Dario Argento

[Demi-Lune]

Le Syndrome de Stendhal (1996)
Ce film particulièrement troublant est, à mon sens, une nouvelle grande réussite à mettre à l'actif d'Argento. Thriller dérangeant en forme d'hommage à Hitchcock (travelling compensé, héroïne forte souffrant d'une étrange maladie, whodunnit, etc...), le film exploite avec une grande ingéniosité les possibilités visuelles offertes par ce fameux syndrome de Stendhal, dans d'étranges scènes qui font remarquablement leur effet : Asia Argento rentrant dans le tableau, Asia Argento devenant elle-même une oeuvre d'art dans cette scène très destabilisante où elle se badigeonne de peinture, le tag qui se détache du mur... et ce malaise, indicible, qui monte de façon lancinante, à l'instar de la superbe et entêtante partition d'Ennio Morricone ! La scène d'ouverture, magistrale, est à ce titre une des plus impressionnantes qu'il m'ait été donné de voir. Et le malaise que l'on ressent tout du long n'aurait peut-être pas été aussi prégnant si Asia Argento n'avait pas livré, comme elle le fait ici, une formidable prestation (pratiquement tout le film repose sur ses épaules). Dérangeant, le film l'est aussi par la relation entre Anna et le violeur et le traumatisme qui en découle pour elle. A quel point une femme peut-elle être contaminée par son violeur ? Cette question, qui sous-tend tout le film, trouvera une réponse jusqu'au-boutiste qui me fait encore froid dans le dos (tout aussi malaisant est ce plan où Argento filme sa fille, couchée et tenue par les policiers, comme il le faisait lors du viol). En définitive, un film profondément marquant, qui comme la ritournelle de Morricone, hante encore ma mémoire, et dont je n'ai à déplorer que quelques CGI pas toujours convaincants (les pilules dans l'oesophage ). Génial, au sens premier du terme.
6/6

[Anorya]

Je te l'avais dit qu'il était bien ce Argento !!!

[Demi-Lune]

Je te l'avais dit qu'il était bien ce Argento !!!

Affirmatif Et honnêtement, je crois que ce sera mon film du mois. La B.O. de Morricone, que je fais tourner en boucle depuis hier, est tout bonnement magnifique, même si le thème principal est répétitif (mais très entêtant !). Cette répétition, couplée à l'hommage hitchcockien d'Argento, me donne l'impression que Morricone a voulu rendre hommage aux spirales musicales de Herrmann pour Vertigo. Une espèce de boucle inlassable dans laquelle tombe le personnage principal.
Et maintenant que j'y pense, une autre influence qu'Hitchcock me semble sensible dans Le Syndrome de Stendhal : celle de Roman Polanski. On trouve des échos de Répulsion (pour des raisons évidentes) ou du Locataire (la perruque que les deux personnages adoptent à la fin du film).

[MJ]

Bel hommage (c'est à tout le moins ainsi que je le vois) de Bonello au film d'Argento. (Tu en parles très bien Demi-Lune, c'est un film qui gagnerait à être vu et mieux considéré. Personnellement hanté par lui depuis sa découverte.)

[Anorya]

Tenebre (Argento - 1982)

Alors que l'écrivain Peter Neal est de passage à Rome pour parler de son nouveau roman "Ténèbres", d'étranges crimes inspirés par son livre se déclenchent. Il semble que l'assassin aime particulièrement la littérature pour passer à l'acte...

Quel bonheur de revoir ce classique d'Argento sur grand écran (mais en VF ) pour s'apercevoir une fois de plus de la maîtrise technique et narrative du réalisateur (sans doute son "giallo" le plus définitif où les fausses pistes et embranchements s'accumulent le plus). Ici, les crimes se déroulent le plus souvent en plein jour, d'une manière encore plus abrupte et nette que précédemment, dans des décors froids, étranges et décalés. Une scène comme le meurtre des lesbiennes devient ainsi un pur moment graphique où en un plan-séquence la caméra parcourt la géographie du terrain, d'une chambre à une autre, par le toit, les fenêtres, avant de déclencher la machine horrifique en moments aussi coupants que ceux d'un rasoir. Presque tout ici relève de l'esthétisme : les meurtres, les plans, la caméra subjective comme les plans-séquences, poussant même à des morceaux de bravoure qui épatent toujours autant 20 ans après (la séquence du chien), quitte à en faire trop pour notre plus grand plaisir (la fin).
5/6.

[Demi-Lune]

Quel bonheur de revoir ce classique d'Argento sur grand écran (mais en VF )

Boah, à l'instar des Argento les plus anciens, la VF n'est pas si mauvaise, je trouve. Disons que cela rajoute un certain charme (particulièrement lorsque l'assassin se met à baragouiner avec sa voix nasillarde ses répliques de vicieux ). Sinon, je partage entièrement ton avis : un film remarquablement mis en scène, à la photographie blanchâtre plutôt singulière, mais surtout un bon gros trip de la part du cinéaste qui accumule avec malice les fausses pistes et les twists les plus incroyables (le finale, avec ses retournements de situation toutes les vingt secondes, est proprement anthologique ! ). Encore une fois, même s'il représente assurément un sommet dans la carrière d'Argento, je crois que je préfère ce Ténèbres, imparfait mais déjanté, au célèbre Suspiria, formellement imposant mais avec lequel j'ai un peu de mal.

[Anorya]

Bah je pense qu'avec Suspiria comme Ténèbres, il faut se laisser porter par le film.
Par contre la VF m'a un peu gêné parce que les amis avec qui j'étais et qui l'ont vus (pour la première fois eux) à la cinémathèque de la fac n'ont pas arrêté de se marrer pendant tout le film et ça, ça m'attristait un peu (oui je sais faut que je change d'amis mais ça commence à devenir dur, j'en ai plus beaucoup en stock ). En l'état la VF ne me gène pas puisque je regarde les films en VF avec mon paternel, allergique à toute V.O, sauf quand cette V.F est imposée et qu'elle est à la limite de l'insupportable, quitte à détruire tout un film (fuir la VF de Trauma à tout prix).

[mannhunter]

fuir la VF de Trauma à tout prix).

La très correcte édition dvd Metropolitan de TRAUMA propose le film en vostf pour 1,99 euros seulement dans les magasins Noz.

Tenebre (Argento - 1982)des morceaux de bravoure qui épatent toujours autant 20 ans après (la séquence du chien)

la scène du chien (et ce qui s'ensuit) est énorme et me donne des frissons à chaque fois
La

Spoiler (cliquez pour afficher)

mort inattendue de John Saxon aussi est marquante,en plein jour et au beau milieu de la foule

et ce final de fou

[Anorya]

fuir la VF de Trauma à tout prix).

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Mais l'autre édition de Trauma, plus répandue que la metropolitan n'a que la VF. Et c'est celle que j'ai. Et c'est dommage.

[Demi-Lune]

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Ah ? Va falloir que j'aille y faire un tour, alors !

[Jordan White]

Tenebre (Argento - 1982)

Alors que l'écrivain Peter Neal est de passage à Rome pour parler de son nouveau roman "Ténèbres", d'étranges crimes inspirés par son livre se déclenchent. Il semble que l'assassin aime particulièrement la littérature pour passer à l'acte...

Quel bonheur de revoir ce classique d'Argento sur grand écran (mais en VF ) pour s'apercevoir une fois de plus de la maîtrise technique et narrative du réalisateur (sans doute son "giallo" le plus définitif où les fausses pistes et embranchements s'accumulent le plus). Ici, les crimes se déroulent le plus souvent en plein jour, d'une manière encore plus abrupte et nette que précédemment, dans des décors froids, étranges et décalés. Une scène comme le meurtre des lesbiennes devient ainsi un pur moment graphique où en un plan-séquence la caméra parcourt la géographie du terrain, d'une chambre à une autre, par le toit, les fenêtres, avant de déclencher la machine horrifique en moments aussi coupants que ceux d'un rasoir. Presque tout ici relève de l'esthétisme : les meurtres, les plans, la caméra subjective comme les plans-séquences. 5/6.

Et sans aucun doute aussi du fétichisme.
D'ailleurs je trouve les talons rouges sur la capture d'écran que tu as postée vraiment très beaux.
Ce film me parle en tout cas bien davantage que tous les Inferno et Suspiria réunis qui versent dans un baroque qui m'ennuie profondément alors que je me sens secoué par Ténèbre.
C'est un de mes films préférés du cinéaste avec Opéra, The Card Player (celui-là pour la mise en scène, la photo et le jeu des deux comédiens principaux, parmi le splus attachants de sa filmographie), le Syndrôme de Stendhal, Jenifer, et les Frissons de l'angoisse.

[mannhunter]

Luciano Tovoli et SUSPIRIA,long et bel article dans le nouveau numéro d'"American Cinematographer":

http://www.nxtbook.com/nxtbooks/ac/ac0210/?ap=1#/72

[Frank N Furter]

fuir la VF de Trauma à tout prix).

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Moi, j'ai eu l'édition toute pourrie de TRAUMA avec VF only + 4/3 et achetée chez Noz, donc méfiance. Et le doublage est digne d'un porno.

[Anorya]

La très correcte édition dvd Metropolitan de TRAUMA propose le film en vostf pour 1,99 euros seulement dans les magasins Noz.

Moi, j'ai eu l'édition toute pourrie de TRAUMA avec VF only + 4/3 et achetée chez Noz, donc méfiance. Et le doublage est digne d'un porno.

C'est aussi celle que j'ai. Je l'ai eu en coffret avec Le syndrome de Stendhal qui lui, est de meilleure qualité heuresement. Mais voilà, ça fout tout Trauma en l'air je trouve...

[Demi-Lune]

Trauma (1993)
Aïe, aïe, aïe. C'est ma première déception dans l'oeuvre de Dario Argento, mais elle est de taille. Ce vrai-faux remake ricain et molasson de Profondo Rosso n'a ni l'originalité ni la virtuosité de son illustre modèle. Que cela soit en VO ou en VF, les acteurs, pitoyables, ne semblent pas croire une seule seconde à cette histoire grotesque (dans les 80's, les histoires d'Argento allaient quand même toujours plus loin dans le casse-gueule mais la sauce prenait, aussi incroyable que cela puisse paraître) dans laquelle Argento se répète énormément et peine à créer le moindre suspense. Entre une Piper Laurie tellement hallucinée qu'elle en devient risible, un Christopher Rydell aussi expressif qu'une sardine, un Brad Dourif qui vient sûrement cachetonner ou un Frederic Forrest pitoyable, c'est une sorte de compétition à celui qui sera le plus rigolo. Regardez bien les réactions de Rydell lorsque l'assassin se fait piéger par le gosse à lunettes à la fin du film, je vous promets que c'est très marrant. Au milieu de toute cette troupe, Asia Argento essaie de sauver les meubles et reste la plus convaincante du lot dans son rôle de jeune anorexisque, même si elle se montre peu traumatisée par ce qu'elle a vu.
Finalement, j'en viens presque à me demander si son interlude américain n'était pas l'occasion pour Argento de faire une sorte de best-of auto-parodique de son oeuvre. En effet, difficile de croire le réalisateur sérieux lorsqu'il fait parler une tête coupée, cite Vertigo d'Hitchcock par le biais d'une tête qui tombe dans un conduit d'ascenseur (les idées les plus délirantes du film, et hélas, les deux seules que je retienne), ou lorsque le vieux témoin du meurtre à l'hôpital fait un petit signe de la main pour dire au revoir à l'assassin ! Comment prendre au sérieux le flash-back du trauma de l'assassin ? Et là, par contre, le film peut se révéler extrêmement jubilatoire. Foiré, mais jubilatoire. La musique de Pino Donaggio, complètement à côté de la plaque, vient renforcer cette dimension (involontairement ?) comique de Trauma, tout comme le jeu désastreux des comédiens ou cette histoire cocasse à base d'accumulation morbide de têtes coupées.
Bref, Trauma c'est une bonne tranche de rigolade, mais pas sûr que cela soit intentionnel. De bonnes idées de mise en scène ça et là ne peuvent compenser l'impression tenace que le cinéaste italien se montre très peu inspiré sur ce coup-là. Heureusement, il reviendra en pleine forme avec son film suivant, l'impressionnant Syndrome de Stendhal.
2/6