO avec un script, une direction d'acteurs ou une réalisation supérieurs.
La question du cinéma local se pose sans doute avec la même acuité, à un détail près : il tourne sur place pour des raisons essentiellement pratiques (moins cher, plus logique, et la thématique des films est, fatalement, plutôt indienne)
Il a fait venir une équipe technique anglaise sur place ainsi que son scénariste et quelques acteurs notamment, dont Dev Patel, tout en tournant un film ancré visuellement et sur le fond de l'histoire dans une forme de récit chère au cinéma hindi mais qui trouve aussi une résonance universelle. Ce que j'ai particulièrement apprécié c'est le fait qu'il ne s'agisse pas d'un regard d'occidental qui vient faire tourner ses acteurs anglais ou américains dans un décor indien, mais un décor, un jeu et une musicalité indienne fortement ancrés, avec des comédiens qui jouent chez eux, vus ensuite par le regard d'un réalisateur qui se fond dans l'univers qu'il décrit.
Boyle, lui, n'est pas venu par hasard, mais précisément pour un film "exotique" pour lequel il fallait des quartiers pauvres.
Pour une histoire d'amour tout simplement.
Mais il faut alors accepter ce paradoxe d'occidentaux dépensant des millions dans un lieu miséreux, et rentrant chez eux engranger un succès qui ne bénéficiera pas au-dit lieu (c'est toujours comme ça au cinéma, à de rares exceptions près. Ici, le contraste est juste plus marqué qu'ailleurs).
Faut-il alors ne plus tourner qu'en studio, reconstituer des lieux réels, pour ne pas "exploiter" la dite misère ?
Gounou a écrit :Je ne comprends rien à votre débat... vous feriez mieux de questionner l'approche esthétique qu'a Boyle de cette misère... là, il y aurait à dire !
Comme le retour du plan oblique à la Ram Gopal Varma ?
Sinon, je trouve le film joli visuellement sans être pompeux, ni tape-à-l'oeil, ni tous les qualificatifs que tu as pu employer à son encontre. Il y a une montée d'adrénaline dans la façon de faire progresser le récit, une course contre la montre, et un regard bienveillant sur les héros de l'histoire. A l'image (et aux sons) de la chanson Great DJ de Ting Tings que l'on entend dans la BA : couplet plutôt pépère, jeu de charleston et de toms, puis refrain hyper efficace et enjoué.
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Strum
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Strum »

On dirait que vous avez été entendus :

http://entertainment.timesonline.co.uk/ ... 614162.ece
Monique Pantel
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Monique Pantel »

"Oh, j'ai adoré ce film ! Le garçon qui le joue à 18 ans s'appelle Dev Patel, comme moi à une lettre près. Si c'est pas un signe !"

http://monique.pantel.free.fr/Critiques/129924.htm
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