Gomorra (Matteo Garrone - 2008)

[zybine]

Après avoir fini l'excellent roman-docu de Roberto Saviano (Gallimard), trois questions :

- le film vaut-il le coup ?

- que penser de Le maître de la Camorra, de Giuseppe Tornatore avec Ben Gazzara, cité dans le livre comme un des films préférés des mafieux napolitains?

- est-il raisonnable de se promener à Caserte et Mondragone quand on part en vacances en Campanie ?

[ed]

A défaut de pouvoir répondre au reste, je me contente de celle-ci

- le film vaut-il le coup ?

Le film adopte un parti-pris très intéressant, de montrer le fonctionnement de la Camorra au plus bas niveau, celui des exécutants de base, dans des couches sociales tellement dévastées que la délinquance organisée est presque une issue au chaos du quotidien ; si certaines séquences (la première) font vaguement penser à du Scorsese par exemple, le film est globalement assez loin, donc, de toute la mythologie romantique de la mafia au cinéma, et s'ancre les pieds dans la réalité la plus sordide. Malgré tout, je suis loin d'être convaincu, tant par la construction dramaturgique assez opaque que par la mise en scène très inégale, ces deux aspects du film ayant le même travers d'alterner des pics d'intensité extrême (comme la saisissante dernière scène avec le petit garçon, Toto) avec de longs moments de creux, ce qui ne facilite jamais l'identification ou l'empathie. En l'état - et cela a probablement été amplifié par les conditions de ma découverte - je trouve le film bien trop long, et bien qu'intéressant, pas à la hauteur de ses ambitions.

[Lord Henry]

- le film vaut-il le coup ?

Peut-être serait-il mieux assuré du succès, si on l'avait plutôt intitulé "Sodoma".

[ed]

Cher Lord Henry, vous êtes pour une fois bouté hors du royaume du calembour par une bien-aimée membre de ce forum, à qui je demandais quel prix ce film avait obtenu à Cannes, et qui avait spontanément rétorqué : "la Camorra d'or, non ?"

[Watkinssien]

J'ai trouvé que le film était réussi et qu'il maintient bien son rythme, pourtant difficile.
Garrone a choisi la distance dans sa mise en scène plutôt que l'implication, car finalement son objectif était tout sauf de rendre immersif les arcanes d'un pouvoir en place et ses sous-parties intenses.

L'audace du film vient de cet aspect et renvoie le spectateur à une position délibérement inconfortable.

Une approche déconcertante mais brillante, soutenue par d'excellents comédiens.

[Nestor Almendros]

Pour ma part, j'ai été assez séduit par le film. Et, d'abord, par son style: utilisant les moyens d'un tout petit budget, Garonne réussit à montrer de l'intérieur les mécanismes d'un circuit illégal et sous-terrain. Avec un style bluffant, je trouve: caméra portée, esthétique inspirée du documentaire, récits parrallèles. Je suis d'accord avec Ed quant à l'empathie relative du film. Car si la distance avec le spectateur est intentionnelle (anti-dramatisation évidente), c'est peut-être un peu dommage de ne pas nous impliquer davantage émotionnellement (moi, j'aurais bien voulu). Mais en l'état, j'ai quand même été relativement captivé par ce récit et par le tableau de cette Italie "méconnue".

Comme l'a très bien dit Ed, c'est une Mafia sans honneur qui nous est montrée ici, qui profite de la précarité d'une certaine population pour asseoir son influence. C'est glaçant, d'autant plus que la peinture de la région est sidérante, je trouve (pour moi qui ne connais que les clichés de l'Italie). Il y a probablement un peu de ça chez nous aussi, dans certaines banlieues, mais cette région-là, en tout cas ce qu'on en voit, est assez scabreuse (par le quotidien de ces petites gens vivant dans des HLM miteux et croisant les trafiquants ou les encaisseurs dans une normalité effrayante) mais aussi fascinante quelque part (par la singularité de ce qu'on voit, alors que ça ne passe pas si loin de chez nous). Il est probable que cette petite fascination vienne de l'ambiance et de l'environnement de ces personnages. A commencer par l'étonnant groupe d'HLM, petite "citadelle" où règne une loi décadente, visuellement marquante. (Pour répondre à Zybine: ça ne m'a pas du tout donné envie d'aller y faire un tour...)

Je dois dire que j'ai été un peu surpris par cette Mafia: naïvement je m'attendais à une grand organisation, à une sorte d'inspiration du PARRAIN peut-être. Il n'en est rien, en fait: ce sont davantage de petites nébuleuses indépendantes et sans connexions systématiques entre elles, un peu comme AL QAIDA j'ai l'impression. Tous ces petits "commerces" sous-terrains sont désignés avec le terme générique "Mafia", d'où la fausse piste. C'est comme ça que je l'ai senti ici.

A cause de cette méprise, je pense être un peu passé à côté, parfois, et notamment pendant la demi-heure de mise en place, quand tous les personnages n'étaient pas complètement situés. Je cherchais probablement un point commun entre eux (à la manière d'un film chorale), et ce n'est qu'un peu plus tard que j'ai "tilté". C'est surtout avec l'encaisseur que j'ai certainement dû louper plusieurs choses.

Bref, récit très intéressant, qui fait froid dans le dos. Et j'ai très envie d'y retourner pour savourer complètement...

[Cosmo Vitelli]

Gomorra c'est le cousin italien de Godzilla ?

Plus sérieusement, j'ai bien aimé. C'est un film maitrisé, souvent passionnant dans sa démarche documentariste et courageux (je ne sais pas ce que la Camorra pense du film mais j'espère qu'il n'arrivera pas à Garrone ce qui est arrivé à un scénariste de Rosi - à savoir kidnapping par la maffia). En tout cas avec le nouveau film de Sorrentino (lui aussi présenté à Cannes) ça fait deux films italiens qui traitent frontalement de l'actualité du pays.

[Profondo Rosso]

Un peu surpris et refroidi par la mise en scène très naturaliste et la narration assez austère mais une réussite tout de même. Description au plus bas de l'échelle des activité de la Camorra (hormis le PDG) avec où on suit le parcours des exécutants de base ou encore celui de personnages gravitant autour et qui vont chèrement en payer les conséquences. Description quasi documentaire et bien oppressante de ce quartier gangréné par le crime auquel Garrone parvient à conférer une dangerosité comparable à "La Cité de Dieu". Après le rythme est assez difficile à suivre et j'ai eu dû mal à ressentir le même intérêt pour chacune des intrigue, même si chacune est assez bien traitée (quoique on aurais aimé savoir les répercussions sur gamin recruté par le gang du quartier après les évènements). La plus drôle et tragique restant celle des deux petites frappe incontrôlable élevé à Scarface qui multiplie les larcins au point de déranger les pontes du quartier. Leurs découverte des du côté grisant du crime et de ses plaisirs et assez bien vue, tout comme leurs bêtise crasse (on est loin des petite frappe ambitieuse et déterminé d'un "Romanzo Crimanale")et leurs destin n'en sera que plus sanglant. Pas adhéré à tout les parti pris mais ça n'en reste pas moins un film prenant et intéressant. 4/6

[Ouf Je Respire]

demain, j'ai le choix entre Dark Knight et Gomorra. A ma place, vous iriez voir quel film?

[Sergius Karamzin II]

demain, j'ai le choix entre Dark Knight et Gomorra. A ma place, vous iriez voir quel film?

Vasle avec Bachir.

[Ouf Je Respire]

demain, j'ai le choix entre Dark Knight et Gomorra. A ma place, vous iriez voir quel film?

Vasle avec Bachir.

Y passe plus par chez moi.

[MJ]

demain, j'ai le choix entre Dark Knight et Gomorra. A ma place, vous iriez voir quel film?

C'est quand même étrange de demander un conseil quand on sait déjà ce qu'on va nous répondre.

[Jack Griffin]

demain, j'ai le choix entre Dark Knight et Gomorra. A ma place, vous iriez voir quel film?

Gomorra of course. Rien que pour voir un bon film italien.

[Alfred Kralik]

J'ai vu Gomorra : c'est très très très très très très très très très très bien.
Et même mieux que ça.

[Alfred Kralik]

Vasle avec Bachir.

Y passe plus par chez moi.

Fallait y aller avant.