je ne suis pas d'accord: les deux tueurs hurluberlus de Fargo sont clairement voisins des hurluberlus à l'oeuvre dans certaines de leurs comédies potaches (The Big Lebowsky, par exemple). A partir de là, je ne vois pas comment je pourrais prendre au sérieux la "vision désespérée" qu'essayent de mettre en oeuvre les frères Coen dans un tel film, puisque l'une des données première du film noir (le premier degré) est désamorçée.Strum a écrit : Chez les Coen, le traitement de la violence participe d'une vision désespérée du monde, d'un humour juif, où l'absurde règne en maitre, et où les hommes (...) sont des pantins. Dans Fargo, les protagonistes croient maitriser la situation mais sont en réalité totalement dépassées par elle ; et un dieu moqueur de leur réserver une fin grotesque. Il n'y a rien de potache là-dedans.
J'ai eu l'occasion à une époque de diffuser ce film à des jeunes gens, et ils étaient clairement plus dans un rapport de bidonage/ricanement que de sérieux.
C'est aussi l'une des caractéristiques qui me dérange: à mes yeux, il n'y a ni humour juif ni "Dieu moqueur" guidant le destin grotesque des héros, mais un perpétuel ricanement "petit malin" qui m'empêche de ressentir quoi que ce soit face au déferlement d'emmerdes vécu par le personnage principal .
On ne peut ressentir l'absurdité tragique d'un destin que lorsque des cinéastes ou des auteurs font au moins mine d'y croire un peu au départ. Là, dès le début, je n'y crois pas, je sens d'emblée la poilade, et ça ruine tout.
Et pour en revenir à No Country...: quantité de commentaires lus ici insistaient sur l'aspect "fun" et "hilarante" de la coupe de cheveux du tueur, et sur l'incongruité maousse de son attirail.
Si ce ne sont pas des détails susceptibles d'insinuer du second degré, ça...