No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)
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No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen - 2007)
Un sujet ayant été ouvert sur un éventuel futur film des Coen Bros, dont le tournage n'a pas encore débuté, j'en profite pour en ouvrir un sur celui qui sera le prochain visible (tournage au Texas et au Nouveau-Mexique terminé depuis quelques mois).
No country for old men est une adaptation d'un roman de Corman McCarthy, auteur de 74 ans couronné cette année d'un prix Pulitzer (fiction), pour l'instant adapté au cinéma par le seul Billy Bob Thornton (ah tiens) avec All the pretty horses mais dont le Blood Meridian serait bientôt adapté par Ridley Scott.
Le film, qui ne va pas sans évoquer par exemple celui d'Un plan simple de Sam Raimi (mais transposé au soleil), raconte les déboires d'un homme qui trouve une mallette remplie d'un argent (ainsi qu'accessoirement de la drogue et des cadavres...) qui ne tardera à réveiller les convoitises...
Annoncé d'une durée de 2h02, le film réunit des néophytes de l'univers coenien, tels que Javier Bardem, Woody Harrelson, Tommy Lee Jones, papa James Brolin et fiston Josh ou la charmante Kelly McDonald... casting hétéroclite mais alléchant... Malgré tout, les garants de l'atmosphère propre à leur univers, au premier rang desquels les fidèles Roger Deakins (photo), Carter Burwell (musique) ou Skip Lievsay (son), sont de la partie
A première vue (et quoique ce pitch puisse laisser imaginer une grande variété de traitements), le film ne semble pas s'inscrire dans la veine essentiellement comique de leurs deux derniers long-métrages (Intolérable cruauté et The ladykillers), mais plutôt retrouver le compromis tragi-comique d'un Fargo...
Bien peu d'infos donc pour l'instant, pour un film qui, en toute objectivité, sélectionné en Compétition officielle au Festival de Cannes, devient le favori logique pour la Palme d'Or.
No country for old men est une adaptation d'un roman de Corman McCarthy, auteur de 74 ans couronné cette année d'un prix Pulitzer (fiction), pour l'instant adapté au cinéma par le seul Billy Bob Thornton (ah tiens) avec All the pretty horses mais dont le Blood Meridian serait bientôt adapté par Ridley Scott.
Le film, qui ne va pas sans évoquer par exemple celui d'Un plan simple de Sam Raimi (mais transposé au soleil), raconte les déboires d'un homme qui trouve une mallette remplie d'un argent (ainsi qu'accessoirement de la drogue et des cadavres...) qui ne tardera à réveiller les convoitises...
Annoncé d'une durée de 2h02, le film réunit des néophytes de l'univers coenien, tels que Javier Bardem, Woody Harrelson, Tommy Lee Jones, papa James Brolin et fiston Josh ou la charmante Kelly McDonald... casting hétéroclite mais alléchant... Malgré tout, les garants de l'atmosphère propre à leur univers, au premier rang desquels les fidèles Roger Deakins (photo), Carter Burwell (musique) ou Skip Lievsay (son), sont de la partie
A première vue (et quoique ce pitch puisse laisser imaginer une grande variété de traitements), le film ne semble pas s'inscrire dans la veine essentiellement comique de leurs deux derniers long-métrages (Intolérable cruauté et The ladykillers), mais plutôt retrouver le compromis tragi-comique d'un Fargo...
Bien peu d'infos donc pour l'instant, pour un film qui, en toute objectivité, sélectionné en Compétition officielle au Festival de Cannes, devient le favori logique pour la Palme d'Or.
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Re: No country for old men - Joel & Ethan Coen
Ah ben oui, "logique" !ed a écrit :Bien peu d'infos donc pour l'instant, pour un film qui, en toute objectivité, sélectionné en Compétition officielle au Festival de Cannes, devient le favori logique pour la Palme d'Or.
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Re: No country for old men - Joel & Ethan Coen
"en toute objectivité"Roy Neary a écrit :Ah ben oui, "logique" !ed a écrit :Bien peu d'infos donc pour l'instant, pour un film qui, en toute objectivité, sélectionné en Compétition officielle au Festival de Cannes, devient le favori logique pour la Palme d'Or.
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J'me demande si je suis le seul a ne plus rien attendre des Coen Brothers depuis Oh Brother...
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Oui, parce que ça m'agace.
Je ne suis pas aveuglé par mon affection pour leur cinéma (je suis le premier à reconnaître que leurs deux derniers films ne sont pas des merveilles, loin de là) mais entendre ou lire qu'il n'y a "plus rien à attendre" de cinéastes ayant une telle homogénéité dans leur filmographie (et la remarque m'agace autant pour Burton, d'ailleurs, j'en ai déjà parlé), et les taxer de "paresse" (cf les Inrocks spécial Cannes) avant de pouvoir juger sur pièce (peut-être que c'est une bouse... mais personne n'en sait encore rien), c'est une posture de plus en plus courante les concernant, que je n'arrive à justifier que par (au mieux) de la fermeture d'esprit ou de la mauvaise foi fièrement arborée, vertus indignes de ma conception de la cinéphilie.
On peut être hermétique à leur univers et le rejeter en bloc, certes, et c'est une opinion largement aussi estimable qu'une autre. Mais l'idée qu'ils sont sur le déclin, ou qu'ils feraient mieux d'arrêter de tourner parce que, là, bon, depuis quatre ou cinq films, c'est un peu la honte, je le prend (sur le registre personnel, oui oui) comme une insulte vis à vis de ceux qui, à l'instar de votre serviteur, ont été ému jusqu'aux larmes, secoué à vie au point d'y penser tous les jours par leur antépénultième film, vieux d'à peine cinq ans et demi.
Rien n'oblige à aller voir leur film, surtout si on n'est pas (ou, à tort selon moi, plus) intéressé par leur cinéma. Mais alimenter comme le font la plupart des critiques branchouilles actuellement l'idée (nullement défendable vu le peu de recul) d'un "déclin", prétendre qu'aimer les Coen, c'est has-been ("c'est tellement nineties !!" comme je l'ai lu), et essayer de décourager ceux qui ont envie d'aimer leurs prochains films, eh ben, ça me gonfle...
Rien de personnel contre 7swans, qui a juste eu le malheur d'exprimer précisément ce que je n'espérais pas voir sur ce topic...
Je ne suis pas aveuglé par mon affection pour leur cinéma (je suis le premier à reconnaître que leurs deux derniers films ne sont pas des merveilles, loin de là) mais entendre ou lire qu'il n'y a "plus rien à attendre" de cinéastes ayant une telle homogénéité dans leur filmographie (et la remarque m'agace autant pour Burton, d'ailleurs, j'en ai déjà parlé), et les taxer de "paresse" (cf les Inrocks spécial Cannes) avant de pouvoir juger sur pièce (peut-être que c'est une bouse... mais personne n'en sait encore rien), c'est une posture de plus en plus courante les concernant, que je n'arrive à justifier que par (au mieux) de la fermeture d'esprit ou de la mauvaise foi fièrement arborée, vertus indignes de ma conception de la cinéphilie.
On peut être hermétique à leur univers et le rejeter en bloc, certes, et c'est une opinion largement aussi estimable qu'une autre. Mais l'idée qu'ils sont sur le déclin, ou qu'ils feraient mieux d'arrêter de tourner parce que, là, bon, depuis quatre ou cinq films, c'est un peu la honte, je le prend (sur le registre personnel, oui oui) comme une insulte vis à vis de ceux qui, à l'instar de votre serviteur, ont été ému jusqu'aux larmes, secoué à vie au point d'y penser tous les jours par leur antépénultième film, vieux d'à peine cinq ans et demi.
Rien n'oblige à aller voir leur film, surtout si on n'est pas (ou, à tort selon moi, plus) intéressé par leur cinéma. Mais alimenter comme le font la plupart des critiques branchouilles actuellement l'idée (nullement défendable vu le peu de recul) d'un "déclin", prétendre qu'aimer les Coen, c'est has-been ("c'est tellement nineties !!" comme je l'ai lu), et essayer de décourager ceux qui ont envie d'aimer leurs prochains films, eh ben, ça me gonfle...
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Ne t'inquiete pas, je ne le prends pas mal du tout!ed a écrit : Rien de personnel contre 7swans, qui a juste eu le malheur d'exprimer précisément ce que je n'espérais pas voir sur ce topic...
L'intelligentia, je l'emmerde, mais que tu penses que j'en fasse parti, ça me touche.
Quant a l'interet que je porte a ces freres réalisateurs, il fut un temps vraiment poussé, et tout a fait réel,(jusqu'a acheter les bouquins de Ethan J'ai tué Phil Shapiro quand j'étais jeune). Mon amour pour des films comme Barton Fink, Miller's crossing, Fargo ou meme le grand saut fut un temps inestimable.
Alors quand je vois la suite, je suis déçu. J'me sens floué. Le reste. rien a fout'. Si tu aimes les clivages, les esprits de "clan". c'est ton histoire.
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je n'ai pas écrit cela (j'ai dit que ce que tu écrivais rejoignais une certaine tendance)7swans a écrit :mais que tu penses que j'en fasse parti, ça me touche.
et cela non plus (je pense même avoir écrit le contraire )7swans a écrit :Si tu aimes les clivages, les esprits de "clan". c'est ton histoire.
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Tu as clairement dit que mon avis rejoignait celui d'une certaine intelligentsia. J'appelle ça formater mon avis et le fondre dans celui d'un groupe.ed a écrit :et cela non plus (je pense même avoir écrit le contraire )
Mais passons, je comprends ton point de vu, et j'aime a penser qu"il reside en moi une certaine tendresse pour les oeuvre de Coen Bros, encore maintenant et surement pour longtemps. Meme si c'est avec un certain voile d'amertume.
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Petite revue de presse cannoise (avant que je me fasse dessus) :
Jacques Mandelbaum, dans Le Monde, a écrit : No Country for Old Men est une oeuvre tendue sur le fil du rasoir, palpitante comme une artère tranchée, mais aussi subtilement distanciée. Un film coenien comme on les aime, à double fond et double visage, distribuant l'humour et le macabre, la farce sanglante et le pessimisme métaphysique, la puissance du film noir et les magnificences du film de route.(...)
No Country for Old Men tient à la fois du thriller, du western, du road movie, voire, sous l'angle de son humour désopilant et de sa frénésie de poursuite, de l'animation à la Tex Avery. Mais il se nourrit de sources plus lointaines, comme en atteste l'abracadabrante présence dans le casting de l'acteur espagnol Javier Bardem. Ce fils très peu spirituel de la créature de Frankenstein et du Golem renvoie vers des horizons baroques, ceux du roman picaresque, du romantisme gothique ou de l'expressionnisme nordique. A cette aune, il ne serait pas interdit de voir en No Country for Old Men une variation originale sur Le Septième Sceau, d'Ingmar Bergman (1957) (NDed : ), avec une armoire à glace latino dans le rôle de la Mort et un beau cow-boy dans celui du preux chevalier. Une plaisanterie tragique en quelque sorte, qui vaut signature pour les frère Coen.
Louis Guichard, moins emballé, dans Télérama a écrit : A cet égard, l’apport décisif vient de l’acteur espagnol Javier Bardem, en prédateur absolu, avec son regard vitreux d’une fixité inhumaine et sa voix qui semble remonter tout droit de ses testicules. Qu’il se charcute la jambe pour en extraire les balles reçues, qu’il abatte à la chaîne les malheureux obstacles humains qui encombrent sa route, Javier Bardem ne manifeste aucune réaction. En revanche, sous sa coupe de cocker, l’ombre d’une mystérieuse tristesse recouvre son visage, et ses yeux restent humides. Cela n’a rien de parodique (ouf), c’est nouveau chez les Coen, et c’est le petit « plus », limite métaphysique de cette énième comédie noire. Javier Bardem ou la mélancolie de la bête.
Romain LeVerne, de DVDRama a écrit :Ce nouveau délire, peut-être leur meilleur dans la veine burlesque depuis l’inestimable Big Lebowski, privilégie les autocitations aux citations (on pense beaucoup à Barton Fink pour l’atmosphère étrange – ce n’est pas un hasard s’ils ont repris un plan précis du film susmentionné où le protagoniste débarque dans un bureau face à Tom Hanks – et à Fargo pour les codes du polar passés à la moulinette drolatique). Avec une virtuosité jamais ostentatoire, ils peaufinent des dialogues taillés au rasoir et, en même temps, cherchent à s’affranchir de leurs propres conventions en ouvrant de nouvelles perspectives. On est à la fois en terrain familier et en territoire inconnu. La dernière partie très bizarre et follement séduisante tord le cou aux attentes et laisse dans des eaux troubles. Résultat ? Immense.
(...)Le film, remarquablement mis en scène et photographié, ouvertement schizophrène dans sa construction narrative, repose sur des combinaisons binaires à la fois simulées et court-circuitées : éclats de vie/silences de mort, drôle/triste, comédie/mélo, tendresse/macabre. A chaque fois, les Coen bros provoquent des ruptures brusques de ton, surprennent au détour du plan suivant et sèment la même pagaille émotionnelle que dans le tohu-bohu Miller’s Crossing ou la fin de Barton Fink (NDed : je vais défaillir). Ce n’est pas rien. On en sort accessoirement déboussolé en étant persuadé de ne pas avoir saisi tous les enjeux d’une narration complexe et touffue à la conclusion abrupte et inattendue. Plus que leurs autres opus, celui-ci gagne à être vu à répétition. Cette fois, ils ont franchi une étape en oubliant de se reposer sur leurs lauriers trop précieux. Entre grand film et petit délire de potes, les Coen ont fait strictement ce qu’ils voulaient en ayant le bon goût d’être passionnants à chaque nouvelle tentative. Pour l’heure, gardons la première affirmation : No country for old men est un grand film.
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