L'Assassinat de Jesse James... (Andrew Dominik - 2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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G.T.O
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Message par G.T.O »

Gounou a écrit :Finalement, au bout de deux semaines, il ne m'en reste pas grand chose... :?
Même symptome, doc !!! Mauvais signe... :?
angel with dirty face
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Message par angel with dirty face »

G.T.O a écrit :
Gounou a écrit :Finalement, au bout de deux semaines, il ne m'en reste pas grand chose... :?
Même symptome, doc !!! Mauvais signe... :?
C'est peut être une virus, moi aussi :uhuh:
7swans
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Message par 7swans »

ARAGORN elessar a écrit :e Robert Ford assez proche de moi sur certains points.
Faut donc éviter de te tourner le dos...
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Aragorn Elessar
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Message par Aragorn Elessar »

:mrgreen:
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Message par Simone Choule »

Est-ce mieux que cette version ???

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Flol
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Message par Flol »

Simone Choule a écrit :Est-ce mieux que cette version ???

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Tiens, je l'ai vu ce film. C'est très sympa.
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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

Ratatouille a écrit :Tiens, je l'ai vu ce film.
:shock: Rate ta chtouille, gros bisseur!
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Aragorn Elessar
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Message par Aragorn Elessar »

Donc ma petite critique maintenant que j'ai le temps, et qui va spoiler un peu :

L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford : portrait cinématographique magnifique sur deux êtres qui n'ont aucune maitrise de leur image, par conséquent aucune prise sur une réalité qui les fuit et les domine.

D'un coté Jesse James la légende, jouait par un Brad Pitt qu'on aurait pu dire parfait si cela avait été son 1er rôle. Malheureusement, même si son jeu plein d'assurance, de fierté insolente convient parfaitement au personnage, il laisse apparaitre des tics déjà vus mille fois avant ca, dans des rôles qui en avaient pas besoin. Du coup, de par sa carrière passée, on pourrait presque dire qu'il fait du Brad Pitt, avec sa pose habituelle.
Mais je pense que ce serait se tromper que de dire ca, car Pitt a tres bien saisi le personnage ( ou le réalisateur l'a tres bien dirigé ). Un Jesse James qui n'arrive plus qu'à jouer son propre rôle : une légende charismatique et sublime, qui doit être presque irréelle, et imposer chez celui qui le contemple le respect et la crainte - notamment la crainte de ne pouvoir lui cacher quoi que ce soit, d'être analyser en profondeur d'un simple regard. D'où le jeu souvent presque outrancier de Pitt, extrêmement poseur, fière. Mais aussi effrayant, effrayant par son regard pénétrant ( et Brad Pitt arrive à nous le faire sentir ) mais aussi par l'impression qu'il donne aux autres de clairement brouiller les pistes, de noyer le poisson pour mieux les analyser. Mais aussi effrayant, par un tempérament que l'on sait fantasque et redoutable, chez un personnage que l'on dit qu'il sait tout. D'où ce jeu visible de Pitt car Jesse James joue constamment. Au point de se perdre même.
Jesse James nous reste mystérieux tout au long du film, car on ne le connait que par le regard des autres protagonistes, un regard qui ne se pose donc que tres souvent sur ce que Jesse James nous montre de lui. Mais lors de moment brefs, soit lorsque qu'il se lâche un peu dans la proximité fraternelle qu'il a avec Robert Ford, soit lorsqu'il n'en peut tout simplement plus ( la scène où il pleure sur son cheval ; la scène du lac gelée ), on voit clairement que Jessy James est brisé. La réalité le fuit : il n'est soit constamment que dans le jeu de cette image de légende qu'on lui a donnée mais qu'il a aussi construite ; soit dans la paranoïa, cette impression que tout le monde veut le dénoncer ; les deux étant liés. Jesse James est las, ne comprend pas comment il a pu en devenir là aujourd'hui, et voit même la mort comme un état infiniment plus supportable que la vie. D'où cette magnifique scène de l'assassinat, où l'on a l'impression qu'il accepte la mort. Mais peut être pas, peut être est ce un ultime acte de fierté ; une dernière fois, jouer la légende. Peut être est ce aussi pour facilité l'acte à Robert Ford, ce petit frère, qu'il ne riposte pas, ne le regarde pas en face ; ou peut être justement l'inverse, devant cet terrible trahison, jeter l'ignominie sur lui, en l'obligeant à le tuer de dos ( peu probable ).

Ce qui est sur, c'est que même si l'intrigue est centrée sur Jesse James, tourne autour de lui, le mystère reste en grande partie complet. A l'inverse de Robert Ford, le film s'intéressant principalement à lui d'ailleurs.

Un Robert Ford, magnifiquement interprété par Casey Affleck, dont je suis limite tombé amoureux ( si j'avais été gay, ca aurait été le cas j'en suis sur ). Là où on a un Brad Pitt qui s'est construit avec le temps un physique de statue d'Apollon avec le charisme qui va avec, on a un Casey Affleck d'un sensibilité, notamment dans le regard, qui lui donne un charme affolant, irrésistible. ( D'ailleurs je fais une petite parenthèse pour souligner aussi le charme de l'actrice de Weeds, qui a elle aussi un regard à tomber, et dont je suis un peu amoureux je crois. Sans oublier la coquetterie de la femme du père du cousin à James - désolé je ne connais pas le nom de ces actrices - cachée derrière la rigueur de ses bonnes manières, là aussi à tomber ). Donc, Casey Affleck qui joue impeccablement ce personnage de Robert Ford d'une grande tristesse. Robert Ford qui s'était rempli d'illusions durant toute sa jeunesse, en rêvant d'être le légendaire Jesse James son modèle, persuadé d'avoir les qualités pour être aussi célèbre. Mais surtout persuadé qu'il méritait autre chose que d'être traité comme un enfant, d'être charié même continuellement, persuadé qu'il méritait autre chose que d'être dans l'ombre continuelle de son entourage. Tant de promesses qu'on lui avait promis mais qui ne se sont pas réalisées.
Et enfin, il est confronté à son héros. D'abord sous le charme, il épie tous ses mouvements, toutes ses manières, pour s'en imprégner. Mais l'illusion se brise : Jesse James n'est qu'un homme. Le charme agit toujours bien sur, et ce jusqu'à la fin, d'autant plus qu'une relation de confiance se crée, une proximité fraternelle s'installe. Seulement, là aussi, même si la relation est plaisante, Robert Ford ne fait pas jeu égale, il est soit sous l'aile de son héros, soit pire, il est charié, taquiné comme à l'habitude ( la scène du repas ). Jesse James n'est qu'un homme, et Robert Ford n'aura jamais une reconnaissance qu'il pense mériter. Pire, ce dégrisement, cet idole qui tombe, est la désillusion de trop, le dernier rêve qui s'échappe, la réalité qui s'impose dans toute sa tristesse. Jesse James a d'ailleurs l'air parfaitement conscient de toucher la où ca fait mal lors de la scène du repas, peut être se reconnait-il en Robert Ford et cherche à lui éviter de jouer à ce jeu, de chercher une reconnaissance qui peut être dangereuse, de se bercer d'illusions.
Quand Robert Ford tue Jesse James, on sent qu'il le fait à contre coeur, un lien unique s'étant crée. Mais en même temps ce geste, qui est aussi surement un acte de colère et de frustration à l'encontre de ce modèle qui n'est pas ce qu'il aurait voulu, est aussi la dernière solution pour avoir la reconnaissance rêvée. Une reconnaissance qui bien sur n'arrivera jamais, l'ignominie se jetant même sur lui. Le dernier regard, lucide, jeté à la camera et à son meurtrier, est celui d'un homme acceptant finalement le sort qui est le sien depuis toujours.

Et c'est seulement cette tristesse de la réalité de ces deux figures que transmet la réalisation, à la photographie magnifique et au rythme lent. Ce n'est pas la contemplation , celle du divin immanent et transcendant l'Homme, que l'on peut retrouver dans le Nouveau Monde ; ni un simple désir de belles images, le désir de poser, de faire grand. Non, juste le partage d'une mélancolie découlant du destin de ces deux personnages.[size=0] Je ne ferais pas apparaitre les défauts - comme une voix off appuyant peut être trop par moment, ou l'après assassinat peut être pas aussi bon que le reste - car je suis sur qu'ils disparaitront lors d'une deuxième vision tellement ils me paraissent dérisoires.[/size]

Oui c'est ca,L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford : portrait cinématographique magnifique sur deux êtres qui n'ont aucune maitrise de leur image, par conséquent aucune prise sur une réalité qui les fuit et les domine.

9.5/10
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Message par Aragorn Elessar »

Je rajoute une précision à ma critique, un point essentiel d'ailleurs sur le personnage de Robert Ford :

La reconnaissance, devenir un héros, une légende comme Jesse James n'est pas véritablement son réel désir. En effet, il s'est construit une image de lui même, fantasmée pourrait-on dire car venant en grande partie de son identification au héros Jesse James des aventures relatées dans ses bouquins, et c'est cette image qu'il a de lui qu'il aimerait voir s'imposer dans le regard des autres, qu'il aimerait rendre réelle, c'est cela son véritable désir : faire disparaitre l'image habituelle que les autres ont de lui, pire, que les autres lui donnent doit-il se dire. Et la tragédie de son destin vient du fait qu'il n'a jamais réussi ce dessein, l'Histoire faisant même de lui un lâche.
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

ARAGORN elessar a écrit :Un Robert Ford, magnifiquement interprété par Casey Affleck, dont je suis limite tombé amoureux ( si j'avais été gay, ca aurait été le cas j'en suis sur ).
D'ailleurs je trouve que d'une certaine manière, l'attitude de Bob Ford par rapport à Jesse James peut être vue comme celle d'un amoureux transit. Je ne saurais expliquer ma pensée plus précisément, mais je crois qu'on peut faire une lecture des rapports entre les deux personnages en ls interprétant comme une relation homosexuelle non réalisée.
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Aragorn Elessar
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Message par Aragorn Elessar »

-Kaonashi Yupa- a écrit :
ARAGORN elessar a écrit :Un Robert Ford, magnifiquement interprété par Casey Affleck, dont je suis limite tombé amoureux ( si j'avais été gay, ca aurait été le cas j'en suis sur ).
D'ailleurs je trouve que d'une certaine manière, l'attitude de Bob Ford par rapport à Jesse James peut être vue comme celle d'un amoureux transit. Je ne saurais expliquer ma pensée plus précisément, mais je crois qu'on peut faire une lecture des rapports entre les deux personnages en ls interprétant comme une relation homosexuelle non réalisée.
Disons que chez Ford la relation tend plus vers un amour homosexuel inconscient, alors que chez James ce serait plus un amour fraternel il me semble ( peut être à cause de la douloureuse perte de ses frères ). Il me semble.
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Message par Simone Choule »

J'ai été littéralement hypnotisé.
Depuis je suis hanté par cette mélancolie, cette ambiance mortifère...

C'est juste bouleversant et c'est pour moi un très très grand film...
Tous les défauts soulignés ici sont à mes yeux une force et donnent à l'ensemble une pulsation très particulière, unique. Quelque chose d'un peu flottant, de nébuleux à la limite du fantastique.

Je ne sais pas trop comment en parler mais en sortant de la salle j'avais vraiment une irrepressible envie de chialer.
:|
angel with dirty face
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Message par angel with dirty face »

ARAGORN elessar a écrit :
-Kaonashi Yupa- a écrit : D'ailleurs je trouve que d'une certaine manière, l'attitude de Bob Ford par rapport à Jesse James peut être vue comme celle d'un amoureux transit. Je ne saurais expliquer ma pensée plus précisément, mais je crois qu'on peut faire une lecture des rapports entre les deux personnages en ls interprétant comme une relation homosexuelle non réalisée.
Disons que chez Ford la relation tend plus vers un amour homosexuel inconscient, alors que chez James ce serait plus un amour fraternel il me semble ( peut être à cause de la douloureuse perte de ses frères ). Il me semble.
Je ne sais pas pour vous mais il me semble qu'on peut être fasciné par quelqu'un du même sexe sans que ça soit pour autant de l'homosexualité... Ce n'est nullement une critique par rapport à vos impressions, je dis juste cela parce que les interprétations faciles sur l'homosexualité latente de certains héros sont très à la mode...
Aragorn Elessar
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Message par Aragorn Elessar »

Bien sur, pour moi cela se fait de manière inconsciente, à la fois homosexuel et fraternel. C'est comme si je parlais d'inceste dans une relation tres fusionnelle entre un parent et son enfant, mais sans passage à l'acte quelconque, ni même la pensé ou l'envie de celui-ci.
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Message par angel with dirty face »

ARAGORN elessar a écrit :Bien sur, pour moi cela se fait de manière inconsciente, à la fois homosexuel et fraternel. C'est comme si je parlais d'inceste dans une relation tres fusionnelle entre un parent et son enfant, mais sans passage à l'acte quelconque, ni même la pensé ou l'envie de celui-ci.
C'est bien ce que je voulais dire, je pense à une fascination qui se rapprocherait plutôt de celle qui peut exister dans les liens fraternels, un peu comme dans Rumble Fish de Francis Ford Coppola : Mais bon, la comparaison s'arrête là, parce que les films n'ont absolument rien à voir...
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