cinephage a écrit :Il me parait bien audacieux de comparer l'économie d'un film d'entertainment d'un budget de 15 Millions de dollars et celle d'un documentaire. Les couts, rémunérations et rentrées financières de ces deux types de film sont radicalement différents, de l'ordre de 1 à 10 (généralement l'écart est encore plus large).
Si je faisais une comparaison entre
Camera Kids et
Slumdog Millionaire ce n'est pas tant au niveau du budget (je connais peu de documentaires à plus de 15 millions de dollars) que du sujet, en tout cas de certaines similitudes, notamment sur la question de l'enfance vécue dans la pauvreté. Le regard occidental peut être choqué, horrifié, interloqué. C'est le but de
Camera Kids.
Slumdog Millionaire narre le destin amoureux de deux personnages qui se sont croisés dans les bidonvilles enfants et qui sont liés l'un à l'autre, qui sont faits pour se retrouver. D'une certaine façon ça raconte aussi la vision idéalisée du self made man. Boyle ne fait pas dans la nuance, ou rarement, mais je trouve que le film va au dela de l'artifice (alors qu'à la base il l'utilise) en allant au bout de son idée de départ qui est celle de l'union de deux personnes. La chronologie sur une grosse décennie met tout cela en évidence. Le travail de
Camera Kids c'est le travail de toute une vie. Le documentaire ne se termine pas après deux heures. Sur l'échelle des blockbusters américains, 15 millions, ce qu'à coûté
Slumdog Millionaire, çà représente quoi ? C'est un film de studio qui ressemble à un film indépendant. Il n'y a pas de stars (reconnues sur le plan international) . Une fois que le studio a accepté l'idée et l'adaptation du roman, Boyle a pu poser sa caméra là où l'entendait et réaliser un film qui demeure très indien dans l'esprit et la musicalité. Après, on aime ou pas...
(une des raisons du "faible cout" de ce film réside dans le faible cout des salaires des acteurs, ils n'ont pas dû couter bien cher, même si, au regard de leur niveau de vie, ça devait être mirobolant).
Un film hindi, une production importante coûte en moyenne autant (je pense que ça tourne autour de cela, même si c'est fluctuant par rapport au réalisateur, au film, au scénariste, etc) que le budget marketing d'un blockbuster sorti chez Sony ou Fox. De l'ordre de 8 à 10 millions de dollars soit 35 crores (350,000,000 Rs). Il peut s'agir du double, tout dépend du film, des têtes d'affiches. Il y a des films qui coûtent plus chers : 50 à 60 crores. Certains acteurs touchent un cachet de 5 crores, d'autres 10, 20 ou 30 (400000 dollars environ). Grosso modo, le chiffre du box office anglais et américain pour
Slumdog si on le ramenait en crores pour la seule exploitation à l'international , ça fait à peu près le résultat net d'
Om Shanti Om en Inde.
Reste qu'il y a toujours quelque chose d'un peu indécent à claquer des centaines de milliers de dollars dans un endroit où règne la pauvreté, même si c'est pour la bonne cause d'un cinéma "en prise avec le réel". Cette gêne vient plus du budget global du film, que de son éventuel succès. Et qu'un producteur ou un cinéaste plus altruiste pourrait envisager d'en faire bénéficier, puisque succès il y a, même symboliquement, ceux qui ont contribué au succès du film. Mais ce n'est pas véritablement son rôle, c'est certain.
Et si on tourne intégralement en studio ?