Cinéphilie qui s’essouffle : cela vous est-il arrivé ?

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Message par AtCloseRange »

cinephage a écrit :
Gounou a écrit :Mêmes constats de mon côté : moins de films visionnés, plus de fatigue en fin de journée, plus de mal à arriver au bout d'une traite et pas seulement pour les films au rythme exigeant. Je continue de lutter pour ne pas couper un film en deux, mais au final je ne l'apprécie pas plus pour autant et même parfois je me gâche un film autour duquel je tournais depuis longtemps.
Il serait peut-être temps que je suive les suggestions de mon entourage et que je m'essaye à certaines séries (en gardant les films pour des plages horaires plus libres)... ?
Personnellement, ça ne parvient pas à me satisfaire, ou, en tout cas, à me suffire. Si les scripts sont largement au niveau (sous réserve d'un coté feuilletonnant qui peut lasser), la mise en scène à proprement parler est généralement fort basique (pour les séries que j'ai pu voir, je reconnais que je n'en ai vu que quelques unes), et plutôt impersonnelle. Donc ça relaie fort bien un certain type de cinéma, essentiellement narratif et conduit par des personnages et des concepts forts, comme le disait atcloserange, mais ça ne relaie aucunement le cinéma plus formaliste, ni même le cinéma plus ambitieux au niveau du fond, en tout cas à mes yeux. Et puis comme j'aime bien les histoires courtes, avec un début, un milieu et une fin, les séries qui n'en finissent pas, les séries ne collent pas totalement avec ça (rien qu'une saison de 24 épisode peut suffire à me lasser).

Bref, les séries, c'est bien, mais impossible pour moi de basculer de l'un à l'autre.
A l'exception notable de Sur Ecoute, qui m'a plus donné l'impression de suivre un long film qu'une série, donc je reconnais que ça n'est pas une fatalité...
Je veux bien mais si on s'en tient au cinéma américain, le style de cinéma dont tu parles a quasiment disparu à mes yeux.
Et en terme d'audace, à de nombreux niveaux, je pense que dans le paysage américain, il y a plus de qualité quantativement à la télé qu'au cinéma et beaucoup d'acteurs de talent ne s'y sont pas trompé en y trouvant certains de leurs meilleurs rôles dans les dernières années.
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Message par cinephage »

Là, nous ne sommes pas complètement d'accord. Je préfère infiniment, sur le plan formel, un film comme Le livre d'Eli, qui multiplie les beaux mouvements de caméra et les collages numériques, à tout ce que je connais en série, dont le découpage est pour le moins fonctionnel. Formellement toujours, un Scorsese ou un Coen me frappent là où une série m'intrigue par son scénario, parfois (mais c'est rare), par le jeu de ses comédiens, qui me touchent plus par un effet de sympathie et de personnage que par leur puissance de jeu, mais jamais, ou peu s'en faut, par la mise en scène elle-même.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Cinéphilie qui s’essouffle : cela vous est-il arrivé ?

Message par AtCloseRange »

cinephage a écrit :Là, nous ne sommes pas complètement d'accord. Je préfère infiniment, sur le plan formel, un film comme Le livre d'Eli, qui multiplie les beaux mouvements de caméra et les collages numériques, à tout ce que je connais en série, dont le découpage est pour le moins fonctionnel. Formellement toujours, un Scorsese ou un Coen me frappent là où une série m'intrigue par son scénario, parfois (mais c'est rare), par le jeu de ses comédiens, qui me touchent plus par un effet de sympathie et de personnage que par leur puissance de jeu, mais jamais, ou peu s'en faut, par la mise en scène elle-même.
Ah oui, là, c'est abyssal...

Et puis ce que tu dis sur le jeu des comédiens de série "mais c'est rare" :shock:
La plupart des meilleures séries actuelles révèlent quantité d'acteurs inconnus incroyables (et il faut voir comment ils sont utilisés quand on leur donne une chance sur grand écran).
Quand je vois les acteurs émergents au ciné qu'on nous vend comme the next big thing, pour moi, il n'y a vraiment pas photo.
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Message par Flol »

Cinephage, quelle série regardes-tu ?
Car niveau mise en scène, des séries comme Six Feet Under, The Sopranos, Dexter ou bien encore Mad Men me semblent tout de même d'un très très haut niveau (en tout cas, bien plus que la majorité des films US du moment).
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Re: Cinéphilie qui s’essouffle : cela vous est-il arrivé ?

Message par Flol »

AtCloseRange a écrit :La plupart des meilleures séries actuelles révèlent quantité d'acteurs inconnus incroyables (et il faut voir comment ils sont utilisés quand on leur donne une chance sur grand écran).
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Message par cinephage »

Ben oui, mais techniquement, en termes de mouvement de caméra, ce que je vois en série reste très très basique. Un plan de situation, un mastershot, quelques plans en champ/contrechamp, un insert pour nous faire remarquer le personnage qui tique ou qui relève une chose qui fera sens plus tard... Ce n'est pas la mise en scène qui me fait vibrer.

Là où, dans le livre d'Eli, puisque c'est l'exemple que j'ai cité, je prends mon pied à suivre la caméra faire ses aller-retour, passer à travers les obstacles, cadrer un pied pour remonter sur un visage, bref, c'est la caméra qui raconte, pas le scénario (celui-ci étant d'ailleurs très simple). J'éprouve un plaisir visuel, rythmique, que la série ne m'offre pas.

Quant aux comédiens, ils n'exploitent souvent qu'un registre limité, lié à leur personnage qu'ils déroulent pendant des années, au point que, pour certains, on finisse par les identifier à ces personnages. Je ne dis pas du tout qu'ils sont mauvais, ils sont souvent bons, d'autant plus que la série a toujours été, hier comme aujourd'hui un des viviers majeurs pour révéler des comédiens. En revanche, ils ont rarement un plan de plus de 10 secondes, ce qui n'est pas idéal pour révéler une grande ampleur de jeu, ou provoquer l'émotion par sa seule interprétation, celui-ci étant essentiellement porté par la richesse de l'écriture (qui est indéniable). L'émotion qui m'a atteint dans les séries que j'ai vues (encore une fois, je n'en ai pas vu des tonnes) provenait avant tout de la situation, du récit, des dialogues, et bien après seulement, de l'acteur qui leur donne corps.

Je ne déteste pas les séries, j'en adore même certaines, mais elles occupent pour moi un tout autre créneau que les films de cinéma.
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Message par cinephage »

Ratatouille a écrit :Cinephage, quelle série regardes-tu ?
Car niveau mise en scène, des séries comme Six Feet Under, The Sopranos, Dexter ou bien encore Mad Men me semblent tout de même d'un très très haut niveau (en tout cas, bien plus que la majorité des films US du moment).
Je regarde Dexter en ce moment (je finis la première saison), et j'ai vu The Sopranos (je n'ai pas accroché à six feet under, sans doute pour n'en avoir vu que des épisodes dans le désordre, sur le cable, il faudra que je voie réellement la série). J'aime ces séries, vraiment. Mais sur le plan technique, ça reste très simple. Déja, ces séries se paient le luxe d'une grue sur certains plans, voire de steadicam, ce qui est très bien, mais le découpage m'apparait comme fort simple.
Sur le plan du cinéma US, ça rivalise sans peine avec le tout venant de la production indépendante actuelle, mais dès qu'il y a des moyens, ça change la donne... Après, certes, un Soprano est plus intéressant qu'un Transformers, mais techniquement, ça se discute. Mon coeur balance du coté technique (sans aller jusqu'à Transformers, qui est à l'extrêmité de l'échelle).
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Message par AtCloseRange »

cinephage a écrit :Après, certes, un Soprano est plus intéressant qu'un Transformers, mais techniquement, ça se discute. Mon coeur balance du coté technique (sans aller jusqu'à Transformers, qui est à l'extrêmité de l'échelle).
Ah ouais, quand même...
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Re: Cinéphilie qui s’essouffle : cela vous est-il arrivé ?

Message par cinephage »

AtCloseRange a écrit :
cinephage a écrit :Après, certes, un Soprano est plus intéressant qu'un Transformers, mais techniquement, ça se discute. Mon coeur balance du coté technique (sans aller jusqu'à Transformers, qui est à l'extrêmité de l'échelle).
Ah ouais, quand même...
La série manque de grand spectacle, de beaux mouvements de caméra, de mise en scène intrigante ou d'effets visuels soignés. Quand je vois Rome, et que j'entends que c'est une superproduction, je suis un peu interpellé, les moyens sont certes grands "pour une série", mais comparé à un film, c'est relativement modeste. Pour le visuel, je préfère Robin des bois ou les 3 royaumes (heureusement, je n'ai pas à choisir, donc je vois les deux). Etant amateur de mise en scène et d'images avant autre chose, la série me frustre souvent pour la modestie de ses moyens, même si les scénarii sont très riches.

Je ne conteste aucunement l'intérêt de la série, qui rayonne actuellement de mille feux, mais elle ne peut remplacer (ni même se comparer sérieusement, tant les structures de ces types d'oeuvres diffèrent) le cinéma.
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Message par Akrocine »

Regarde Breaking Bad tu va être surpris :!:
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Re: Cinéphilie qui s’essouffle : cela vous est-il arrivé ?

Message par cinephage »

Akrocine a écrit :Regarde Breaking Bad tu va être surpris :!:
A l'occasion, sans problème. Comme je le disais plus tôt, il n'y a pas de fatalité à mes yeux.
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Message par Boubakar »

Ratatouille a écrit :
AtCloseRange a écrit :La plupart des meilleures séries actuelles révèlent quantité d'acteurs inconnus incroyables (et il faut voir comment ils sont utilisés quand on leur donne une chance sur grand écran).
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Re: Cinéphilie qui s’essouffle : cela vous est-il arrivé ?

Message par Akrocine »

Pour m'a part, il y a deux semaines j'étais plein d'enthousiasme en débutant m'à rétrospective de Tavernier avec de très belle découvertes, puis je suis partie une semaine en vacance (en Crète). Et depuis mon retour Pouf! Plus rien! Je ne suis pas motivé pas envie d'un film, d'un genre en particulier alors que j'ai une cinquantaine de DvD qui attendent d'être découvert et c'est pas le temps qui manque cry: :cry:
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Message par Anorya »

Essaye d'y revenir lentement avec des films plus contemplatifs peut-être... ;)
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Message par pol gornek »

cinephage a écrit :Je regarde Dexter en ce moment (je finis la première saison), et j'ai vu The Sopranos (je n'ai pas accroché à six feet under, sans doute pour n'en avoir vu que des épisodes dans le désordre, sur le cable, il faudra que je voie réellement la série). J'aime ces séries, vraiment. Mais sur le plan technique, ça reste très simple. Déja, ces séries se paient le luxe d'une grue sur certains plans, voire de steadicam, ce qui est très bien, mais le découpage m'apparait comme fort simple.
Sur le plan du cinéma US, ça rivalise sans peine avec le tout venant de la production indépendante actuelle, mais dès qu'il y a des moyens, ça change la donne... Après, certes, un Soprano est plus intéressant qu'un Transformers, mais techniquement, ça se discute. Mon coeur balance du coté technique (sans aller jusqu'à Transformers, qui est à l'extrêmité de l'échelle).
De "vraies" propositions de réalisation dans les séries, il y en a. Je ne parle "d'illustration" ou de réalisation mécanique (genre Desperate Housewives, qui ne propose pas grand chose d'un point de vue mise en scène a priori, parce que si l'on remonte la généalogie des soaps, il y aurait beaucoup de choses à dire), mais d'un réel travail.

Urgence a proposé une réalisation tout en mouvement, très peu découpé, soulignée par une steadycam qui tournait autour des acteurs pour retranscrire l'action dans une frontalité assez nouvelle à l'époque. Un réel travail d'immersion que l'on peut retrouver au cinéma.

24, outre son travail sur la narration, a, dans ses premières saisons (trois, maximum) proposé une proposition intéressante sur le découpage, la réalisation du séquence d'action, le rapport entre narration et montage/découpage. Avec une utilisation des splits screen novatrices puisqu'elle ne repose pas sur une récupération d'un procédé du cinéma, mais sur une réflexion sur la meilleure façon de raconter son histoire.

On pourrait mentionner l'esthétisme des CSI's, où l'on ressent, à chaque instant, l'influence du producteur Bruckheimer (et ses films avec M. Bay). Image filtrée, réalisation clippesque qui décompose le geste pour rendre un acte "scientifique" (guillemets importants) sexy et didactique.

Tu mentionnes à plusieurs reprises les longs mouvements de caméra, les plans larges, jette un oeil un Carnivale. Chaque épisode est un petit film de 55 minutes. Du travail de reconstitution, à la photo, de la réalisation à l'interprétation, c'est une série exigeante, mais jamais complaisante dont l'esthétique au sens large n'a plus rien à envié au cinéma.

Enfin récemment, Breaking Bad est peut-être l'unique série à posséder une identité visuelle aussi marquée/appuyée/travaillée. Mad Men (l'autre grande série actuelle, pour schématiser) est peut-être plus illustrative, mais cette (fausse) simplicité cache un travail intéressant sur l'association époque/réalisation (et Barbet Schroeder à réalisé un épisode).

Pour conclure, l'actualité à venir se compose de Martin Scorsese qui réalise le pilot Boardwalk Empire, Michael Man celui de Luck, Katherine Bigelow réalisera The Miraculous Year. Sans compter Michael Cuesta qui a réalisé de nombreux épisodes de Dexter ou encore Steve Buscemi pour Nurse Jackie. Je doute sérieusement que ces réalisateurs, sous le seul prétexte d'être à la télévision, radicalise leur réalisation pour se fondre dans un conformisme factuelle. Il y a un travail d'adaptation au medium, certainement, mais ils conservent le talent que l'on peut leur reconnaître.
Le public qui grandit devant la télé affine son regard, acquiert une compétence critique, une capacité à lire des formes compliquées. Il anticipe mieux les stéréotypes et finit par les refuser car il ne jouit plus d'aucune surprise ni curiosité, les deux moteurs de l'écoute.Il faut donc lui proposer des programmes d'un niveau esthétique plus ambitieux. La série télé s'est ainsi hissée, avec ses formes propres, au niveau de la littérature et du cinéma.
(Vincent Colonna)
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