De bonnes choses, d'autres bien moins heureuses.
Le premier film altermondialiste d'anticipation ?
Le portrait du Londres de 2027 ravagé par la guerre civile, avec ses indications visuelles et sonores agressives (les campagnes publicitaires qui n'auraient pas dépareillé dans un régime dictatorial) tendrait ou voudrait tendre à démontrer que dans le futur, en gros dans vingt ans, c'est-à-dire demain, la population sera parquée, surtout celle qui est clandestine dans des camps où l'immondice est devenue reine, laissée pour compte. Les infrastructures routières seront désastreuses, par contre il y aura un avertisseur de choc avant les collisions, les gardes royales seront toujours à cheval et le ciel sera lourd.
Difficile de s'attacher à des personnages qui ne deviennent à la longue que des fantômes au pire, des silhouettes au mieux, enfouies dans le brouillard, dont on essaie de suivre le fil de l'histoire, sans savoir d'où ils viennent et dont on comprend peu à peu ce vers quoi ils vont. Le nihilisme du début fait penser que le pire n'est pas encore venu et qu'il y a peu de chances que ça s'améliore. Cette chape de plomb m'a parue très caractéristique durant la seconde partie à partir du moment où l'on comprend qu'il y a un enfant à sauver, pas encoré né, mais symbole d'une possible humanité. Le film entre temps ne prend pas une seconde pour respirer, si ce n'est pour fumer de la ganja. Après tout, même en enfer, quand il est sur Terre, il y a encore moyen de faire du business là-dedans.
Clive Owen est impeccable, Julianne Moore en leader
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- disparaît très vite
les personnages secondaires restent malheureusement secondaires, et le film montre un monde dévasté dans lequel certains collectionnent tout de même des objets de qualité, ou plus précisément des reliques d'un temps passé qui n'existent plus (la copie de
Guernica accrochée au mur de l'artiste). Le seul moment arty et au delà du temps en quelque sorte d'un film qui se veut absolument, terriblement contemporain en s'ancrant le plus possible dans le récit documentaire, caméra à l'épaule dans tous les plans, et jeu expressif.
Les séquences d'assauts sont spectaculaires, celle de la voiture, où la caméra tourne à l'intérieur sans s'arrêter de pivoter impressionne. La virtuosité de Cuaron ne fait aucun doute, mais ça ne me raccroche pas pour autant aux enjeux de l'histoire, à cette peinture ultra caricaturale d'un monde souterrain, activiste qui rêve du Projet Humanité. Tout en tuant à côté pour leur cause. Cuaron a heureusement la bonne idée de ne pas cautionner leurs agissements stupides par la scène à la fois triste et teintée d'humour noir de Jasper face à ses mêmes activistes
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- Durant laquelle il est assassiné.
C'est pour moi l'une des rares scènes remuantes du film avec la dernière séquence de dix minutes, si virtuose qu'elle en finit par ne plus montrer que cela. On s'en prend les mirettes, certes, et après ?
Bref, très mitigé.
Autre chose concernant l'immigration : ne peut-elle être qu'assimilée à la clandestinité et donc à l'illégalité ? Le réal nous montre surtout celle qui est concernée par la clandestinité et là encore j'ai trouvé sa patte lourde. Tout ce qui est militaire, policier est ici traité comme un mal incurable, une forme d'agression constante.
Ca m'a vraiment gêné en tout cas, tout comme l'image de la manifestation des arabes armés de kalachnikov et criant
Allah Akbar ! car j'avais l'impression qu'on assimilait cela à des milices plus dangereuses encore que les groupuscules activistes.
5/10