Rien ne va plus (Chabrol - 1997)
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Rien ne va plus (Chabrol - 1997)
Victor a soixante ans, Betty, la moitié de son âge. Ils forment un couple disparate et bien malin qui pourrait dire leurs rapports réels, sinon ceux d'une association de malfaiteurs. Ils sillonnent la France et les pays limitrophes a bord d'un camping-car, recherchant particulièrement les congrès professionnels ou Betty se charge de trouver des pigeons.
Après La cérémonie, Chabrol revient en 1997 à un registre plus léger en proposant une relecture de Haute pègre de Lubitsch. Le film met en scène des acteurs habitués à l'univers du réalisateur avec en tête Isabelle Huppert, François Cluzet, Jean-françois Balmer mais aussi Michel Serrault, déjà vu dans Le fantôme du chapelier. Changement notable à la photo puisque c'est sur ce film qu'Eduardo Serra (Incassable) entre en collaboration avec chabrol, collaboration qui durera jusqu'à son dernier film en date, L'ivresse du pouvoir. A en croire ses interviews, Chabrol considère Rien ne va plus comme son film préféré, le seul dans lequel il ait consciemment mis des éléments autobiographiques. L'ambiguïté des rapports entretenus entre Victor et Betty, à la fois relation père-fille et amant/maitresse serait apparemment tiré des relations avec sa femme et sa fille. Une des principales réussites du film réside ainsi dans l'alchimie de ce couple improbable, interprété avec énergie et l'humour par Huppert et Serrault. Le perso de Victor fait souvent penser à un double du réalisateur à l'écran (quand Victor se pose devant "Tout est possible" de Morandini en dégustant son caviar, son goût pour la bonne bouffe) et ce n'est peut être pas innocent si son métier d'escroc le conduit souvent à endosser le rôle d'un metteur en scène, notamment lorsqu'il dirige, déguise, donne des noms à sa partenaire, Betty. Pour un film mettant en scène le jeu du mensonge et de la tromperie, il était inévitable de voir, à part Lubitsch, un peu d'allusion à Hitchcock, les déguisement successifs du perso d'Huppert en étant l'exemple le plus frappant. Si au début Rien ne va plus peut faire penser à un film très terre à terre, ses zones d'ombres, la caractérisation du perso de Balmer (Monsieur K. - Le château étant cité dans un des dialogues), l'abstraction de certaines séquences plongeant subitement le film dans l'étrangeté (la scène de danse, effrayante scène de la salle de bain) en font rapidement un objet indéfinissable, riche, s'essayant avec maestria à la rupture de ton.
Un petit mot aussi sur l'émotion que dégage la scène finale, très touchante et laissant apparaître un autre thème du film, celui de la vieillesse.
Une réussite.
Voilà pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu, le film passe demain sur France 3 à 20h50 !
Après La cérémonie, Chabrol revient en 1997 à un registre plus léger en proposant une relecture de Haute pègre de Lubitsch. Le film met en scène des acteurs habitués à l'univers du réalisateur avec en tête Isabelle Huppert, François Cluzet, Jean-françois Balmer mais aussi Michel Serrault, déjà vu dans Le fantôme du chapelier. Changement notable à la photo puisque c'est sur ce film qu'Eduardo Serra (Incassable) entre en collaboration avec chabrol, collaboration qui durera jusqu'à son dernier film en date, L'ivresse du pouvoir. A en croire ses interviews, Chabrol considère Rien ne va plus comme son film préféré, le seul dans lequel il ait consciemment mis des éléments autobiographiques. L'ambiguïté des rapports entretenus entre Victor et Betty, à la fois relation père-fille et amant/maitresse serait apparemment tiré des relations avec sa femme et sa fille. Une des principales réussites du film réside ainsi dans l'alchimie de ce couple improbable, interprété avec énergie et l'humour par Huppert et Serrault. Le perso de Victor fait souvent penser à un double du réalisateur à l'écran (quand Victor se pose devant "Tout est possible" de Morandini en dégustant son caviar, son goût pour la bonne bouffe) et ce n'est peut être pas innocent si son métier d'escroc le conduit souvent à endosser le rôle d'un metteur en scène, notamment lorsqu'il dirige, déguise, donne des noms à sa partenaire, Betty. Pour un film mettant en scène le jeu du mensonge et de la tromperie, il était inévitable de voir, à part Lubitsch, un peu d'allusion à Hitchcock, les déguisement successifs du perso d'Huppert en étant l'exemple le plus frappant. Si au début Rien ne va plus peut faire penser à un film très terre à terre, ses zones d'ombres, la caractérisation du perso de Balmer (Monsieur K. - Le château étant cité dans un des dialogues), l'abstraction de certaines séquences plongeant subitement le film dans l'étrangeté (la scène de danse, effrayante scène de la salle de bain) en font rapidement un objet indéfinissable, riche, s'essayant avec maestria à la rupture de ton.
Un petit mot aussi sur l'émotion que dégage la scène finale, très touchante et laissant apparaître un autre thème du film, celui de la vieillesse.
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Re: Rien ne va plus (Chabrol - 1997)
Très bonne analyse. Un Chabrol grand cru.Tuck pendleton a écrit :Après La cérémonie, Chabrol revient en 1997 à un registre plus léger en proposant une relecture du Haute pègre de Lubitsch. Le film met en scène des acteurs habitués à l'univers du réalisateur avec en tête Isabelle Huppert, François Cluzet, Jean-françois Balmer mais aussi Michel Serrault, déjà vu dans Le fantôme du chapelier. Changement notable à la photo puisque c'est sur ce film qu'Eduardo Serra (Incassable) entre en collaboration avec chabrol, collaboration qui durera jusqu'à son dernier film en date, L'ivresse du pouvoir. A en croire ses interviews, Chabrol considère Rien ne va plus comme son film préféré, le seul dans lequel il ait consciemment mis des éléments autobiographiques. L'ambiguïté des rapports entretenus entre Victor et Betty, à la fois relation père-fille et amant/maitresse serait apparemment tiré des relations avec sa femme et sa fille. Une des principales réussites du film réside ainsi dans l'alchimie de ce couple improbable, interprété avec toute l'énergie et l'humour nécessaire par Huppert et Serrault. Le perso de Victor fait souvent penser à un double du réalisateur à l'écran (la scène de l'abrutissage devant "tout est possible" de Morandini, son goût pour la bonne bouffe) et ce n'est peut être pas innocent si son métier d'escroc le conduit souvent à endosser le rôle d'un metteur en scène, notamment lorsqu'il dirige, déguise, donne des noms à sa partenaire, Betty. Pour un film mettant en scène le jeu du mensonge et de la tromperie, il était inévitable de voir, à part Lubitsch, un peu d'allusion à Hitchcock, les déguisement successifs du perso d'Huppert en étant l'exemple le plus frappant. Si Rien ne va plus peut au début laisser penser à un film très terre à terre, ses zones d'ombres, la caractérisation du perso de Balmer (Monsieur K. - Le château étant cité dans un des dialogues), l'abstraction de certaines séquences plongeant subitement le film dans l'étrangeté (la scène de danse, effrayante scène de la salle de bain) en font rapidement un objet indéfinissable, riche, s'essayant avec maestria à la rupture de ton.
Un petit mot aussi sur l'émotion que dégage la scène finale du film, très touchante et laissant apparaître un autre thème du film, celui de la vieillesse.
Une réussite.
Voilà pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu, le film passe demain sur France 3 à 20h50 !
A voir par les amateurs comme d'ailleurs par les détracteurs.
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Un film fort sympathique (un des meilleurs Chabrol de ces dix dernières années), avec un couple d'acteur pas mal, même si inégal (Serrault "vole" toutes les scènes à une Huppert stoïque) pour un film lui aussi inégal. Si la première partie et fort agréable, montrant et démontrant les combines de ces arnaqueurs à la petite semaine, la deuxième, quant à elle, est trop confus, car trop de personnages, trop de rebondissements, comme si Chabrol ne se suffisait plus d'un récit sans aucune prétention.
Mais, bon film en général.
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Je ne sais pas si je suis le seul, mais j'avais été assez étonné de la violence du film dans la seconde partie. Pas du Peckinpah non plus, mais par rapport à ce qui se déroulait avant, j'avais trouvé la rupture assez osée.
Sinon j'aime beaucoup ce film, aussi.
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Billy Wilder ou Chabrol: choisis ton camp camarade
en même temps à la même heure, il y a Ariane sur Arte.
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Re: Billy Wilder ou Chabrol: choisis ton camp camarade
Malgré une certaine tendresse pour Chabrol, entre lui et Wilder, Il n'y a pas photoDoug Quaid a écrit :en même temps à la même heure, il y a Ariane sur Arte.
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Re: Billy Wilder ou Chabrol: choisis ton camp camarade
Bien d'accord,il y a belle lurette que Chabrol n'a plus rien à dire...MAJOR DUNDEE a écrit : Malgré une certaine tendresse pour Chabrol, entre lui et Wilder, Il n'y a pas photo
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Re: Billy Wilder ou Chabrol: choisis ton camp camarade
Là je te trouve quand même un peu trop durRandolph Carter a écrit :Bien d'accord,il y a belle lurette que Chabrol n'a plus rien à dire...MAJOR DUNDEE a écrit : Malgré une certaine tendresse pour Chabrol, entre lui et Wilder, Il n'y a pas photo